C.N.R.S.
 
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     PARJURE1          PARJURE2     
FEW VIII perjurare
PARJURE--- PARJURE1 -->, adj. et subst. masc.
[T-L : parjur ; GDC : parjure1 ; DÉCT : parjur ; FEW VIII, 249a : perjurare ; TLF : XII, 1004b : parjure2]

A. -

"(Celui) qui fait un faux serment" : Et, ce fait, fu ledit prisonnier fait jurer aus sains Evangilles de Dieu qu'il d[i]roit verité des chosses dites contre lui, proposées et accusées, sur peine d'estre reputé pour parjeure et infame (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 177). Et pour ce que il sembla que lesdiz de Bourges et Montigny ne disoient pas la vérité et estoient varians et parjures par l'advis et délibéracion desdiz de Vaulx et Granier, je les ay envoyez prisonniers ès prisons du baille. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 171).

 

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P. ext. "Menteur, trompeur" : Gentils sires et nobles roys, Ne le crees contre vos gens, Car il se ment parmi ses dens. C'est uns Angles deshonnourez, Faus, mauvais, traïtres, couez. Il est parjurs et s'est infames, Diffames d'ommes et de fames, Si ne le deves de riens croire. (MACH., P. Alex., p.1369, 251). Fortune fausse et parjure, Estature De nient, fainte figure, Pourtraiture D'umbre qui fuit et varie. (MACH., Les lays, 1377, 477). Sa contenance en vertu pas ne dure, Car c'est tous vens, ne riens qu'elle [Fortune] figure Ne puet estre fors de fausse figure ; Et li siens sont toudis en aventure De trebuchier ; car, par droite nature, La desloyal renoïe, parjure, Fausse, traïtre, perverse et mere sure Oint et puis point de si mortel pointure Que ceaus qui sont fait de sa norriture En traïson met à desconfiture. (MACH., Motés, 1377, 497).

 

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[D'un sentiment] : Je l'amoie d'une amour si tres pure Qu'onques vers li ne pensay fausseté, Et la sienne desloial et parjure Est et sera et ha tous jours esté, Si que dès or mais renoy Lui et son fait et l'amoureuse loy, Ne je n'aray ja mais fiance en li, Pour ce qu'il m'a mauvaisement tray. (MACH., L. dames, 1377, 231).

B. -

"(Celui) qui viole un serment de fidélité, qui ne respecte pas sa promesse" : Quant j'enamay sa tres douce figure Qui puis m'a fait avoir moult de grieté, Foy me promist ; mais elle en est parjure, Car je say bien qu'elle a autre enamé. (MACH., L. dames, 1377, 174). Maiz il lui estoit advis en sa conscience que, s il feust partis d'iceulx Testenoire et son maistre sanz prendre congé d'yceulx, et qu'il le quitassent du serement dessus dit à eulx fait, qu'il seroit parjures et auroit menti (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 24). ...a esté defendu ausdiz procureurs que de cy en avant, à peinne de privation de leurs offices et d'estre reputez pour parjures, ne exigent quelque chose, sinon par la permission et licence d'icelle Court (BAYE, I, 1400-1410, 62). ...faire departir les gens d'armes qui illec estoient et gastoient lesdiz lieux afin d'eulx traire devers Bar sur Seine pour illec estre receuz à monstre à la resistance des traictes parjus qui nagaires ont murdry mondit seigneur (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1419, 353). ...l'Université de Paris vouloit proceder à la privacion de maistre Jehan Le Roy, procureur du Roy ou Chastellet de Paris, et le declarer parjure (FAUQ., II, 1421-1430, 152). ...j'ay et cuide avoir bonne sainte et juste querelle de combattre ce faulx et malvais traittre, murtrier, parjure ou foy mentie (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 220). Car ou soies porteur de bulles, Pipeur ou hazardeur de dez, Tailleur de faulx coings et te brulles Comme ceulx qui sont eschaudez, Traictres parjurs de foy vuidez, Soies laron, raviz ou pilles, Ou en va l'acquest, que cuidez ? Tout aux tavernes et aux filles. Ryme, raille, cymballe, fluctes, Comme folz fainctilz, eshontez (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 130). Se Demofon, qui tant par fu traïtre, Faulx et perjur, cela set on assés, Fault yl doncques lez bons mettre en son titre ? (Jeu quatre pers. L., a.1465, 190). LE JUIF. (...) Plusieurs crestiens voy jurer Leur Dieu, mais aussi parjurer Et n'en ont vergongne ne honte, Par faulceté qui les surmonte. Se ung juif parjure estoit trouvé, De nous il seroit reprouvé Et pugny sans misericorde. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 89). S. NICOLAS [à Dieu]. (...) Et Sathan, pour me faire injure, A rendu le crestien parjure. Te plaise d'y remedier (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 135). LE PREVOST. Helas, or est il [le chrétien] mort parjure ! Vecy l'or en ce baston creux. Sainct Nicolas, quel adventure ! Le cas est fort miraculeux. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 143). LE CRESTIEN. A toute ceste compaignie Je requiers mercys humblement Et confesse publicquement Que je suis ung mauldit parjure Et requiers grace de l'injure Que j'ay fait encontre justice De ma pure et propre malice. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 151). Par ce il s'est trouvé parjure, Et aussi Dieu l'en a pugny. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 205). CLAUDE. Mieulx luy vauldroit qu'il fust a naistre, L'usurier parjure, faulsaire ! Aux champs je l'envoyeray paistre Puisqu'a tort il me veult deffaire. (LA VIGNE, S.M., 1496, 521).

 

Rem. Renart contref. R.L., 1328-1342, gloss. (parjur) ; Percef. I, R., c.1450 [c.1340], gloss.

 

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Estre parjure de soi. "Être parjure" : Si estoit Amours honnourez Et de mains frans cuers aourez, Servis, loës, regraciés Et cent mille fois merciés, Car chascuns le glorefioit Qui bons yere et qui s'i fioit. Et aussi pluseur y venoient Qui tout le contraire faisoient, Car il estoient d'eaus parjures [var. pariurez], Renoiés, traïs et injures, Servis de faus cuer et de vain, Einsi comme on torche Fauvain. S'i avoit un trop grant meschief, Car il n'estoit qui sceüst chief (MACH., D. Lyon, 1342, 219).

 

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Estre parjure encontre qqn : SATHAN [à saint Nicolas]. Il [le chrétien] est parjure Et mesmement encontre toy. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 139).

 

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[Insulte] "Parjure, traître" : Faux parjure, ains qu'a toy assemble, Je te conseil qu'a moy te rendes (Mir. Amis, c.1365, 38). Et si tost com li roys le vit, De son lit en gisant li dist : "Estes vous là, sires d'Absur, Faus garson, traïtre, parjur. Qui vous fait entrer en ma chambre ?" Et il respondi sans attendre : "Je ne sui mauvais ne traïtes, Mais tel estes vous, com vous dites ; Dont vous morrez, sans nul respit..." (MACH., P. Alex., p.1369, 269).

REM. Formes parjus, parjux : ...faire departir les gens d'armes qui illec estoient et gastoient lesdiz lieux afin d'eulx traire devers Bar sur Seine pour illec estre receuz à monstre à la resistance des traictes parjus qui nagaires ont murdry mondit seigneur (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1418-1420, 353). Vous estes le roy des deux ais, Faulx glout parjux, outrecuidiéz, Quil la loy abatre cuidéz, Mes vous en estez bien gardéz. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 211). Ha, seur, ilz nous vouldront confondre S'en noz faiz nous sommes parjus : Ses Scribes hëent ce Jhesus, Edit on fait que s'il est homme Qui Crist ou prophette le nomme, Il est, par vertu de l'edict, De la sinaguogue mauldit, Privé et excommenïé. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 458).Cf. les formes parjus / perjuz (fr.-comtois, lorr., suisse romand) enregistrées ds FEW.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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