A. -

[D'une pers.] "Réfléchi, sage, avisé" : Et ainsi tout homme sachant et prudent fuit superhabondance et deffaute et quiert le moien et le desire. (ORESME, E.A., c.1370, 161). Et dison de ceulz qui sont prudens et bien senéz que il ont gnomé et entendement. (ORESME, E.A., c.1370, 352). Et pour ce est il manifeste que c'est impossible que .I. homme qui n'est bon soit prudent. (ORESME, E.A., c.1370, 357). ...l'omme prudent qui aler doit en voiage se pourvoit de longue main de tout ce que besoing lui est (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 44). ...lequel [roy d'Angleterre] on disoit estre prudent et sage, amant Dieu, paix et justice (FAUQ., I, 1417-1420, 361). Pour tant loyalment j'ose dire L'ame prudente et gracieuse, De savance moult curieuse, Et non puissant sans desplaisir Résister à si beau desir, Se paine fort, à son povoir, À trouver, sentir et savoir (LA HAYE, P. peste, 1426, 16). Le IIII^e filz de monseigneur Tancred fut monseigneur Guilleme, homme moult prudent, vertueulx et fier (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 166). En Provence avoit nagueres ung president de haulte et bien eureuse renommée, qui tresgrand clerc et prudent estoit (C.N.N., c.1456-1467, 310). ...ung grand gentil homme, sage, prudent, et beaucop vertueux (...) estoit au lit de la mort (C.N.N., c.1456-1467, 330). ...vous elirez celuy que cognoistrez fermement estre sage et prudent (C.N.N., c.1456-1467, 563). Erreur de fortune, c'est quant il cuide prendre une femme sage et discrete, et elle est pou discrete, sage et pou prudente. (Sacr. mar., c.1477-1481, 48). Cestui fut prudent et liberal, predist à ses gens choses merveilleuses, touchant les infortunes advenir audit Xerses, qui occupoit presque toute la mer et la terre (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 46 v°). OFFICIAL. Il fault qu'au siege soit remys Ung tresbon et noble pasteur, Sage, discret, prudent, remys, Meur, actrempé, vray conducteur, De bien et d'onneur protecteur, Gardant les drois de nostre temple Et soit de salut inventeur Par doctrine et parfaict exemple. (LA VIGNE, S.M., 1496, 394).

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Empl. subst. : Et semblablement a cest propos, il souffist user du conseil des prudens pour bien ouvrer senz savoir ou aprendre prudence. (ORESME, E.A.C., c.1370, 355). C'est un mot grec qui n'a pas correspondent en latin ne en françois ; et est dit de demotique qui est commune as prudenz et as astuz. (ORESME, E.A.C., c.1370, 357).

B. -

[D'une chose] "Qui exige beaucoup de sagesse, de discernement" : ...le vray amoreux gentil homme qui n'est point ordonné ne disposé aux estudes des tres prudentes et saintes sciences de theologie, des decrez, des loys ne autres estudes de science, fors que a la tres noble et illustre science et mestier des armes (LA SALE, J.S., 1456, 29).