C.N.R.S.
 
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     RUISSEAU     
FEW X *rivuscellus
RUISSEAU, subst. masc.
[T-L : ruissel ; GDC : ruissel ; FEW X, 424b : *rivuscellus ; TLF : XIV, 1354a : ruisseau]

A. -

"Petit cours d'eau (ruisseau ou petite rivière)" : Si en choisi en l'air un voletant Qui dessus tous s'en aloit glatissant : "Oci ! oci !" Et je le sieui tant Qu'en un destour, Sus un ruissel, près d'une belle tour, Ou il avoit maint arbre et mainte flour Souëf flairant, de diverse colour, S'ala sëoir. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 58). Tant se traveille Que venue est en une grant valee, De deus grans mons entour environnee Et d'un ruissel qui parmi la contree Bruit et groiselle. (MACH., F. am., c.1361, 164). Item, enmi ce val est [le] roisheaux, une petite riviere que on appelle autrement cours Chedron ou ducte Cedron. (Vers. liég. Livr. Mandeville T.R., c.1375-1390, 56). Au derrière de nos gens il y avoit ung petit ruisseau d'aigue ; ilz le passerent tout bellement et s'en fortefierent (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 291). ...le cas de son emprisonnement, c'est assavoir pour souspeçon d'avoir mis et jetté poisons en plusieurs puis et fontaynes, ruyssiaulx et rivieres (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 458). Et dit, sur ce requis, que ladite fontaine se vuide par un ruissiau courant. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 460). ...et sachiez que ly ruisseaux de ceste fontaine courra tout contreval, et en naistra vns ruisseaulx assez grans, qui puis aura bien besoing en ce lieu. (ARRAS, c.1392-1393, 31). Tant vont ensemble qu'ilz monterent la montaigne et virent les grans trancheiz qui y furent fais soubdainement, et le ruisseau qui y sourdoit habondamment, dont chascun s'esmerveilla fort comment tele chose povoit estre si soubdainement. (ARRAS, c.1392-1393, 37). Mais il n'y ot cellui qui fort ne pensast aux merveilles et aux richesses que ilz avoient veues aux nopces, et aux trancheiz des fallisses, et au ruisseau qui soubdainement s'estoit comparus et fait ou dit lieu. (ARRAS, c.1392-1393, 45). Et le gallaffre fait tout traire a terre et se fait logier ainsi comme a demie lieue du port, sur un gros ruisseau d'eaue doulce qui cheoit en la mer (ARRAS, c.1392-1393, 132). Ces chemins que vois verdoians, Ou les ruisseaux courent roians Lassus en ces voies plus belles, Ce sont les chemins ou a celles Dames jadis parler aloient Les philosophes (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 44). Ledit duc de Bourgongne s'estoit ja mis hors de son parc et en bataille ; et au devant et devers lui y avoit ung ruisseau qui passe à une maladrerie nommée la Magdaleine, et estoit ledit ruisseau entre deux fortes haies des deux costez, entre lui et lesdiz Suixes. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 37). Pour refreschir les bestes a monceaulx, On y peult bien d'une veue adviser Trente ou quarante fontaines et ruisseaulx, Qui sont aussy pour la terre arrouser. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 186).

 

-

P. métaph. : Arbres de vie, estoile tresmonteinne, Rose de may de toute douceur pleinne, Gente et jolie, Vous estes fleur de toute fleur mondeinne Et li conduis qui toute joie ameinne, Ruissiaus de grace et la droite fonteinne ; Je n'en doubt mie. (MACH., Compl., 1340-1377, 256). Se bien li dit que trop me desconforte Et qu'il n'est riens en quoy je me deporte, Que ma dame soit si dure ou si forte Que pité l'uis De son franc cuer, qui de tous maus est vuis Et de tous biens li ruissiaus et li puis, De scens, de grace et d'onneur li dous fruis, N'uevre la porte A Dous Penser, qui si bien sera duis Qu'il li dira, et de jours et de nuis. (MACH., F. am., c.1361, 169). Hé ! fonteinne de concorde, La duis de misericorde, Ruissiau qui leve et racorde Mains pecheurs, fluns de douçour, Oy ma clamour : Fais que pechiés ne me morde (MACH., Les lays, 1377, 412).

B. -

P. anal. "Liquide qui coule en abondance" : Frappés, baptés forment sa peaul Jusques l'on voie le ruisseaul Decourre parmy ceste voye. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 196).

 

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À grands ruisseaux. "En coulant en abondance" : Et en ont ses gens tué tant Qu'a grans ruisseaux le sang humain Court en rues a plaine main. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 59).

 

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[Des larmes] : Si qu'a la fie Par souvenir avez pensée lie Qui vo dolour espart et entroublie. Mais la mienne jour et nuit monteplie Sans nul sejour, Et toudis croist li ruissiaus de mon plour, N'avoir ne puis pensée par nul tour, N'esperance de recouvrer m'amour. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 91). Et nuit et jour Acroist li ruissiaus de mon plour, Quant le plus bel et le millour De tous ne voy : c'est ma dolour ! (MACH., Motés, 1377, 514).

 

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Choir à grands ruisseaux. "Couler en abondance" : Mon doulz amy, dist Melusigne, qui veoit que les lermes lui cheoient des yeulx a si grans ruisseaulx que toute sa poittrine en estoit arrousee, le meffet vous veulle pardonner Cellui qui est vray et tout puissant pardonneur et le droit fons de pitié et de misericorde, car, quant a moy, je le vous pardonne de bon cuer. (ARRAS, c.1392-1393, 257).

 

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[À propos des filets de sang qui sortent des plaies du Christ crucifié] : ...Amour, c'est Dieu, qui par hachie Fist le saint sanc de son doulx fil couler En sept ruyssiaux pour humaine lignie. (Mir. Berthe, c.1373, 252).

C. -

P. méton.

 

1.

"Canal d'irrigation" : Le ruissel est ainsi appellé pour ce qu'il arrouse (...) car de la fontaine ou de la riviere on meine le ruissel par conduiz pour arrouser les jardins. (CORBECHON, Propriétés, 1372, XIII, 14, 209 v°).

 

2.

"Chenal" : ...de haute mer ont trouvé les russiaux (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 514).

 

3.

"Sillon" : ...et par especial saint Pierre qui ploura tant que deux ruissiaux caves en ses joes apparoient, si comme dit sa legende (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 166).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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