A. -

"Entrer à l'intérieur de qqc." : ...et pleuresie est causee en ung panicle ou en membres qui sont fors a penetrer et percier, et pour ce n'y peut passer grosse matiere, se n'est avec la subille (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 165). Et l'espesceté ou obscurté de la terre empeesche que telles lumieres ne leur effés ne penetrent ou percent et entrent et ataingnent jusques vers le centre, mes ileques sont tenebres perpetueles (ORESME, C.M., c.1377, 258). [Cont. métaph.] Le pechié dez orguylleux est de si grant pesanteur et griefté que, de la hautesce du ciel, il a penetré la parfondeur et le centre de la terre. (Songe verg. S., t.1, 1378, 17). Par toy fu la lance aguisie Dont son costé fu penetré (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 240). ...jugea sur la revolucion du premier an de son regne les tempestes, fouldres et tonnerres, qui puis advindrent à Colongne, en l'eglise Saint Perre, où le peuple s'estoit retiré, laquelle eglise par fouldre fut penetrée et tua d'un cop trois hommes estans en divers lieux et en bleça plusieurs autres. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 107 v°).

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MÉD. [D'une plaie] "S'introduire dans une cavité" : Les signes et jugemens que la playe du ventre ne penetre sont par le veoir et par la prouve et que rien n'en yst. (PANIS, Guidon, 1478, tr.III, doct.2, chap.6).

Rem. MONDEV. ds T-L VII, 647.

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[D'une substance] "S'introduire dans le corps pour y agir, être penetratif" : ...et ainsi il bat les nerfz et est cause de paralisie et si fait penetrer les matieres crues et aler aux membres et ainsi est cause de artetique, car il est fort penetratif (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 20). Et semblablement pour transporter les viandes par tout le corps, car le vin est tresbon penetrateur a cause qu'il est de subtile substance et de sa chaleur vertueuse, et les choses subtiles et chauldes sont grandement penetratives, et pour ce le vin est transporté et fait mieulx penetrer la viande que l'eaue en laquelle n'est chaleur quelconques, mais atarde le trespassement de la viande. (Rég. santé corps C., 1480, 66).

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Se penetrer : Et vecy les choses qui confortent le foye, c'est assavoir avellanes, car elles engendrent bonnes humeurs et se penetrent et deopilent et se ne sont pas trop chauldes (GORDON, Prat., c.1450-1500, VI, 1).

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Penetrer vers qqn. "S'introduire là où est qqn, aller vers qqn" : ...il se delibera prendre conseil des mors, et adonc penetra vers ceulz qui sont en bas et enquist de Thyresia, poete qui divin fut et vaticinateur, c'est assavoir ou feust la vie bien eureuse. (PICCOLOMINI, De curialium miseriis epistola L., c.1458-1477, 79).

B. -

Au fig.

1.

[De l'intelligence] "Parvenir à connaître" : ...et de tant que plus y perseuere de tant est plus capable de plusieurs choses, et si est plus acu et plus subtil a penetrer plus auant a la chose contemplee. (CIB., p.1451, 182).

2.

[D'une chose abstr.] "Envahir, imprégner" : Au dict chasteau en grant triumphe entra Pour soy loger, auquel lieu rencontra Ma dicte dame et le duc son beau filz, Qui le receut ainsy qu'on luy monstra Si haultement que l'ordre penetra Du monde entier tous les honneurs prefix (LA VIGNE, V.N., p.1495, 162).

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[D'un sentiment] Penetrer qqn. "Envahir, submerger qqn" : ...la rage m'a penetré. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 821).

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(Estre) penetré de qqc. "En être comme imprégné, en être profondément touché" : Certes humaine creature Eust vescu le cours de nature, Et eust l'en veu mains beaulx enfans Vivre, qui en leurs premiers ans Mouront, dont se sera dommaige, (Les) aultres en la fleur de leur aage(s) Tant de beaux filz et belles filles, Parmy les citez et les villes Trespasser, laissans pere et mere Penetrés de douleur amere Par carrefours et par chemins. (Cene dieux, c.1492, 123).

V. aussi penetrant