C.N.R.S.
 
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     ONDE     
FEW XIV unda
ONDE, subst. fém.
[T-L : onde ; GD : onde ; GDC : onde ; DÉCT : onde ; FEW XIV, 29b : unda ; TLF : XII, 505b : onde]

A. -

"Flot" : Une vielle qui chevauchoit Les undes de mer et avoit Ceint comme favresse une pel... (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 374). Et quant tu empreïs l'amer, Tu te meïs enmi la mer Entre les perilleuses ondes Cornues et plates et rondes Qui se transportent en po d'eure, L'une au dessous, l'autre au desseure, Dont la mer s'engroisse et se trouble, Si que toute l'iaue en est trouble (MACH., R. Fort., c.1341, 94). Mais rien qu'il fist n'y aida, ains cueillirent les ondes la nef en telle maniere que elles la firent en assez petit d'eure tourner plus de cent tours, et rompirent adonc cordes et mas et aviron (Bérinus, I, c.1350-1370, 211). Or vous vueil les vaissiaus nommer Qui flotoient parmi la mer. Il y avoit coques et barges (...), Lins et fyacres et galées, Targes à chevaus et huissiers ; Et si avoit de bons courciers, Plus tost courans que nuls chevaus, Pour courir les mons et les vaux, Si comme l'onde se demeinne De la mer, quant li vens la meinne, Et la tourble et fait tempester, Si qu'on ne la puet arrester. (MACH., P. Alex., p.1369, 58). Li vens fu gros, la mer fu tourble, L'onde de la mer l'iaue tourble Si qu'il n'i avoit si hardi Qui n'eüst cuer acouardi ; Et trestuit li autre ensement Estoient mené telement Qu'il cuidoient bien estre mort. (MACH., P. Alex., p.1369, 110). Li vens fu gros, la mer s'enfla, Pour le vent qui trop fort souffla, Si que les ondes ressambloient Monteingnes, si hautes estoient ; Et dessous sambloit uns abismes. (MACH., P. Alex., p.1369, 113). Le tricoplier ot la seconde [galère], Qui legierement flote en l'onde De la mer. Bien estoit garnie, Et s'avoit en sa compaingnie Monsigneur Jehan Guibelin Qui est attrais de noble lin (MACH., P. Alex., p.1369, 138). Car souvent la hurte [l'empereris] et la boute La mer et la fiert de mainte onde (Mir. emper. Romme, 1369, 282). Veoir ne quier la dorée toison Ne les Yndes ne de Rouge Mer onde, N'aus infernaus penre guerre ou tençon Pour eslongier le regart de la blonde Dont me vient joye et baudour Et doulz penser (MACH., Bal., 1377, 562). Mais la grant flote de noz gens vint sur eulx, et, par la force des ondes, la nef qui ardoit se bouta entre eulx. Et ne se scorent si garder que il ne leur embrasast trois de leurs nefs, et furent tous ceulx de dedens noiez et periz, et tout quanqu'il avoit dedens affondré dedens la mer. (ARRAS, c.1392-1393, 89). ...par deffaulte de vous, paix Ne puet avoir cellui bas monde, Plus desvoié que de mer l'onde. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 130). ...le mer estoit si haulte que lez ondes entroient pour le plus hault de dens la nef (CAUMONT, Voy. N., p.1420, 58). Car ainsi comme la nef sans gouvernail est des undes deboutee ça et la, ainsi l'omme remis et delaissant son propoz est tempté diversement. (Internele consol. P., 1447, 301). ...veez vous venir une damoiselle par dessus les ondes de la riviere ? (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 183). ...a barque en aloit sans gouvernement ou les ondes la portoyent, et ja y avoit asses d'eaue dedens tant qu'il estoit tout moillé (Belle Maguel. C., 1453, 34). Ou estoit Octeanus, et que ne faisoit il par une onde de la mer transgloutir et noyer iceulx maldis larrons, villains et inhumains ? (Fille comte Pontieu B., c.1465-1468, 82). Il veoit la mer estre par le mylieu partye et les ondes estre et demourer immobiles et fermes, comme deux murs, de une part et d'aultre, et chemyn, par le mylieu, par ou passoit le peuple de Dieu a piez secz. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 240). Cestui predist aussi les grans et horribles vens qui esmeurent les undes marines, en maniere que plusieurs ediffices en furent subversés (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 138 r°).

 

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[P. métaph. ou dans un cont. métaph.] : ...pris Tenez mon cuer, sans pensée vilainne, Tres doucement en flun de tous delis Et de douceur en la droite fonteinne Dont li ruissiaus toute joie mondeinne Avoir me fait, quant sentir m'en font l'onde M'amour premiers et ma dame seconde. (MACH., L. dames, 1377, 157). Chers amis, j'ay ta lettre veue, Bien advisée, et bien leue, Et te voy ja plungié en l'onde Des flos perilleus de ce monde (DESCH., M.M., c.1385-1403, 40). Or, enten, c'est droicte tempeste Qu'amour de femme, par ma teste, Et une unde qui plunge l'omme Es mortelz perilz, et l'assomme, Et le lie en toute saison (DESCH., M.M., c.1385-1403, 40). ...tu devroies avoir une doulce memoyre et en ton cuer rendre grace a Dieu que jusques a ores tu n'a este periclite es grans ondes de la faulce arquemie et de la desordonnee vie, qui ont regne ou quart degre en la nef francoise (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 123).

 

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[P. allus. aux vagues qui se succèdent incessamment] : En eur mal eur n'y a que une onde, Pour avoir le milleur ou pire (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 137).

 

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[Représentation en hérald.] V. ondoyer : Onde ou ondoyé represente l'eaue qui est chose merueilleuse a comprendre pour les grans proprietez qui y sont. Et senefie que cellui qui premier les porta en armes estoit homme de innombrable fais et vertueux de vaillance et a qui le fait croissoit de grant hardement contre ses ennemis ainsi que l'onde se croist contre le fort vent. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 502).

 

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[Pour marquer une chose impossible] Retenir l'onde de la mer : Car tant vous aim, sans mentir, Qu'on porroit avant tarir La haute mer Et ses ondes retenir Que me peüsse alentir De vous amer, Sans fausser (MACH., Ch. bal., 1377, 612).

B. -

P. ext. "Écoulement en abondance, flot, eaux" : Et au partir soupiranment Pris a plourer si fondanment Qu'en plours et en larmes fondoit Mes cuers qui tous s'en confondoit. Et pour gaaingnier tout le monde, Je n'eüsse retenu l'onde De ce plour, que par mi le vis Ne me coulast a son devis. (MACH., R. Fort., c.1341, 28). Biaus sire Dieus, quant sa biauté recor, En mon cuer ay un si savoureus mor Qu'il m'est avis qu'elle sara encor De mon plour l'onde, Et Morpheüs me dira, se je dor : "N'aies jamais de tristece remor, Car conquis as le plus riche tresor Qui soit eu monde." (MACH., F. am., c.1361, 177). ...les undes de sang couroient par tout mon corps (Horloge de sapience S., c.1389, 78). Cirrus, quoy qu'il eust enpensé, Avoit ja le flun trespassé D'Axariés, qui avoit l'onde Laide, noire, trouble et parfonde (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 202). Vous ennemis vous persuirent Quil en l'abisme descendirent Comme plom en la mer parfonde, Car Dieu fit tourner sur eulx l'onde (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 43). ...se il eust failly ung pas a dextre ou a senestre, il estoit tout en pieces sur ces grosses roches couvertes que par le debattemment des ondes estoient rudes, aguës et trenchoient comme cousteaulx. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 155).

 

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L'onde du baptesme. "Les eaux du baptême" : Je regarde que se lyés Aveons tous les pecheurs du monde Que seul par celle faulce onde Du baptisme il sont sauvés (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 75).

 

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À grant onde. "À flot" : ...Fouldres, tempestes dommagables, Pestilences inopinables, Croissemens d'iaves a grant onde (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 94).

 

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Loc. fig. En grant onde. "Avec véhémence" : N'avés vous onte, Dictes, Marie, En si grand unde - malencolie [l. malenconie] Monstrer ? La vie Tantost perdrés, Je vous affie, - pour voz regrés. (Pass. Auv., 1477, 240).

 

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[Cont. métaph.] : ...les gemmes precieuses et l'or Qui onques furent ne vallent pas une unde De l'eau de grace qui en ceste Anne habonde (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 106).

C. -

P. anal. CUIS. "Bouillonnement donné à un aliment, jusqu'à l'évaporation" (synon. ondee) : Despeciez par petites pieces, puis le mectez pourboulir une onde, puis le frisiez en sain de lart, et frisiez avec des ongnons menuz minciez et cuiz, et deffaictes du boullon de beuf. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 206). ...puiz ayez vertjus de grain ou groseilles qui soient boulyes une onde en la paelle percee, ou en autre eaue, ou drappel, estamine, ou autrement, c'estassavoir pour oster la premiere verdeur. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 219). [Autres ex. p.224, 232, 267, 279, 280]

D. -

Au fig. "Flux" : Car, s'elle amast ma vie, ne m'onnour, En la doleur ou je vif et demour Ne me laissast languir l'eure d'un jour Pour tout le monde ; Mais en vertu font monteplier l'onde De la doleur qui en mon cuer habonde Amours premiers et ma dame seconde. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 94). ...se les ondes d'orgueil te dejettent, se ire, envie ou la char debatent la nef de ta pensée, appelle le nom de Marie (Mir. ev. N.D., c.1348, 60). ...Pour asservir le flux et l'onde De sa luxure dolereuse (DESCH., M.M., c.1385-1403, 91). Et la temptacion soubdaine Des mondaines mondanitez Et des soudaines vanitez De la char, du diable et du monde, Qui font l'ame passer par l'onde Des delis qui sont transitis Et des faulx biens vuis et fuitis... (DESCH., M.M., c.1385-1403, 239). Ains, par devoste conscïence, Recevez tousjours la vraye unde De la tresdivine clemence Et recuillez l'umble semence Du tressainct, sacré fruyt de vie (LA VIGNE, S.M., 1496, 570).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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