I. -

Adj.

A. -

"Qui n'est pas universel, général, qui est spécifique" : Les mutacions des temps engendrent tres grandement les maladies, aussi les mutacions particullieres, esquelles un seul temps de l'an est mué de sa propre nature, et aussi les autres choses selon raison. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 65). Elles [toutes impotences] sont contraires a la nature de la chose particuliere qui est encline a durer et a sa permanence, mes elles sont selon nature universele qui appete continuacion de generacion et corrupcion. (ORESME, C.M., c.1377, 422). Par aucune hayne particuliere ou ennemistié à achoison d'aucun cas, si comme avoit la femme que Herode maintenoit qui estoit femme de son frere pour ce que Saint Jehan Baptiste l'en reprenoit, elle procura qu'il eust la teste coppée (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 94). ...le premier traicte des beaulx Remèdes, tous universaulx, Par choses bien préservatives Et en partie curatives. Le second en soy veult traictier Maint remède particulier, Faiz par diverses médicines, Apropriées et moult dignes, À préserver nature humaine (LA HAYE, P. peste, 1426, 112). Pour quoy je te suis venu voir D'amour parfaicte et singuliere, Car m'amour est particuliere En toy plus qu'en tous ceulx du monde, Pour ce que vie reguliere Tu mayne pure, necte et munde. (LA VIGNE, S.M., 1496, 540).

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Cas particulier. "Cas qui ne s'applique qu'à un individu" : ...avec tout ce que par nostredit cousin ou de par luy par vertu de ses lettres et commissions a esté fait, besongné, executé esditz pays, terres et seigneuries, au moyen et par vertu de sondit povoir en quelque maniere et pour quelconque cause ou occasion que ce soit, jaçoit ce que les cas particuliers ne soient cy expressement contenuz et [declarez]. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 255).

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Jugement particulier. V. jugement

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[Dans un ensemble] "Qui ne concerne qu'un élément" : ...chancre qui vient au membre particullier (PANIS, Guidon, 1478, chap. sing.). La premiere partie [de la melancolie] penetre avec le sanc pour necessité et utilité. La necessité est affin que elle soit meslee avec le sanc pour nourrir les membres melancoliques frois et secz, comme les os. La utilité est pour condenser le sanc soubtil et faire plus corpulent pour le mieulx convertir et restaurer les membres solides et compactes esquelz il fault convertir. L'autre partie malicieuse est transmise en la ratelle pour necessité et utilité. La necessité est double : l'une est universelle pour tout le corps, c'est assavoir pour mondifier le corps de la superfluté melancolique ; l'autre est particuliere, c'est assavoir pour gouverner la ratelle. (Rég. santé corps C., 1480, 142). Item, pour eviter que lesditz gens d'armes ou leurs serviteurs n'aillent aillieurs que esditz lieux nommez querir des vivres sans en faire paiement, desquelz ilz les prandront, ledit prevost fera crier par tous lesditz villages et autres lieux particuliers es environs que, s'il advient que aucuns facent le contraire, les bonnes gens ayent à suyvre ceulx qui ainsi auront prins leurs biens, pour en sçavoir faire rapport et complaincte ausditz lieutenans ou audit prevost, lesquelz ont charge de leur en faire payement et satisffacion raisonnable. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 342).

-

"Qui est considéré individuellement, en tant qu'individu" : Il appiert, donques, que le Saint Pere a trop plus grant pover en toute Crestianté que lez particuliers evesques n'ont en leurs dyoceses. (Songe verg. S., t.2, 1378, 17). Car tout ainsi que pluseurs hommes particulers sont distinguiéz l'un de l'aultre par propres qualités, comme l'un est bon et sage, prudent et vertueux en une maniere, l'aultre en une aultre, et l'un est d'une condicion, l'aultre d'une aultre, ainsi le Pere, le Filz et le Saint Esperit sont distinguiéz par leurs propres noms. (Somme abr., c.1477-1481, 129).

B. -

En partic. "Qui n'est pas général dans une communauté donnée, qui ne concerne pas tous les individus"

1.

"Qui ne concerne qu'un individu (ou un petit groupe) et qui lui est propre" : Requis qu'il gaignoit par an à servir yceulx Jaquet et Blanchebarbe, et quel prouffit il avoit des prisonniers, etc., dit par son serement qu'il ne gaignoit aucun salaire prefix, ne n'avoit aussi aucun prouffit particulier desdiz prisonniers (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 60). Requis se il scet aucuns cas particuliers contre icelle Jehannete sur le fait de devinerie, dit que, ou Quaresme derrenierement passé ot un an, il fu forment malade et (...) que ladite Jehennete vint devers lui en son hostel, où il gisoit malade. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 286). ...renommée estoit que tant en general, es faiz d'estude comme autrement, et es particuliers et singuliers supposts ladicte Université se gouvernoit mal (BAYE, I, 1400-1410, 122). ...comme plus plainement fu dit et exposé par ledit Chancelier en termes assez generaulz, sans declarer expressement autrement aucuns cas particuliers. (FAUQ., I, 1417-1420, 60). Pour ce fu enjoint et commandé que chascun diligemment entendist et advisast sur le fait de l'apaisement general, sans acroistre lesdictes divisions par traictiez d'apaisemens particuliers (FAUQ., I, 1417-1420, 255). ...touz ceulz qui, par affection ou prouffit particulier, pourchassent tel dommage contre la chose publique (...) sont indignes de demourer et d'estre beneficiez en ce royaume (FAUQ., I, 1417-1420, 267). ...la somme de deux mille six cens vint sept livres deux solz parisiz monnoie de Flandres, pour un compte particulier de Marc Guideçon, des hoirs et ayans cause de feu Berthelemi Betin, marchans de Luques (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 658). ...lez ung monastere de [blancs] moynes, est situé ung aultre de nonnains (...) dont l'ystoire taist le nom et la marche particuliere. (C.N.N., c.1456-1467, 105). Auquel lieu de Grenoble le roy disposa de ses affaires particulieres (LA VIGNE, V.N., p.1495, 323).

-

[P. oppos. au bien commun] Le bien particulier : Messeigneurs qui avez serché Les meurs et vertus auctentiques Que baille Aristote en Etiques, Vous ne monstrez pas en venue Que vous ayés bien retenue Sa doctrine en moyen aucun. Dit il pas que le bien commun Precede le particulier Par droit, et doit devant aler ? (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 534).

2.

"Qui ne concerne qu'une région, qu'une province (et non l'ensemble du royaume)" : Pareillement, la Court a fait defense à Regnault de Thumery, maistre particulier de la Monnoie de Paris (FAUQ., I, 1417-1420, 235). Dit que creues generales ne sont point au prouffit des maistres particuliers des monnoies, et pour ce absurdum est dire qu'il a eu trois creues, car il n'en a eu que une, qui est appellée particuliere à son proufit (FAUQ., II, 1421-1430, 64).

3.

"Privé, qui n'est pas public" : Et es choses qui ainsi doivent estre faites, les unes appartiennent a l'estat publique et commun, et les autres au particulier estat. (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 288). [aussi p.272] Et vous plaise savoir, Sire, que, samedi dernier passé, les Bourguignons arriverent devers Mons. vostre frere, c'est assavoir Jaques Mons. de Saint-Pol et messire Pierre de Remerimont, lesquelx luy ont apporté deux paires de lettres c'est assavoir unes generales et unes autres petites et particulieres. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 220).

Rem. WAUQUELIN, Faits conq. Alexandre Hé., a.1440, 159/14.

C. -

"Qui sort de l'ordinaire, qui est extraordinaire, remarquable" : ...les particulieres vaticinions ou prophecies que les prophetes chantoient obscurement (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 289). Les rues furent moult richement parees De fin velours ou soyes singulieres, Et par maincts lieux, grans fleurs de lis dorees Instituees soubz senteurs odorees Qui aux passans furent particulieres. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 202).

II. -

Subst. masc.

A. -

"Cas particulier" : Induccion est quant de pluseurs particuliers l'en conclut universelment (ORESME, E.A.C., c.1370, 123). Après que la bonne femme eut dit la confession generale, descendit au particulier (C.N.N., c.1456-1467, 464).

B. -

"Personne privée, simple citoyen" : Comme procés soit meus et pendant en la court de Parlement du roy nostre seigneur entre aucuns particuliers du païs de La Leue soy disans habitans dudit pays... (Ordonn. Ph. le Hardi, Marg. de Male B., t.1, 1393, 596). ...lesdiz exploiz sont faiz au pourchas, requeste ou instance des bourgoiz, manans et habitans de Suessons ou d'aucuns particuliers (BAYE, II, 1411-1417, 106). ...en révélant (...) certaine conspiracion (...) machinée et excogitée par aucuns particuliers (...) de Paris (...) desloyaulx envers nous lesquelz avoient délibéré et conspiré de donner et bailler par force et à violence d'armes entrée (...) en icelle nostre ville de Paris au duc de Bourgoigne (Ch. VI, D., t.1, 1417, 394). Car quelzconques obéissances que feissent les roys et seigneurs dessusdits, il y avoit èsdits royaulmes aucuns particulliers, tant clers que laiz, qui, selon leur ymaginacion, eussent voullentiers favourisé ledit pape Félix (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 8). Et parquoy presque tous les bourgois et peuple désiroient fort eulx mettre en l'obbéissance du roy de France, sinon aucuns particulliers qui estoient officiers ou avoient autre praticque d'iceulx Angloiz. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 223). Et si fut aussi ordonné et enjoinct à ung chacun de ladicte ville qu'ilz se armassent et eussent provision d'armeures, chacun selon son estat, pour la garde de ladicte ville et pour estre tous prestz quant mestier en seroit, et ce par cedules envoiées de par ladicte ville à ung chacun particulier. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 50). En ce temps vindrent aussi à Paris plusieurs des nobles de Normandie pour servir le roy en ses guerres, tous lesquelz furent logez aux faulxbourgs de Saint-Marcel lez Paris, entre lesquelz y en avoit aucuns particuliers qui firent moult de maulx et larrecins, et de ce en furent aucuns d'eulx reprins par aucuns des bourgois de ladicte ville, et qui, contre leur gré et voulenté, y vouloient entrer. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 103). ...extirper et destruire les statuz, constitutions et ordonnances qui seroient faictes par aucuns particuliers de noz bonnes villes en dérogeant à nostre auctorité royal (Pol. Louis XI, G., Pièces justif., 1476,,, 440). Item, se ilz ont eu aucun don ou courtoisie par la compaignie ou par aucun particulier. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 345).

III. -

Loc. adv. En particulier

A. -

"Individuellement (et non universellement ou généralement)" : Sy comme qui diroit cercle, autre chose est considerer en universel et autre en particulier ou en singulier en disant "Cestuy cercle," quar un est considerer l'espece absoluement et l'autre est considerer l'espesce en matiere et en singulier. (ORESME, C.M., c.1377, 152).

-

"Par clause expresse" : ...vous avez de moult biaux fiez ; Si avez vous d'arrérefiez, Qui donnent en particulier Que les tiengne homme seculier. (Mir. chan., c.1361, 143).

-

"En détail (et non généralement)" : Si vous prions et neantmoins mandons, tant en particulier que en general, que en tout ce que possible vous sera vous vueillez employer en faveur de nostredict conseiller (Lettres Ch. VIII, P., t.4, 1494, 80).

-

"Parmi d'autres" : Et le chapitre derrenier Traicte aussi en particulier De ces médicines confites, D'entre pluseurs choses eslites, Comme d'aucuns électuaires, Et de pilules débonnaires, Et moult d'autres confections (LA HAYE, P. peste, 1426, 112).

B. -

"Individuellement, à titre individuel, à titre privé" : Si est par tel gent semée discorde et discencion, tant en particulier comme en la policie publique (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 80). Et a requis que la Court feist aucune somme ou aide, en general ou particulier, par prest ou autrement, au Roy (FAUQ., I, 1417-1420, 15). Et, avant ledit soupper, le roy proposa à aucuns quarteniers et dixeniers pour ce aussi mandez, disant qu'il les mercioit tous en general et particulier de la grant feaulté et loyauté qu'il avoit trouvée en eulx (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 137). ...voz tres humbles et tres obeissans subgectz de vostre ville d'Arras, comme ainsy soit que, à l'occasion de la guerre, ilz ayent soustenu et porté, tant en corpz comme en particulier, des frais, mises et despens et aucune desreglance en la justice et police d'icelle ville (Hist. dr. munic. E., t.1, 1477,,, 444). De remettre, quitter, abolir et pardonner à tous ceulx qu'il verra estre à faire, soit en general ou en particulier, tous cas, crimes, malefices et delictz qu'ilz ont ou pourroient avoir faiz ou commis de tout le temps passé, pour quelque cause ne en quelque maniere que ce soit, tant à l'encontre de nous, de nostre auctorité et majesté royale que autrement, en quelque maniere que ce soit. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 231).