C.N.R.S.
 
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FEW XXV aurum
OR, subst. masc.
[T-L : or1 ; GDC : or1 ; DÉCT : or1 ; FEW XXV, 1019b, 1021a : aurum ; TLF : XII, 565a : or1]

A. -

"Métal précieux, jaune brillant, or" : Après ce, vint une merdaille Fausse, traïtre et renoïe : Ce fu Judée la honnie, La mauvaise, la desloyal, Qui bien het et aimme tout mal, Qui tant donna d'or et d'argent Et promist a crestienne gent, Que puis, rivieres et fonteinnes Qui estoient cleres et seinnes En pluseurs lieus empoisonnerent, Dont pluseurs leurs vies finerent ; Car trestuit cil qui en usoient Assez soudeinnement moroient. (MACH., J. R. Nav., 1349, 144). Car tout ainsi que l'argent c'on affine Seroit sur l'or qui vient de noble mine, Fu par ce feu couvers d'umanité Li ors que je compare a deité (Mir. st Sev., 1362, 239). LE ROY. Se tu le fais, en nom de moy, D'or feray faire ton ymage Et li feray autel hommage (...) Conme je fas aux autres diex (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 288). Si ne donroie mie mes souhais, mes souvenirs et mes douces pensees pour l'avoir d'un tresbien riche royaume, car quant je pense bien a vostre pure, fine et esmeree douceur, qui est dedens mon cuer enfermee comme tresor en coffre et enclavee comme pierre en or, il m'est souvent advis que je soie aveuc vous aussi doucement que je fui onques. (MACH., Voir, 1364, 426). Ne fu vaillans Lancelos pour sa dame, Tristans, Paris, et Perchevaus, qui ame Ne congnoissoit de bien ? Oÿl, par m'ame ; Telz .X. mille en sont mis desous la lame Et .X. mille vivans, que pas ne blasme, Qui n'eüssent valu d'or une drame Ou de poivre, se ce ne fust pour fame. Dont ha cilz bien cuer entort et esclame Et de pute aire Qui ne s'applique a leur service faire. (MACH., Voir, 1364, 548). Tous li argens et tous li ors De France et de l'Empire Ne vaut pas l'un de ses confors Où Desespoirs s'aïre. (MACH., Les lays, 1377, 432). La matinee fu belle et clere, et le soleil resplendissoit sur les bacinez et faisoit resplendir l'or, l'argent et l'azur et les couleurs des bannieres et des pennons. (ARRAS, c.1392-1393, 161). Oncques or ne fut plus affiné ne plus purifié (GERS., P. Paul, a.1394, 513). ...quoy que ilz soyent de plus grant veue couvers de perles, d'or et de pierreries, si ne coustent ilz pas tant (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 159). ...trois dons presenterons [à l'enfant Jésus] : Ansens comme Dieu, or comme roy, Mierre a homme (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 85). Or est de trempée complexion tendant a chaleur aucunement et vault contre foiblesce de cuer et le conforte et resjouist de sa propriété. (LA HAYE, P. peste, 1426, 217). Neron (...) Et or vousis et or buras. En or boullant boulu seras Et sans durer y dureras (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 156). ...aussi fait Pline, qui dit qu'il fut le premier qui trouva la maniere de porter aneaux ès doiz, fit porter aux nobles l'or, aux liberes l'argent, aux sers aneaux de fer et ainsi des autres. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 21 r°). Alors commanda que on lui coppast la teste, pour qu'il disoit que tous les metaulx, par especial l'or et l'argent, seroient avillez et non challuz. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 71 v°). YRENE. Le payen, plain de vie maligne, Qui m'a ton sainct corps revellé Certes ne s'en fust ja meslé, N'eust esté pour les grans tresors Qu'il cuidoit avoir de ton corps, Et touteffois nous voyons bien Que de ses dis il n'en est rien, Et quil n'y a ne or ne pierre. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 281).

 

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P. compar. : Nompourquant pas ne m'en merveil, Quant le regart de son dous oueil Et son cler vis blanc et vermeil Qui resplendist De biauté plus qu'or en soleil Et son corps gent qui n'a pareil De douceur, de cointe appareil Vers moy guenchist, Se mes regars s'en esbloïst, Se la parole m'en tarist, Se ma vigour en amenrist. (MACH., R. Fort., c.1341, 46). Car quant je voy vo biauté nompareille Et vo gent corps qui n'a point de pareil Et vo fresche coulour qui à merveille Coulourée est de blanc et de vermeil, Resplendissant si com or en soleil, Je n'ay vigour ne sens qui ne m'oublie : Tant me fait mal de vous la departie. (MACH., L. dames, 1377, 160). Son chief d'or samble au soleil, Et s'a bel acueil. (MACH., Les lays, 1377, 428).

 

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Tout l'or de + nom de lieu : ...et le mari aussy content de sa doulce compaigne qui vault tout l'or d'Espaingne. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 45). Dame royne, a laquelle n'est riens cele, combien que mes besans a vostre forge soient contraires, si scevez vous bien que dames religieuses et seculieres et officiers et advocaz, je les soubmetz a ma sainte arquemie et ne me ouseroient courroucier pour tout l'or de Pavie. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 337).

 

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Pour tout l'or du monde. "Pour rien au monde" : Lors vint a son seigneur. Si le baise tout en plourant et triste de cuer que il ne disist un mot pour tout l'or du monde (ARRAS, c.1392-1393, 23).

 

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Or de bassin. "Métal fabriqué à partir d'un alliage ; cuivre doré" : Item achité 9 corde de chapealx de or de baisin (Metz Comptes merciers S., 1461, 79). ...XII boubines de fil d'or de bacin pour faire les franges de la houssure du cheval (Comptes roi René A., t.1, 1478, 388).

 

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Or de touche. "Or ayant un titre qui permet de bien le travailler (appelé ainsi parce qu'il résiste à l'épreuve de la pierre de touche)" : VIJ [onces] et demie d'or de touche, pour faire gaufres d'orfaverie sus plusieurs garnemens que madame la Royne donna aus enfanz mons. de Navarre (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1342, 35). ...pour un pou auoir amendé Xm IJo XV dudit or estant à XIX karas pour faire aultre vaiselle et l'avoir fait venir à XIX karas et J quint qui est or de touche et au dessoubz n'oseroit on ouurer. (Comptes Lille L., t.1, 1423-1424, 200).

 

Rem. MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 721 ; 767.

 

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Or en masse : Plus aimme honneur qu'un val plein d'or en masse Et bien la scet garder en toute place, Et tant sage est que rien ne fait qui face A desprisier, Si gardera qu'a s'onneur ne mefface. (MACH., F. am., c.1361, 161).

 

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Or fin : Cils sains rois ot un tel cheval Que qui l'en donnast plein un val De fin or, il ne l'eüst pas, Car bien le getast de tel pas Qu'Amours ne l'en peüst geter, Ne ses royaumes racheter : Il le pooit tenser de mort. (MACH., D. Aler., a.1349, 312). Lors pris a l'un de ses piez garde, Car autre fois loié l'avoie, A l'alerion que j'avoie, Au piet, en moy esbaniant, Un moult bel pelle d'Oriant, Enchassonné en bon or fin. (MACH., D. Aler., a.1349, 396). "Pharés" te moustrë a la lettre (...) Une chose qui est moult dure Et qui te sera moult obscure, Moult anuieuse et moult diverse : Qu'a ceaus de Mede et ceaus de Perse Sera devisés tes royaumes, Se c'estoit fins ors ou fins baumes, S'en ara chascuns sa partie, Si en perdras la signourie, Ame, corps et avoir ensamble. (MACH., C. ami, 1357, 34). ...elle estoit deesse, Et tenoit une pomme d'or. Mis ot sus son chief crespe et sor Une coronne gracieuse D'or fin, tant clere et precieuse Que son vis en resplendissoit Si fort que tout m'esbloïssoit, Car a peinne, se Dieus me gart, Pouoie adrecier mon resgart Vers li, pour li bien resgarder. (MACH., F. am., c.1361, 199). ...la tombe du roy Elinas assise sur six colompnes de fin or (ARRAS, c.1392-1393, 270). Quant a moy je ly offreré Plainté de fin or esmeré (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 83). ...et valoit lors le marc d'or fin à la monnoie du Roy LXXVJ livres V sols tournois. (FAUQ., II, 1421-1430, 31). ...achat de II onces d'or fin pour dorer le barril, donné par ledit sieur à monsieur le sénéchal d'Anjou (Comptes roi René A., t.1, 1451, 278). Et, après ladicte monstre faicte, le roy s'en ala au boys de Vinciennes soupper, et y mena avecques lui ladicte ambaxade d'Arragon. Et, peu de temps après, le roy donna aux deux seigneurs, chefz de ladicte ambaxade, deux hanaps couvers, à petit souage tout de fin or, qui pesoient quarante mars d'or fin et cousterent IIImIIc escuz d'or. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 311).

 

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P. compar. : Cinc, un, trese, huit, nuef d'amour fine M'ont espris sans desfinement, Qu'Espoir vuet que d'amer ne fine, - .V., un, trese, huit, nuef d'amour fine - Si que plus que fins ors s'affine Mes cuers pour amer finement. Cinc, un, trese, huit nuef d'amour fine M'ont espris sans desfinement. (MACH., Rond., 1377, 571). Tout est ja prest em bonne foy, Les chevaulx et tous les habis, Et sy sont les harnois frebis Plus clerc que fin or d'Arabie (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 18).

 

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MONN. Or monnoyé. "Monnaie d'or" : Enfans, je vous ay envoyé en vostre vaissel assez or et argent monnoyé pour bien tenir vostre estat, et bien paier voz gens pour IIIJ. ans. (ARRAS, c.1392-1393, 88). ...que aucun ne soit si hardi de transporter ou faire transporter (...) sans congié ou licence du Roy, hors desdis royaume et Dauphiné, or monnoyé ou non monnoyé, sur peine de le perdre et d'en paier autant. (FAUQ., I, 1417-1420, 110).

 

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Or moulu. "Or qui a été amalgamé avec du mercure (pour être appliqué en dorure)" : Tu as tous les jours de ta vie Heü quanque tu as volu : Se tu vosisses or molu Mengier, ou pierres precieuses, Ou avoir robes curieuses, Joiaus, deniers, chevaus, destriers, Dont d'or fin fussent les estriers, Tu l'eüsses sans contredit (MACH., C. ami, 1357, 66). ...achat de or moulu (Comptes roi René A., t.3, 1453, 190).

 

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Or nué. "Or employé avec de la soie pour être utilisé dans les ouvrages de broderie" : ...sur chascun d'iceulz manteaulx une tige de geneste, faicte et ouvrée de broderie d'or cousue de soye vert et d'autres colleurs et les costes faictes d'or nue (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 194).

 

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Or parti. "Or mélangé" : Berthélemi Mine. (...) 1 cent d'or fin, 5 s. - 1 cent d'or parti, 3 s. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1359-1360, 268).

 

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Or pigment. V. orpiment

 

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Or potable. "Dissolution de chlorure d'or, additionnée d'huile volatile (élixir)"

 

Rem. MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 808.

 

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ALCHIM. Science de l'or potable. "Alchimie" : Maistre Perre de Graville, Normant, fut en ce temps admené au roy Loys, très souffisant philosophe et grant astrologien, pour ce qu'il s'entendoit en la science de l'or potable, comme l'on disoit (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 158 v°).

 

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Or pur : Et, pour garder d'infection Vostre noble confection Et que sa force mains tost passe, Couvrez de fait toute la masse De belles fueilles de pur or, Et mettez en vostre trésor. (LA HAYE, P. peste, 1426, 157).

 

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Or recuit. "Or purifié" : Car je seray montez en si haut bruit Que n'en vorroie avoir a sauf conduit Les couronnes de France, d'or recuit, Et d'Engleterre, Nom pas, par Dieu, tout le bien qui habunde En ciel, en terre et en la mer parfonde, Jemmes, honneurs, nes la vie seconde, L'argent et l'or Des minieres qu'il couvient que l'en fonde, Tout ce ne pris la pierre d'une fonde Contre l'amour de la bele et la blonde Qui a chief sor. (MACH., F. am., c.1361, 176).

 

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Or soldeis. "Argent doublé d'or, plaqué d'or" : Lequel chapel estoit cointi par dessus de grans quintes fueilles d'or soudé, treillié d'or de Chippre par dessus et dessoubs, et semé par my de grosses perles de compte, de pièces d'esmaux de plicte et de guergnas, garni, avec tout ce, de gros boutons de perles dessus et dessoubs, et d'un bon las de soye. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 298). ...pour avoir garny de fil d'or de Chippre et d'or soudis environ VIIJcLX queues d'ermines, mises et assises sur un grant mantel de veloux vermeil en graine, fourré de hermines (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 197).

 

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Or tiré/or trait. "Or étiré et d'une grande ténuité" : À Renaldo Altovito, pour troys onces de fil d'ortraict, pour madamoiselle de La Jaille, à raison d'un escu l'once (Comptes roi René A., t.1, 1478, 275). ...maistre Léonardo, ouvrier d'or tiré (Comptes roi René A., t.1, 1478, 340).

 

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Bas or. "Or qui est titré au-dessous de 10 carats" : ...ledit Jehan a par convoitise desordonnée faictes et forgées plusieurs monnoyes faulces, comme gros de II solz X deniers tournois, des escuz à noz coing et armes et des flurins au chat et d'Almaigne, et aussi roingnez des escuz d'or et vendu bas or (Doc. Poitou G., t.12, 1477, 196).

 

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Subst. + d'or/en or : Et bien croy qu'elle fu royne, Car une couronne d'or fine De la plus riche perrerie Que veïsse onques en ma vie Avoit assis dessus son chief, Ne je n'i vi plus de meschief, Fors tant que la couronne d'or Qui valoit trop mieus d'un tresor Milleur et plus belle apparoit Pour sa biauté qui la paroit. (MACH., D. Lyon, 1342, 176). ...Einsois as pris les vaisseaus d'or Que prist Nabugodonosor En son temple, et si ont beü, Tant que tuit en sont embeü, Ti consillier, tes concubines, Ti serf, ti vallet, tes meschines. Ce dieu n'as pas fait honnourer, Eins as fait les tiens aourer, Qui sont d'or, d'argent et de queuvre, De fer, de fust, de pierre, et d'ouevre Faite d'umainne creature. (MACH., C. ami, 1357, 31). Mais l'une estoit plus grant maistresse Que l'autre, qu'elle estoit deesse, Et tenoit une pomme d'or. Mis ot sus son chief crespe et sor Une coronne gracieuse D'or fin, tant clere et precieuse Que son vis en resplendissoit Si fort que tout m'esbloïssoit (MACH., F. am., c.1361, 199). ...[il] trouva en ycellui [le coffre] environ XXV fr. en or, un annel d'or à un levrier blanc, unes paternostres d'argent à freses de pelles, un chapeau et une coiffe d'or, une paternostres d'or, VIIJ cueillers d'argent (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 32). Et y a en la chambre tant de richesse que c'est sans comparoison, comme chandelabres d'or et de riches pierres, torches, lampes qui y ardent jour et nuit. (ARRAS, c.1392-1393, 14). Et tenez, mon amy, a nostre amour commencier, je vous donne ces deux verges d'or qui tiennent ensemble (ARRAS, c.1392-1393, 27). ...encensiers d'or et d'argent (ARRAS, c.1392-1393, 39). Et requeroit ledit sire Hemon que certains joyeaux, c'est assavoir une ceincture, un chappeau d'or et une coiffe (...) fussent vendus (BAYE, I, 1400-1410, 55). Item, ung petit reliquiaire longuet d'or, où a ung os d'un doy, comme semble, et y fault une perle et une esmeraude. (FAUQ., II, 1421-1430, 117). ...et leur [aux orfèvres] est bien permis d'acheter lingos d'or, chapeaux, ceintures d'or (FAUQ., II, 1421-1430, 233). Gillebert, mon ami, je vouldroye un bracelet d'or esmaillié de mes couleurs et a ma devise, et bordé aux deux lez de VJ dyamants, VJ rubis et VJ pelles, que veez cy. (LA SALE, J.S., 1456, 82). Et puis fut donné congié par le roy ausdiz de Hauart et grant escuier d'eulx en retourner oudit royaume d'Angleterre, et leur fut donné de beaulx dons, tant en or que en vaisselle d'or et d'argent. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 347). ...fist sculper deux pierres precieuses en certaines constellacions, l'une de telle efficace, après qu'elle fut mise sur le bort d'une couppe d'or à l'endroit où l'on beuvoit (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 34 r°).

 

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[Réf. biblique] Le veau d'or. V. veau

 

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[Réf. mythol.] La toison d'or. V. toison

 

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Besant/pesant d'or : Je sui le soudant de Damas. Et saiches que je ne feusse pas si liez qui me eust donné cent mille besans d'or que de toy avoir trouvé si a mon aise. (ARRAS, c.1392-1393, 231).

 

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[Dans une formule d'affirmation forte] Donner son pesant d'or. V. pesant

 

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Valoir son pesant d'or : Mais de piessa l'avoie apris, Se ne pooie estre sourpris. Et il de sa propre nature Se metoit a sa norriture Si a point que riens n'i failloit. Pour quoy son pesant d'or valoit Plus de cent fois, ce m'iert avis. (MACH., D. Aler., a.1349, 276).

 

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Blanc en or : LE CRESTIEN. (...) Se je devoye estre pendu, A bien grant peine fineroye Autant en or comme en monnoye, Ung grant blanc. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 110).

 

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Escu d'or : Et estoit ledit corps porté en une lictiere par les henouars de Paris ; laquelle lictiere estoit couverte et assemillée d'un moult riche drap d'or qui bien povoit valoir mil ou XIIc escuz d'or. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 21). Et, peu de temps après, le roy donna aux deux seigneurs, chefz de ladicte ambaxade, deux hanaps couvers, à petit souage tout de fin or, qui pesoient quarante mars d'or fin et cousterent IIImIIc escuz d'or. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 311). LE CRESTIEN. Le juif ay si bien blasonné (...) Qu'il m'a presté cent escus d'or. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 95). Le froment valut en Lionnoys un escu d'or l'année, c'est certaine mesure venant près à la charge d'un cheval et le vin valut II frans. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 161 v°).

 

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Escu en or : LE JUIF. Je luy baillié Cent escus en or tout content. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 109).

 

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Franc en or : ...et avoit deux frans en or, et le residu en autre monnoye blanche. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 236).

 

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Lion d'or : Et coustoit artillerie et equippage dudit duc de Bourgoigne, durant qu'il fut devant laditte ville, tous les jours, douze cens lyons d'or, et si avoit XII cens hommes d'armes à sa soulde. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 299).

 

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Marc d'or : Dont il [le roi] ot par un damoisel Fait la porter un tel oisel Que tuit cil qui le congnoissoient Bien cinc cens livres le prisoient, Et plus le prisoient en somme Que cinc mars d'or pour un riche homme. Car une chose nompareille, A cui autre ne s'apareille Quant a souverainne biauté, Bien assevie de bonté, Trop ne porroit couster d'avoir, S'uns riches homs la puet avoir. (MACH., D. Aler., a.1349, 356). Se j'ay petit sens, j'apenray Parmi les parlers que j'orray ; Et s'estre puis bien consilliez, Je ne seroie pas si liez D'avoir acquis cinq cens mars d'or. Et pour tant vous di je desor, Chiere dame, que j'esliray Tel conseil, comme je vorray, De vostre belle compaingnie Qui a vous est acompaingnie. (MACH., J. R. Nav., 1349, 190). Mais Fortune qui tost depiece Maint honneur aval le païs Fist tant que cils fu esbahis, Plus qu'a perdre .VC. mars d'or, Si comme je diray dès or. (MACH., J. R. Nav., 1349, 214). Et, par ma foy, se vous aviés loué Morpheus .X. milles mars d'or, si ne vous porroit il mieus servir qu'il vous sert ; car si tost comme la chandele est estainte, il saut en place et se figure en toutes manieres qui me doient et peulent plaire, comment que Paours m'esveille aucune fois, en disant : "Longue demouree fait changier ami." (MACH., Voir, 1364, 520). Et, peu de temps après, le roy donna aux deux seigneurs, chefz de ladicte ambaxade, deux hanaps couvers, à petit souage tout de fin or, qui pesoient quarante mars d'or fin et cousterent IIImIIc escuz d'or. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 311).

 

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Monnaie d'or : ...Ne ne congnois le plonc d'argent, Ne coivre ne monnoie d'or. (Mir. femme, 1368, 221).

 

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Talent d'or : ...vint en fleur environ ce temps et pour sa grande experience fut baillié pour enseigner et instruire Ptholomée Philladelphe qui puis fut roy d'Egipte et fut stipendié à trois cens tallens d'or fin de pension. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 58 v°).

 

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Au poids d'or. "Très cher" : ...et plusieurs jugemens escripz de Sauvain Futeroye que j'ay achapter en mon jeune aage au poix d'or, par maniere de parler, pour ce que tant l'avoye oy renomer à ceulx qui l'avoient veu et congneu. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 155 v°).

 

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Prov. Ce n'est pas tout d'or quanque reluit. "Tout ce qui brille n'est pas or" : Si devins siens en bonne entention, Ne jamais n'i cuidasse, se bien non, Pour la grandeur de son trés bon renon Qui m'a destruit. Mais ce n'est pas tout d'or quanque reluit, N'on ne doit pas tant amer son deduit Qu'on ne s'en puist retraire, quant il cuit. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 89).

B. -

P. méton.

 

1.

"Couleur d'un jaune éclatant, couleur de l'or" : Saches de vray qu'en tout endroit Ou on descript armes a droit La couleur de pers est clamée Asur, s'elle est a droit nommée, Le rouge gueules, le noir sable, Et le blanc argent ; mais sans fable Je te di qu'on appelle encor Le vert sinople et le jaune or. (MACH., R. Fort., c.1341, 68). ...Tu dois en ton cuer concevoir, Ymaginer, penser, pourtraire La biauté de son dous viaire Et ses crins d'or, crespes et longs, Qui li batent jusqu'aus talons, Et de ses dous yeus les espars, Seur toy mignotement espars, Et de sa tres douce bouchette, Riant a point et vermillette (MACH., C. ami, 1357, 77). La panthère est de couleurs ennoblie, Qu'il n'est couleur c'on puist nommer par non, D'or ne d'azur, de vert, de vermeillon, De quoy ne soit par tout le corps tachée. (Mir. st Ign., 1366, 116).

 

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Couleur d'or : Se nous prenons en la primiere maniere, certes la couleur d'or est la plus noble, car or si represente lumiere et clerté, car, se aucun voulet figurer lez rayes du solail, il ne lez pourret miex figurer que par rayes d'or (Songe verg. S., t.1, 1378, 291). ...et en la tierce face du Sagitaire monte la forme d'un homme de coulleur d'or, et ainsi par toutes les XXXVI faces, montent diverses semblances. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 13 v°).

 

2.

"Monnaie d'or, richesse en or" : Et finalment Li rois les tint huit jours moult liement Et au partir leur donna largement Chevaus, harnois, joiaus, or et argent. Si se partirent Au chief d'huit jours et dou roy congié prirent, Ou tant orent trouvé d'onneur qu'il dirent Qu'ains si bon roy ne si gentil ne virent. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 134). Et sachiez aussi que celi Qui la nacelle et la riviere Fist ordener en tel maniere, Largement de son or donna A celui qui les ordonna, Par quoy la nacelle fust faite (MACH., D. Lyon, 1342, 190). ... [se] ceulx-cy vouloient faire droit et raison et compter, on trouveroit or et argent assez plus qu'il n'en besoingne à present pour estoffer les besoingnes d'Angleterre. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 24). ...[il] receut dudit Jehan Le Clerc IJcLX frans à une fois, partie en or et l'autre en monnoye (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 495). Et sachiez que tous ceulx qui n'y vouldront venir de bonne voulenté, tant de ma gent comme des autres, je leur donray or et argent assez, et navire avittaillié pour repasser la mer. (ARRAS, c.1392-1393, 109). ...vous les prendrez [les six écus] A mon huis, en or ou monnoye. (Path. D., c.1456-1469, 74). D'ung tel homme fault faire feste, Autant que d'ung million d'or. (Fr. arch. B., c.1468-1480, 37). Il n'est or, argent ne chevance Que ne laissasse pour gualer. (Pass. Auv., 1477, 148). Combien qu'il vit a sa plaisance, D'or et d'argent ne luy chault gaire. (S. fol, c.1480-1490, 7). LE JUIF. (...) A payer nostre marchandise, Or, argent, en mainte autre guise Grandement nous gaignons a eulx. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 81). En despendant d'or et d'argent grant somme De nombre quel ne sçay combien ne comme (LA VIGNE, V.N., p.1495, 150).

 

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Or comptant : ...au temps que ledit Thevenin fu emprisonné en la ville de Troyes, et à la requeste d'iceulx escoliers, ilz avoient bien vaillant en or comptant cinquante frans, que portoit sur lui ledit prisonnier (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 145).

 

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Grand finance d'or et d'argent. "Grande quantité d'or et d'argent" : Et lors fist Remond tout son appareil et en mena foison chevaliers et escuiers et chappellains et clers et gens de tous offices, et emporta grant finance d'or et d'argent, et puis se mist au chemin. (ARRAS, c.1392-1393, 270).

 

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Vouloir/ avoir or et argent (de qqn) : Par foy, sire roy, dist Uriien, de ce ne vous fault doubter, car nous ne sommes pas venus pour avoir du vostre, ne or, ne argent, villes, chasteaulx, terres, ne finances, mais pour acquerre honneur et destruire les ennemis de Dieu (ARRAS, c.1392-1393, 118). Par ma foy, ma dame, je ne vueil or ne argent, terre ne heritaige, bonne ville, chastel ne cité, car, Dieu mercy, je suiz riches homs assez, et il me souffist. Mais je vueil avoir le corps de vous pour moillier. (ARRAS, c.1392-1393, 305). LE CRESTIEN. Oncques Pathelin affiner Ne peult son drappier si a point Que l'affineray [le juif], car a point Ay son or par pathelinaige. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 96).

 

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Emprunter or : LE CRESTIEN [au juif]. Vers vous venoye [pour] emprunter or ou monnoye, Car je vous jure en verité Que j'en ay grant necessité Et telle que je n'en puis plus. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 87).

 

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Rendre son or à qqn : LE CRESTIEN. Le feray tenir Au juif [le bâton rempli de l'or emprunté au juif]. Lors pourray maintenir Et jurer tout certainement Que [je] luy ay entierement Son or rendu. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 125).

 

3.

"Fil d'or" : Entre la tente et la fonteinne, Ou venus estoie a grant peinne En grant doubte et en grant peril Aveques le lion gentil, Ot un tapis d'uevre sauvage, Fait a la guise de Cartage, Ou il avoit pluseurs coussins De soie et d'or, riches et fins. La sëoit la plus gente dame Et la plus gaie qu'homs ne fame Veïst onques, a mon devis, De corps, de maniere et de vis (MACH., D. Lyon, 1342, 175). Mais nompourquant il commanda A ses menistres, qu'il manda, Qu'une robe ait d'or et de pourpre Daniel, a li toute propre, Et qu'a la guise de Caldee Soit la tortice d'or fermee En son col, et qu'il soit li tiers De son regne. (MACH., C. ami, 1357, 34).

 

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Or de Chypre. "Fil d'or étiré et aplati au laminoir et enroulé autour d'un fil de soie" : ...laquelle robe et aussi la pate dudit chapperon sont toutes couvertes de petites décopures de noir drap, faictes d'un menu fer en manière de quareaulx, et tout lesdictes décoppures atachées d'une grande alée d'or de Cyppre double (Comptes Lille L., t.1, 1416, 126). Item, ung estuy à corporaulz de drap d'or de Chipre, et y a de chascun costé ung ymage et dedens y a corporaulz. (FAUQ., II, 1421-1430, 117). Tiercelins de toutes sortes, vingt pièces, prisé chacune pièce 2 escus demi, vallent 68 l. 15 s. Or de Chippre deux livres et demie en soixante canectes non pesées (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 82). ...une chappe de velours cramoisy (...) à grans orfrayes larges d'or de Chippre. (Invent. biens Ch. Savoie T., 1484, 348).

 

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Drap d'or : Or chevauche li roys de Chipre, Qui n'est pas vestus de drap d'Ipre, Mais d'un drap d'or fait à Damas. Il n'est remes piteus ne mas De sa besongne pourchacier, Eins ne fait qu'aler et tracier Les signeurs partout, et querir, Pour leur aïde requerir. (MACH., P. Alex., p.1369, 43). Et, pour ceste noblece, une loy deffent que nul ne porte vestemens de drap d'or, se ce n'est le prince seulement (Songe verg. S., t.1, 1378, 291). Icy sont, dame ; je les ay Envelopez [les corps des martyrs] de ce drap d'or. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 185). Et estoit ledit corps porté en une lictiere par les henouars de Paris ; laquelle lictiere estoit couverte et assemillée d'un moult riche drap d'or (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 21).

 

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Battu à or. "Incrusté, rebrodé d'or" : Et avec l'ancien chevalier alerent pluseurs dames et damoiselles de hault estat qui firent bien venant et moult honnourerent la contesse et sa fille, et l'enmenerent logier en un paveillon batu a or et a pierres precieuses, si riche que tuit s'esmerveilloient de la richesse du paveillon (ARRAS, c.1392-1393, 39).

 

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Battu en or. V. battre

 

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Ouvré d'or : ...la chappelle, qui estoit tant noblement aournee que nulz ne sauroit esprisier la richesse tant des paremens qui y estoient le plus estrangement ouvrez et si richement, d'or, de brouderie, de perles, que on n'avoit oncques mais veu les paraulx (ARRAS, c.1392-1393, 39).

 

4.

"Lettre d'or" : En premier cercle avoit, escript D'or fin en latin, cest escript : "Je afflue et me depart sans bonne, Telz est mes jeus ou je me donne." (MACH., Voir, 1364, 714).

 

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ASTR. [P. réf. à la gravure de ce nombre en lettres d'or sur les monuments publics des Grecs] Nombre d'or. "Période de dix-neuf ans, trouvée par Méton d'Athènes, au bout de laquelle la lune recommence son cours avec le soleil à une heure près et quelques minutes ; ainsi dit parce qu'il s'écrivait avec la couleur or" (d'apr. Littré) : ...oultre plus il composa le Kallendrier et Nombre d'or, lesquelles choses n'avoient esté ainsi devant lui faictes (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 3 v°). Il composa en oultre le Nombre d'or et moult de traictiés, comme il appert par sa vie en la premiere partie. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 69 v°).

C. -

[Symbole de richesse, expr. d'une grande valeur] "Chose très précieuse, comme l'or"

 

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RELIG. [À propos de Jésus] : ...c'est li sains esperiz, Li divins feus, dont l'or qui reflambie Fu par ce feu d'umanité vestiz (Mir. st Sev., 1362, 239).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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