C.N.R.S.
 
Article complet 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     NEZ     
FEW VII 30a nasus
NEZ, subst. masc.
[T-L : nase ; GD : nase/nez ; GDC : nes ; DÉCT : nés ; FEW VII, 30a : nasus ; TLF : XII, 128b : nez]

A. -

"Partie saillante du visage, nez" : Net, odorant, Lonc et traitif, de taille bien sëant Avoit le nés au viaire afferant ; Car il n'estoit trop petit, ne trop grant. Mais sa bouchette, Petite a droit, vermillette, grossette, Toudis riant, savoreuse, doucette, Me fait languir, quant mes cuers la regrette. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 70). Ceulx qui ont naturelment les narines ou le nez moiste, et la semence, sont tantost enfermes (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 89). Ou crues de son nés [de Polyphème] se j'estoie Tous armés, bien y muceroie. (MACH., Voir, 1364, 620). "...Alons en droit à Candelour, Pour conquerre pris et honnour ; Alons, car je tien fermement Que nous l'arons legierement." Sans plus plaidier ont retournés Et leurs visages et leurs nés. Tant nagierent et tant feïrent Que près de Candelor venirent. (MACH., P. Alex., p.1369, 121). Et, par aventure, ce que dit est sera fait plus manifeste en ceste maniere : quar se camuseté est courveté en neis ou en char, et char est la matiere de camuseté, se de toutes les chars qui sont et qui pueent estre, estoit faite une char et elle fust une chose camuse, nulle autre chose camuse ne seroit ou pourroit estre. (ORESME, C.M., c.1377, 154). ...quant il auroit aucune chose, qu'il le lui portast, et leur faist un signe du doy contre son nez, en passant par devant eulx, sans parler à lui ne dire mot aucun. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 158). Pierre Le Tessier est hault homme, et aagié de environ LX ans, et a le visaige barbu roux, grant nés et cras visaige (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 463). Frommont (...) fu assez beaulx. Mais il ot sur le nez une petite tache velue, comme la pel d'une taulpe ou d'un fouant. (ARRAS, c.1392-1393, 80). ...a ce que il fist son sault, li piés li gliça et chei si roit sus le sabelon que li sans li vola hors dou nefs a grant randon. (FROISS., Chron. D., p.1400, 677). ...li rois (...) fu navrés (...) ou chief, de deus saietes : (...) on l'en fist l'une des saiettes issir hors par le nefs, et li aultre li demora tant que il vesqi. (FROISS., Chron. D., p.1400, 779). ...le nez large par les narrines et moult plat (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 150). Ainsi m'aist Dieu, que des oreilles, Du nez, de la bouche et des yeulx, Oncq enfant ne resemblast mieulx A pere ! (Path. D., c.1456-1469, 60). ...ilz ont sur le nez Ung aulne de rouge esquarlate. (Rapp., c.1480, 62). PROSERPINE. (...) Se Martin n'ay, je veulx estre pendue Ou qu'on me coppe le nez et les oreilles ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 477).

 

-

Nez begu. V. begu

 

-

Nez roupieux. V. roupieux

 

-

Nez renversé. "Nez retroussé" : ...lequel [sergent] avoit la chere de traistre et la couleur d'un pendu et si avoit le menton crenu à merveilles et le nez renversé et tort (Doolin de Mayence V, P2., a.1500, 223).

 

.

[Dans une formule de serment, d'affirmation forte] : JACOB. (...) Batons ce truant qui cy tremble Tant que de cops soit il cassé. JARÉS. Se j'ay pour ce neix renversé, Tost lui auray presté ma paume ! BALAAC. Et la mienne, que je lui aume ! (Myst. Pass. Amb. R., c.1474-1500, 51).

 

-

Clore le nez. "Se boucher le nez" : Lors Vienne ovrit son soym, dont il yssist une si grant pueur, qu'il sembloit que il y eust ung chien pourry, dont l'evesque et le frere commensarent a closre les nez et torner le visage aultre part. (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 291).

 

-

Tirer le nez et les oreilles à qqn

 

.

[Dans une menace] : Haa ! guarceon, par Dieu, il me sanble Qu'an ta vye ne feras bien Ne jamais tu ne vaudras riem, Toujours ne foix que ranponner. Je vous en tireré le néz Et les oreille tout amsanble, Sainglant guarceon, ce te puis prandre. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 208).

 

-

Au plur. "Narines" : Mort enragée et plaine d'yre, Mort furieuse, mort despite, Mort tempestative et subite, Reçoy les poisons poecené(e)s Yssue(e)s de la gueulle et des né(e)s Du chien infernal Cerberus. (Cene dieux, c.1492, 128).

 

Rem. Gueulle étant au sing., le plur. n'est pas dû au fait que Cerbère est un monstre à trois têtes.

B. -

Loc. fig.

 

-

Devant le nez de qqn. "À la face de qqn" : Et souffrent le divin opprobre multiplier et croistre ; la foy chrestienne succomber et cheoir devant leur nez, en pollution infidèle (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 477).

 

.

Mettre qqc. au nez de qqn. "Mettre qqc. à la face de qqn"

 

Rem. LA TOUR LANDRY, XXIII (Di Stef., 580a).

 

-

Par prise de nez. "En avouant publiquement sa culpabilité" : ...ce l'acteur vient a entente par la depposicion des tesmoings par lui produis, il [l'acteur] peult requerre desdit et despens, c'est assavoir que le deffenseur soit par justice contraint a soy desdire en plain jugement a oye de parroisse par prinse de nez et en plein marchié (Instruct. ensaign. B.G., c.1386-1390, 43).

 

Rem. Expr. adaptée de celle que l'on trouve dans la Coutume de Normandie : Nasum suum digitis per summitatem tenendo et qui s'applique, comme c'est le cas ici, aux diffamateurs (cf. DU CANGE 6, 1938, 571b). Les expr. se prendre par le nez, se prendre au nez : "se reconnaître coupable" apparaissent dans le FEW (v. nasus), mais aucun ex. antérieur au XVIe s. n'y est cité.

 

-

Mener/promener qqn par le nez

 

Rem. Di Stef., 579b.

 

-

Pendre au nez de qqn

 

Rem. Baud. Sebourc B., c.1350, XXI, 187 ; CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.1, c.1380-1385, 10667 ; CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 101 ; t.5, 47...

 

-

S'en prendre au nez. "S'en prendre à soi-même" : ...mais s'en prennent au propre nez : le meschief vient de eux (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 169).

 

.

Se prendre par propre nez

 

Rem. CHASTELL., ROBERTET, MONTFERRANT, Douze dames rhétor. C., 1462-1463, 6/5.

 

-

Tirer les vers du nez

 

Rem. Pouvre peuple H., c.1450-1492, 170.

 

-

N'y voir que du nez. "N'y rien voir du tout" : On en tient l'ordre bien aisie Et au monde bien fortunez Ceulx qui n'y voyent que du nez. (CHAST., Temps rec. D., 1451, 75).

 

-

[D'une chose] Puir au nez de qqn. "Déplaire souverainement à qqn" : J'ai entendu que madame la prevoste est une tresmalvaise bourgongnongne, samblablement la Cosinette, et leur put le nom de Bourguignon au nez et n'en peuent sonner mot ne veoir homme de la nation. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 240).

C. -

P. anal. "Le bout de qqc. (p. ex. d'une pièce d'artillerie)" : Le roy avoit bonne artillerie sur la muraille, à Paris, qui tira plusieurs coups jusques en nostre ost ; qui est grant chose ["ce qui est une grande portée" (éd.)], car il y a deux lieues, mais je croy bien que on avoit levé aux bastons le nez bien hault (COMM., I, 1489-1491, 72).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

Fermer la fenêtre