C.N.R.S.
 
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FEW VI-1 medianus
MOYEN, adj. et adv.
[T-L : moiien ; GD : moien1 ; FEW VI-1, 578, 582, 585 : medianus ; TLF : XI, 1184b : moyen1]

A. -

"Qui se situe au milieu, avec plus ou moins de précision" : Le prince ot la voie senestre Et Lesparre prist celle à destre, Et Bremont avoit la moienne, Car par droit devoit estre sienne, Pour ce que plus n'en y avoit. (MACH., P. Alex., p.1369, 163). Et chevaucièrent en trois batailles moult ordonneement : li mareschal et li Alemant avoient le première, li rois englès le moiienne, et li dus de Braibant la tierce. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 170). ...les seigneurs qui sont à Vernueil se trairoient à Vernon (...) et mesdis seigneurs de Berry et de Bourgoigne se trairoient à Mante et lors adviseroient place moyenne pour eulx assembler (BAYE, II, 1411-1417, 120).

 

-

Paroi moyenne. "Mur mitoyen" : ...et pour ce qu'ilz estoient sy court tenus et de sy pres gardés qu'ilz ne povoient de leurs amours parler ne leur voulentés dire, fors seulement par les crevaces de la paroy moyenne dessusdite, pour ce ordenerent il, pour convenir plus franchement ensamble, qu'ilz ystroient de leurs maisons a une certaine heure (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 415).

 

-

Empl. pléonastique. Centre moyen. "Centre" : ...lequel mouvement commence du centre moyen et s'estent jusques aux extremités et encores les passe. (Somme abr., c.1477-1481, 145). Centre c'est le point moyen egalement distant de toutes pars de la circonference. (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 104).

 

-

GÉOM. Point moyen. "Point du milieu" : Le centre du cercle est le moyen point du cercle, selon lequel le cercle se forme en reondeur, et aussi la droite moyenne d'une chascune chose. (Somme abr., c.1477-1481, 145).

 

-

Au moyen point. "À mi-chemin" : Et toute voie, s'on emprent Aucun fait de quoy on mesprent, S'on s'en repent au moien point, Encor y vient il bien a point. (MACH., J. R. Nav., 1349, 267).

 

-

En partic. Le moyen doigt. "Le médius" : Le doit demonstrant signifie l'eure de tierce. Le doit moien, l'eure de midy (Expos. songes B., 1396, 101). Et lors ledit prince recevra (...) [le] mettera en possession de sa seignourie de marquis par ung tresriche ruby, qui porte signe de seignourie, qu'il mettera ou moyen doit. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 232). Et au departir qu'ilz firent, Madame ala a son coffret et print un tresbel et gros ruby ballais lyé en or que en son moien doy lui mist (LA SALE, J.S., 1456, 256).

B. -

"Qui tient le milieu entre deux extrêmes, qui est intermédiaire"

 

1.

"De taille intermédiare, courante"

 

-

[D'une pers.] : L'Espaignol estoit moyen homme, de forte et grosse taille (...) ; et le seigneur de Charny [son adversaire] estoit grant et puissant chevalier, et l'un des renommez de son temps, et tenoit sa hache près de luy (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 301).

 

-

[D'un objet de la vie quotidienne] : ...il print et apporta hors d'icellui un moyen bacin à laver mains et unes chausses vermeilles, qu'il trouva sur le banc au-devant du feu (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 92). ...au temps de la perdicion dudit gobelet d'argent, fu lors perdue et adirée une houppelande moyenne à usaige d'omme, qui estoit de drap vert d'Engleterre (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 363). ...elle monta jusques a la cheminée, a l'entour de laquelle elle lya tres bien une moyenne corde (C.N.N., c.1456-1467, 275). Et, après sadicte oroison ainsi faicte et qu'il se fut levé debout, vint à lui Petit Jehan, filz de Henry Cousin, maistre de la haulte justice, qui lui apporta une moienne corde dont il lya les deux mains dudit de Saint-Pol, ce qu'il souffry bien benignement. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 360).

 

2.

"Intermédiaire"

 

-

[D'une chose concrète ou abstr.] : Et pour ce appert plus telle chose au matin ou au vespre quant nous regardons le soleil par plus de vapeurs moiennes. (ORESME, C.M., c.1377, 450). ...comme dit saint Denis de France que les choses basses se ramenent aux haultes par les moyennes. (GERS., P. Paul, a.1394, 497). Et dit qu'est vayne : vayne est membre consemblable, simple, spermatique, moyenne entre duresse et mollesse, nerveuse, concavee, naissant du foye et portant le sang nutritif de celluy membre à autre, de complexion froide et moiste en substance, chaulde et moistre au regart de ce qu'elle contient. (LE LIÈVRE, Traité saignée W., a.1418, 18). "...vous cognoissez ma simplesse, jeunesse et innocence, qui est pour vous, ce me semble, non pas moien delict, mais tres grand..." (C.N.N., c.1456-1467, 565). Item par les gerarchies, c'est a dire ordre des esperis angeliques. Par la souveraine est representé Dieu le Pere. Par la moyenne ordre est representé le Filz, par la plus basse le Saint Esperit. (Somme abr., c.1477-1481, 125). On aura pour neant esperance Aux haultes montaignes fecondes N'aux vallées basses et perfondes, En lieux moiens n'ysles marins, En plains champs, bors, tiges [et] puis, En carrieres në en marestz. (Cene dieux, c.1492, 132).

 

-

P. ext. "De qualité ordinaire" : Pour une piece et ung quartier d'aulne de satin noir plus que moyen dont on a garny pour mondit seigneur bacinez, pieces de lames et harnoiz de jambes (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 83).

 

-

"Impartial" : Et ce qui est moien est equal et est ce que nous dison estre juste. (ORESME, E.A., c.1370, 289).

 

3.

P. anal.

 

a)

[D'une couleur] "Terne" : Quant a bien beu [le colérique] veult tancer, noiser, batre et voulentiers ayme estre vestu de moyenne couleur comme de draps gris.l (Comp. kal. bergiers C., 1493, 73).

 

b)

[Dans le temps]

 

-

[D'une pers.] "Qui se trouve à un stade intermédiaire, entre jeunesse et vieillesse" : Lequel vault mieulx a jeune chevalier Et a homme qui par le monde va, Belle dame, s'il se veult marier, Qui jeune soit, ou moyenne qui a L'aage passé ? (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 375).

 

-

Moyen age. "Période de la vie située entre la jeunesse et la vieillesse" : Et quant tele suite Yert par toy faicte bel et bien, Lors en ton pais t'en revien : En l'aage moien te marie. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 142). De moien eage la prandras, Et tu seras d'eage moien : Lors sera plus doulz le lien Entre vous deux de mariage, Et pourrez terre et heritaige Acquester, et vir voz enfans En bon estat encores grans (DESCH., M.M., c.1385-1403, 143). Pour quoy, comme j'ay dict, quant on vient à telz marchéz que de traicter paix, il se doibt faire par les plus feables serviteurs que les princes ont et gens d'aage moyen, affin que leur foiblesse ne les conduysist à faire quelque marché deshonneste (COMM., I, 1489-1491, 66). Et pour faire cesser tous labouraiges, Des laboureurs les enfans feray paiges, Et les autres qui sont de moyen aage Feray larrons et mectray au fourrage. Et les veilhars qui ne peuent gaingner Rançonneray jusqu'au derrain denier. (NESSON, Lay guerre P.D., c.1424-1429, 56).

 

-

[À propos d'un végétal] Moyen temps : Se montent ses branches au vent Pour entrer en secont jouvent Qui est moiens temps appellez. (MACH., J. R. Nav., 1349, 221).

 

-

Au moyen d'une période. "Vers le milieu d'une période" : ...aucunefoiz il [l'enfantement] vient en la fin [du mois] aucunefoiz ou moien et aucunefoiz ou commencement du moiz IXe (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 305).

 

4.

Au fig.

 

a)

[D'un état social] "Intermédiaire, éloigné des extrêmes" : ...L'autrier avec eulx en riviere Me menerent li compaignon. N'i avoit prince ne baron, De moyen estat tuit estoient Et les oyseaux forment amoient. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 446). En ces jours que je di, avoit en la ville de Gand deus vaillans hommes (...) de linage moiien, non des plus grans ne des plus petis de la dite ville, auxquels par especial il desplaisoit trop grandement le different que il veoient. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 285). Item, dist que, lui et nommé Perrin Le Plastrier, gros homme brun et de moyen de estat, IIIJ ans a et demi ou environ, s'acompaignerent ensamble en icelle ville de Troyes (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 140). ...un compaignon nommé Perrin, qui est un homme de moïen estat, à un visaige rondelet et un peu rousset, et lequel se disoit estre sergent du Chastellet de Paris (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 386). Et s'aucun est d'estat moyen, Vaillant bourgois ou citoyen, Bon preudoms et d'onneste vie, Lui peut Fortune, par envie,Tolir ses biens, si fait, sanz faute (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 91).

 

-

De tous les estas le moyen est le meilleur : ...se vous n'avez oy messe, lors a genoulz vous mectez et sans nulle part regarder, fors adviser que ne soiés devant quelque seigneur ou dame, chevalier ou escuier, que par honneur voist devant vous, et aussi ne vous mectez pas ou nombre des varlez, car de tous estas le moien est le meilleur, ainsin que dit le Philosophe en ses Ethiques ou il dit : Virtus consistit in medio. (LA SALE, J.S., 1456, 45).

 

-

[D'un train de vie] : Si fu regardé que le roy d'Ermenie, pour tenir ung estat moyen, seroit assené de une rente et revenue par an sus la chambre des comptes (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 224).

 

-

[D'une pers. au point de vue social] "De condition intermédiaire" : ...la plaisance est trop greigneur Aux gens moiens que au grant seigneur Quant est ou fait de levrerie. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 400). De quelconque estat qu'il estrive, Du plus petit jusqu'au plus grant, Li loist et en doit estre engran t: Soit riche, moien, povre ou nu, Est de droit et raison tenu A vivre selon ces deux poins Nettement, que hors près ne loings Ne face a nulle creature Dommaige, deshonneur, injure (DESCH., M.M., c.1385-1403, 138). Et pour ce dit Aristote que la cité par raison est meilleur et plus seure, ou il a plus de moyenne gent qui ne sont ne trop riche ne trop povre. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 91). La est l'ediffice commun Pour gens moyens et pour commun. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 123). ...se foison moyenes gens y a, il n'y a mie tant d'envies et de despit entre les deux extremitez. (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 30). ...elle ordonna et partit en trois monasteres et mist dedens trois compagnies de vierges qu'elle avoit assemblé par diverses provinces tant nobles comme moyennes et de bas lignaige (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 267). Entendez ici Messeigneurs, Tant grands que moyens et mineurs, Qui avez fait votre devoir (Myst. ste Barbe P., 1493, 14).

 

b)

[D'un point de vue moral ou religieux]

 

-

[D'une pers.]

 

.

"Modéré" : Et aussi celui qui est moien et vertueus, nous li donnons aucune fois le nom d'un des vices et l'apellons phylotime ["ambitieux"]. (ORESME, E.A., c.1370, 166).

 

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[D'un point de vue religieux] "Qui se trouve dans une situation intermédiare (face à la vie éternelle)" : Ceulz yci, ou iront eulz incontinent aprés la mort se non a la dampnacion pardurable de la fosse d'enfer ? Les autres sont comme moyens entre deux estaz car finablement ilz meurent en grace, mais ilz ne sont pas tous puniz et purgiez de leurs meffaiz (GERS., Déf., 1400, 224).

 

-

[D'une chose]

 

.

"Qui relève du juste milieu" : ...mais elle [la vertu] n'est pas moienne entre bien et mal, mais est simplement contraire a mal. (ORESME, E.A.C., c.1370, 163).

 

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Voie moyenne : Aprés ceste entree s'aida le malin esperit de ce decepveur d'une seconde cautele, et s'apensa que extremité n'aquiert riens sans debat et que la voie moienne a ses adresses a tous chemins. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 120).

 

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Tenir la voie moyenne. "Éviter les extrêmes, choisir une solution intermédiaire" : PILATE. ...Mais, vecy pour faire aultrement, Ung bon moyen que j'ay trouvé Ou il n'aura homme grevé Et si tendron la voye moyenne. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 354).

 

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Prov. Bon fait aller moyenne voie : Bon fait aler moyenne voye (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 192).

 

c)

DR. Juridiction/justice moyenne. "Juridiction à laquelle sont réservées les causes intermédiaires entre les causes les plus graves (relevant de la haute justice) et les causes mineures (relevant de la basse justice)" : ...deux cenz livres de rente, les quelles le dit conte avoit vendues au dit cardinal, assises, selon la coustume du païs, en la chastelerie de Syvray, avec toute justice, haute, moienne et basse en fiez et arrerefiez, et à touz autres droiz, quiex qu'il feussent, excepté tant seulement ressort et souveraineté (Doc. Poitou G., t.2, 1335, 125). ...et entre les autres drois ont jurisdiction haulte, moienne et basse sur leurs bourgois et subgiés (FAUQ., II, 1421-1430, 297). ...Philippe d'Alençon, lors archevesque de Rouen, a voulu dire la haulte, moyenne et basse justice temporel dudit hostel archiepiscopal a lui appartenir (Rouen temps Jeanne d'Arc L., 1425, 76). ...l'evesque de Paris dit que le cloistre Saint-Honnouré à Paris est en sa justice haulte, basse et moienne (FAUQ., III, 1431-1435, 138). Comment le roy fist planter justices et supplices dedens Romme, auquel lieu fist pendre, decapiter et noyer plusieurs malfaicteurs pour demonstrer qu'il avoit a Romme, comme en Paris, haulte justice, moyenne et basse. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 234).

C. -

ASTR. "Qui est le résultat d'une équation"

 

-

Moyen mouvement. "Durée moyenne de la révolution d'une planète sans tenir compte des inégalités de vitesse" : Saturne descript le zodiac par son moyen mouvement en .XXIX. ans et demy, ung petit moins. (...) La Lune descript le zodiac par son moyen mouvement en .XXVII. jours et ung tiers de jour. (FUSORIS, Traité cosmogr. G., 1432, 32). Pitagoras le Second, culteur d'un vray Dieu, lequel fut moult expert en la science des estoilles et composa sur icelle plusieurs tables et instrumens, tant du moïen mouvement de la Lune que des autres planetes (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 45 v°).

 

-

Conjonction moyenne. "Conjonction entre les planètes Saturne et Jupiter affectée, tous les 240 ans, d'un changement de triplicité (?)" : Aucuns dient que ce fut l'ultime conjunction et que avant icelle en fut une moïenne, c'est assavoir avant Jhesu Crist, par cinquante ans et trois cens XX jours, c'est assavoir le XIIIIe jour de fevrier, ou IIIe degré et XI minutes du signe de Aries et en icelle triplicité fut la conjunction moïenne, qui fut dicte tierce, c'est assavoir l'an Jhesu Crist LIII, le 12e septembre. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 77 r°).

 

Rem. FEW VI-1, 582b : «mouvement moyen d'un astre "mouvement que l'on considère indépendamment des inégalités qui le rendent plus ou moins prompt" (Ozan 1691 - Ac 1935)» ; pour conjonction moyenne, cf. J.-P. Boudet, Le Rec. des plus célèbres astrologues de Simon de Phares (Thèse), t. 2, 1990, 444, note 42b et t. 3, 1990, 650-651, s.v. conjonction.
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

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