I. -

Adj.

A. -

[D'une pers. ou d'une chose] "Digne de respect, digne d'être révéré" : Cascuns estoit moult nobles, paraus et reverens (Flor. Rome W., c.1330-1400, 146). Aussi vous tenroit on pour prinche reverent Quant a vo court ferez droiture et jugement (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 73). Lors le benoit Filz de Dieu seant ou hault trone de [s]a divine majesté, sousleva ung peu par grant meurté son reverent et redoubtable regart, et par grant gravité, magnificence et auctorité, tellement respondit : ... (GERS., Concept., 1401, 405). ...tous sont princes et princesses Reverens et de grans nobleces. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 90). Li sires de Hely qui tant fu réverens, Se départi de l'ost (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 447). Il est la, le reverant pere. Mon seignieur, Dieu vous dont bon jour ! (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 115). De telz conseilliers parle saint Ambrose quant il dit que celluy a qui on demande conseil se doit monstrer et representer plus grave, plus meur, plus prudent que celluy qui demande le conseil, ce que advient communement en vielles gens, car leur eage et leur experience les fait graves et reverens. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 165). Combien que peu vous y puis duyre, Ainsy que ma simple personne Ne se repute pas ydonne A estre sy hault colloqué, Puis que Dieu m'y a invocqué, Je mercye sa bienveillance Quant, a sa bonne pourvëance, Il m'a par sa grace accepté Que je suis douziesme compté En ung tant reverend colleige (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1051). Et, à la vérité, si me semble la plus reverente cité que j'aye jamais veü aux choses ecclesiasticques, et qui ont leurs eglises myeulx parées et acoustrées (COMM., III, 1495-1498, 247).

Rem. MAMEROT, Romuleon D., 1466, gloss.

B. -

En partic. [Comme épithète honorifique] : Ma dame reverent et chiere, Digne de loange et d'onnour, Excellent en toute valour Que cuers porroit ymaginer, Yeus vëoir, oreille escouter, Main figurer, ne bouche dire (MACH., R. Fort., c.1341, 83). ...Et d'une chandelle alumée Vous y presenteray l'offrende, Excellent dame reverende, De grace et de paiz tresoriére. (Mir. parr., 1356, 50). A tres reverente et tres discrete ma dame Marguerite, par la grace de Dieu royne de France... (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 3). Reverent Clerc, se vous voulés entendre et vous incliner a la verité et a raison, de neccessité vous estes conclus, sanz aultre replicacion (Songe verg. S., t.1, 1378, 27). JHESUS. Ma chere mere reverente, Puis que je vois vostre presence, J'ay de joye tel affluence Qu'au monde n'ay chose plus chere. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 521).

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[Épithète honorifique d'un évêque, d'un religieux de haut rang] : "nous voulons et pryons aux reverens peres l'arcevesque de Cantorbie, l'evesque d'Eli et l'evesque de Wincestre, que ilz y soient." - "Voulentiers", respondirent-ilz. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 31). LE BOURGEOIS. Reverent pére, vueilliez nous Donner vostre beneiçon. (...) L'EVESQUE. Sire, voulentiers je l'ottroye. (Mir. march. juif, c.1377, 172). ...décerner ung monientoire détestable contre nostre saincteté et contre mes très révérens seigneurs les cardinaulx de l'Église de Romme (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 363). LA MERE [à saint Martin, évêque]. Las, reverend pere treschier, En l'onneur de la passion De Dieu, ayez compassion De ma povre fille presente ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 454). Grant mercy, reverend seigneur, Venerable pere tressainct [le Pape]. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 163).

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Reverend pere en Dieu. V. pere : A tous ceuls qui ces lettres verront, Nicolas Roumain, bailli de reverent pere en Dieu monseigneur l'evesque de Paris, salut. (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1366, 316). ...en la censsive de reverent pere en Dieu monseigneur l'evesque de Paris (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1367, 362). ...lequel clerc dist que, à la requeste de reverend pere en Dieu mons. l'evesque de Paris, ledit mons. le chancellier, son maistre, mandoit audit mons. le prevost que lui, son lieutenant, le procureur et conseil du roy nostre sire, feussent, après disner, par-devant lui, en son hostel, en la rue de la Verrerie, pour oïr certaines requestes (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 84). ...il supplie a ses treschiers, tresamés et reverens peres en Dieu le prieur et le covent des Celestins que... (MÉZIÈRES, Test. G., 1392, 308). De l'accort et consentement de reverent pere en Dieu monseigneur l'abbé de Saint Magloire, d'une part, et Guillaume Lynete, d'autre part... (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1393, 669). ...et commiz à faire l'inventoire des biens de l'execution de très reverent pere en Dieu, messire Guillaume de Dormans, nagaires arcevesque de Senz (BAYE, I, 1400-1410, 177). ...et ou lieu d'iceulx executeurs [la cour] a surrogué reverend pere en Dieu maistre Jehan de Corbie, evesque de Mende, nepveu dudit deffunct (FAUQ., I, 1417-1420, 139). De Jehan Sacquespee, receveur de la composicion des aides en Artois, la somme de mil frans sur ce qu'il peut et pourra devoir à mondit seigneur à cause de sa recepte, en deniers paiez à reverend pere en Dieu monseigneur l'evesque d'Arras sur ce qui lui peut estre deu à cause de ses gaiges desservis pour le voiaige de Constance (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 8). Tres reverends et reverends peres en Dieu, archevesques et evesques, tres hauls et puissans princes, ducs et contes, et tous aultres gens d'esglise, nobles et bourgois de bonnes villes, qui de present estes assemblés par devers le roy mon souverain seigneur par forme des troys estas... (JUV. URS., T. rever., 1433, 55). ...ainssy que j'ay eu du tresvray proudomme, le reverend pere en Dieu monseigneur messire Jehan Michiel, presentement evesque d'Angiers (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 5). Traictié compendieux de la querelle de France contre les Anglois, fait par tres reverend pere en Dieu monseigneur Jehan Juvenal des Ursins, arcevesque et duc de Reins, premier per de France, et par avant evesque et duc de Laon. (JUV. URS., T. crest., c.1446, 13). Et, le landemain, lesdiz ambassadeurs se partirent dudit lieu de Paris et s'en alerent pardevers le roy. Et d'icelle venue et bonne paix en fut resjouy et joyeux très noble et très reverend pere en Dieu Mons. le cardinal de Bourbon qui, à l'occasion d'icelle bonne paix, fist faire en son hostel de Bourbon, à Paris, une moult belle moralité, sottie et farce, où moult de gens de la ville alerent pour les veoir jouer, qui moult priserent ce qui y fut fait. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 127).

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Reverende paternité (de celui qui est "Pere en Dieu)" : Révérend père et mon redoubté seigneur, humble recommandacion prémise. Moy sachant que vostre révérende paternité désire aucunement estre informé du procès et ordonnance de ce saint concile général, qui pour le présent est tenu en la cité de Pise, et des nouvelles là estans, j'ay pour ce, délibéré notifier par lectres à vostre paternité, les choses qui s'ensuivent... (Doc. 1409. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2 c.1425-1440, 10-11). A tres reverend pere en Dieu, Amé de Monfalcon, evesque et prince de Lausanne, Antitus, vostre tres humble chappellain et serviteur, approchant l'an de grace mille cinq cens, considerant que desirez veoir gracieuses inventions poethiques, adresse a vostre tres reverende paternité La Satyre Megere (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 3).

C. -

"Plein de respect" : ...je dy par une reverent hardiesce que la science de Dieu... (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 170).

II. -

Subst. fém. "Marque de respect, révérence"

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Faire la reverent. "Faire la révérence" : ...là lui firent la reverent et distrent que le roy le saluoit, et moult avoit joy[e] de sa venue et desir de le veoir (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 90).