C.N.R.S.
 
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     OFFENSE     
FEW VII offensa
OFFENSE, subst. fém.
[T-L : ofense ; GD : offense ; GDC : offense ; FEW VII, 330b : offensa ; TLF : XII, 434b : offense]

A. -

"Attaque, agression" : Les plaintes grosses et grandes en vindrent devers le duc Wincelant de Lucembourch et de Braibant, ... comment la Langue-Fride, dont il estoit souverain regart et gardien, estoit rompue et violée et par telz gens... Le duc de Braibant, qui pour ce temps estoit joenne et chevalereulx et puissant de linaige, de terres et de mise, prist en grant despit ces offenses, en courroux et en desplaisirs les plaintes du peuple, et dist qu'il y pouverroit de remede. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 161). ...à l'eglise de Saincte Katerine du Val des Escoliers, en laquelle eglise partie des offenses et malefices proposez par l'Université furent faiz (BAYE, I, 1400-1410, 112). Cresus songa que Atiz son filz (...) seroit ochis par fer : c'est a dire, par lance, par espee, par dague ou par offense de fer. (LA SALE, Sale D., 1451, 233).

 

-

En partic. "Attaque militaire, offensive" : Et a la grosse bataille, non pas tant seulement a la defense de son roy et du pays, mais a l'ofence, passant la mer encontre ses freres crestiens, qui sont ses ennemis, [ce prelat] sera monte et arme comme ung roy sus un destrier ou coursier, et a la bataille vouldra estre le premier. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 402). ...ung grant chastel en haulte qui bien estoit garniz pour deffense et offense (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 538). ...par laquelle porte ainsi lessiée ouverte, comme dit est, ilz pourroient avoir et recouvrer icelle forteresse et chastel de Nonnete, sans aucune offence ou peril, pour ce que dedens icellui chastel ne demoure que pou ou nulles gens pour garder icellui chastel [Ou sens C ?]. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 191). Une foiz, pour soy avancier, Ou par moquerie, sailli Remus les murs, point n'y failli. Ne pensoit faire grant offence Ou n'ot recort de la deffence (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 181). Item, y a deux places de deffence Es deux costez moult bien ediffiees Pour la cité garder de toute offence Quant elles sont de gens fortifïees. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 204).

 

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Faire offense à qqn. "Attaquer qqn" : Se un seul homme te requiert, Tu te puez mieulx mettre a deffense Que se .XV. te font offense, Auxquelz resister ne pourras (DESCH., M.M., c.1385-1403, 344).

B. -

"Outrage"

 

1.

"Outrage, injure, affront, offense" : ...il envoya devers le duc de Juillers notables hommes telz comme le seigneur de Votonne, ... et aultres, en luy remonstrant bellement et saigement et doulcement que ceste offense fust amendée (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 161). Qui est celuy innocent auquel on opposeroit qu'il fust murtrier ou larron, qui ne peust sans offense et sans orgueil respondre qu'il en est innocent, et demonstre[r] comment ? (GERS., P. Paul, a.1394, 502). Et après ce ledit Drouart s'excusa envers la Court et supplia très humblement que on lui voulsist pardonner ladicte offense et mettre au neant l'appel (FAUQ., I, 1417-1420, 223). Tu ne quarras pas chose grande, Affin que tu soyes honneste. Seulement demande l'esmende De l'offence de Jehan prophete, Qu'a dit que je suis deshonneste, Palharde, ribaulde, putain. Or t'en va demander sa teste Dans ung plat et le porte a la main. (Pass. Auv., 1477, 96).

 

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Avoir offense à qqn. "Être brouillé avec qqn" : Et tele affeccion ont les meres a leur enfans, et les gens a leur amis, ou temps que ilz ont a eulz aucune offense. (ORESME, E.A., c.1370, 464).

 

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Faire offense à qqn. "Offenser qqn" : Et ne fust pour vous faire offense, J'eusse rompu la deffence Que m'avez fait... (Mir. st Lor., 1380, 185). Se mon mary me fait offensse, Ou veult estriver de riens nee, Puis que il a brache brisiee, Contre terre le bouteray. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 32). Et sembloit bien à ceulx qui faisoient ceste ouverture que, si elle se accordoit, que le roy seroit restraint et que on luy bailleroit gardes, et que ung si grand seigneur prins ne se delivre jamais ou à peine, quant on luy faict si grand offense. (COMM., I, 1489-1491, 142).

 

2.

En partic. "Fait d'offenser Dieu, injure faite à Dieu" : ...que panse miserable creature qu'elle doye devenir se elle trebuche et coule tant souvent en l'offense de ce tres rigoreuz juge par ses pechiés continuer et acroistre (GERS., Dial. spirit. G., c.1407, 169).

 

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RELIG. "Péché (qui offense Dieu)" : ...Toutes foiz que je t'ay monstré Les offenses et les pechiez Dont surpris es et entechiez (Mir. parr., 1356, 12). Car nos premiers parens avant l'offensse estoient vierges en Paradis, mais aprés le pechié, hors de Paradis, tantost ilz se mirent a l'euvre de mariage. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 173). Car se la loy commandant y estoit et l'esperit aidant y defailloit, par ycelle deffence le desir de pechié croissant et vaincant, survient la coulpe de prevarication ou de offense. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 283). Item Dieu par sa misericorde rechoit joyeusement le pecheur retournant envers lui, et esmolit son cuer a faire penitance, et legierement pardonne l'offence, et aprez le pardon plus ne lui souvient de l'injure a lui faicte. (Somme abr., c.1477-1481, 180). O genre humain qu'est ton peché horrible Devant les dieux, puans et detestable Ce me seroit chose toute impossible De soustenir ceste offence execrable. (Cene dieux, c.1492, 116).

 

3.

"Fait d'offusquer qqn" : Et moult aussi proufite a eschiever eschandele ou offense et a l'edification du prouchain, de quoy dist saint Augustin en la Rigle des clers : "En aler, en estre, en habit et en tous vos mouvemens, rien ne soit fait qui offende le regart de quelque personne, mais maintenés vous comme il affiert a vostre sainteté." (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 246). Et s'il avient que la fenme crieme l'offense ou le esclandle d'autrui, de la negligence de aournement ou pour la vilité de vivre ou de vesture, escoute che que dist Jerome a Marcelle de Blesille... (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 434).

C. -

"Tort, dommage, préjudice" : Le riche homme, c'est chose voire, Tousjours a sa richesse pense ; Mais sans peril et sans offense Ne puet ses choses procurer ; Il li convient forment curer (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 77). ...nous aurons à trés grant desplaisir quant vous ferez le contraire, et reputerons les offenses par vous à eulx faictes, faictes à nous mesmes (Lettres Ch. VIII, P.M., t.5, 1496, 20).

 

-

Faire offense. "Avoir une action néfaste" : ...si comme pouldre fumee aceteuse ou eaue ou salse ou venimeuse ou aulcune chose prinse indeuement faisant offense a gorgeron en air corrompu ou fievre pestillenciale et les semblables (GORDON, Prat., c.1450-1500, IV, 4).

D. -

"Fait d'agir mal"

 

1.

"Méfait, forfait" : Par pluseurs foiz de moy grever Vous estes a tort efforcié, Dont j'ay eu cuer courroucié Et ay encor, car grant offense Est a vous quant riens la sentence De sainte eglise ne doubtez. (Mir. parr., 1356, 5). ...consideré la cause pour laquele il ala en l'ostel dudit defunct, et que biens qui sont gardez soubz main de justice ne doivent aucunement estre perilz ou diminuez, l'offence et mesprenture par lui faite et commise soubz umbre dudit office de sergent de chapitre (...) delibererent et furent d'oppinion que il estoit très-fort larron (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 89). Sur quoy, par lesdis conseilliers fu conclu et advisé que, pour faire aucune reparacion desdictes offenses et entreprinses par lesdis de l'Université, yceulz prisonniers et recteur iroient par devers monseigneur le Dauphin en son hostel, soy excuser et lui supplier humblement de leur delivrance (FAUQ., I, 1417-1420, 75). Et après ce ledit Drouart s'excusa envers la Court et supplia très humblement que on lui voulsist pardonner ladicte offense et mettre au neant l'appel, s'aucun en y avoit, et neantmoins fu mené prisonnier en la Conciergerie, sans faire pour lors autre immutacion oudit appoinctement. (FAUQ., I, 1417-1420, 223). ...si revint a l'ostel, et trouva sa mere lamentant a cause de l'offense que son filz avoit faicte (C.N.N., c.1456-1467, 325). ...dont je fonde Que tous les maulx desquels tu te complaings Sont moins que riens, et que peu t'en abonde Quant au regard de l'offense profonde Que chacun jour commectz (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 26). Mais depuis il les fist venir à la raison en la ville de Bruxelles, où ilz crierent mercy de celle offense, rendirent leur baniere, et furent cassez et coppez devant eulx aucuns de leurs previleges. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 127). LE CHARTIER [qui vient d'écraser le chrétien]. En ce lieu mercy le luy crie [à saint Nicolas], Magnifie, Mais du crime me purifie, Car il dormoit emmy la place. Mon offense du tout efface, Me reface Tellement que j'aye sa grace Et, puisqu'il m'a sauvé la vie, En ce lieu je le glorifie. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 150). Aussi bien en y a-il des peuples qui offensent contre leur seigneur et ne luy obeissent point ny ne le secourent en ses necessitéz, mais, en lieu de luy ayder, quant le voyent empesché en quelques affaires, ilz le mesprisent ou se mectent en rebellion et desobeissance contre luy en commectant offense et vont contre le serment de fidelité qu'ilz luy ont fait. (COMM., II, 1489-1491, 222). En ce temps prenostica sur la revolucion de l'an l'elevacion du commun, contre ceulx qui s'efforçoient lever une maletote sur ce que vendoit le menu peuple dedans Paris, ce qui advint, dont depuis ceulx de Paris eurent moult assouffrir pour l'offense et en furent plusieurs penduz à leurs goutieres, par especial ceulx qui avoient rompu le Petit Chastellet et delivrez les prisonniers (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 145 v°). ...au conte d'Armignac, lequel il sçavoit et congnoissoit que par mauvais moyens il pourchassoit et procuroit la subversion du royaulme et qu'il estoit rebelle et desobeïssant au roy. Au moyen desditz cas, offences, crimes et delictz dernierement commis et perpetrés par ledit duc de Nemours, fut deliberé de par le roy et son conseil qu'il avoit confisqué envers le roy le corps et toutes ses terres, seigneuries et biens quelzconques. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 242).

 

-

Faire offense envers qqn. "Agir mal contre qqn" : Et en ce faisant, ycellui deffendeur avoit fait offense et mesprenture envers les diz religieux, contre raison et a tort, et en enfraingnant la sauvegarde du roy nostre sire en laquelle yceulx religieux, leur eglise et tous leurs biens estoient et avoient esté (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1377, 473).

 

2.

P. méton. "Punition d'un méfait" : ...pardonnons (...) le fait dessus avec toute paine, offense corporele et criminele, que les dessus nommez Robineau et Andiau et chascun d'eulz, pevent avoir encouru (Doc. Poitou G., t.5, 1377-1390, 258). ...pardonnons, de grace especial, ou cas dessus dit, les diz faiz, crimes et deliz, et toute peine et offense et amende corporelle, criminele et civile (Doc. Poitou G., t.5, 1377-1390, 378). ...a ycellui Jehan Georget avons remis, quittié et pardonné, remettons, quittons et pardonnons ensemble toute peine et offense ou amende corporele, criminele et civile en quoy il pourroit pour ce estre encouruz envers nous (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1392, 650).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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