C.N.R.S.
 
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     RESTER     
FEW X restare
RESTER, verbe
[T-L : rester ; GD : rester ; GDC : rester ; FEW X, 317a : restare ; TLF : XIV, 997b : rester]

A. -

[Idée d'arrêt, de fixité, de stabilité]

 

1.

Empl. trans. Rester qqn. "Arrêter qqn par ordre de justice" : Comme l'on taingne pris IIII persones de Talant pour suspeçon de la batehure qui ha estei faite a Huguenot au Caubriet (...) sur la suspeçon desquelx il sont restéz et pris, et li escheviz de Talant en requerint la rendue (Echevin. Dijon L., 1341, 2).

 

2.

Empl. intrans. "S'arrêter" : Prendez les cleux et le martel, Et soiez songneux de frapper Quant aux treux nous véez raster, Et frappez fort et raidement. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 188). Jusque a Romme ne resterons, Pour aquirir le grant pardons (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 54). Seigneurs, tant avez voyagé, Que vostre terme fort se apreste, Car je voy l'estoille qui reste, Et ne s'est qu'en ung lieu monstree Depuis que nous fismes entree Dedans Bethlëen la cité. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 304). Prenez moy beaulx bastons de haye Ou voz juysarmes a revers, Et frappez a tort et travers Sy tost que le verrés rester. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 710).

 

-

Ne rester de + inf. "Ne pas arrêter de" : Ne resteray de querir huy, Tam que je treuve ung aultre orbache. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 183).

 

3.

"Continuer d'être (dans un lieu)" : Icy ne nous fault plus rester (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 38). Nous vous prions que cy resté (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 156). ...en vain ferons painture sur l'eaue ou en l'air, car l'inpression des couleurs n'y resteroient pas. (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 169). Galans, vous estes mal lougés. Salhés de leans ; venés parler Au prevost que vous fait hucher. Advansés et ne restés plus ! (Pass. Auv., 1477, 172). Puis que tu es venu ycy, Recognoiscent le bien de Dieu, Ung peu resteras en ce lieu, Et puis tous viendrés aprés moy Au monde pour complir la loy, Et d'ilec tous irons es cieulx, Ou vous serés tout temps joyeux, Car tous vous estes mes amours. (Pass. Auv., 1477, 253). Mes seurs, restons ung peu ycy Pour veoir si nous varrons Jhesus. (Pass. Auv., 1477, 265).

 

Rem. T-L VIII, 1083.

 

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"Continuer d'être (dans tel ou tel état)" : ...car, comme j'ay dit, l'omme ne doit pas virginité par chose deue par neccessité, mais, s'il a mieulx amé mariage, il le puet eslire, ou rester en virginité, et tous deulx sont bons (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 249).

 

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Rester à qqn. "Continuer d'être en la possession de qqn" : ...et lui monstra la boursse pour broder, ainsin que Madame avoit devisé, dont le marchié fut a deux escus. Et par ainsin ne lui en resterent plus que deux. (LA SALE, J.S., 1456, 52).

 

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[Verbe attributif] "Continuer d'être + attribut" : LE PERE SAINCT MARTIN. (...) Le temps passé, ma vigueur magniffique Ay divulguee au clymat terriffique Aultant ou plus que nul dessoubz la nue, Tant que present je reste paciffique, Homme remply de gloire puriffique Et chevalier a la barbe chenue. (LA VIGNE, S.M., 1496, 141).

 

4.

[Latinisme ?] "Continuer de s'opposer, persister dans la résistance, résister"

 

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Rester à. "Résister à" : ...ceulz qui se fient en nostre Seigneur si entendront verité, et Dieu si reste aus orgueilleux [Sagesse 3, 9]. (FOUL., Policrat. B., VII, 1372, 376).

 

Rem. Cf. GD VII, 123c.

B. -

Empl. intrans. [Idée de reste] "Demeurer, subsister (après qu'une partie est retranchée), rester" : Item, il [ce feu] ne seroit divisé plus en un lieu ou partie que es autres et ne resteroit une partie quelcunque plus entiere ou plus a estre divisee que l'autre ou que les autres, car elles sont toutes du tout et partout semblables et ne pourroit l'en signer lieu ou la division ne fust aussi comme en quelcunque autre. (ORESME, C.M., c.1377, 598). Ce jour, la Court (...) a delivré aux Carmes de Paris par requeste la somme de CCCC libvres tournois, restant de plus grant somme venant des deniers et biens de dame Perrenelle de Crepon (BAYE, I, 1400-1410, 136). Des XXX escus qui resteront, tous semblables vous en ferez faire de beaus harnois de draps (LA SALE, J.S., 1456, 69). ...quand il la vit couchée au lict, demanda si pour ung seul jour qui restoit avoit perdu courage [À propos d'un jeûne d'un mois] (C.N.N., c.1456-1467, 578). ...pour noise qu'ilz eurent ensemble à cause de ce que ledit du Bust lui demandoit la grosse et seel d'une obligacion en quoy ledit Petit Jehan estoit obligé à icellui du Bust, et de laquelle obligacion ledit Petit Jehan avoit paié le principal, et ne restoit que ledit grossoiement et seel. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 59). Les debtes de l'ung qui restoient, Bien a cinq cens deniers montoient, L'autre a cinquante en nombre entier. Or n'ont de quoy payer tous deux : Cil [le créancier] les quicte, que riens n'en clame. Je te demande lequel d'eulx Plus ferme son crediteur ame. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 439).

 

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Rester à + inf. "Être encore à" : ...ou regard de la somme de VJm frans qui restoit encores à paier et distribuer (FAUQ., II, 1421-1430, 82). Et se il y a aucunes condicions contenues èsdictes lectres qui restent encores à acomplir de par moy, je suis tout prest et appareillé par fait et par oeuvre à paracomplir si avant et oultre que raison donra, jusques à pleine satisfaction. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 112). ...orendroit reste a savoir la fourme d'oreison (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 162). Et ce fait, s'en retourna le curé parfaire sa messe de ce qui restoit a parfaire. (C.N.N., c.1456-1467, 448). Pour venir a la fin de ceste matiere, doncques reste maintenant a sçavoir que l'endemain quant Medee se fu partie de l'ost du roy Eson et de la presence de Jason et de Mirro ainsi qu'il est contenu ou precedent chappitre, le roy Eson s'en ala pour veioir Medee en la tente qu'il lui avoit ordonné (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 237).

 

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Empl. impers. (Il) reste (à/de) + inf. "Il faut encore" : Or reste dire des autres .II. [elemens] (ORESME, C.M., c.1377, 584). Et pour ce que par neccessité il convient que les elemens soient en certain nombre fini, il reste a considerer se il sont pluseurs ou non, car aucuns mettent que un seul element est. (ORESME, C.M., c.1377, 624). Reste a parler de l'estat pompeux qui dechasse obeissant Humilité. (GERS., Annonc., a.1400, 237). ...si reste encore à parler nommeement du bien qui en vient (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 179). Et encore, ma tres redoubtee dame, reste a parler des perilz et dongiers qui sont en telle amour, lesquelz sont sans nombre. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 117). Et reste a expedier le troisieme point (JUV. URS., Prop. I, c.1438, 291). Veez la le premier jugement que fist le bon seigneur Talebot. Reste a compter l'aultre (C.N.N., c.1456-1467, 58). Veez la partie de ce que je vous ay a dire ; reste a savoir celles qui ont paié et celles qui doivent. (C.N.N., c.1456-1467, 224). Et reste maintenant, pour le tout reciter par ordre, de deviser premier l'execution des armes du conte dessusdit. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 326). S'on moleste humains par guerre ou peste Il me reste la sentence en escripre (Cene dieux, c.1492, 108).

 

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(Il) ne reste que : ...pour y bailler remede convenable, ne restoit mais que temps et lieu. (C.N.N., c.1456-1467, 24). Ces amours que je vous dy furent si avant conduictes qu'il ne restoit que temps et lieu pour dire et faire, chascun a sa partie, la chose au monde que plus luy pourroit plaire. (C.N.N., c.1456-1467, 192).

 

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(Il) ne reste rien : Par ma foy, n'y restera rien, Que tout ne soit mis a nÿent Et en sendres entiremant (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 142).

 

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Si ne reste fors de : Vous veez comment il vous est advenu de la guerre que le prince de Castellongne a entrepris vers vous et sy n'y reste fors de trouver fachon par subtil moyen comment on le puist tost achever a nostre prouffit et confusion de noz ennemis (Comte Artois S., c.1453-1467, 38).

 

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(Il) reste que + ind. : Et donques, puisque le ciel et les estoilles ne sont meuz chascun de soy et que les estoilles ne sont meues de soy sans ce que le ciel soit meu, mes que telz dis sont desraisonnables, il demeure et reste que le ciel est meu et que les estoilles reposent ou ciel fors tant comme elles sont meues et portees aus mouvemens des cielz ou elles sont enfichiees. (ORESME, C.M., c.1377, 446).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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