A. -

"Poteau (souvent surmonté d'un écu ou d'un mannequin) contre lequel on joute, mannequin de joute" : Or quintaines, or estandart, Et en prenoit deux a sa part, Et d'aultre part demy douzaine, Et si concqueroit la quintaine. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 105). Et leverent quitainne a quoy on behourdait. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 1059). A la quintaine voy Roulant le bacheler, Qui fait la quintaine devant nous apporter (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 178). Et le bel Robastre la quintaine charga (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 179). [Plainte d'une femme] Tettes ay com souflez d'un four, Aussi plates c'une quintaine (DESCH., Oeuvres Q., t.6, c.1370-1407, 241). Jouxter vois contre la quintaine. (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 400). ...et courut tant que le cheval pouvoit aller et ferit à celle quintaine (LA BROQUIÈRE, Voy. Outr. S., c.1455-1457, 166). Son hauberg et son heaulme estoyent de fin achier durement forgié et tempré. Il fu illec comme une quittaine (LEFÈVRE (R.), Hist. Troyes A., c.1464, 219). Nous arons en nos quarantaines Dix roys joustans a leurs quintaines (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 542). [Autre ex. p.623]

Rem. Ex. d'a.fr. et CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.1, c.1380-1385, 214 (quittaines), doc. 1393 (quictaines), 1403 (Rouen, quictaine), 1415-1414 (Orléans, quintine), XVe s. (quitane), 1486 (Tournai, quitaine) ds GD VI, 517b-518a. Scheler, Gloss. Geste Liège, 240. Cf. aussi GAY II, 283a-b et J. P. Jourdan, Pas d'armes, joutes et tourn. ... au XVe s., 8485 et 128 (joute sur l'eau, à la quintaine).

-

[Dans un contexte métaph. (idée d'effort plus ou moins illusoire, où l'on est pénalisé comme l'est au jeu de la quintaine le cavalier maladroit)] : Entre deulx eaus, comme le poisson noue. En grant travail j'ai frapé la quintaine, Jusquez ung temps fault que a repos entende (Anonyme. In : CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 194). Ou champ estroit je jouste a la quintaine ; Non offencé, je me cuide vengier (Anonyme. In : CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 197). Prince d'Amours (...) Qui repaist amoureux de fain Et tient en la fievre quartaine. Il fait son puis a la quintaine Ou le plus vaillant tantost tumbe (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 128). Pour ce [qu'on joute a la quintaine A Orleans, je tire a Blois]. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 335).

-

[Idée de modèle (la quintaine pouvant résister au combattant)] : Ogier des Preis, qui fut del estour la quintaine... (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.4, a.1400, 643).

-

[Dans un contexte grivois] Frapper à la quintaine (avec sa "lance") / Jouter contre la quintaine : ...chevaucher sans selle (...) Cinq, six coups la lance en l'arrest Pour jouster contre la quintaine ! (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 320). ...par le corps bieu, elle est femme Pour recepvoir ung combatant, Et pour ce regardés contant Qui frappera a la quintaine. (P. moyne, a.1500, 46).

B. -

Au fig. "Point de mire, visée (comme modèle ou au contraire comme cible à détruire)" : Par le saint sanc [du Christ] qui vint de son costé Fu nostre mort destruite premeraine, Dieu apaisé, d'Enfer fraint la quintaine (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 103). Ensi maintint l'evesque, comme juste quintaine, Son siege noblement (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.4, a.1400, 671). Entre tous biens je suis de mal quintaine (;) Alangoré (,) entre les vigoreux (VILLEBR. In : CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 200). [Ou est-ce un adj. ? Mais la forme féminine ne s'expliquerait pas]