I. -

Empl. intrans. ou pronom.

A. -

Au propre

1.

"Jaillir, rejaillir"

Rem. Ex. de 1486 ds GD VII, 106c.

-

P. métaph. : ...laquelle chose ne pourroit estre en Dieu, n'en chose qui à lui apertiegne, car Dieu estre ne peut meu ne troublé, comme il ne soit soubmis à aucun mouvement, ne son bien par bien d'aultre ne puist diminuer, car, de soy, comme de fontaine ressourdant de perfaitte bonté, ressourdent incessaument et effluent tous biens (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 175).

2.

"Remonter ; se relever" : Cil qui tombe et se ressourt a mains de vergoigne que cil qui par honte de relever demeure souillé en la fange (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 106). ...ains qu'es piez il ressourde (MARTIN LE FRANC, Champion dames D., t.2, 1440-1442, 11). ...tout homme s'espant a choses exteriores, et se tost il ne s'en ressourt il gist volentiers en icelles (Internele consol. P., 1447, 196). ...[elle] se commença a descendre et ung pou avaler ; mais le pis fut qu'elle demoura en chemin, sans se povoir ravoir, ne monter, ne avaler, quelque peine qu'elle y mist, et ce a l'occasion (...) de sa corde qui rompit, par quoy ne se povoit ressourdre (C.N.N., c.1456-1467, 275). ...ledit Guillaume ne povoit plus fouyr, si luy convint saillir en une grant riviere et parfonde, pour cuider fouir a la mort, et ala au fons. Et comme il fut ressours amont, se print a nager et passa a l'autre costé d'icelle riviere (Mir. ste Cath. Fierbois C., 1470-1483, 26). ...l'écuyer tombé à l'eau se trouva au fons de l'eaue, et se resourdit aussi comme tout esperdu, et s'en revint sur l'eaue (Mir. ste Cath. Fierbois C., 1470-1483, 88).

-

[De l'oiseau après un mouvement de descente] "Remonter"

Rem. HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377 (gloss.).

B. -

P. anal.

1.

"Ressurgir, renaître, repousser" : ...les arbres qui sont trenchiéz recroissent, de rechief par plusieurs branches et gictons en moult de diverses manieres de souches se fourchent et ressourdent ainsi (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 93).

2.

"Ressusciter" : Quant venra a celle journée, Que tu diz que tout ressourdront, A qui sera el femme adonc ? Tuit l'ont eue. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 237). ANIMA CHRISTI. (...) Et toy, Enfert, je te mordray Quant de toy je me resourdray. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 242). ...et par ton aproucher me sens comme ressourdant de l'ombre de mort en clarté de vie. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 89). Et quant la mere [pellican] les voit tuez elle pleure et fait grant deul par III. iours, tant qu'elle se naure les costés de son bec et en fait sang espandre sus ses petiz oyseaulx par quoy ilz resourdent et retournent a vie. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 482).

C. -

Au fig.

1.

[D'une pers., d'une communauté, d'une seigneurie...] "Se relever d'une situation difficile" : Assez trouvons es histoires rommaines de malles aventures survenues aux Rommains et que Fortune avoit mis jusques au bas, mais de tant se ressourdoient ilz plus vertueusement comme le besoing les rendoit plus contrains a ce (CHART., Q. inv., 1422, 31). Moult a grant difference, ou doit avoir, en conseil et en oeuvre entre le prince eureux de prosperité, qui veult icelle garder et defendre, et cellui qui de perverse fortune se veult ressourdre et oster la victoire de la main du vainqueur (CHART., Q. inv., 1422, 35). ...et le meur adrecement et hault esgard du roy Charles derrenier mort fist le bon Bertran tant de foiz vaincre les ennemis glorieusement et le royaume de grief maleur soy ressourdre en paisible bieneureté (CHART., Q. inv., 1422, 63). Souviengne toy comme Mathatias et ses enfants les Machabees fuitilz et recuilliz es montaignes se resourdirent en la persecution d'Antyoche. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 134). Ailleurs pourra lire comme Athenes, Lacedemone et Thebes furent tant de foys asservies, destruites et desolees ou temps de Xersés, de Phelipe et de Alexandre, qui si glorieusement se resourdirent (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 137). Or lis aprez, si sçauras qu'elle se ressourdy puissaument, et tourna celle adversité a l'augmentation de sa gloire (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 139). ...et s'aucuns en y a, soient escorchés, et mectez justice sus, et vostre seignorie se ressourdra (JUV. URS., Loquar, 1440, 352). ...se lascheté ne lez empeschoit ce hault bien de bon courage (...) lez feroit resourdre et estre renommez plains de proësse (Comte Artois S., c.1453-1467, 42). ...et n'eust esté la diligente visitacion de la contesse, sa mere, qui a toute heure le pensa et compaigna, jamais ne se fust resousee [l. resourse ?] ne mise en force et vigueur naturelle. (Comte Artois S., c.1453-1467, 101). Les nobles d'Oliferne s'assamblerent et vindrent vers la royne et lui dirent : "Madame, vous vous debvez bien resjoyr, se ceur infortuné aprés grief sus grief se doibt ressourdre quant Fortune le voeut. Nous et vostre conseil avons assez regardé la haulte prouesse et tresmeure conduite de vostre chevalier Jason : jamais son pareil ne trouvasmes..." (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 145). Jamaiz ne fut veu que homme de mauvaise foy se ressourdist de affaire qu'il eust (BUEIL, II, 1461-1466, 182). ...il convenoit doncq que par aulcune emprise et puissant armee encontraire de Edouard regnant ilz [les Français] alassent a secours a la reyne deboutee de sa couronne par descendre mesmes en Angleterre, car ne veoient possible aultrement que jamais se peust resourdre que par ce moien, auquel s'il deffailloient jamés ne venroient au deseure du duc de Bourgoingne (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 292). Est il nom autre qui lui duise [au roi Charles VII défunt] que cely de vertu, qui en povreté s'en est fait resplendir et en hault regne beatifier par l'ensievre ? Doncques vertu lui a esté cause de resourdre, vertu lui a esté cause de regner (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 322). Et nous tairons à present de la venue de madame la princesse de Castille et de son retour, et parlerons du fait de monseigneur l'archiduc, nostre prince, et des granz affaires où il se trouva, et comment, par croire conseil, il se ressourdit et porta le temps saigement, comme nous dirons cy après. (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 318). Le roy s'excusoit de ceste ayde, qu'il avoit accordée, sur ceste guerre qui estoit en Lorraine, monstrant avoir craincte que, si ledit duc de Bourgongne se ressourdoit, que après ne luy vint courre sus (COMM., II, 1489-1491, 145). Florentins, qui se veoient destruitz, si par quelque grant inconveniant ne se ressourdoient, pour estre dessaisiz de Pise et aultres places dont il a esté parlé, fournissoyent huyt cens hommes d'armes et cinq mil hommes de pied, et cela à leur despence (COMM., III, 1495-1498, 274).

Rem. Ex. d'a.fr. et doc.1459 ds GD VII, 107b.

2.

[D'une chose abstr.] "Surgir, ressurgir" : Bien me ressourt douleur amére (Mir. femme, 1368, 201). Or me ressourt angoisse grande. E ! tresdoulce vierge Marie, Je croy qu'il ne soit femme en vie Plus mal fortunée de moy. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 57). En oultre contre no sabbat Il va, dont ressourt grant debat (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 146). Ayant de present en souvenance ce que dit le saige Socrates, que oysiveté est le delicieux lict et la couche où toutes vertuz s'oublient et s'endorment, et, par le contraire, labeur et exercice sont le repoz, l'abisme ou la prison où sont les vices abscondz et mussez, et ne se peuvent reveiller ne resouldre [resourdre ?] sinon par ladicte oyseuse mere de tous maulx (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 183).

II. -

Empl. trans.

A. -

Ressourdre qqn/qqc. "Relever, rétablir qqn ou qqc." : ...et ne pourroient bonnement ressourdre ne remectre en estat nostredicte ville (Ordonn. Ph. le Hardi, Marg. de Male B.-B., t.2, 1394, 28). Ainsi resourse Estoie et en lëesce sourse (CHART., L. Dames, 1416, 243). Et qui a toy s'asseure et determine, Tu le ressours quant il fault et decline Et lui donnes confort et soustenance (CHART., B. Nobles, c.1424, 408). Pour quoy donc seuffre ta non challance s'avugler en la nuee de ce mortel corps, seduit par les passions humaines, et cheoir avec la pesenteur de charnalité abatue par les hurs de fortune, quant tu le dois enluminer et ressourdre, et recurer l'ancienne masse du corps humain, enclinee a vice, et infecte par l'originel peché, en nouvelleté d'esperit purifié par impartition de grace. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 26). Vostre royaulme est comme en article de mort, et n'y a remede ne medecine que on luy sceust bailler pour le ressourdre, se n'est paix. (JUV. URS., Loquar, 1440, 428). N'est vostre royamme, qui estoit comme tout destruit et defolé, par elle [la paix] resours et relevé, et chescun jour croit et va florissant ? (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 179). Ruben (,) demande bien et bel, Tousjours avons en esperance Que, par la vostre pourvëance, Serons relevéz et resours. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1021). Prenostiquant que moy infortunee Seroye mise et resource en haultesse. (LA VIGNE, Ress. chrest. B., App., 1495, 195). Prince, en tous lieux les muetz et les sours Parlent de toy, les aveugles ressours Voyent l'abbus duquel tu te renforce, Les impotens prennent vers toy le cours (LA VIGNE, Ball. Bruyt Commun B., 1509, 176).

Rem. DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 184 ; GRÉBAN, Pass. J., c.1450 ; Cligès C.T., 1455, gloss. Doc.1382 ds GD VII, 107a.

-

"Rétablir qqn, le reconnaître dans un droit" : Se vous perdez a ceste assise, A l'autre vous serés resours. Allez aillieurs querir secours [Sens proposé par F. Lecoy, Romania 84, 1963, 414. Éd. : "secouru"] (P. moyne, a.1500, 49).

-

Ressourdre un animal. "Redonner de nouvelles forces à un animal"

Rem. HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377 (gloss.).

-

Ressourdre qqc. "Ranimer, donner de nouvelles forces à" : Paris ou gist toute saigesse, Pour ressourdre nostre foiblesse ["pour nous ranimer de notre faiblesse"], Tu as resjouy ung chascun. (Sots, c.1480-1500, 272).

B. -

P. anal. "Ressusciter qqn"

Rem. DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 86.