C.N.R.S.
 
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     PAILLE     
FEW VII palea
PAILLE, subst. fém.
[T-L : paille ; GDC : paille ; DÉCT : paille ; FEW VII, 492a : palea ; TLF : XII, 783b : paille]

A. -

"Tige de céréale dépouillée de son grain ; balle ou couche de paille" : Ta famine saoulera Et ta grant soif estanchera. Se tu gis a la terre dure Sans tapis et sans couverture, Seur fainc, seur estrain ou seur paille Ou sus lit dur, s'on le te baille, Elle t'ara si anobli Que tu mettras tout en oubli Et tous les maus et ta grevence Penras en bonne pacience. (MACH., C. ami, 1357, 78). Ce cheval menray en l'estable (...) Et courreer le vous feray De bonne pille. [le mot rime avec "fille"] (Mir. Theod., 1357, 95). ...il fist faire feux de grans flambes et de peu de charbon, comme de pailles et d'aultres legieres choses assemblees pour les vivres de leurs chevaulz et couvertures de leurs logis. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 50). Mais tant la suyte que l'ordinaire train Des vins, vïandes, avoyne, paille, estrain Et d'autres choses si tres bien on repeut, Qu'on contenta chascun le mieulx qu'on peut. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 146).

 

-

[Valeur minimale] : Qui se vuet mirer, si se mire, Car je vueil tesmongnier et dire Que chevaliers acouardis Et clers qui vuet estre hardis Ne valent plein mon pong de paille En fait d'armes ou en bataille, Car chascuns fait contre droiture ; Dont, s'il font bien, c'est aventure. (MACH., F. am., c.1361, 147). Se n'estoitz-je que feriés-vous ? Vostre fait ne vouldroit pas pailhe. (Myst. ste Agathe B., c.1450-1500, 196).

 

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"Broutille" : ...qui pour une paille maugroient Dieu (WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, 311).

 

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[P. oppos. à grain, dans des expr. plus ou moins figées] : Et se je muir en vostre dous servise, M'ame en sera en dous paradis mise D'Amours sans faille. S'ai pris le grain et ay laissié la paille, Quant, sans retraire, à vous servir me baille, Qu'il ne me puet riens venir qui bien n'aille En toute guise. (MACH., Compl., 1340-1377, 260). Or te conforte et ne te doubte, Car se tu vues, tu yes garis, Et se ce non, tu yes honnis. Pren le grain et laisse la paille ; De tristece plus ne te chaille, Car cils qui bien voit et mal prent, C'est a bon droit, s'il s'en repent. (MACH., R. Fort., c.1341, 75). Et je m'i acort, car sans faille, Trop mieus vaut le grain que la paille. (MACH., D. Lyon, 1342, 217). Einsi est il de pluseurs dames Qui mettent les corps et les ames Et quanqu'elles ont en leurs amis, Et quant tant chascune y a mis Qu'il sont en vaillance parfait, Apparent par ouevre et par fait, Elles n'en ont autre salaire Fors un petit de gloire au faire. Il ont le grain ; elles ont la paille ; Car l'onneur ont, comment qu'il aille. Et s'aucune fois leur meschiet, Tout premiers seur les dames chiet. Certes, c'est mauvais guerredon, Quant pour bien ont de guerre don. (MACH., J. R. Nav., 1349, 239). Nompourquant je di, c'est la somme, N'est richesse qui honneur vaille. Honneur est grains ; richesse est paille. Dont qui a honneur, il est riches, N'il ne doit or prisier deus chiches, Qu'il ne puet avoir nul deffaut, Qu'onneur demeure et avoir faut. (MACH., C. ami, 1357, 103). Mais or ne puis querir autre travail N'autre bataille, Ne je ne puis faire chose qui vaille, Car j'ay laissié le grain et pris la paille : C'estes vous, dame, ou il n'est riens qui faille, Si qu'einsi sail De haut en bas ; einsi couvient qu'il aille Et que desirs a toute heure m'assaille, Et pour ce di qu'espoirs qu'Amours me baille Ne vaut un ail. (MACH., F. am., c.1361, 158). Pour esmay, Se je l'ay, Et maltray Je ne laisseray Bon grain pour le paille, Ains aray Cuer tres vray Et feray Ce que deveray, Et vaille que vaille. (MACH., Les lays, 1377, 472).

 

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[Cont. métaph.] "Choses futiles (p. oppos. aux choses de valeur)" : ...le dit solitaire en la fin de son livre leur presente ceste piteuse, vertueuse, et merveilleuse histoire, en priant a Dieu qu'elle leur vaille si en prendront le grain et en laisseront la paille (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 358).

 

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Paille d'amours. "Menues faveurs (p. oppos. au grain réservé à d'autres)"

 

Rem. DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 337.

 

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Clou à paille. "Clou pour fixer le chaume" : ...a Colin Bacquet pour VIIIcc de tieulle et XI noes, Ic et demi de laitte a couvrir la dicte alée (...) a Maheut Viebert pour Im de clou a paille (Comptes Archev. Rouen J., 1399-1400, 41).

 

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Feu de paille. "Feu éphémère" : Aiment hommes d'amour de feu de paille Qui si faignent estre d'amours destrois, Mais ne leur tient au cuer pas d'une maille. (CHR. PIZ., Cent ball. amant dame C., c.1409-1410, 121).

 

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[Comme terme de compar.]

 

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Aussi net que paille. "Totalement démuni" : Je suis aussi net que une paille. Il ne m'ont laissé pot ne peelle, Mais ont tout prins et cru et cuit. (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 199).

 

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Plus dru que paille : Je les tue plus dru que paille (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 362).

 

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Mettre paille à (un récit, un texte...). "Mettre un brin de paille, comme signe d'interruption, interrompre" : Atant mys paille et feiz une closture A mes livres (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 120).

 

Rem. GDC X, 256a (XVIe s.)

 

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[Dans un sobriquet] : L'EMPEREUR DE CONSTANTINOBLE. Entens moy ; vas savoir ou est Messire Testu, dit Gobaille, Et son compaignon Grain de paille (Mir. fille roy, c.1379, 62).

B. -

P. méton.

 

1.

"Balle (de céréales) (?)" : Trestout me cousta ung escu, Ou au moins une paille d'orge. (S. fol, c.1480-1490, 6).

 

2.

"Petit panier, corbeille plate servant en cuisine pour faire lever la pâte avant la cuisson" (synon. paillasson, paillat) : Item, ung grant coffre à tenir le pain, de peu de valeur. Item, 12 pailles à faire le pain. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 326).

C. -

P. anal. [Anal. de forme] "Tige, lamelle, fragment"

 

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"Tige métallique" : Sur leurs chevaulx, d'or et d'argent clochettes, Orphaveries pas despit mesurees, Chanfrains dorez, plumes a grans brochettes, De pailles d'or assez desmesurees, D'asur, d'acre grans bardes asurees, Estincelantes au soleil radïeux (LA VIGNE, V.N., p.1495, 212).

 

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Paille de corne. "Lamelle de corne (dont on fait les lanternes)" : Guillaumes Mailloz, de Dijon, lanternex, cognoit avoir vandu a Jeh. de Bretenere, drapier, doues amenes de paille de corne pour XX s. paiéz (Echevin. Dijon L., 1342, 55).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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