A. -

"Faculté de parler" : Galot, la parole et la voiz M'afebloient trop malement. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 239). ...Et sur vous si sa grace estende Qu'en brief la parole vous rende (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 291). Comme la nourrice parle aucune foys imparfaictement et en begueant pour condescendre a la parole de son enfant, puis masche sa viande, puis siet a terre, puis rit a luy, puis pleure, et briefment elle se fait enfant avec son enfant, pareillement lisons nous de vous, o tres piteux saint Pol (GERS., P. Paul, a.1394, 507). Ayés bonne foy, amy doulx, En Dieu (...) Et la paroule il rendra A voustre femme sen doubtance. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 114).

-

Perdre la parole. "Perdre la faculté de langage" : ...qu'il ait perdu la parolle soudainement (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 316). De joie ont perdu la parole Touz deux et sont en paumoisons (Mir. emper. Romme, 1369, 310). ...el en changea coleur, mua semblant, et pour ung peu en perdit la parolle. (C.N.N., c.1456-1467, 156). Lesquieulx Berault et Cappitaine gectèrent à terre ledit Meslon, et quant il fut à terre, ledit Cappitaine, qui avoit ainsy esté oultragé par ledit Meslon, print une busche assez grosse, de laquelle il donna audit Meslon par la teste trois coups, tellement qu'il perdist la parolle (Doc. Poitou G., t.10, 1463, 426).

.

[Transitoirement] "Rester sans voix" : ...la roine, toute entreprise du cas, quant le perchut, perdy parolle [var. perdit la parolle] et honteuse de son importun parler, differoit toute confuse de plus dire mot jusques... (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 87).

B. -

"Fait de parler, de s'exprimer (souvent p. oppos. aux actes)"

Rem. Au sing. ; on a cependant maintenu dans cette partie des formes de pluriel qui peuvent être de simples var. graphiques.

1.

"Fait de parler, de s'exprimer" : Vrayment ycy ne scé je que dire ; je ne scé lequel faire : ou taire, ou parler. Ce que plusieurs dient que ilz ne savoient point que telz pechiez fussent mauvais, pour ce que oncquez mais ne lez avoient oÿs reprandre, m'enhorte a parler ; mais l'ordure du pechié, duquel ["par le fait de quoi"] la parole corrompt l'air, me contraint a les taire, affin aussy que je ne donne cause de mal aux innocens. (GERS., Pent., p.1389, 78). Ung preudomme fut qui a son filz demanda une foys quans amis il avoit. Le jouvencel respondit que plus de L, voire plus de cent, car il cuidoit comme inexpert, que tous ceulz feussent trop bien ses amis qui luy monstroyent beau semblant de chere, de parole ou de bras. (GERS., Concept., 1401, 415). Madame, a qui le ruissel de ses larmes estoit presque vuidié, oiant les parolles de Saintré, par un tres merveilleux souspir meslé de sa parole lui dist : "Hée ! mon amy, revenez se vous voulez..." (LA SALE, J.S., 1456, 96). ...si l'ayda il depuis de sa parolle et de sa chevance a marier. (C.N.N., c.1456-1467, 119). ...ilz furent aucune espace tous deux sans dire mot. Car chascun actendoit la parolle de son compaignon (C.N.N., c.1456-1467, 572).

-

"Fait de bavarder, bavardage" : Aucuns pour echever le parler des gens, et afin que on ne les juge devos, se abandonnent a paroles et vie mondaine, et a boire et a mengier, et souvant trebuchent en pis. (GERS., Pent., p.1389, 82).

-

"Conversation de qqn" : Et tous se departent de eulz et les lessent et fuient leur estre ou habitations et leur parole, afin que il ne prennent aucun mal ou damage de leur contagion ou participation. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 313).

-

De / en / par parole. "Verbalement" : Mais communiquer en paroles est propre a nature humaine. (ORESME, E.A.C., c.1370, 265). Et jà soit ce qu'ilz feissent de parole tout leur povoir afin d'avoir icelle fille, toutesvoyes alors ilz ne firent aucune force ou violence en icelle ville, eglise, ne au curé et habitans de ladite ville (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 236). ...[ils] fiancerent de leurs mains et par parolles li uns l'autre, et promistrent et jurerent li uns à l'autre eulx entre espouser (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 381).

.

[P. oppos. à l'écrit] : Mais quant ung precheur doit enseigner autres gens par paroles ou par escript c'est necessité souvent user de diverses manieres, a l'exemple du bon medecin qui baille diverses receptes et souvent contraires (GERS., P. Paul, a.1394, 503).

-

Parole ronde. "En un mot, véritablement" : GABRIEL. Ad ce faire ne contredis, Car c'est de Jhesus la plaisance ; Pour ce, son vouloir ne desditz : Mourir fault pour toute substance. Il en a donné la sentence, Car il luy plaist, parolle ronde, Que viengne faire residence Es haulx cieulx et laisser le monde. (LA VIGNE, S.M., 1496, 556).

.

À parole ronde. "Nettement, sans ambages" : Je l'ay bien cuydé introduyre A recevoir la dignité ; Mais, quasi comme remply de ire, C'est tourné d'un aultre costé. Quant il a heu tout escouté, Il m'a dit a parolle ronde, Tretout rabatu et compté, Qu'il ne veult nulz bien de ce monde. (LA VIGNE, S.M., 1496, 407).

-

Révérence de parole. "Marque verbale de politesse, de respect" : Et ledit premier president lui dist de rechief qu'il estoit subget de la Court, et, sans autre reverence de parole, Loys iterum respondi qu'il estoit subget du Roy (FAUQ., I, 1417-1420, 314).

-

À bien brève parole. "Pour s'exprimer brièvement" : Le mercredy a bien briefve parolle, A Nostre Dame des Miracles eult messe Pres de Pontresme, puis, luy et sa noblesse Aprés disner s'en alla a Yolle. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 195).

-

De bonne parole. "Qui s'exprime d'une manière digne de foi" : ...le seigneur de Feuguerolles, Chevalier de bonnes paroles. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 321).

-

Abreger sa parole. "S'exprimer brièvement" : ...si abregeray ma parole et ne diray plus que des articles contenuz en... (GERS., Traité R. Rose, 1402. In : Chrestom. R., 49).

-

Adresser sa parole à qqn. "S'adresser à qqn" : ...[le chevalier] adressa sa parolle a la damoiselle et dist... (C.N.N., c.1456-1467, 212). ...après ce, adressa sa parolle au juge en disant... (C.N.N., c.1456-1467, 501).

-

Avoir parole à qqn. "S'adresser à qqn" : ...je n'aurai plus paroles a lui (MACHO, Esope R., c.1480, 31).

-

Cesser / finer sa parole. "Achever de parler" : Quant il ot finé sa parole, Qui ne fu villaine ne fole, Ainssois fu si sagement dite Qu'il n'i ot vice ne redite, Je respondi courtoisement... (MACH., Voir, 1364, 54). Quant il ot finé sa parole, Que je tins pour nice et pour fole, Je dix : "Amis, par saint Symon, Vous m'avés fait un long sarmon..." (MACH., Voir, 1364, 646). Quand ce bon mary eut finé sa parolle, la belle, doulce et debonaire sa femme, la face rosée, se print a trembler (C.N.N., c.1456-1467, 564). SAINCT HILLAIRE. Or, si vous plaist, vous ne me celerez Chose qui soit dedens vostre pencee. SAINCT MARTIN. Sans dire mot donc vous m'escouterez Tant que j'aye ma parolle cessee. (LA VIGNE, S.M., 1496, 356).

-

Commencer la / sa parole. "Commencer à parler, prendre la parole" : Quant ilz furent avoyez, Troÿlus commença la parolle et dist a Lyonnel : ... (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 288). ...l'autre commencha par interrogacion sa parolle et dist ainsy : ... (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 87).

-

Couper la parole à qqn : ...elle, qui le cognoissoit luy couppa la parolle et dist... (C.N.N., c.1456-1467, 187).

-

Donner / prester parole à qqn. "S'adresser à qqn" : ...prepare l'organe de ta bouce pour me prester parolle [var. pour moy donner parolle] (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 85).

-

Estre en parole avec qqn. "Avoir une conversation avec qqn" : Comme elle estoit en parolles avecques sa compaigne, elle apperceut la verge que au partir donna a son desloyal serviteur (C.N.N., c.1456-1467, 178).

-

Estre en la parole de qqn. "Être dans la situation où l'on s'adresse à vous" : ...ne jamais n'eust voulu avoir chapeau, ne chaperon en teste, en la parole ou en la presence de l'autre (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 212).

-

Estre en parole de + inf.. "Être en pourparlers pour" : ...[le suppliant] perdit par ce moien ses terres et seigneuries de Jonvelle et de Courselles, lesquelles, ou temps de son partement, il estoit en paroles et sur le point de recouvrer de nostre très chier et très amé cousin le duc de Bourgongne (Archives servit. Louis XI, T., 1459, 5).

-

Faire tenir parole de soi. "Faire parler de soi" : Mais premierement avant que d'eulx se fist congnoistre, il se vouloit monstrer et faire tant que de lui on tenist paroles. (Messire Gilles de Chin L.-R., c.1400, 161).

-

Mettre qqn à / en parole (de qqc.) "S'adresser à qqn (à propos de qqc.)" : ...elle comme desvee et fole Mist .I. jour le conte a parole Segretement de son affaire (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 78). Sidone, qui mout desiroit de parler avec Ponthus, si le met en parolles de plusieurs choses. (Ponthus Sidoine C., c.1400, 21).

-

Porter parole à qqn. "S'adresser à qqn" : Et quand a luy, face monseigneur ce qu'il luy plaist, mais, de sa part, jour de sa vie a aultre femme parolle ne portera au prejudice de sa maistresse. (C.N.N., c.1456-1467, 80).

-

Porter la parole pour qqn. "S'exprimer au nom de qqn" : Et, venues vers elle, la vielle porta la parolle pour les autres et dist : ... (LEFÈVRE (R.), Hist. Troyes A., c.1464, 194).

-

DR. Porter la parole de qqn. "Plaider la cause de qqn" : Sy m'a prié que porte sa parolle Et que son cas par justice deffende (MICHAULT, Procès honn. F., p.1461, V 114).

-

Prendre la parole : ...madame la prieure, qui bonne et sage estoit, print la parole pour tout le couvent (C.N.N., c.1456-1467, 141).

.

Prendre la parole à qqn. "S'adresser à qqn" : Ce maistre curé (...) commence a prendre la parole a ce trenchecoille et luy va demander de son mestier (C.N.N., c.1456-1467, 403).

-

Prendre parole pour qqn. "S'exprimer en faveur de qqn" : ...ung nommé le Bourc de Bieu, armé d'un jacques et une espée seinte, commança à prendre parolles pour le dit Phelippon, en le soutenant, disant que c'estoit mal fait (Doc. Poitou G., t.8, 1446, 233).

-

Rompre / interrompre la parole de qqn : Le bon marchant eust peu estre contraint de croire ses bourdes, s'il n'eust rompu sa parolle. (C.N.N., c.1456-1467, 444). ...et elle, interrumpent sa parolle, luy respondit... (C.N.N., c.1456-1467, 578).

-

Tenir grand parole. "Parler beaucoup, faire de longs discours" : De Campanole a Soulte s'en alla Luy et son ost, marchant de chaulde cole. Le vendredi, sans tenir grant parolle, A Rossillon fit petite disnee. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 271).

-

Tenir parole de / sur qqc. "Parler de qqc." : Certes, je seroie bien fole Se de ce tenoie parole. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 27). Quant on tient de leurs fais parolles... (TAILLEV., Songe thois. D., 1431, 71). Mais le duc, non veuillant tenir paroles sur si petit fait, en rompit le langage (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 383).

-

Tenir parole avec qqn de qqc. "Parler à qqn de qqc., négocier avec qqn à propos de qqc." : ...et (...) en fit tenir paroles avec ledit Luppel, qui au dernier se assenty pour somme de deniers bien grande (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 294).

-

Tenir qqn en parole. "Parler à qqn" : Je le tins em parole (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 506). ...ces fillectes Qu'en parolles toute jour tien (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 61).

-

Tenir qqn à parole de qqc. "Parler à qqn de qqc., tenir qqn au courant de qqc." : Et est voir que en un certain jour, de relevée, après Pasques derrenierement passées, ainsi comme il estoit alez esbatre en l'ostel dudit mons. le connestable, fu par ledit Thiebaut, barbier, tenu à paroles de l'estat dudit Guespin, et tant de ce pourparlerent ensemble (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 516). ...et seroit cellui trop fol et trop oultraigeulx, qui plus me tiendroit a paroles de ceste chose. (MIÉLOT, Mir. N.D. W., 1456, 68).

-

Tenir parole de + inf. "Exprimer l'intention de" : ...car avoit conspiré avecques les Anglès, ce disoit-on, et tenu paroles de leur baillier aucunes de ses places en Normandie (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 100).

-

Venir en parole de qqc. "Commencer à parler de qqc." : ...l'istore D'un saint donc je vien en parole. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 103).

-

C'est parole perdue. "C'est parler en pure perte" : LE IIIIe SERGENT. Je vous pry que plus ne parlons A luy ; c'est parole perdue. Menons l'en le long de la rue Honteusement, comme ung larron ; Mieux chevir ne s'en pourroit on. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 131).

2.

[P. oppos. à l'acte] "De manière uniquement verbale"

-

De parole : Et pour ce, le pere blasme et chastie le filz de parole senz fait, mesmement puisque il est hors d'enfance. (ORESME, E.A.C., c.1370, 533). Quelle amour ? Amour qui se monstre non pas de parole tant seulement mais de fait et d'operacion, car se tu dis que tu aymes Dieu, et tu ne fais son plaisir et ses commandemens, tu es, selon que dit saint Jehan, menteur et mensongeur (GERS., Concept., 1401, 409).

-

En parole : Et a tousjours ledit Robert tenu le parti de nostredit cousin, en parole seulement, sanz ce (...) qu'il y ait eu (...) aucune chose de fait. (Ch. VI, D., t.1, 1416, 380).

-

En paroles ou autrement : ...[il] ne tint oncques maniere envers sa femme, en parolles ne aultrement, par quoy elle peust penser qu'il entendist rien de son fait (C.N.N., c.1456-1467, 129).

-

En vie et en parole : Mais nous entendon ici endroit de celui qui est veritable en vie et en parole senz regart a aucune difference quant a justice ou injustice. (ORESME, E.A., c.1370, 267).

C. -

"Manière de parler, de s'exprimer ; voix" : DEUXIESME MAISTRE. Hé ! c'est parole d'enfançon ; On la doit mettre en nonchaloir (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 232). ...ilz [les chrétiens] ont (...) Une paroles si traittables, Si doulces et si amiables Qu'en parlant il semble qu'ilz oingnent Les cuers des gens (Mir. st Ign., 1366, 88). Je ne dis pas que le deffault ne soit a la fois aux prescheurs qui n'ont point la parole enflammee mais froide et morte autrement que n'avoit saint Jehan Baptiste, qui erat lucerna ardens et lucens, et autrement que Helie, cuius sermo ut ignis ardebat. (GERS., Pent., p.1389, 79). Son maintien, son port et son parler sera doulz et benigne, la chiere plaisant a yeulx baissiéz, rendant salut a toute creature qui le lui baillera, en parole tant humaine et tant doulce que agreable soit a Dieu et au monde. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 29). ...car il avoit changé son viaire et sa parolle a merveilles (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 257). Ce disner dura beaucop (...) [la jeune fille] esperant après d'avoir de bonnes devises avec son serviteur, mais aussi qu'il la recognoistra tantost, tant a la parolle comme aux responses qu'elle luy fera (C.N.N., c.1456-1467, 173). Quand le bon hoste entendit et cogneut leur rigueur, et que sa doulce parolle ne luy prouffitoit point, il leur nomma le nom du chevalier (C.N.N., c.1456-1467, 548). Aprés LA CHAMBETIERE de l'ostés A saint Pierre a raconter : Je te cognoys a ta parole, Je te cognoist, tu es d'escole. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 87). [Réf. à Matth. 26, 73] Ta parole est fort savoreuse, Symon mon amy et mon frere (Pass. Auv., 1477, 119). ...la plus humayne et doulce parolle d'homme que jamais fut estoit la sienne (COMM., III, 1495-1498, 312).

-

"Langage, parler" : ...comme toute la terre feust d'une langue et d'une meisme parolle, la tour de Babel fut drescee au ciel et eslevee (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 105).

-

Avoir la parole drue et legiere. "Parler d'abondance" : ...moult avoit (...) parole drue et légière (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 265).

D. -

"Élément du langage, mot ; suite de mots servant à exprimer la pensée ou à s'engager"

1.

"Élément du langage, mot" : Il convient premierement deviser comment nous disons aucunes choses estre ingenerables et generables et corruptibles et incorruptibles, quar quant les termes ou paroles ont pluseurs significacions, adonques pousé que ce ne face difference quant au parler, toutesvoies convient il par neccessité que l'en ait confusement l'entendement des choses se l'en use de ce qui est dit en pluseurs manieres, aussi comme de chose non-devisee, quar lors il n'appert pas selonc quelle significacion ce doit estre entendu. (ORESME, C.M., c.1377, 186). Sur ceste parole de zucarée est entendu dire sucrée, car les apoticaires nomment sucre zucare (Règles sec. rhétor. L., c.1411-1432, 16). Item, sur la parole de Venus et de venus, l'un est pour la deesse d'Amours, l'autre pour venir. (Règles sec. rhétor. L., c.1411-1432, 16). Item, sur ceste parole zucaréement est entendu sucréement. (Règles sec. rhétor. L., c.1411-1432, 36).

-

À une parole. "Par un seul élément de langage, en un mot" : Maiz je ne samble pas l'oisel C'om claime cucu, qui est tel Qu'il dit tout a une parolle ["qui ne sait dire que coucou"]. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 395). Pourquoy est ce que tu ne me dis a une parole ce que tu me veulx ? (RIPPE, Andrienne, a.1466. In : Chrestom. R., 206).

2.

"Suite de mots servant à exprimer la pensée ou à s'engager"

a)

[Servant à exprimer la pensée (surtout au plur.)] "Ce que l'on dit, propos, discours" : Vous avez dit parole honneste Et voire, sire : ainsi sera. (Mir. ev. arced., c.1341, 121). Car elle [la Vierge] est monstrée avoir en ses paroles meurté, opportunité et sobriété (Mir. Theod., 1357, 79). ...ileuc dist elle [Marie] deux paroles, l'une de meure inquisicion, ce fu quant Gabriel lui dist (...) et elle li demanda... (Mir. Theod., 1357, 79). Car quant est a parler des operacions, les paroles generalz ou universeles sont plus vainnes et les paroles particulieres sont plus vraies, pour ce que les operacions sont es choses singulieres et particulieres. (ORESME, E.A., c.1370, 164). Congnut aussi que pour cause de paroles injurieuses meues par entre sondit maistre et lui, et que ycellui son maistre le vouloit batre, il pria et requit audit Testenoire que le serement à lui fait il lui voulsist remettre (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 25). ...après plusieurs paroles rioteuses entre eulx, frappa l'un d'iceulx compaignons, à l'ayde des autres d'un coustel qu'il avoit, duquel cop il ala de vie à trespassement. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 243). Laquele parole oye et entendue par il qui parle, et aussy que par plusieurs fois ledit Robinet le amonnesta de faire ce qu'il lui disoit, c'est assavoir qu'ilz feissent coings nuefs pour forgier blans de VIIJ deniers par. la piece (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 488). Après pluseurs paroles et opinions diverses, la Court a (...) conseillié que l'en praigne mil frans sur les amendes de ceans pour le Roy (BAYE, I, 1400-1410, 250). A ceste parole [s]'est eslevé ung bruit et murmur entre les Vertuz, et en parlant les unes aux autres [et] approuvent l'oroison de Prudence, [gectoient] de costé leurs yeulz envers Justice qui bien vaincue estre sembloit. (GERS., Concept., 1401, 404). Oultre a requiz, que pour ce que l'en puet reporter au Roy ou aultres seigneurs pluseurs paroles sinistres de ceulx qui sont es offices de justice, que s'aucune parole sinistre est dicte auxdiz seigneurs de aucun desdiz officiers, que foy ne soit faicte à telx rapporteurs sans oïr la personne contre qui sera telle parole dicte. (BAYE, II, 1411-1417, 43). Dont endemantiers qu'il portoit la tasse au vin de congié, Madame en passant lui dist : "Faites comme l'autre jour, petit Saintré," laquelle parolle il entendi bien. (LA SALE, J.S., 1456, 56). La simple musniere, oyant les parolles de monseigneur, devint tresebahie et courroucée (C.N.N., c.1456-1467, 39). ...après ces criminelles parolles, [le soldat] vous tire hors du fourreau sa grande et bonne espée, et si la fait brandir trois ou quatre foiz (C.N.N., c.1456-1467, 50). Quand le [prieur] vit son point, il couppa le chemin aux lourdes et longues parolles de nostre yvroigne (C.N.N., c.1456-1467, 61). ...après pluseurs parolles et devises d'entre elle et luy, elle luy dist ung mot tranché (C.N.N., c.1456-1467, 121). ...avant hier, après pluseurs parolles, je la ruay sur ung lict pour faire ce que vous savez (C.N.N., c.1456-1467, 160). ...le bon seigneur a cogneu a la verité que mes parolles n'estoient pas fainctes (C.N.N., c.1456-1467, 210). ...[elle] eut bien tant de courage et d'asseurance en elle qu'el la conforta de parolles et de tant pou de medicine qu'elle savoit. [Une dame s'occupe de sa jeune voisine, atteinte de la peste] (C.N.N., c.1456-1467, 347). ...tant vindrent d'unes parolles en aultres par motz couvers, que leurs devises vindrent a toucher du train de derriere. (C.N.N., c.1456-1467, 358). Vous m'avez dit que vous estes seur (...) que, vous absent, je ne me pourroye contenir ne garder l'entiereté de nostre mariage. Ceste parolle me tourmente fort le courage (C.N.N., c.1456-1467, 565). Croyés mes parolles et dicts Pour faire aux diables desfarde. Nulz de vous amis ne se parde Par ire, orgueulh ne luxure ! (Pass. Auv., 1477, 125).

-

[En lien avec le discours dir.] : ...disant ces parolles, marcha la dureau, faisant le petit sault (C.N.N., c.1456-1467, 152). ...de joyeux viaire et plaisant chere dist ces parolles... (C.N.N., c.1456-1467, 574).

-

Belle parole. "Propos aimable" : Car qui bonne parole entent, S'a lui ne tient, il en attent Aucun prouffit en son affaire. (Gris., 1395, 2). Sur quoy le roy, qui bel langagier estoit et de subtil sens, se recouvra de belles paroles, luy remettant en face tousjours comme il estoit tenu à luy et non à autre, et que pour tant ne le pourroit jamais assez honnorer, ne guerdonner, ne remercier (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 149).

-

Bonne parole. "Propos aimable, encourageant" : Toutesfois sa personne presente estoit grant chose et la bonne parolle qu'il tenoyt aux gens d'armes (COMM., I, 1489-1491, 33). ...qu'illes receoive chescun en particullier et non pas ensemble et les face recevoir humainement et leur dire beaucop de bonnes paroulles et qu'il se delibere de les bien traiter (Traité politique C., c.1492-1493, 148).

-

Douce parole. "Propos aimable (mais qui peut être hypocrite)" : ...il le sert de blandices et de doulces paroles et faintes (Bérinus, I, c.1350-1370, 40). Tout ainsi est il d'omme de mauvaise nature, car com plus bel semblant vous fera et vous dira doulces paroles, et plus vous gardez songneusement de lui, car en derriere il vous poindra et le trouverez fel et crüeux, se vous en avez mestier. (Bérinus, I, c.1350-1370, 153). Celles sont aussi bouteresses de feu par fraude, car elles portent le feu muchié quant par doulces paroles et par flateries seduisent et dechoipvent les cuers des innocens (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 391). Auquel Guïot, par ses doulces parolles (...) pria tant et requist icellui Guïot qu'il aprint à elle qui parle, par cuer, l'euvangile mons. saint Jehan (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 326). Riens n'y valent doulces paroles pour l'amolir, ne dures pour la rompre ou flechir, car elle est sourde a tous biens (GERS., Purif., 1396-1397, 66). Et pour ce, afin qu'ilz soient tousjours plus loyaulx subgiéz et que autre ne les peust esmouvoir, parlera a eulx maintes foiz par bel, en disant par doulces paroles qu'il ne leur vueille anuier se adonc sont aucunement grevéz pour les grans charges de la guerre ou d'autres affaires (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 85). ...par bons admonnestemens, en humbles et doulces paroles (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 75). Ung jour, quant son pere fu retourné a l'ostel, la mere de l'enfant voulu sçavoir de quoy on avoit parlé au conseil et par doulces paroles le demandoit a son enfant, qui pour riens ne le vouloit dire. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 177).

-

Grosse parole. "Propos insolent, blessant" : Vous usez de grosses parolles Et autre chose n'y povoir. Face chacun bien son devoir ; Le musir font les poires molles. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 274).

-

Haute parole. "Injure" : ...pluseurs haultes parolles s'en ensuyvirent, et fort se animerent et courrousserent l'un contre l'autre. (C.N.N., c.1456-1467, 392).

-

Paroles d'esbatement. "Propos légers, sans conséquence" : ...ilz avoient lessié ledit mons. de Berry à Leseignen, et se devoit partir briefment pour aller à Melle, sanz plus parler que de parolles d'esbatement. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 547).

-

Debat de paroles. "Querelle" : ...auquel escuïer soit demandé le chevalier de Sezay, à qui il ot debat de parolles en la forteresse de Briquebec, ou temps que le siege estoit devant Chierbourc, et lequel chevallier ycellui escuïer appella traitre Navarrois. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 60).

-

Adresser des paroles / ses paroles à qqn. "Lui tenir un discours" : ...ledit de Villiers, qui riens ne disoit à ycellui Billart ne lui adréçoit ses parolles (Ch. VI, D., t.2, 1403, 49). Voire, dist elle, est ce a moy que vous devez adrecer telles parolles ? (C.N.N., c.1456-1467, 120).

-

Avoir des paroles / grans paroles ensemble. "Échanger des propos, converser (longuement)" : Maiz Segins ou Segire de Hongrie dit beaucops de paroillez qu'ilz orent ensemble (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 2). [Autre ex., l. 5022 ( cf. p.CCXXXIV)] Et, aprés qu'ilz eurent bien beu et mengé, ilz eurent grans parolles ensemble (MACHO, Esope R., c.1480, 213).

-

Dire une parole. "Tenir un propos" : ...[il] ne disoit jamais une parolle puis qu'il estoit de gogues qu'elle n'apportast sa risée avec elle (C.N.N., c.1456-1467, 199).

-

Faire qqc. de paroles. "Faire qqc. par ses propos" : ...Raoulet Grison (...) s'estoit defendu de fait et rebellé à l'encontre des huissiers de ceans qui (...) le vouloient mener en la Conciergerie pour tenir prison, et les avoit injuriez de paroles (BAYE, I, 1400-1410, 127).

-

Porter seche parole. "Tenir des discours abstraits" : Comment porte il seiche parolle ? (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 119).

-

Porter les paroles de qqc. "Se faire le porte-parole de qqc. (d'une résolution, d'une conclusion...)" : ...feirent les bonnes religieuses entre elles ung consistoire dont la conclusion s'ensuyt ; et porta les parolles d'icelle ["de cette conclusion"] la prieure : ... (C.N.N., c.1456-1467, 144).

-

Rendre les paroles à qqn. "Confirmer les propos de qqn(?)" : ...lequel, par serement, nya que oncques il eust batu ou feru ladite femme, qui lui eust rendu icelles paroles, ne qu'il feust consentant, faisant ou participant desdites navreures faites audit deffunct. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 273).

-

Prov. : Douche parolle fraint grant ire. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 265). Toute parole n'est pas voire. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 105). Et si disons entre nous Provenceaulx que de paroles est grant marchié. (BOUVET, Arbre bat. N., c.1386-1389, 233). ...car villaines paroles corroussent les bonnes meurs. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 45). Et pour ce dit le proverbe commun que doulce parole frain grant ire, et aussi est il dit ailleurs que doulce parole multeplie amis. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 253). Et aussi à yceulx parler doulcement prouffite moult, si que dit le proverbe commun : Doulce parolle fraint grant yre. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 173). Bonne parrolle bon lieu tient. (Moralité 1427 B.B., 1428, 112). Bonne parolle bon lieu tient. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 14). Bonne parolle en tout temps bon lieu tient. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 39). Doulce parolle frainct grant ire. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 79). Longues parolles font cours jours. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 151). L'on dit que les paroles font cognoistre l'homme. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 13).

Rem. Prov. H, 192-193 (P52 ; P53 ; P54 ; P55 ; P58 ; P62 ; P63 ; P64 ; P65).

b)

En partic. "Adage, sentence" : Ceste parolle le contente : "Qui meurt a ses loix de tout dire". (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 69).

c)

[Servant à s'engager] "Engagement, promesse" : Et generalment du tout, a une parole, les habis sont fais, aquis et engendrés par semblables operacions. (ORESME, E.A., c.1370, 148). ...en lui donnant paroles de conjunction charnele teles comme il appartiennent a oevre generative qui est de bonne maniere et licite et honeste. (ORESME, Ycon. Arist. M., 1374, 837).

-

Paroles de présent (ou de futur). "Acte par lequel deux personnes déclarent (devant notaire) qu'elles se prennent ou se prendront pour mari et femme" : Erreur, c'est quant ung homme par parole de present ou de futur et advenir contrait avec une femme nommee Katherine de tel estat, de tel eage, et on lui en baille une autre. C'est erreur de personne bailler une personne pour l'aultre en mariage. Ou le mariage est fait par paroles de present d'une femme de laquelle il a congnoissance ce par oir dire, ou aultre fois il a veu, ou par renommee, et on lui en baille une aultre. (Sacr. mar., c.1477-1481, 48). Se aucun a contrait espousailles par paroles de present ou de futur, il ne doit pas contraire avec aultre femme, et se il contrait tant seulement espousailles par paroles de futur et temps advenir, il doibt laisser la seconde et retourner a la premiere. Se il a contrait avec la seconde par paroles de present et de futur et aussi ensieuve copule charnele, il doibt arrester ["rester"] avec la seconde et faire penitance de la foy mentie a l'aultre. Jehan allié a Jehane par paroles de present ou de futur sans copule charnele, l'un sans la voulenté de l'aultre puet entrer en religion. (Sacr. mar., c.1477-1481, 70).

Rem. «Selon la théorie française de la formation du lien matrimonial (Pierre Lombard, 1150), il faut distinguer la promesse de mariage (verba de futuro : "ego te accipiam") du mariage lui même (verba de praesenti : "ego te accipio"). Les verba de futuro équivalent aux fiançailles, les verba de praesenti au mariage lui-même.» (J. Werckmeister, Pt Dict. de dr. canonique, 1993, 206)

-

Consentement des paroles. "Consentement mutuel" : Le mariage est initié et commencé par espousailles, expressé par le consentement des paroles, ratiffié par les paroles de present et parfait et consommé par copule charnele et habitation (Sacr. mar., c.1477-1481, 44).

Rem. Trad. du lat. consensus animorum, trad. plus loin par "consentement des voulentés et des couraiges".

-

En parole de roi / de prince. "En s'engageant à garder son honneur de roi, de prince" : Toutes lesquelles choses nous et chascun de nous promettons loyalment et en parole de prince faire, tenir et acomplir tant comme nous vivrons (FAUQ., II, 1421-1430, 96). Promettons en parolle de roy, pour nous et nosdiz successeurs, soubz iceulx nos main et gouvernement les tenir, garder, gouverner et maintenir à tousjours (Doc. Poitou G., t.8, 1436, 104). Et oultre plus promectons par la foy et serement de nostre corps, en parole de roy et sur nostre honneur (Roi René vie L., 1437, 229).

d)

[P. oppos. aux actes]

-

Belles paroles. V. beau

-

Semer paroles au vent. "Parler dans le vide, sans résultat" : ...en bons leaulx chevaliers luy conseillerent [au dauphin] l'amour tousjours et l'obeÿssance envers son pere (...). Mais pour fin toute ilz y perdoient langaige ; ilz respandoient parolles en vain et les semoient au vent. Puis que l'allee vers son pere estoit mise en termes, il n'avoit oreille qui l'acceptast ne ceur qui entendre le voulsist, car il ne luy en estoit ne que d'aller vers le Soudan. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 94).

e)

P. ext. "Suite de mots écrits qui expriment une pensée, propos écrits" : ...c'est ce que nous dit et enseigne Ypocrate en brefves paroles (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 376). Penitenciam agite (...). Ces paroles sont escriptes en l'evangile saint Mahieu et veulent ainsi dire en françoys... (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 245). Ce jour, furent appellés les seigneurs des Enquestes en la Grant Chambre, où vint le cardinal de Pise, legat en France, et proposa la parole de l'epistre du jour d'ui (BAYE, II, 1411-1417, 181). ...car libellus diffamatorius n'est que escripture contenens paroles injurieuses, comme sont lesdictes lettres (BAYE, II, 1411-1417, 200). ...et pour venir et descendre plus especialment à son propos, print la parole divine du prophete : Psalmo octogesimo octavo (BAYE, II, 1411-1417, 260). ...je me perchus en subit au hault de l'entree de l'uis d'aucunes parolles droit la assises en lettre[s] d'or (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 17).

E. -

RELIG.

1.

Parole (de) Dieu

a)

"Ce que dit, ce que commande Dieu (par l'Écriture sainte)" : ...vous devez A la parole Dieu entendre Que l'en vous presche (Mir. abbeesse, 1340, 64). Dieu en celle ame haubergera Qui sa parole accomplira (GERS., Pent., p.1389, 71). ...et ou livre des fais des appostres nous avons comment le Saint Esperit descendi sur tous ceulx qui oÿent la parole de Dieu. (GERS., Pent., p.1389, 79). Ainsy pluseurs viennent a la parole de Dieu, laquelle est dicte pour laver l'ame et la faire blanche par pureté, et plaisant a Dieu, mais ilz s'en partent souvent ainsy noirs comme par avant ou plus. (GERS., Concept., 1401, 427). Affin doncques que a fruit et a proffit nous puissons ouir la parole de Dieu pour faire noz ames belles et plaisans, retournons a celle de laquelle nous faisons solennité, la toute belle amie de Dieu (GERS., Concept., 1401, 427). La semence est la parole Dieu, Que es durs cuers n'a point de lieu, Si peu que semence sur piarre.[Réf. à Luc 8, 11] (Pass. Auv., 1477, 137). Sçavés vous que dit le prophete, La parole Dieu recitant ? Michi vinditam et ego retribuam. (Pass. Auv., 1477, 268).

-

[P. allusion aux Écritures saintes] : Car aussi comme la semence qui chiet en terre bien cultivee aporte bon fruit, semblablement la parole ou doctrine qui chiet en personne exercitee en bien et disposee a bien fait le fruit de bonne operacion. (ORESME, E.A.C., c.1370, 532).

b)

"Parabole (de l'Écriture sainte)" : ...si come nostre Sire omnipotent l'enseigne en l'Euvangile, en la parole et en l'example des besans (VIGNAY, Théod. Paléol. K., c.1333-1350, 56). Toutes fables sont trouvees pour demonstrer aux hommes quelle chose ilz doyvent ensuivre et quelle chose ilz doyvent fuyr, car autant vault dire fables en poesie comme parolles en theologie. (MACHO, Esope R., c.1480, 94).

2.

[P. réf. à Jean I, 1] "Verbe, Logos" : Dame, a qui l'ange reveler Voult le salut dont grace vint Quant la parole char devint... (Mir. parr., 1356, 39). Et ceste concepcion se appelle verbe et est ce de quoy parle saint Iehan : in principio erat verbum, le verbe diuin estoit au commencement de toutes choses, cest au pere qui par telle congnoissance communique ce qui est en son entendement et produit une mentale parolle ou concepcion du tout equale et semblable a soy, et est ce verbe ou ceste parolle mentale lymage parfaicte de celuy qui la produit, cest du pere (CIB., p.1451, 202). A cause de la premiere excellence, le Filz est apellé le mot ou la parole du Pere, car parfaitement il parle et prononce la bonté et la souveraine largesse et liberalité du Pere, qui ne veult avoir aucune chose que ne donnast et communiquast en la faisant commune au filz. Ce mot du Pere est eternelement engendré de lui, temporelement et a certain temps promis par les prophetes, preschié par les apostles, annonchié par l'archangele Gabriel en l'incarnation, quant ledit angele fut envoié a la vierge Marie pour annuncier ladicte incarnation dudit mot et parole du Filz de Dieu a prendre nostre nature humaine d'elle, en elle et par elle. (Somme abr., c.1477-1481, 113).

-

La Parole encharnee. V. encharner

3.

"Formule liturgique" : Si je savoye veritablement que a mon baptesme eussent esté pronuncées les dignes et sainctes parolles que j'ay oyes a ceste heure au baptesme de mon nouveau filleul, je ne craindroye en rien le dyable (C.N.N., c.1456-1467, 427). ...ma foy est telle que les parolles dictes au baptesme d'un chascun chrestian (...) sont valables a rebouter tous les dyables d'enfer (C.N.N., c.1456-1467, 427). ...par parolles moy et tous les aultres prestres faisons d'une hostie, qui n'est que de bled et d'eaue, le precieux corps de Jesus Christ (C.N.N., c.1456-1467, 583).