I. -

Empl. trans.

A. -

Refrener qqn/sa colère, son emportement, sa violence, ses désirs.... "Modérer qqn/sa colère, son emportement, sa violence..." : Ha ! gentil sire, vueilliez refrener vostre courage (LE BEL, Chron. V.D., t.2, 1358, 166). Semblablement, ceuls qui sentent devant et qui scevent devant que la temptacion ou passion de concupiscence est a venir et se esmeuvent et commencent devant a conseillier et deliberer par raison et a resister et refrener la concupiscence, telz genz ne sont pas vaincus, ne par chose qui soit cause de delectacions, ne par chose qui soit cause de tristece. (ORESME, E.A., c.1370, 391). Elle a toutes voies ceste espee et en use par la main du prince, a qui elle baille la puissance de refrener les cuers et corps des personnes a fin que il ne facent mal, et a reservé aus evesques la puissance et auctorité esperituelle (FOUL., Policrat., IV, 1372, 53). Et pour ce, elle qui parle, en entencion de bien faire, pour cuider refresner l'ire, courroux et male volenté de ladite Marion, li dist que elle se appaisast, et que se elle li vouloit tenir verité et secret ce que elle li diroit et feroit faire, que sondit ami Hainsselin l'ameroit mieulx que femme du monde (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 354). LE QUINT CHEVALIER [au marquis] Maiz une chose desirons, (...) C'est qu'au lïen de marïaige Enclinissiez vostre coraige Et que vo liberté passee Des or feust un pou refrenee, Et feussiez par raison lïez Au droit des hommes marïez (Gris., 1395, 12). Laquelle chose oyant, ledit duc d'Acquitaine de plus en plus esmeu en ire, néantmoins refrenant son yre en soy mesme, dist que sur toutes choses il auroit conseil et manderoit dedens brief terme à leur maistre et seigneur sa voulenté par ses légaulx. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 76-77). ...lequel, quant il vit ledit Jehan Renault qui se complaignoit dudit Guerin, se leva de la table et vint a l'encontre de lui espoir pour le refregner. (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1428, 82). Voulenté de sensualité est seulement es bestes mués. Et pour ce quant a ceste tele voulenté point pecheriesmes, se nostre raison ne fust joincte a icelle par accord a laquelle raison apartient de refrener ou restraindre et retraire la sensualité, mais par voulenté de raison deliberee et advisee nous sommes tenus estre conformez et nous conformer en la chose voulue (Somme abr., c.1477-1481, 174). SAINCT MARTIN. Vos habitz pouez mectre au vent, Car, quant a moy, je les vous quicte Puisque de Dieu suis poursuivant (...). LE PERE. Haro, je me voys devorer, J'enraige de despit et d'ire ! (...) Appollo te vueille interdire ! Filz de putain, pour toy j'enraige ! (Il fault que le pere face semblant de se desesperer ; et la mere et les escuyers le tiendront.) LA MERE. Las, reffrenez vostre couraige, Monsieur ! LE PERE. Paillardeau infame ! Deables d'enfer ! LA MERE. Ho, soyez saige ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 292). Et telles parolles furent par eulx portées au roy, qui peurent estre cause de refrener son ire. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 224).

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Refrener qqn/sa volonté de : Je suis du faire si tenté Que je ne puis ma voulenté Refrener de gecter les mains (Narcissus, p.1426, 315).

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[D'une chose] : Mais quant la concupiscence ou delectacion n'est moderee, refrenee et actrempee par la vertu d'actrempance, et donques ceste concupiscence absorbe, obnubile, aveugle le jugement et la cognoissance de cest principe. (ORESME, E.A.C., c.1370, 339). ...et veons que encore, de jour en jour, il faut faire novelles loys et constitucions, et si ne souffisent pas pour enpecher et refrener la mauvese volanté humaine (Songe verg. S., t.1, 1378, 210). ...et appart povez en vostre chambre regarder en ung mirouer vostre visaige quant estes courroucé, et ce vous pourra refrener (JUV. URS., Nescio, 1445, 472). Les operations de saveur salse selon Avicenne sont obstertion, ebulition, excication et prohibition de putrefaction. Les operations de saveur aceteulx selon Avicenne sont infrigidation, incision ; et selon Rasis saveur aceteulx refrene la colere et le sanc, et restraint le ventre (Rég. santé corps C., 1480, 103).

B. -

Refrener qqc. "Diminuer l'intensité de qqc., modérer les effets de qqc. (en partic. d'une nuisance)" : ...de refrener la mauvaistié de leur puissance (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 368). ...nous avons octroyé a notre très cher fils, Ch. duc d'Orléans, conte de Valois et de Beaumont le Roger, que, pour refrener et reformer le mal gouvernement de ses baillis, prevots, vicontes et autres ses juges et officiers, il peut tenir ou faire tenir ses grands jours, c'est asavoir... (Echiq. Normandie S., 1395, 171-172). ...Et se tenir celle saison Communelment en sa maison, Et avecques il doit pèner À corrigier et réfrèner L'air venimeux et sa malice, En faisant feu de boiz propice. (LA HAYE, P. peste, 1426, 80). Réfréner, c'est à dire tenir et arrester. (LA HAYE, P. peste, 1426, 224).

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Refrener ses yeux. "Retenir ses larmes" : Ma mere, refrenés voz yeulx ; Laissés ces lamentacïons ! (Pass. Auv., 1477, 257).

II. -

Empl. pronom. "Se modérer" : Celui ausi qui l'autre fiert, Quant voit le feru retendre L'autre goe pour attendre Autre foiz estre referu, De soi refrener esmëu Doit estre (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 272). Lequel Viau, voyant le dit fait, fu moult dolent et couroucié, et ne se pot refrener, mais il haussa le dit baston qu'il avoit en sa main et en frappa par la teste le dit religieux qui encores estoit sur la dicte femme (Doc. Poitou G., t.7, 1405, 72). Si sont aucunes gens qui ont condicion de leur propre nature à estre ayreux et n'ont pas sens de eulx refrener... (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 173).

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Se referener de qqc. "S'abstenir de qqc., se garder de qqc." : LA FILLE. (...) Jamais autre mari n'aray, Mais pour s'amour nonne seray : A Dieu le veu. LA MÉRE. Ha ! belle fille, de ce veu Vous refrenez. (Mir. chan., c.1361, 179).