C.N.R.S.
 
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     ONI     
FEW XIV unire
ONI, adj.
[T-L : oni ; GD : oni ; FEW XIV, 46b : unire]

A. -

"Uni, joint" : Quant uns amans et une amie, Conjoint par volenté onnie, Se sont par amours acordé, Et leur acort bien recordé Entre euls deus si fiablement Qu'il viennent amiablement Et si entierement se croient Que d'euls croire point ne recroient, Or puet il estre qu'il avient Que de neccessité couvient Que d'euls soit faite departie, S'en porte chascuns sa partie De grieté qui moult leur anui. (MACH., D. Aler., a.1349, 398).

 

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Joint et oni : Si vueil merci souffissance apeler Et ensement souffissance mercy, Car c'est tout un ; ne je ne puis trouver Que qui a l'un qu'il n'ait l'autre aussi, Quant en amours ; ne veoir ne puis ci Que l'un peüst par sans l'autre durer, Qu'on ne porroit nullement separer L'un de l'autre : tant sont joint et onni [var. jolie]. Si se doit moult loyaus amans pener De faire tant qu'il ait le dous ottri Qu'on apelle mercy guerredonner. (MACH., Les lays, 1377, 339).

 

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Estre oni à. "Être uni à" : Qu'adès croistera l'ardour Qui sejour Fait en moy sans departie, Se ma dame de valour Que j'aour Vers moy son cuer n'humelie, Tant que s'amour qui me lie Soit onnie À tous fors à moy qui plour Pour doubte que ne m'oublie. (MACH., Ch. bal., 1377, 608). En .IJ. amans qui s'aimment signourie Estre ne doit, einsois doivent avoir Un cuer, une ame et une maladie, Une pensée, un desir, un voloir ; Dont se vos cuers n'est onnis À mon desir, li miens sera honnis, Car je ne puis pas longuement durer Sans vostre amour avoir ou esperer. (MACH., L. dames, 1377, 229).

B. -

[D'une chose] "Uni, aplani, uniforme ; lisse" : La terre fu reonde et toute plaine et onnye sans montaignes et sans vallees (CORBECHON, Propriétés, 1372, XIV, 2, 218 r°). ...ce n'est pas possible par nature ne par art que quantité notable d'aucun tel corps soit perfetment polie ne du tout onnie sanz aucune inequalité ou asperité et supereminence, posé que tel corps soit de figure droite et plainne ou de figure sperique ou autre. (ORESME, C.M., c.1377, 398). Et puis fist venir grant foison macons et tailleurs de pierre, et fist commencier sur la ounye roche et bastir les fondemens [de la forteresse] telz et si fors que c'estoit merveilles a veoir. (ARRAS, c.1392-1393, 46). Mais toute leur beauté n'est rien Envers celle d'un hault donjon, Qui est assis droit comme jon La endroit plus onni qu'ivoire (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 109). ...en champ onny ["sur terrain plat"] (Pastor. B., c.1422-1425, 220). ...le chemin mal onny (TAILLEV., Dial. voiage St Glaude D., c.1430, 56). ...elle [une forêt] estoit aussi onnye que une belle playne (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 139).

 

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[Du visage] "Lisse" : ...il n'a barbe, ne grenon, Ains a cler et onni le vis (Mir. femme roy Port., c.1342, 173). Cellui devant [l'un des deux visages de Fortune] de grant beauté Fu, tout n'y eust il loyauté, Riant et blanc, frais et onni (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 75).

 

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[D'une partie du corps] "Lisse, dont la peau est douce et soyeuse" : Lors prist doucement a sousrire Et de sa blanche main polie, Poteleuse, nette et onnie [var. jolie], En signe d'eüreus amant Me mist un trop biau diamant En mon doy, et prist l'anelet D'Esperence, tel comme il est. (MACH., R. Fort., c.1341, 149).

 

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Couverture mal onie. "Couverture mal remise, froissée" : Si trouva le lit tout desfroissié et despillié, la couverture mal honnye et d'estrange byhès (C.N.N., c.1456-1467, 244).

 

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[Pour marquer une impossibilité absolue] Ainçois mons et vaux seront onis que... : Tu dis que longue demouree Fait changier ami(e) et amee (...) ; Or dis qu'ailleurs mes cuers est mis ! Mais ainçois mons et vaulz onnis Seront qu'a ce, tresdoulz amis, Haie pensee. (MACH., Voir, 1364, 526).

 

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Empl. subst. Mettre à l'oni. "Aplanir, niveler" : Adont se partirent ces mauvais esperis, qui s'en allerent demenant tant grant tempeste qu'il sambloit qu'ilz deussent mettre a l'onny tout ce qu'ilz rencontroyent en deversant par terre. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 15).

C. -

"Égal, pareil" : Puis qu'Amours ad ce nous a mis Que nos deus cuers ensamble joindre Vuet sans partir et sans desjoindre, Et que faire vuet un de deus, Pour Dieu, ne faisons paire d'euls. Car il sont perdu et honni, Se si pareil et si onni Ne sont qu'en bien et mal commun Soient, et en tous cas comme un, Sans pensée avoir de maistrie, De haussage ou de signourie. (MACH., R. Fort., c.1341, 148). Si couvient que dame regart, Si qu'elle adresse son regart De l'ueil de son entendement, En amer bien et loiaument, Pour avoir le vray nom d'amie. Et volentés de sa partie Regart aussi sus ce droit point Si droit qu'elle ne faille point. Einsi sont li dui oueil onni, Si vray, si ferme et si furny Que tous rais, tant soient ardant, Puelent souffrir en regardant Aucuns des rais pour recevoir Et ce qu'il moustrent concevoir, Et pour contre autres resister. (MACH., D. Aler., a.1349, 354). ...sont elles toutes onnyes ? N'en y a il nulles qui aient avantage sur les autres ? (Ponthus Sidoine C., c.1400, 93).

 

Rem. DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 107.

 

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"Égal en couleur, d'une seule couleur" : De quel couleur estoient elles ? (...) ...l'une estoit honnie de noir a ung lez et a l'autre de blanc, et l'autre... (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 362).

 

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Faire grands et petits onis. "Faire grands et petits égaux, c'est-à-dire faire subir le même sort aux forts et aux faibles" : Li ennemis de toutes pars Sont parmi le pays espars, Qui font grans et petis onnis. (MACH., Voir, 1364, 612).

 

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Estre oni à. "Être conforme à" : Et se vous m'amés tenrement Si com vous dites, vraiement. Vos fais aus dis seront onnis (Ou autrement je sui honnis), Ne ne lairés pas de legier Que ne me doiés allegier. (MACH., Voir, 1364, 252).

 

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À l'oni. "D'une manière égale"

 

Rem. Doc.1422-1423 ds GD V, 604b. GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 7583. MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 589 ("parfaitement").

 

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Tout (à) oni. "Sans distinction" : C'est assez justement sommé Et a faire execucion : Selon ceste sommacion, Occire fauldroit tous enfens Qui sont au dessoubz de deux ans, Tout onny, sans riens excepter. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 351). En Bethlëen vous en allez, Et tous enfens dessoubz deux ans Que trouverés illec gisans, Mettez a mort, tout a onny. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 352).

 

Rem. GRÉBAN, Pass. J., c.1450, gloss.

D. -

Au fig. [D'une pers., de son comportement, de ce qui touche une pers.] "Égal (d'humeur, de comportement...)" : Car en autel dangier se couche Comme s'il l'avoit dit de bouche, Pour tant qu'on y puet sousposer, Croire, penser et pourposer Les escondis et les ottris, Les briés dons et les lons detris, De quoy bonne Amour ceaus demainne Qui elle tient en son demainne. Mais avoir maniere envoisie, Ne trop ne po, adès onnie, C'est bien emprunté sagement Maniere a li tant seulement. Et cils qui n'emprunte qu'a lui, Il n'est en dangier de nelui. (MACH., D. Aler., a.1349, 248). De ceuls doit couvenir egars Qui doit les yeus amesurer, Et doit la bouche meürer A tel fin que chose ne die De quoy Raisons le contredie ; Maintiens doit paroir en maniere, Tant au corps comme a bonne chiere, Et doit estre la chiere lie Le plus qu'on puet adès onnie. (MACH., D. Aler., a.1349, 333). Car, certes, je ne croy mie Qu'onques vie Plus jolie, Plus gaie, plus envoisie N'à tant de douçour Fust entre ami et amie, Sans maistrie Si onnie, Ne qui fust si bien garnie De parfaite amour, N'à meins de merencolie (MACH., Les lays, 1377, 347).

 

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"Tranquille" : Car nulle fois de riens ne me defri, Ne riens ne puet mon cuer desconforter, Ains ay le temps si bon et si ouni Que je ne puis à nulle riens penser Fors à joie seulement ; Et ce me fait vivre si liement Que Leesse n'a cuer joieus ne gay Contre le bien et la joie que j'ay. (MACH., Bal., 1377, 552).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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