A. -

"Répéter, réitérer (un dire, un geste, une action...)" : Apres le vin et le confit, Saves vous que li bons roys fist ? De toutes choses devisées, Faites, dites et repliquées, À plus grant déclaration De s'onneur et punition, Il prist lettres de no saint pere, Ad fin qu'à tous jours mais appere Qu'il estoit purs et innocens (MACH., P. Alex., p.1369, 245). Et ce est especiaument neccessaire, et souvent il replique ce point pour ce que humilité, quant elle est en prince, ne puet estre assez loee (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 69). Quant li captaus oy nommer les Gascons, si... rougia tous de felonnie, et replika sa parolle en disant : "Faucon, Faucon, est-ce bonne verité ce que tu dis ?" (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 111). Et aussi l'en mesure une longueur en replicant une petite chose, si comme est une aune ou un pié, et un pois en replicant une livre ou une unce ou telle chose qui est petite ou resgart de celle que l'en mesure par elle. (ORESME, C.M., c.1377, 392). Car Nostre Seigneur singulierement dist a saint Pierre : "Pasce oves meas", et le replica troys foys, et le faiset pasteur universaulment de touz, sanz difference. (Songe verg. S., t.2, 1378, 140). Maiz pour ce que l'oÿe humaine desire certains termes pour bien jugier des sons et des consonancies, aussy que font les autres sens humains, chascun a son droit, pour ce ne vauldroit riens ceste consonancie [diapasion triplé et quadruplé] trop avant repliquee. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 47). La repliqierent li signeur en la presence dou roi toutes les paroles et requestes des Escoçois, et demanderent : "Or sus, qui fera la response, et qui parlera a point sus che que il ont dit et proposé ?" (FROISS., Chron. D., p.1400, 213). Doncques, ces choses declairiées et veues, pour une fois souffise, sanz plus repliquer en fin de chascun chapitre ci après en ceste partie (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 11). ...sanz plus repliquer en eslonguement de matiere, peut assez servir de souffisent preuve de l'utilité qui vient des III. susdittes graces, la declaracion des fais et bonnes meurs du sage roy, en qui nous les avons prouvées (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 79).

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"Soumettre à nouveau à" : Ne me saras tourment eslire Ne mon corps a peine appliquer, N'en tourmens ma chair repliquer, Que pour mon Dieu je ne soustiengne De cuer joieux, quoy qu'il aviengne (Mir. st Ign., 1366, 86).

B. -

"Objecter, s'opposer"

1.

"Répondre, objecter" : Moult de gens voudront repliquer Pour destruire m'entencion. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 43). Tropt y avroit a repliquer. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 81). A ce conseil et pourpos n'i eut plus riens replikié, mès fu tenus et affremés (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 92). Les unes arguent, les aultres repliquent et respondent, pour savoir si elles pourront sauver l'inconvenient qui est avenu (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 107). Qant li Escoçois orent entendu messire Renault de Gobehem ensi parler et soustenir la querelle des Englois par celle voie, si furent tout abus et ne sceurent que dire, ne que repliqier (FROISS., Chron. D., p.1400, 216). Lesquelz ensemble proposèrent Et répliquier mesmes osèrent Que Humain Lignage en vérité Est tout rempli d'iniquité, D'orgueil, envie, ire et tristesse (LA HAYE, P. peste, 1426, 35). L'aultre, combien qu'il se doubtast, n'osa contredire ne repliquer, mais s'en alla, comme il avoit charge, besoigner en la ville (C.N.N., c.1456-1467, 242). Si lui fut repliqué : "Sire, si les dieux eussent mesuré vostre corps selon le cueur que vous avez, tout ce monde cy ne vous feust assez large, car de l'une de voz mains ataignissiez en Orient et de l'autre jusques en Occident". (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 64 v°).

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Repliquer à/contre : Qui le meut ore a repliquer Ainsi contre nous l'escripture ? (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 232). ...à quoy elle qui parle repliquoit et disoit que non feroient (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 509). La .IIIIe. particularité est que vous ne soiez arogant ne repliquant contre cellui qui sera vostre mary ne contre ses diz, et ne dictes contre sa parole mesmement devant les gens. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 70). ...sans quelconcques reffus ou parolle replicquee contre leur bon vouloir (Hist. Berthe Pépin T., c.1400-1500, 215).

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Repliquer que : Et lors icellui exposant lui repliqua que ou dit fié de la Chaume n'avoit piece de terre qui feust franche (Doc. Poitou G., t.6, 1396, 217). Et lors ung procureur de Chastellet, nommé Pierre Beron, lui respondi : "Voire ! sire, mais ilz vendengent noz vignes et menguent noz roisins sans y savoir remedier !" Et le roy leur repliqua qu'il valoit mieulx qu'ilz vendengassent lesdictes vignes et mengassent lesdiz roisins que ce qu'ilz vensissent dedens Paris prendre leurs tasses et vaillant qu'ilz avoient mis et mussez dedens leurs caves et celiers. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 104).

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"Donner la réplique" : A paine eust mis cestui fin a ses parolles que cellui qui premier avoit parlé print a repliquer, par impacience de ouir reprouchier ses faultes, et dist : LE PEUPLE. ... (CHART., Q. inv., 1422, 37). Regardons bien que nous dirons, Vela ne scay quelz appliquans Qui [pourroient] estre repliquans Se nous disons rien de travers. (Copp. lard., a.1488, 162).

2.

En partic.

a)

DR. "Répondre à (à la partie adverse)" : Item, que en leurs plaedairies, en demandant et en deffendant ou repliquant ou autrement, eulx [les avocats] ne faindront ou contreuveront ou proposeront aulcunz fais que leur partie ou son attourné ne leur ait dict et affiermé estre vrays. (Echiq. Normandie S., 1390, 60). L'Université propose et dit qu'elle n'a pas parlé à Savoisy ne à Cousinot son advocat, et pour ce ne welt point repliquer au propos de Savoisy, maiz requierent justice à la Court (BAYE, I, 1400-1410, 111). Replique Orenge et dit que ses lettres sont raisonnables et peut disposer le Roy de ses offices ad nutum (FAUQ., I, 1417-1420, 384). Alors du cas dont se vit accusé Pour repliquer, ung bien petit pensa. "Je suis, dist il, ung homme par les champs Qui vois serchant, sans faire nulle offence, Deux de mes filz qui sont riches marchans, Comme on m'a dit, au royaulme de France. Et touchant ce qu'a present l'on m'impute (...), D'estre de ceulx de la dicte Vaulpute Certainement tout a plat je le nye..." (LA VIGNE, V.N., p.1495, 157).

-

Empl. impers. (Il) est repliqué. "Il est fait réponse à la partie adverse" : Ce jour, a esté plaidoié et repliqué en une cause pour l'evesque et Université de Paris contre messire Guillaume de Tignonville, chevalier, prevost de Paris (BAYE, I, 1400-1410, 205). Et cedit jour a esté repliqué au Louvre en ladicte cause cy dessus. (BAYE, I, 1400-1410, 205).

b)

"Opposer (une certaine conduite) à qqc." : La nature des Englés est telle que tousjours il se crienment a estre decheu et repliquent tant apriés une cose que mervelles ; et ce que il averont en convenant .I. jour, il le deliieront l'autre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 189).

c)

Part. prés. en empl. adj. "Qui a toujours la réplique prête, querelleur" : ...et aussi que a gens repliquans, arrogans, haultains, raffardeurs, ou de laides responces ne ayez riens a faire - quel prouffit que vous y veez, ou quelque advantage ne quelque bon marchié qu'ilz vous facent - maiz gracieusement et paisiblement les eslongnez de vous et de vos besongnes (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 126).