A. -

Au propre

1.

"Organe de la vision" : O tu, chose parlant a moy, Di a ma dame que je vueil Tresvoulentiers perdre un mien oeil Pour li veoir. (Mir. emp. Julien, 1351, 218). Et du labour que l'en a en veoir est signe ce que l'en ne peut tenir les yeulx ouvers longuement sanz clignier. (ORESME, E.A.C., c.1370, 409). Et ou mouvement des gens ou des bestes chaleur est causee par les esperis corporelz qui sont chauz de leur nature et sont meuz lors par les membres, et aussi par la confricacion des parties du corps comme sont char et nerfz et olz et de celle qui est en l'isneleté du mouvement des esperis. (ORESME, C.M., c.1377, 438). ...une [cause] est l'excellence et la force de la lumiere du soleil qui grieve les ouilx et par ce les esperiz corporelz de l'instrument de nostre veue sont meuz et tournent, et pour ce il samble que le soleil tourne. (ORESME, C.M., c.1377, 450). ...et n'a ycellui Blanchet que un oeil (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 80). ...elle avoit moult grant mal en sa teste, et que le servel de la teste li cheoit sur les yeulx, sur le nez et en la bouche (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 328). ...par le moyen d'un corratier de chevaulx qui n'a que un euil, demourant oultre la porte Saint-Honoré (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 379). Les portes et les fenestres et verrieres sont les V sens corporelz, les yeulx, les oreilles, la bouche et autres. (GERS., Purif., 1396-1397, 63). Comme par exemple nous veons en ung miroir ou en [ung] oeil : se ilz sont chassieux de boue et d'ordure l'oyeil ne puet riens veoir, et ou mirouer on ne puet riens apparcevoir. (GERS., Trin., 1402, 153). ...les yeulx moult petis et enffossez (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 149). Et puis vient la tunique araignee qui nait de la retine, la ou appert la forme et la figure quant on regarde droittement l'oeul et fut devant la cristalline affin qu'elle ne fust blecee de l'umeur albuginee (GORDON, Prat., c.1450-1500, III, 1). ...le vent retourna si tres a point la pouldre que la pluspart il fist voler contre le visage et sur l'oeil de ce bon cordelier (C.N.N., c.1456-1467, 35). ...perdu avoit un oeil en ung assault ou avec son prince s'estoit tresvaillamment porté. (C.N.N., c.1456-1467, 109). Mon Dieu, que ma teste est atonee Et les yeulx me deulent molt fort ! (Pass. Auv., 1477, 231). C'est la vertu du sang precieux De ce prophete glorïeux, Duquel j'ay sur mes yeulx touché. (Pass. Auv., 1477, 231). ...nostre entendre et entendement comparé à celle lumiere a quelle nulle creature ne puet attaindre ne approcier beaucop moins que l'ueil de la chuette ou de la caudsoris au soleil, comme dist le philosophe Aristote (Somme abr., c.1477-1481, 133). Cestui predist la venue d'aucuns monstres, comme ung veau à trois testes, ung poussin à IIII piez, ung enfant d'une chambriere né à IIII piez et IIII yeux. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 65 r°). Fut celui qui deffendit l'usage du pavot, en tant que touche les maladies qui peust venir aux yeux et aux oreilles. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 74 r°). ...ung enfant sans yeulx ne mains ne piez et lequel de la sainture en bas estoit poisson (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 102 v°). ...et de l'eaue qui en yssit [d'un bloc de glace portant l'image de la croix], après qu'elle fut fondue, en fut lavé les yeux d'un religieux aveugle et incontinent lui fut rendue la veue. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 124 r°).

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[P. oppos. à oeil espirituel] Oeil corporel : ...qui pourroit regarder des yeulz corporelz dedans l'ame, bien sembleroit estrange chose et bien hydeuse, de pourmener ainsi ung mort ou sepulcre d'enfer ! (GERS., Purif., 1396-1397, 67). ...par contemplacion de Dieu, le quel il ne puet veoir de oeil corporel (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 47). Nous scavons que une chose de petite congnoissance ne puet attaindre a ce que puet congnoistre la vertus, qui est de plus haulte congnoissance, comme l'oyeil corporel ne pourroit veoir ce que congnoist l'imaginacion par dedans, et l'imaginacion ne pourroit comprendre ce que je, Raison, congnois. (GERS., Trin., 1402, 158).

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Oeil de lynx / de renarde... : Tout happe et prant, elle a oeil de renarde. (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 119). Yeulx de linx te vauldroyent mieulx Pour penetrer toutes entrailles (TAILLEV., Prise Luxemb. D., 1443, 174).

Rem. LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 6.12, 17.

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Les yeux ouverts : ...car lui mesmes ne dormoit que à demy et, le plus du temps, aux yeulx ouvers (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 59).

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Les yeux rouges (de l'ivrogne) : Item, a maistre Jehan Laurens, Qui a les povres yeulx si rouges Pour le pechié de ses parens Qui boivent en baris et courges, Je donne l'envers de mes bouges Pour tous les matins les torcher (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 101).

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Bon pied, bon oeil : La guerre est de telle condicion, qu'on y doit avoir bon pié et bon oeil. (BUEIL, I, 1461-1466, 198).

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Jusques aux yeux. "Complètement" : ...et [l'âme] voit les maulz qui toujours croissent, especiaument aujourdui, entre lesquelz elle est plongie jusques as ieux, et maugré lui faisant son pelerinage (MÉZIÈRES, Test. G., 1392, 301). Et vous, qui buvez et mangiez A la table du Dieu des Dieux, N'avez honte d'estre plungiez En l'ordure jusques aux yeulx. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 244).

Rem. DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 78, v.1723 (d'une femme enceinte, pleine jusqu'aux yeux).

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Avoir cent yeux (comme Argus) : Et eussiez vous, Dangier, cent yeulx Assis et derriere et devant, Ja n'yrez si prez regardant Que vostre propos en soit mieulx. (CH. D'ORLÉANS, Chans. C., c.1415-1440, 237). Car, ainsi que Argus a cent yeulx Peust de plusieurs choses juger, Villes et fors vouldrent forger. (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 31).

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Bailler le soleil en l'oeil de qqn. "Éblouir qqn, l'impressionner" : ...ilz tirèrent .III. ou .IIII. copz sans adommagier les Brebanchons, ausquelz ilz cuidoyent baillier le soleil en l'oeul (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 411).

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Crever un oeil / les yeux : ...et les prebtres fist occire, synon Josedeph à qui il fist pardon, puis fist crever les yeux à Sedechyas et le fist mener en Babillone et laissa paisible Jeremie et Baruch, son notere. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 44 r°). Cestui fut disciple de Platon et fut le cinquiesme phillozophe qui se creva les yeulx, pour mieulx sçavoir science par son entendement. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 54 r°). ...lequel Juif il fist rançonner pour chacune de ses dens ravoir à cent mille royaulx d'argent, et, quant eut toute sa chevence, il lui fist crever les yex, copper la langue, puis tenailler, puis escarteller et pendre. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 142 v°).

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Faire petits yeux. "Avoir sommeil" : Chacun loa Dieu comme il savoit, faisans trespetiz yeulx, et demandent le lit (C.N.N., c.1456-1467, 65).

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P. iron. Faire qqc. pour les beaux yeux de qqn. "Faire qqc. pour qqn sans espérer obtenir aucun avantage" : ...il n'estoit pas homme qu'on deust aimer pour ses beaulx yeulx. [Il s'agit d'un lourdaud] (C.N.N., c.1456-1467, 132). ...je m'en doubtoie bien que j'estoie plus souvent visité pour l'amour de ma chambriere que pour mes beaulx yeulx. (C.N.N., c.1456-1467, 505).

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Faire voler les yeux. V. voler

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Ficher un clou en l'oeil de qqn. "Flatter qqn, l'aveugler" : ...pour ce dit trop bien un saint docteur que le flatteur par sa parole fait tout ainsi que se il fichoit un clou en l'ueil de son maistre ou maistresse, c'est a dire qu'il l'aveugle par ses blandices. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 127).

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Frotter d'une plume les yeux de qqn. "Flatter qqn, l'aveugler" : "...Il semble", dist la chambriere Hardiesse, "que le roy et les princes du royaume de telz officiers et maistres de deniers soient enchantez qui seuffrent que leurs yeulx soient frotez d'une plume par telx officiers en tous temps, et en yver et en este, voire ou prejudice de la chose publique et de la royalle mageste..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 458).

Rem. Cf. DI STEF., 599c, s.v. oeil.

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[D'une chose] Pendre à l'oeil / devant les yeux. "Menacer d'arriver" : Et ne voit nul ce qui lui pent a l'ueil (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 153). ...la perte, qui me pent a l'oeil, de celle que j'aime sus toutes autres... (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 18). Autant m'en pendoit il a l'ueil (MILET, Destruct. Troye S., c.1450-1453, 293). Autant m'en pent devant les yeulx. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 192). ...en agravant et provocant leur prouchaine malavanture qui leur pendoit à l'ueil (LESEUR, Hist. Gast. IV, C., t.2, 1477-1478, 171).

Rem. Nombreux ex. ds DI STEF., 601. L. Sainéan, La langue de Rabelais, 1, 1922, 445.

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Saouler ses yeux de dormir. V. saouler "Dormir tout son saoul"

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[Comme bien particulièrement précieux] : Dont le seigneur fut moult joyeulx et lui dist qu'il les gardast comme son oeil. (Percef. III, R., t.3, c.1450 [c.1340], 218). Ne me vueilles estre si trescruel, Ne me laisser ainsi mourir seulete, Qui t'ay chery autant que ay fait mon oeil. (SAINT-GELAIS, Eurial. Lucr. R., c.1490, 133).

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[Dans une formule de menace] Oster les yeux de la teste : Saiches bien que s'il n'y eust ame, Les yeulx te otasse de la teste ! (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 102).

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[Dans une formule de serment] : Et par les yeulx Dieu fera, Ou tu aras de ma connoille ! (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 77). Je vous donne cest oeil a traire S'il en a plus eu ne n'aura, Ja si bien chanter ne saura. (Path. D., c.1456-1469, 84). Je veulx qu'on me creve ung oeil, Se je n'ay piautré sus la dure (Gaut. Mart. A., c.1480-1500, 164).

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Sur l'oeil. "Sous peine de perdre la vue" : Ostez moy ce fol ; il enrage ! Gardez sus l'ueil que plus ne vive ; Par sentence diffinitive Ardez moy tous ces cristicoles, Fors ces .II. grans maistres d'escole, Les quelz faictes prendre et lïer (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 144).

Rem. MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 22717 (je te deffens sur l'uel Que...).

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(Garder qqc.) comme la pimpenelle / prunelle de l'oeil : Honoure Dieu tant come tu pourras, garde les commandemens de moy et de ma suer Verite, come la pimpenelle de ton oeil affin qu'il t'en souveigne, lye les en ton doy. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 160). "Beau Filz", dist la royne, "se de bon cuer et de fait tu soustiendras et relieveras les pauvres, soies certains que Dieu te soustiendra et multipliera ta gloire et te gardera comme la prunelle de l'oeil encontre tes ennemis..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 324).

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[P. allusion au clin d'oeil] : Aussi tost conme oeil euvre et clot... (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 297). Aussy tost qu'ung oeil clot et oeuvre (TAILLEV., Songe thois. D., 1431, 63). ...il les perdi su mains d'espace que ung oeil clot et euvre (WAUQUELIN, Faits conq. Alexandre H., a.1440, 324). [XXXXIX, 197] ...si se lanca deuers dextre plus tost que vng oeul ne clost ou oeuure (MIÉLOT, Mir. N.D. W., 1456, 55). [Autre ex. p.59]

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En un battre / à un moment d'oeil. "En un clin d'oeil" : Et est tout compli, et tantost que l'evesque ou le prestre est desvestus de ses ornemens, visiblement la belle dame a toute sa belle compaignie se part en un batre d'eul (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 390). Lesquelles chambrieres en un batre d'oeil s'esvanouirent de la presence de tous les assistens, et tost apres aussi comme un ung moment elles revindrent. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 306). A ce respondent les folz astronomiens et dient que la constellacion et vertu des planetes a la nativite de aucun a sa puissance en un moment et en un batre d'oeil et en un point. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 613). Pour avoir ["un avoir, un bien"] ne porte le dueil Qui recouvré et reperdu Est souvent a ung moment d'ueil (CHAST., Temps perdu D., a.1450, 25).

Rem. MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, v.20045 (en ung moment d'ueil).

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Sans battre l'oeil. "Sans difficulté, sans tergiverser" : ...ta personne royalle (...) a tous conseilliers de non donner la matiere, non pas obscure mais bien clere, de faire un beau latin, c'est assavoir sans batre l'oeil ne encliner les oreilles de dire pure verite hardiement aussi et sans aucun regart, a la lectre, sans souspecon ne aucune palliacion. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 344).

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[L'examen de l'oeil permet de déterminer si une pers. est morte ou vivante] : Au moins a son oeil voys cognoistre Sil est mort ou vif par ma foy (Myst. st Martin K., a.1500, 343).

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[Pour désigner la personne] : ...De larmes de contriccion Mouillée par le devot oeil (DESCH., M.M., c.1385-1403, 250). Les yeux jeunes, fault qu'on les lye Comme enragiez : n'est ce le mieux ? (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 509).

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[Allusions bibliques]

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[P. réf. à Matth. VII, 3-5] Tref / festu de l'oeil. "Poutre / paille dans l'oeil" : Qui est cil qui le festu voit En l'ueil son frere, et pas ne voit Dedens le sien un chevron grant (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 179). Je vous requier et supplie une chose : vous qui, en nom du clergié, la vie dez chevaliers reprovés, jouxte lez paroles de l'Euvangile : "Ostés le trief de l'uyel dez clers, avant que vous efforciés d'oster le festu de l'ueil dez chevaliers". (Songe verg. S., t.1, 1378, 17). Belle doulce amye, n'as tu pas toujours ouy dire que le fol apperçoit trop bien la petite buschete en la face de son voisin, mais il ne se donne de garde du grant tref quy [lui] pend a l'ueil (CHR. PIZ., Cité dames C., c.1404-1407, 891). Peut-estre qu'en autruy oeil tu vois la buchette petite, mais au tien propre tu ne vois pas le sommier bien gros que tu y portes. (CHASTELL., Vérité mal prise K., c.1460, 260).

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[P. réf. à Lév. XXIV, 20] Oeil pour oeil : ...et est comme se un homme avoit a un autre coupé le poing et l'en li coupast le sien, et oeil pour oeil et dent pour dent, etc. (ORESME, E.A.C., c.1370, 291). ...que la sentence du Vieil Testament fust accomplye (...) qui dit : Dent pour dent, oeyl pour oeyl, et pie pour pie. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 302).

2.

"Sens de la vue" : A toy ces six escoliers donne, Cuer, Tast, Langue, Flair, Oeil, Oÿe (Coeur sens M., a.1433, 76). Cuer espousa l'amour divine, L'oye receut prudent doctrine, L'ueil accointa bonne simplesce, Et la langue si print sobresce, Le touchier print belle attrempance, Es odeurs ot flair continence. (Coeur sens M., a.1433, 79).

3.

[Comme lieu du regard]

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Trait d'oeil. "Regard prompt"

Rem. Alençon ds CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 303 (D'un trait d'ueil fut prins et frapé).

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Au doigt et à l'oeil. "Sur un simple signe de la main ou du regard" : ...li queis meubles at esteis monstreis au doit et aloiel [l. a l'oiel], par devant les escheveins chi desous noumeis (Rég. jur. Belg. B., 1361,,, 349).

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À vue d'oeil. "En suivant du regard" : ...[ils] le poursuirent à veue de ouil puis ladite eglise de Saint-Eustace jusques à la porte de Montmartre (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 465).

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Aux yeux de qqn. "Sous le regard de qqn" : ...a ces motz [l'ivrogne] brandit son grand cousteau, et en fait monstre aux yeulx du pouvre [prieur], tout espoenté et assimply. (C.N.N., c.1456-1467, 62).

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Adresser son oeil (à une femme). "Convoiter une femme" : Garde bien, Beau Filz, que tu n'aproches a la porte de sa maison, et ne donne pas a autrui ta gloire, mais boy l'eauue de ta propre cisterne et te delicte en une joye amoreuse avec la fame de ta jeunesse, c'est assavoir avec ta tresamee compaigne et gracieuse espouse la royne, qui te soit tresamee. Ne a nulle autre tu n'adroisses ton oeil. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 160).

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Avoir l'oeil à / vers qqn / qqc.. "Regarder dans la direction de" : ...tousjours avoit l'oeil vers le chemin qu'il estoit venu. (C.N.N., c.1456-1467, 307). La dame, qui avoit l'oeil et l'oreille tousjours a son amy, l'entreoyt d'adventure (C.N.N., c.1456-1467, 436).

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[D'une femme] Avoir l'oeil au vent. "Être à l'affût de rencontres, lancer des oeillades amoureuses" : Ceste femme, qui belle, gente et gracieuse estoit ou temps qu'elle fut noeve, car el avoit l'oeil au vent, fut requise d'amours de pluseurs. (C.N.N., c.1456-1467, 327).

Rem. GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 241.

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Defendre ses yeux à qqn. "Interdire à qqn de se présenter (au regard)" : ...monseigneur m'a deffendu ses yeux et est indigné sur moypar quoy, après avoir eu celle deffense, je ne m'y retourneray point si tost (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 234).

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Jeter l'oeil / les yeux après / sur qqn / qqc. "Tourner le regard vers qqn ou qqc." : Vueilliez voz yeulx emprisonner, Et sur moy plus ne les giettés (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 18). Le bergier sur ly ses yex jette, Voit que c'est ce qu'il espïa Et tantost a mort l'escrïa (Pastor. B., c.1422-1425, 103). ...sy tost qu'il getta son oeil sur le conte, il le recongnut (Comte Artois S., c.1453-1467, 59). ...[il] gette l'oeil de rechef sur ce dit mal, et ne se peut saouler de assez regarder. [Un médecin pendant l'examen du malade] (C.N.N., c.1456-1467, 35). ...ce bon laboureur gettoit ses yeulx de tous costez après son veau (C.N.N., c.1456-1467, 88). ...la seur de nostre gentilhomme, qui oyoit ce propos, jectoit l'oeil souvent et menu sur ce bergier (C.N.N., c.1456-1467, 358).

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Jeter des yeux. "Regarder, suivre du regard" : Mais celle qui avoit son cuer enamouré Por le petit enfant, l'a encore esgardé, Tant que veoir le pot i a des yeus geté, Et tous jours en alant a du cuer soupiré. (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 39).

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Jeter ses yeux en haut. "Regarder vers le ciel" : ...le bon ermite gettoit ses yeulx en hault, joignoit les mains au ciel (C.N.N., c.1456-1467, 100).

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Lever l'oeil. "Regarder avec assurance, lever la tête" : Mais dame n'est qui ose lever l'ueil, Car de douleur ont doleureuse part (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 35). ...dont les Anglois (...) n'oserent plus mettre pié en France, se tindrent en leur pais, là guerroierent entre eulz s'ilz vouldrent, car par deçà, depuis le temps du sage roy Charles, moult y orent perdu et riens gaagné tout y eussent ilz devant si grant prerogative qu'il sembloit que devant eulz nul n'osast l'oeil lever (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 243). [II, XXXIX] Les Anglois sont mors et noyez, Que rechappé ne n'est ung seul ; Et si sont si tres desavoyez Que nul d'eulx n'ose lever l'eul. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 478). Faire le devons de present, Qu'en la ville ne au devant N'est nul qui ose lever l'ueil, Tant soit seigneur petit ou grant, Mes sont trestous en tres grant dueil. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 635). Par le corps bieu, je n'oseroye Lever l'oeil, quant elle est ainsi. (P. Jouh. D.R., a.1488, 39).

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Lever / sourdre les yeux : Alors le pouvre conjuré, en levant ses yeulz sur elle, en basse voiz ly dist (LA SALE, J.S., 1456, 34). ...toute bruslée en amour, n'ose sourdre les yeux (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 53). Coment puis mes yeulx ne ma face Lever es cieulx, n'avoir lïesse ? Je deusse morir de destresse, Veu les grans pechés ou je suis. (Pass. Auv., 1477, 138).

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Lever les yeux contre mont + subst. "Regarder en l'air en direction de qqn/qqc." : ...il fut bien joyeux de se trouver en ce beau lieu, et se garda bien de lever les yeulx contre mont le poirier (C.N.N., c.1456-1467, 307).

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Montrer qqn à l'oeil. "Désigner qqn du regard" : Dy me voir (...) : Mon frére est il ceens entrez ? Sans ce qu'a l'ueil me soit moustrez Le te demant. (Mir. emper. Romme, 1369, 267). Et a celle fin (...) que vous ne disiez que je veille imposer a vostre fille blasme sans cause, je vous monstreray a l'oeil et au doy le ribauld qui ce deshonneur nous a fait (C.N.N., c.1456-1467, 382).

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Prester ses yeux à qqn. "Jeter un regard à qqn" : ...quand il veoit son point, il prestoit ses yeulx a l'ostesse, sans espargner par dessoubs la table le gracieux jeu des piez (C.N.N., c.1456-1467, 219).

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Regarder l'oeil sur qqn. "Jeter un regard à qqn" : La bonne damoiselle, qui tout ce sans mot dire regardoit, souvent regardoit l'oeil sur son varlet et sa chambriere (C.N.N., c.1456-1467, 486).

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Regarder qqn de bon oeil. "Considérer qqn de façon favorable, avoir bonne opinion de qqn" : ...[le duc] moult avoit dilection audit Guillame et le regardoit de bon oeil. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 132).

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Ruer ses yeux qq. part. "Regarder qq. part" : ...mais comme ne suis, ne ne puis estre capable de tant de matières, et que mes yeux ne puis ruer partout... (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 220).

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Tourner son oeil devers / sur qqn. "Tourner le regard vers qqn" : ...plus saluer ne la vueil [Marie], Ne tourner devers li mon oeil. (Mir. nonne, 1345, 333). Quant eust fine ses parolles Ysabeau, lors Vienne se leva sus en estant et torna l'ueil a travers sur Ysabeau, si la regarda a chere molt corossee, et puis tout a copt sans dire mot elle luy torna le dos comme par despit. (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 131).

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Virer l'oeil sur qqn. "Tourner le regard vers qqn" : ...comme monseigneur se retournoit, cuidant virer l'oeil sur la chambriere, il voit et congnoist que c'est madame (C.N.N., c.1456-1467, 76).

4.

[Au delà du regard, comme reflet de qqc., comme lieu manifestant qqc.]

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[La beauté] : Elle en ressemble la mere, Et par Dieu je l'en aime mieulx. Mes arregardés quieulx doulx yeulx Et quel visacge femenin ! (Pass. Auv., 1477, 91).

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[Un état physique ou moral, un sentiment] : Mon seigneur, conme il a doulz oeil Et gracieux maintien en soy ! (Mir. st J. Cris., c.1344, 267). Je laisse a ses doux glourieux (...) Leur soubrire [aux dames] du blanc des yeulx En les eslevant jusques aux cieulx (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 60). Rescouez ces deux povres yeulx Qui tant ont nagé en Plaisance Qu'ilz se nayent sans recouvrance (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 336). Monstrez les moy ces povres yeulx, Tous batuz et deffigurez (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 478). Regarde moy [mon Dieu] de tes doulx yeulx ; Des angelz veulhes moy saisir. (Pass. Auv., 1477, 99). Il vous fault a terre donner, Mes premier je vous baiseré. Doulx yeulx, je vous veulx regarder. (Pass. Auv., 1477, 105). Helas, que vous advés les yeulx Las et piteux, Moult fort lipeux ; - vous ne l'advés pas de nature. (Pass. Auv., 1477, 255).

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[De Dieu] Regarder (un mourant) de ses deux yeux. "Le regarder avec bienveillance" : O ! doulx Jesu-Crist, roy des cieulx, Regarde moy de tes deux yeulx, Car vecy la fin de ma vie. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 283).

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Rire des yeux : L'un rit des yeux et en riant colie (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 14). Tost porra laissier son plourer Tristifer, et des yex fort rire, Car Belligere se respire (Pastor. B., c.1422-1425, 85).

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En partic. [Dans la phraséologie courtoise, manifestant l'amour] : Car le regart du tres doulz oeil Qui m'a mis en ce dur resveil, Si persaument, Tant doulcement, Parfectement, Me navra (CHR. PIZ., Cent ball. amant dame C., c.1409-1410, 138). ...comme il est de coustume, les yeulx d'elle, archiers du cueur, descocherent tant de fleches en la personne dudit bourgois que sans prochain remede son cas n'estoit pas maindre que mortel. (C.N.N., c.1456-1467, 23). Et adieu, ma dame ! Mes yeulx demandent leur tour d'audience, qui couppent a ma langue son parler. (C.N.N., c.1456-1467, 168).

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Faire les yeux doux à qqn : Et les doulx yex s'entrefaisoient (Pastor. B., c.1422-1425, 47). ...en faisant les doulz yex (Pastor. B., c.1422-1425, 90).

Rem. ALECIS, I, 136, 65.

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P. méton. "La personne amoureuse elle-même" : ...il n'estoit pas mains diligent de servir et complaire a son maistre (...) pour mieulx couvrir son fait et aveugler les jaloux yeulx de celuy qui pas tant ne se doubtoit qu'on luy en forgeoit bien la matere. (C.N.N., c.1456-1467, 93).

5.

[Comme lieu des pleurs] : Et des iex de son chief moult tendrement pleura. (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 93). Lors pour elle jetter de blame, Fuit en sa chambre d' un escueil Et se couche la larme a l'ueil (DESCH., M.M., c.1385-1403, 121). ...a ces parolles, larmes en grand abundance saillirent de ses yeulx (C.N.N., c.1456-1467, 141). Tout temps je seré doulereux Et peneux, Puis que vous ay pardu, m'amour. Fonteines feray de mes yeulx Fort piteux. (Pass. Auv., 1477, 104). Si n'ay respit De plourer, poucheré mes yeulx. (Pass. Auv., 1477, 109). Donnés des eaulx, Yeulx, en seaulx - en toute place. (Pass. Auv., 1477, 152). Doulz piés que portés si grant faiz, Et voz, jambes pleines de sueurs, Des eaulx de mes yeulx en douleurs Vous lavarey piteusement. (Pass. Auv., 1477, 152). Larmés, mes yeulx, fondés en pleurs ! (Pass. Auv., 1477, 197). Ma mere, refrenés voz yeulx ; Laissés ces lamentacïons ! (Pass. Auv., 1477, 257).

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Pleurer des chauds yeux. "Pleurer à chaudes larmes" : Par Dieu, aucunes foys j'en plure Des chaus yeulx quant je m'en advise, [l. advise.] (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 225).

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Essuyer ses yeux. "Sécher ses larmes" : Puis aprés, ses yeulx essuyoit, Que de plourer moilliez avoit (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 81).

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Perdre tout que les yeux (pour pleurer) : Laissiez trestout ce mal talent A moy qui doy tousjours plourer ! Car je sui vieil et prisonnier, Et ay perdu tout que les yeulx ! (GARENC., Poésies N., 1407, 49).

B. -

[Au delà de la seule vision, emplois proches de la métonymie et du figuré]

1.

[De la vision à la vigilance, à l'attention prêtée à qqn ou qqc.] : ...l'Université de Paris (...) comme la fille du roy est dicte [,] comme le bel oeil cler mis en ce royaulme pour veoir tout ce que est a faire (GERS., Réf. roy. G., 1405, 1145).

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À yeux ouverts. "Attentivement" : Advisez, je vous supplie, a yeulz ouvers, regardez laquelle amour est plus desirable ou a eslire : celle de Dieu ou celle du monde (GERS., P. Paul, a.1394, 516).

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Avoir les yeux ouverts. "Être attentif" : ...et souverainement pour le duc de Bourgongne qui en ceste matière-icy devoit avoir cent yeux ouverts [allusion à Argus] pour regarder à toutes circonstances qui y estoient à l'entour. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 158).

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D'un oeil seulement. "Nonchalamment, sans réelle attention" : Ne pesez-vous autrement cestui affaire qu'en ce parti que vous touchez, qui y allez d'un oeil seulement, là où il en besongne bien douze. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 55).

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Sur l'oeil. "Attentivement" : Mes [que] bien gardez sur l'eul Mes biaus ouvrages ne mes fais (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S.C., c.1330-1331, 269).

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Avoir l'oeil à / en / sur qqc. "Veiller à qqc., mettre un soin attentif à qqc." : Je qui l'escherpe (re)gardoie Et (tres) touz jours l'ueil i avoie, Vi goutes de sanc semees Dessur li et esbouciees (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 111). Or ne met pas en nonchaloir, Quant tu besoingnier me verras, De regarder con tu feras (...) : la t'entente Aies et l'ueil. (Mir. st Panth., 1364, 314). Pour ce dame nuit et jour Doit avoir l'ueil et le cuer à s'onnour (MACH., L. dames, 1377, 198). ...aucuns eschevins qui aient eu l'oeil au bien publique de la dite ville (Chartes communes Bourg. G., t.1, 1423, 416). Dieu par sa grace veuille que ceulx qui sont autour de vous ayent l'eul au bien de la chose publique autant, comme on dit, que ilz ont a leur proffit (JUV. URS., Verba, 1452, 204). ...il [le duc de Bourgogne] savoit bien que elles [des Parisiennes] estoient de ceur et d'affection a ly et enclinees envers sa maison ; (...) il leur voult envoier a chescune une petite souvenance pour leur donner cause de plus encore parler que devant ; et en ce se monstra sage et de hault corrage, et que a toute faculté de gens avoit l'oeil la et quand il failloit. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 240). Et, pour tant, il ne fault pas tant estroittement entendre a honnesteté qu'il ne faille aussi avoir l'eul a utilité. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 219). ...et doibt avoir tousjours l'oeil et le regart sur ce. (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, 1474,,, 24). À ceste cause vous prions et néantmoins mandons que ayez bien l'oeil à noz matières de par de là, et que y besongniez vertueusement (Cartul. Laval B., t.3, c.1489, 359). ...et, qui pis vault, sont le plus souvent environnéz de gens qui n'ont l'oeil à nulle chose que à complaire à leurs maistres et à leur louer toutes leurs oeuvres, soient bonnes ou mauvaises. (COMM., I, 1489-1491, 128). Car peu de gens aussy bien y ont l'oeil (SAINT-GELAIS, Séj. honn. J., c.1490-1495, 40). Mon frere, au surplus, je vous prie que vous aiez l'ueil en mes affaires de delà et à oster la pillerie de mon royaume (Lettres Ch. VIII, P., t.4, 1495, 301).

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Avoir l'oeil à / de + inf. "Se préoccuper de" : Et celle auctorité touche .iii. choses : l'une (...) ; l'autre (...) ; la tierce, avoir l'ueil continuelment et mectre son entendement a veoir comme Dieu tous temps le regarde. (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 82). En charité, las, ayez l'oeil De leur donner aucun confort (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 19). Et, pour ce, se vous voyez que vostre adverse partie ait tousjours l'oeil de donner en aulcun lieu, rompez lui son propotz, se vous povez. (BUEIL, II, 1461-1466, 102). ...mais je vey telle demye heure que nous, qui estions demouréz là, ne avions l'oeil que à fuyr (COMM., I, 1489-1491, 31). Et ad ce propox, puis XXX ans en ça, de bonne sounance, j'ay eu l'ueil à observer les nativités de plusieurs filz et filles et les ay notées, mais j'en voy et ay veu advenir d'iceulx selon la disposicion celeste (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 53 v°).

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Avoir l'oeil / les yeux à / sur qqn. "Être attentif à qqn, prêter attention à qqn ; veiller sur qqn, surveiller qqn" : Aprez ce dit le prestre per omnia secula seculorum, et puis sursum corda : c'est a dire : "Levez voz cuers a Dieu " ; et le clerc et les autres respondent : "Nous les avons a Nostre Seigneur." Dont doit l'on appareillier et avoir son oeil au prestre. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 14). Et se a festes sont, a dances ou assemblees, la doivent bien estre sur leur garde et que bien soient enmanierees, pour ce que plus de gens ont les yeulx sur elles : dancent simplement, chantent bassetement (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 195). Cuer d'Acier sy avoit tousjours l'oel sus les chevaliers (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 267). Si se doivent et roix et princes a ce reduyre, pour virtueusement vivre, de preferer honesteté a tous prouffiz et avoir l'eul a ceulz qui donront honneste conseil plus que a ceulz qui conseilleront le prouffit sans regarder honesteté. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 215). ...[les capitaines et gens de nostre garde] font ce que leur commandons et riens plus, sans avoir l'ueil à autre que nous (Lettres Ch. VIII, P., t.1, 1485, 61). ...dont fust deffaict et mort le conte de Warvic et toute sa sequelle, et pour telles raisons n'est pas honte d'estre suspessonneux et avoir l'oeil sur ceulx qui vont et viennent, mais c'est grant honte d'estre trompé et de perdre par sa faulte. (COMM., I, 1489-1491, 199).

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Avoir l'oeil + interr. indir. : Doit point donques le prince avoir l'eul et regart se le conseiller le conseille a prouffit ou utilité dont dangier se peut ensievyr ? (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 228). Et, pour ce, il doit avoir l'eul et examiner se le conseil que on luy donne procede de vraye integrité de courage ou de pensee corrompue par hayne ou faveur. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 247).

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Avoir l'oeil que. "Être attentif à ce que" : ...et que ayés à ce l'ueil que aucune subornacion ou praticque ne puisse estre menée avec ledict chappitre et autres contre nostre voloir (Lettres Ch. VIII, P., t.3, 1492, 310).

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Avoir qqn ou qqc. en l'oeil / (par) devant les yeux. "Être attentif à qqn ou qqc., être soucieux de qqc." : ...lesquieux me samble que ont soul Dieu pardevant leurs hieux (Vote soustr. obédience M.P., 1398, 253). Et se ceste amour et crainte avez bien devant les yeulx, sans faille vous estes au chemin qui sans forvoyer vous conduira ou lieu dont nous vous preschons, c'est assavoir aux vertus. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 11). ...es creatures qui ne sont sur leur garde d'avoir tousjours devant les yeulx leur povre fragilité (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 134). ...avoir à memoire les choses passées, pour y prendre exemple devant les yeulx (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 35). ...lequel tousjours avoit en l'oeil le voyage de Turquie (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 43).

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Avoir les yeux devant soi. "Être attentif" : Sy nous duit bien d'avoir nos yeux devant nous et de cognoistre à qui nous avons à faire. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 274).

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Avoir / tenir l'oeil au bois. "Être aux aguets, être sur ses gardes" : Plus escourtez, plus dissolus, Plus l'oeil au boys, plus troptereaux [var. trottereaux], La ou deussez estre recluz, Vous courez comment font chevaux. (ALECIS, Mireur moines P.P., c.1450-1486, 11). On doit tenir sans cesser l'oeul au bois. (MICHAULT, Doctr. temps prés. W., 1466, 59). Ne vous soussïez de cela, Car j'aray assez l'oeul au bois. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 120).

Rem. G. Roques, R. Ling. rom. 55, 1991, 507.

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Dormir de l'oeil. "Perdre sa vigilance" : Pour Dieu, dame, que vous hastez, Car pour voir espouser vous vueil Ains que je dorme mais de l'ueil (Mir. nonne, 1345, 334). Si feray je, je vous affy, Ains que je dorme mais de l'ueil. (Mir. pape, 1346, 359).

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Estre à l'oeil à qqn. "Être observé, surveillé par qqn" : ...nous sommes enclos de toutes pars et en peril. Cateline atout son ost nous est a l'oeil la dehors et nous cuide engloutir. (Faits Romains M., c.1400-1500, 103).

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Ouvrir l'oeil / les yeux. "Être attentif" : Ouvrons nos oeulx, que ne soions laidis (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 390). Vous vistes que je veoye Ce que je ne vueil descouvrir, Et congnustes, a l'ueil ouvrir, Plus avant que je ne vouloye. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 373). O Lucifer, ovre tes yeulx ! Jehan baptiste a nous seans Plus ne baptizera les gens Ne ne foschera [l. preschera] a la terre. (Pass. Auv., 1477, 113).

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Tenir l'oeil + interr. indir. "Veiller + interr. indir." : Le cappitaine, que bien tenoit l'ueil si personne ouvriroit la porte, a veu ung des chambellans a la porte (Jehan de Paris W., 1494-1495, 70).

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Ne pas tenir les yeux en son sein. "Être sur ses gardes" : Vous devez savoir que l'espousée se donna tresbien garde [var. ne tenoit pas ses yeulx en son sein mais se donna garde] et perceut son mary parler a nostre fille grosse, dont elle n'estoit en riens contente, mais trestroublée et marrye en estoit. (C.N.N., c.1456-1467, 70).

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Tirer l'oeil à. "Diriger son attention vers" : A tous les chiens parle et fort hue Et a chascun a part fait feste. A Baulde, qui si bien queste, Au cerf regarde tirer l'oeil [le regard va tout particulièrement au chien Baude qui dirige toute son attention vers le cerf]. (BRÉZÉ, Chasse T., c.1481-1490, 43).

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Tourner les yeux à qqc. "Diriger son attention vers qqc., considérer qqc." : Que veult ce dire ? Il ne convient ja aler trop loing pour en avoir la response ; tournons les yeulx a nostre theume, regardons qu'il dit. Il dit que paix soit aux hommes ; mais ausquelz hommes ? (GERS., Noël, p.1404, 302).

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Prov. L'oeil du seigneur maintient l'hostel. "La vigilance du maître est nécessaire dans sa maison" : Mais, sire, il convient mettre la main a l'oeuvre : L'ueil du seigneur maintient l'ostel ; Oeuil de servant ne feroit autel. (GERS., Noël, p.1404, 311).

2.

[De la vision au constat, à l'observation] : C'est a dire, mon ami : L'oeul du convoiteux est insaciable : il ne sera point saoulé en partie d'iniquité. (LA SALE, J.S., 1456, 23). ...par longue espace vous n'avez eu rapport ne nouvelle, chacun de sa partie, que par la relacion de voz yeulx, qui ne sont pas les plus eureux de faire les plus seurs jugemens, mesmes a ceulx qui sont tenuz en l'amoureux servage. (C.N.N., c.1456-1467, 165). ...luy vindrent faire rapport ses yeulx suspeçonneux que nostre gentil homme ne venoit en son hostel fors a l'occasion de sa femme, et que vrayement il en estoit amoureux (C.N.N., c.1456-1467, 331). Pour Dieu, laissez en paix ceste noble fille, et mectez devant voz yeulx les grands dangiers ou vous boutez. (C.N.N., c.1456-1467, 549).

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[Avoir des yeux et ne pas voir] : Maint ont grans oeulx et si ne voient goute ! (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 389). C'est luy mesmes qui se deçoit, Qui a ses yeulx et qui en [l. ne] voit (Chev. dames M., c.1462-1477, 152).

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À / de l'oeil / d'oeil. "De manière évidente" : Je te di, et le moustre a l'ueil, Que... (MACH., R. Fort., c.1341, 79). ...quant un mot signifie chose qu'est masle, se vous pouvez cognoistre a le oïl ["s'il est évident que ce mot est du masculin"], donques il serra sonné communement sanz e au bout (DonatOxf., p.1400. In : Th. Städtler, Zu den Anf. der frz. Grammatikspr., 1988, 129). Car, en racontant les faiz qu'ilz cognoiscent a l'oeil, ilz demeurent en descognoissance de la cause.... (CHART., Q. inv., 1422, 4). ...il estoit subject à fortune comme tous autres et dont il avoit la preuve aux yeux. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 331). Pour desmonstrer clairement et a l'eu Que nostre roy si est vrayement regnant... (Entrées roy. G.L., p.1486, 281). J'apperceu lors, et bien congneu de l'oeil, Dame venir, prenant vers moy adresse (SAINT-GELAIS, Séj. honn. J., c.1490-1495, 268).

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"De visu" : Monstrées est obstencion et exibicion à l'ueil pardavant justice d'aucune chose reelle et corporelle. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 81).

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Malgré ses yeux. "Sans qu'il ait pu le voir" : SATHAN. C'est a dire qu'il [Jésus] est monté, Malgré nous et malgré noz yeulx, En hault, par dessus tous les cieulx, Pour gloire parfaicte acquerir. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1034). [GRÉBAN, Pass., c.1450, v.33376]

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Par un seul oeil. "D'un coup d'oeil, en un instant" : Quartement tu congnoys par ung seul oeil le mouvement du temps passé, du present et du futur, sans toy mouvoir ; pourquoy ne pourra Dieu congnoistre toutes choses estre muables sans sa mutacion ? (GERS., Trin., 1402, 162).

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À vue d'oeil. "De manière évidente, manifeste" : ...si tost que le verray [Valentin], Sachiez je le vous mousterray A veue d'oeil. (Mir. st Val., c.1367, 138). Ouyes lesqueles oppinions et veu ce present procès, ledit mons. le prevost le condempna ad ce, pourveu toutesvoyes que pour ce que il sambloit, à veue de ouil, que icelle Cordiere feust grosse d'enfant sentant, que elle feust visitée par les matrosnes. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 296). ...une maladie la print telle que a veue d'eul toute secchoit (LA SALE, J.S., 1456, 270).

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Apercevoir à l'oeil. "Apercevoir de manière évidente" : Et ne pourroit estre par nature ne par art en cest monde cibas mouvement tant isnel qui ne fust pas tardif et plus lent plus de cent mille fois ou regart du mouvement du ciel que le plus tardif que l'en pourroit appercevoir a l'oeil ne seroit ou regart de celui. (ORESME, C.M., c.1377, 282).

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Apercevoir de ses yeux : OFFICIAL. J'ay apperceu de mes deux yeulx, Ainsi qu'avez peu voir aussi, Le miracle tresglorïeux Que Dieu a fait en ce lieu cy. (LA VIGNE, S.M., 1496, 553).

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Aviser d'oeil : ...sy fu a merveillez regardé, car il sambla a chascun que c'estoit le plus beau chevalier dont il eussent jamais advisé d'oeil (Comte Artois S., c.1453-1467, 59).

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Bander les yeux à qqn. "Empêcher qqn de voir" : ...luy avoit jeunesse et crainte les yeulx si bandez que en rien il ne s'appercevoit du bien qu'on luy vouloit. (C.N.N., c.1456-1467, 151). ...Amour, qui bande les yeulx de ses serviteurs, les bouscha si tresbien que la ou ilz cuidoient le plus secretement de leurs amoureux affaires conclure et deviser, chacun s'en parcevoit. (C.N.N., c.1456-1467, 163). ...la credence et feableté (...) luy avoient bandé et caché les yeulx (C.N.N., c.1456-1467, 440).

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Avoir les yeux bandés : Durant qu'on a les yeulx bandez Il y faict si bon sur le brun. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 24).

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Voir qqn / qqc. à l'oeil / d'oeil / de l'oeil. "Voir de ses propres yeux, voir à l'oeil nu, voir clairement" : Car chascuns pot vëoir a l'ueil De lune esclipce et de soleil (MACH., J. R. Nav., 1349, 142). De ce quë as vëu a l'ueil Tant seulement parler te veil Selon que tu as demande. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 329). L'EMPERIÉRE. Venir voy la royne a l'ueil ; Alons contre lui : c'est ma mére. (Mir. st Sev., 1362, 224). De vostre biauté me merveil, Car telle ne vi je mais d'oeil (Mir. st Ign., 1366, 103). "Nous veons a l'oeil que aucuns enfans et plusieurs bien aagiez et profés en saincte religion sont venus a celle ha[r]diesse et aussi acoustumee rebellion que ilz se lievent contre leurs souverains en tant que correction n'y a point d'audience ne de lieu..." (Horloge de sapience S., c.1389, 81). Le rampin qui les conduisoit se approucha de si prez qu' il les veoit a l'ueil. (ARRAS, c.1392-1393, 217). A paines osent approuchier La beste qu'ilz voient a l'ueil. (Gris., 1395, 26). Et quer je n'ay icy a parler que de l'estat de noblesse ou de seignourie principalment, et nous veons a l'oeil les greifs et horribles maulx qui en viennent partout (GERS., Annonc., a.1400, 238). ...veoir ne puis a l'ueil Voz belles, blanches, doulces mains (CH. D'ORLÉANS, Compl. C., 1433-p.1451, 267). J'ay grant amour a toy, et te ay fait du plaisir beaucoup, tu le sces et voys a l'euil. (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 219). ...[le mari] par ung pertuis veoit a l'oeil la compaignie, dont il n'estoit pas trop content. (C.N.N., c.1456-1467, 243). ...tout ce veoit a l'oeil son pouvre mary par une petite treille. Pensez s'il estoit a son aise ! (C.N.N., c.1456-1467, 320). ...et avoient esté dehors en bannières levées, passé par emprès leur évesque qui les voyoit à l'oeil (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 16). ...car on prinse moings les choses que on voit à l'ueil que celles qu'on ne voit point (BUEIL, II, 1461-1466, 61). ...et, quant on est sur les lieux, ce que l'on voit à l'ueil fait les gens saiges. (BUEIL, II, 1461-1466, 145). Toutesvoies, de si loing, je ne vous puis donner conseil, pour ce faictes ainsi que vous verrez à l'ueil (Lettres Louis XI, V., t.2, 1462, 70). J'ay veü beaucoup d'exemples de ceste matière à l'oeil, et ne parle pas par ouyr dire (COMM., I, 1489-1491, 91). Incontinent fist argent transporter Pour a l'offrende devotement porter En plus belle ordre que l'on vit pieça d'oeil (LA VIGNE, V.N., p.1495, 192).

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Visible à l'oeil : Ores avez vous veu moult de divers et estranges examples, dont les derrains sont vraiz et visibles a l'ueil. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 69).

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Voir aux yeux / à / de ses yeux : Tu le puez veoir a tes yeulx (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 19). Et ce ay je veü de mes yeulx (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 60). Et se ne vous voy de mes yeulx, Pour tant ne vous vueil je changier (CH. D'ORLÉANS, Chans. C., c.1415-1440, 230). Ce que vous avés aux yeulx veu, Vous n'avéz honnoré ne creu (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 43). C'est la plus belle, par ma foy, Que je vy oncques de mes yeulx (Narcissus, p.1426, 307). Quant de mes yeulx le voy, je suis heureux Et plantureux de tous biens savoureux (LA VIGNE, S.M., 1496, 141).

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Voir à / de / devant ses yeux. "Voir de ses propres yeux" : A nous yeulx nous l'avons veü, Pour ce voulons qu'il soit sceü Partout qu'il est resuciter (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 265). Monseigneur l'official, voyant a ses yeulx que tel estoit nostre curé qu'on luy baptisoit, luy fist les defenses, sur les peines du canon, que plus ne se desguisast en telle maniere qu'il avoit fait (C.N.N., c.1456-1467, 530). YSAMBERT. Nous avons veu le roy des cieulx, Lequel est né nouvellement. GARNIER. Vous l'avez veu ? PELÏON. Devant nos yeulx, Croire le pouez hardiement. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 268). J'ay veu de mes yeux à Padue ung puis, lequel puis le vulgal tient que icelui de Ebano fist transporter de lieu en autre et est à present en place publique et est fait en maniere d'une cuve à baigner. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 132 r°). Et si est si amy de Dieu Qu'il faict par luy de beaux sinacles Devant le peuple et miracles, Sourdz ouyr et muetz parler Et mortelz gens ressusciter Cecy ay je veu de mes yeux (Myst. st Martin K., a.1500, 293).

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Voir à l'oeil que. "Constater clairement que" : Nous voyons a l'oeil que noz dames ne tiennent compte de nous (C.N.N., c.1456-1467, 363).

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Voir qqc. de vif oeil. "Constater qqc. clairement" : ...sans qu'onques une seule fois l'avoit pu voir de vif oeil (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 31). ...si l'autre l'eust veu comme nous de vif oeil (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 113).

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Se percevoir à l'oeil. "Constater clairement" : ...s'il n'eust eu les yeulx bandez et couvers, il povoit veoir apertement ce dont ung aultre a qui rien ne touchoit se perceut a l'oeil. (C.N.N., c.1456-1467, 253).

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[D'une chose] Se montrer à l'oeil. "Être visible, constatable" : ...parce qu'il l'ignore et aussi la bonté de l'arbre et les branches où il est cuilly et les profondes raisons de la fertillité dudict arbre et les grandes experiences, qui de jour en jour se pevent monstrer à l'ueil, et ainsi l'a volue faulsement, soubz une couverture de bigotterie, la nommer et appeller art divinatoire (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 5 r°).

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Passer devant les yeux. "Passer sous les yeux, en sorte que qqn a l'occasion de voir, de constater" : Toutes lesquelles choses sont trop puerilles à debatre, car s'il vouloient bien considerer et veoir ce que souvant leur passe devant les yeulx, ilz trouveroient que en la translacion de la saint Escripture y a plusieurs noms bien estranges qui sont demourez, puis en ebrieu, puis en grecq (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 7 r°).

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Prov. : De ce qu'oeil ne voit, cuer ne deult. (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 15). Car che que eix ne voit, coers ne doelt né ne scent. (Baud. Sebourc B., t.2, c.1350, 349). Ce que oeil ne voit, cuer ne doult. (THOM. SALUCES, Chev. errant W., 1394, 116). ...Qu'a l'oel ne voit, a cuer ne duelt (Pastor. B., c.1422-1425, 106). ...celui qui est loing de l'ueil Est loing du cuer (...). Et on dit, nottez bien ce point, Qu'a l'ueil ne voit au cuer ne doelt. (TAILLEV., Deb. cuer ueil D., c.1444, 222). ...et si dist on souvent que qui eslongue de lueil [l. l'ueil] il eslongue du cuer. (Gil. Tras. W., c.1450, 97). Qui de l'oeil eslonge, du cuer se recule. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 200). ...car l'en dist en ung proverbe : quy eslonge de l'ueil aussy fait il du cuer (Jehan d'Avennes F., c.1465-1468, 152).

Rem. DI STEF., 603.

3.

[De la vision à la compréhension, à l'interprétation]

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À mes yeux. "Selon moi, à mon avis" : SAINCT MARTIN. (...) Estre je vieulx Religïeux, Soit jeune ou vieulx, Laissant le monde Qui, a mes yeulx, N'est pas joyeux, Ains est ireux Et tout immunde. (LA VIGNE, S.M., 1496, 365).

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Avoir les yeux ouverts. "Avoir une parfaite connaissance des réalités spirituelles" : SERPENS. [à Adam et Ève] Il [Dieu] sçay bien, ce vous en guouttés, Les yeulx overz tantost avréz Et comme il est vous deux serés, Bien et mal saréz comme il fait (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 16). [Réf. à Gen. 3, 5]

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Voir qqc. à l'oeil. "Avoir une claire compréhension de qqc." : ...ne autrement en quelque maniere ne vous vueil je point essaier, car a moy souffist bien l'espreuve ja faicte par la bonne renommee de vos predecesseurs et de vous, avecques ce que j'en sens, et voy a l'ueil et congnoiz de vraye experience. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 73). Vous plus louer n'est neccessaire : A l'oeil se voit, sy m'en vueil taire. (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 242). Semblablement telz doubtes à ceulx qui les font par ce que à l'oeil ne voient les puet mettre en l'avuglement d'erreur par trop investiguer et vouloir enquerre (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 42). Le bon compaignon, jasoit ce qu'il fust fort courroucé et malmeu par avant, toutesfoiz, pour ce qu'il voit son tort a l'oeil et le rebours de sa pensée, refraint son ire (C.N.N., c.1456-1467, 29). "...affin que vous voiez a l'oeil que je suis celuy qui veil emploier et corps et biens en vostre service, vous verrez comment je me conduiray en ceste besoigne..." (C.N.N., c.1456-1467, 294).

4.

P. métaph. [P. oppos. à oeil corporel]

-

Oeil espirituel : Et est encores tres plus grant miracle quant je en puis mesmes riens apparcevoir, nez mesmes en umbraige et en miroir, mais c'est par sa vertus et par sa lumiere qui raye et resplandit aucunement sur mes yeulz espirituelz, et sur toy, mon Ame, qui es le miroir et l'image pour congnoistre la Divinité. (GERS., Trin., 1402, 158). Car quant on s'efforce d'y entendre et que on tourne son oeil espirituel hors du miroir de l'ame, on ne voit riens, se non par especial miracle ou tres soudainement, comme est l'epartissement du tonnoirre. (GERS., Trin., 1402, 169).

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Oeil / yeux de l'ame / du coeur / de la pensée / de raison... : Quar les iex de nos cuers [le diable] nous cuevre d'une nue (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 9). Quant il sont bossu par orgueil Ou que du cuer ont crevé l'ueil... (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 14). ...Soient iex de cuer ou de cors (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 61). Ele a creü mauvés conseil, Qui du cuer li a crevé l'ueil. (Mir. N.D. Rosarius K., c.1330, 15). Ces .III. personnes de la Trinité sont .I. Dieu seulement En unite conjoinctement Sans quelque rien devisee ; Mes l'ueil de bon entendement Y doit faire distinguement Quant la personne est nommee. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 350). Il [le Saint-Esprit] esclarsist l'entendement Et l'ueil de l'ame vraiement (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 351). "O tres doulx et tres begnin Saint Esperit (...), le vray et seul ami qui ne failliez au besoing, maintenent devant les yeulx de vostre misericorde, devant le throne de vostre haulte majesté, je fais ma complainte et ma querelle..." (GERS., Pent., p.1389, 74). O tu, aveugle charnalité, se tu pouoyes ouvrir les yeulz de ta pensee, et regarder en la lumiere de vraye foy le bien, le louyer, le royaume et la gloire en laquelle sont entrés saint Pierre et saint Pol (GERS., P. Paul, a.1394, 491). Et se l'auctorité ne vous souffist, eslevez, je vous pry, les yeulz de vostre pensée et regardez en la lumiere de vraye foy la gloire des sains et sainctes desquelz nous feismes hyer solennité. (GERS., Déf., 1400, 219). Eslevons, nous, doncques maintenant les yeulz de noz ames, qui sont par dedans nous. Regardons en la clarté de vraye foy et creance les ames des trepassez qui sont en la prison de purgatoire, par especial celles de noz amis. (GERS., Déf., 1400, 226). Vray est que Raison n'estoit pas seule, ainsoys avoit pris avec elle Foy, la bonne crestienne, qui alumoit les yeulz de Raison et de l'Ame a mieulx congnoistre ce qui reluisoit ou miroir et en l'imaige de l'ame (GERS., Trin., 1402, 166). Ouvrez les yeulz maintenant de vostre cuer, et par le jour de vraye foy regardez cest enfant au jour d'uy nez : le veez vous ? Y pensez vous ? (GERS., Noël, p.1404, 295). Ainsy me sembloit parler Orgueil, quant je apparceu en tournant les yeulz de la pensee vers Male Voulenté que elle se muoyt en maintes guises (GERS., Noël, p.1404, 304). [Langage de l'amour] Et s'une foiz l'ueil de mon cuer s'avance Et ceulx du corps devers la belle envoye, Son doulx regart qui le mien reconvoye Me navre a mort et si m'offre alegence. (CHART., R. Bal., c.1410-1425, 384). [Langage de l'amour] ...a la belle Edee avés l'oeil de vostre cuer assis. (WAUQUELIN, Faits conq. Alexandre H., a.1440, 177). [CIX, 110]

Rem. Cf. Éd. de GERS., 118 : «C'est un écho de la distinction psychologique habituelle au moyen âge entre oculus carnis, oculus rationis et oculus contemplationis» qui se transmet depuis Boèce et dont Hugues de Saint-Victor est le principal représentant. Cf. aussi Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 64, v.147 (l'oeil du coeur) ; réf. biblique, cf. p. ex. Eph. 1, 18.

C. -

P. anal.

1.

[Analogie de forme]

a)

"Objet en forme d'oeil"

-

"Ornement" : ...2 fermaulx d'or, l'un garny de perles, de grenaz, de saphirs et d'esmeraudes, l'autre à un oeil semé de perles, de rubis et d'esmeraudes (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1353, 306). À Gabilleau, orfèvre, deux florins huit gros, en ung ducat, pour enchasser l'ueil de perdrix du roy, que l'argentier achata (Comptes roi René A., t.1, 1478, 339).

-

"Anneau ou boucle"

Rem. Cf. Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 775 (doc. 1403, 1410, 1435, 1442, 1443)

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"Bourgeon" : Et le fust et toute l'escorce De saillir et de monter s'efforce, Car c'est l'ame vegetative Qui a l'arbre est delectative, Et par la vertu du souleil Et par l'umeur fait paroir oeil Et en l'arbrissel maint bouton (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 309).

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"Coeur (d'un chou)" : Et [quand les choux sont plantés] les convient oster les feuilles d'ambas et les replanter jusques a l'euil de enhault. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 122).

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Oeil du genou. "Rotule" : ...y est supposé ung os ront cartilagineux qui se appelle l'ueyl du genoil et selon aulcuns il se appelle la molle du genoil (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, IV, 4).

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[À propos de plumes d'oiseaux] "Ocelle" : Nous devons donc savoir que le paon est un tres bel oysel entre les autres et gracieux et net et aournez esmerveillablement de pluseurs belles plumes (...) ; et sy a la queue longue et toute plaine d'yeulx, en laquelle il se glorifie et se resjoist moult. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 752).

b)

"Ouverture ou trou en forme d'oeil" : Buvez : le hanap jusqu'a l'ueil (...) est plain. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 42).

Rem. Cf. Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 775 (doc. 1413 "trou par lequel on emmanche le marteau")

2.

L'oeil du monde. "Le Soleil" : Et pour ce saint Ambroise, en son Exameron, descript les vertus du soleil et dit ainsi le soleil "l'ueil du monde, la joye du jour, la beaulté du ciel..." (CORBECHON, Soleil Lune S., 1372, 345). Le Soloil, tiercement, est tres merveillable pour sa luminosité incomparable, car il tout seul, comme fontaine de lumiere, enlumine le monde, le ciel et la Terre aussy bien dessus lui comme dessoubz. Et pour ce est il d'aucuns appellé l'ueil du monde. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 17).

3.

Oeil luisant. "[Plante] Lycium" : Licium (...). L'en l'appellle autrement oculus lucidus ou oeil luisant pour ce qu'il rent les yeulx clers et reluisans. (Grant herb. C., c.1450, 128). [R. Arveiller, R. Ling. rom. 59, 1995, 305]