A. -

[D'une chose]

1.

"Bien adapté, bien approprié" : Vous serez, sanz plus, claceliére De ceens : c'est ligier office Et a femme trop bien propice. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 67). ...onques mais creature nee Plus bel, ne plus riche edifice Ne pot veoir, ne plus propice. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 259). Propice, c'est à dire séant ou convenable. (LA HAYE, P. peste, 1426, 220). Hays de toutes nations Seront [les juifs], sans avoir mansions Ne refuges proprietaires, Serfz seront et vilz tributaires, Tous maulx sy leur seront propices Pour leur deffaultes et grans vices ; Car l'effusion de mon sang Prenront sur eulx et leur enfant (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 124). En terre nous le fault porter, En lieu convenable et propice (Vig. Trib., c.1480, 228). On luy trouva quelques chambres propices Et beaulx jardins dedens les Jacopins (LA VIGNE, V.N., p.1495, 176).

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[D'un remède] "Approprié, efficace" : Certes il en pourroit venir toute telle utillité qu'il pourroit faire à ung malade d'avoir medicines propices auprès de lui et ne s'en oser ou povoir aider. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 4 v°).

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[D'une idée] "Bien adapté aux circonstances" : Cest advis descouvrit a sa dame pour en avoir son oppinion, qui luy conseilla souverainement estre propice (...) pour mener a fin leurs amoureuses intencions. (C.N.N., c.1456-1467, 439).

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Propice à/pour + inf. "Approprié pour faire qqc." : Lequel maistre Loys, veue par lui ladicte chambre, dist qu'elle estoit bonne, en priant ledit suppliant qu'il leur fit provision de terre et carreaux pour faire deux fourneaux, et aussi des matières propices et convenables pour faire ledit fait d'arquemie (Doc. Poitou G., t.10, 1462, 400). Fuyez orgueil, glotonnye, avarice ; Luxure, comble d'euvre dyabolique, A vous saulver ne vous est pas propice ; De envie aussi relinquez le supplice ; Semblablement d'assiduacion, Et d'avarice habandonnez la lice, Si vous voulez avoir salvacion. (LA VIGNE, S.M., 1496, 216).

2.

"Prêt à être utilisé" : Veez cy la croix toute propice, Mes seigneurs ; qu'est ce qu'en farons ? (Pass. Auv., 1477, 179).

3.

"Qui est favorable, profitable" : Car l'appetit est du moien qui est bon et propice, aussi comme un corps sec ne appete pas que il soit du tout moiste ne ce n'est bon. (ORESME, E.A., c.1370, 431). Et les [les ouvriers] paioit Melusigne tous les samediz, si qu'elle ne leur devoit denier de reste. Et trouvoient pain, vin, char et toutes choses propices que il leur failloit, par grant habondance. (ARRAS, c.1392-1393, 46). ...la riche isle de Cathay Ou vi moult, mais riens n'achetay De soie, d'or, d'argent, d'espices Et de toutes choses propices. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 61). Et se tenir celle saison Communelment en sa maison, Et avecques il doit pèner À corrigier et réfrèner L'air venimeux et sa malice, En faisant feu de boiz propice. Le boiz à ce plus convenable Si est boiz sec et odorable, Comme aiglentier, junièvre et fresne, Ciprez, rosmarin, vigne et chesne (LA HAYE, P. peste, 1426, 80). ...voyant aussi l'heure propice, entre aultres devises et pluseurs excusations servans a son propos, [elle] bailla journée a l'Escossois au lendemain (C.N.N., c.1456-1467, 49). ...desir l'enorta d'accoler sa femme en ce lieu si plaisant et propice. (C.N.N., c.1456-1467, 89). Lors se misrent a cheminer et navyer vers Alixandrie, ou ilz pervindrent en brefs jours, tant leur fut le vent propice et convenable (C.N.N., c.1456-1467, 566). Maintenant le malvais fait le nyce Fin qu'il ysse, Sans estre cogneu des bien saiges, Puis se monstre faire service Fort propice (Pass. Auv., 1477, 111). Ce conseilh est bon et propice. (Pass. Auv., 1477, 271). Je vueil partir sans differance Et monter en mer par expres. Je congnois que le vent nous est Tres bon et aussi bien propice (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 106). Au meilleu vy fontaine trespropice Qui arrousoit tout le noble pourpris (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 320).

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Propice à qqn : LE MAISTRE MARINIER. (...) Tant com le temps nous est propices Alons nous ent. (Mir. emper. Romme, 1369, 290). ...propice a ceulz qui sont vrais catholiques (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 468). Dieu veulhe que vous soyent propices [les épices] ! (Pass. Auv., 1477, 236). Et croyez que je suis celuy Qui plus vous feroit de service En ce que vous seroit propice, Pourveu que j'eusse vostre amour. (P. Jouh. D.R., a.1488, 28).

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Propice à qqc. : Mais toutesvoies, entre les passions, celle qui est pour fureur ou fureur est la plus tres naturele et la plus propice a vraye fortitude, supposé que tele fortitude preingne au devant eleccion et pour la fin deüe. (ORESME, E.A., c.1370, 215).

B. -

[D'une pers.]

1.

"Propre à faire qqc., capable (de faire qqc.)" : ...a point venir le voy [Genais] ; Baillier ne vous puis plus propice Ne meilleur pour faire l'office. (Mir. ste Bauth., c.1376, 95). Nous en avons tous grant pleysir Quant il ha pleu a l'empereur De vous feyre si grant honneur Qu'il vous ait mis en ce office. Vrayment vous estes bien propice. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 59). ...Tous les archiers, arbalestriers, Suÿsses, Ses picquenaires a tous leurs escrevisses, Gens dangereux souvent a rencontrer, Et plusieurs autres gens de guerre propices Il fist venir pour son povoir monstrer. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 239). Il estoit né de maison ancienne Charles d'Amboise, dont tant est de renom, De Chaulmont sire et conte de Brienne, Et d'[aultres] lieux dont je laisse le nom. Je prie à Dieu qu'il luy face pardon, Et doint au roy trouver homme propice, Qui si feal le serve en son office. Amen. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 397).

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Propice à qqc. : OSANNE. (...) je feray tant Que vous tenrés a bien content De mon service. L'OSTELLIER. Je tien qu'i estes bien propice. (Mir. roy Thierry, c.1374, 291). Or m'en nommez deux (...) qui soient a ce propices Et convenables. (Mir. st Lor., 1380, 129). LE PREMIER CHAPPELLAIN. Frere Jehan, il est neccessaire De chanter le divin service Et des cerymonyes faire Qu'il appartient a nostre office. LE SECOND PRESTRE. Puis qu'a cela je suis propice, Present me convient ordonner De rendre a Dieu le sacreffice ; Faictes la grant messe sonner. (LA VIGNE, S.M., 1496, 148).

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Propice à/pour + inf. : Et, pour ce, vouloit a tous estre Droiturier et tenir justice, Aultrement ne fust il propice A estre roy, ne a regner Sur les pastours, n'a gouverner. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 196). Quant au demeurant, ordonnez Gens propices pour vous deffendre ; Car, quant a moy, je vueil entendre De bien vostre estendart garder. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 56). ...ne m'ont sceu nommer aucunes personnes qui fussent propices pour bien excercer et conduire les diz offices (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 296). SECOND GENTIL. A les servir je suis propice Ainsi que haulx dieux immortelz ; Celuy est bien cornart et nyce Qui pence qu'il en soit de telz. (LA VIGNE, S.M., 1496, 432).

2.

"Qui est favorable (à qqn)" : OSTES. (...) n'aussi pour ore dame N'ay je pas avisé qu'a femme, Sire, preisse. L'EMPEREUR. J'en sçay une trop bien propice, Ostes niez, que nous irons querre (Mir. Oton, c.1370, 319). ...je trouveray femme propice et convenable a moy. (C.N.N., c.1456-1467, 557). J'en mue ma coleur et sorte, Quant je recorde Une si forte - et tresinurbaine malice, Que vient de l'orde Nacïon torte - que vous est si tresmal propice. (Pass. Auv., 1477, 257). ...j'ay eu peur Perdre l'office De mon seigneur Doulx et propice. (Pass. Auv., 1477, 276). Je le voulu amplement guerdonner, Comme patron diligent et propice (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 269).

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[De Dieu, d'un dieu] "Favorable, bienveillant" : Sire Dieu, (...) Ne regardez mie mon vice ; Mais me soiez doulx et propice. (Mir. Amis, c.1365, 59). Tout sen, tout bien, a Romme habonde ; Sy faictes que trop fol vilains D'ensengnier lez sages Rommains. Les Rommains ne sont pas sy nices Que les Diex qui leur sont propices Ilz ne sachent bien aourer. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 123). ...nostre grant dieu Juppiter fust aussy propice aux saiges et soubtilz conseilz de noz tresvaillans ducz. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 46). Jhesus, tu m'as esté propice ; Pour ce de cuer te remercie. (Pass. Auv., 1477, 164). O mon Dieu, soyés moy propice ! (Pass. Auv., 1477, 232). Dieu est propice en apaisant et secourant a toutes noz iniquitéz (Somme abr., c.1477-1481, 179). ABBÉ. Mes freres, nous nous en yrons ; De l'avoir plus ne fault parler, Car, si Dieu l'eust volu bailler A nous, comme a eulx il a fait (...), Nostre cas eust esté parfaict Et si eust sorty son effect Maintenant nostre humble requeste. Mais, puisqu'ainsi tout est deffaict, Plus n'en fault faire nul enqueste. La raison est bien magnifeste Qu'a eulx plus qu'a nous est propice (LA VIGNE, S.M., 1496, 584). Hault createur, pere propice, Se j'ay commis vers toy nul vice Dont je n'aye faict confession, Pardon requier, que ne perisse. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 267).

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Propices oreilles. "Oreilles favorables, bienveillantes" : ...pour ce qu'il ne faisoit nulle doubte que le roy ne le fist mettre dehors, à cause qu'il penssoit qu'il ne avoit point mis en oubly les services qu'il avoit faitz à son feu père et à luy. Mais par les dessusditz luy furent faictes tant de remonstrances qu'il se accorda, et leur donna propices oreilles à entendre touchant son eschappement. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 167).