A. -

Au propre

1.

"Déplacement d'un corps ou d'une de ses parties dans l'espace" : ...Constance la ferme Qui si l'affermoit et afferme Que riens ne la branle n'esloche, Eins estoit com chastiaus sus roche, Fort et ferme et seürement, Sans variable mouvement. (MACH., J. R. Nav., 1349, 179). Ne plus qu'on porroit tarir Et tenir La mer sans nul mouvement Ne porroit on repentir N'alentir Mon cuer d'amer loyaument Li qui dessus tous m'agrée. (MACH., Ch. bal., 1377, 611). Tout ce puet apparoir par une consideracion devant mise, car se l'en ymaginoit que un point indivisible par son mouvement lessast ou descrisist une estrace apres soy, ce seroit une ligne et est la premiere magnitude qui est divisible seullement selonc longitude. (ORESME, C.M., c.1377, 54). Aucuns mots sont desquelz ne la signification ne la maniere de signifier est convenable a Dieu comme courir, aler, ambuler, car mouvement signifie une diverse inclination du courage en demonstrant les diverses affections d'icellui. (Somme abr., c.1477-1481, 153).

-

Mouvement + adj. qualifiant la direction : Item ung aultre mouvement qui va du travers deça et dela. Le mouvement circuler, reond, compete aux corps celestiens, comme se moeut le firmament selon sa forme, non pas selon sa substance, come dist le Philosophe, c'est a dire qui se moeut en son lieu tout autour, non pas de lieu a aultre. Le mouvement droit est du hault en bas et du bas en hault, selon que les corps d'embas se meuvent selon leur legiereté ou gravité. Le mouvement oblique, tortu ou de travers est composé du reond ou du droit. (Somme abr., c.1477-1481, 145).

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Mouvement naturel : Le cours ou le mouvement naturel est selon lequel les choses tendent naturelement a leur propre lieu. (Somme abr., c.1477-1481, 143). Et ceste motion est moyenne entre le mouvement naturel et le violent, car en partie est naturel, par ce que la voulenté est conjoincte a son fait et operation comme cause a son effect, et aussi violent, par ce que les membres se meuvent contre leur mouvement naturel, pour quoy advient qu'ilz se lassent, car selon le mouvement naturel jamais ne se lassent. (Somme abr., c.1477-1481, 144).

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"Capacité, faculté de se mouvoir" : Ce dieu n'as pas fait honnourer, Eins as fait les tiens aourer Qui sont d'or, d'argent et de queuvré, De fer, de fust, de pierre, et d'ouevre Faite d'umainne creature. C'est ouevre qui trop petit dure, Qu'il n'oient, ne voient, n'entendent, Ne parole a homme ne rendent, Car vie n'ont, ne sentement, Ne membre qui ait mouvement. Si que tu es trop deceüs, Et en enfer dou ciel cheüs, Pour ce que le dieu de nature Qui crea toute creature N'as servi, chieri, ne amé Com ton vray dieu et reclamé. (MACH., C. ami, 1357, 31). Mais l'image ne puet riens faire, Car vie n'a ne sentement, Mouvement, scens n'entendement. (MACH., C. ami, 1357, 47).

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[Domaine méd.] : Es fievres, ceulx qui ont grant embrasement environ le ventre et mordicacion ou mouvement tremblant du cuer, tous ces signes sont mauvaiz. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 78). La vertu de celui qui est en tremeur qui doit gouverner le mouvement de ses membres ne puet ce faire pour cause de la maladie, et pour ce tremblent les membres et vont puis ça puis la. (ORESME, E.A.C., c.1370, 143). ...troys entencions sont de la distribucion des nerfz : une pour grace de sentement es organnes sensitifz, l'autre de mouvement es motifz, l'autre en tous les aultres a la congnoissance des choses qui (b)lessent. (PANIS, Guidon, 1478, tr.I, doct.1, chap.3).

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[À propos d'une troupe] : ...cil signeur (...) quant il seurent le mouvement des Escos (...) s'en vinrent à Evruic (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 19).

-

Faire mouvement. "Se mouvoir" : Et pour ce, vertu finie ne peust faire mouvement sanz resistence ne vertu infinie comment que soit, se l'une et l'autre ne meust par liberté et par franche volenté. (ORESME, C.M., c.1377, 300).

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À un mouvement. "Rapidement, brièvement" : ...quant à diligence ou monstrer renouvellement de commission, l'en doit à un movement, present partie et non pas absent, touz exploiz monstrer ; autrement il n'est pas oïz. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 189).

2.

En partic. ASTR. [et domaine de l'astr.] "Déplacement réel ou apparent d'un corps céleste"

-

[Mouvement des planètes et des astres] : Li mouvemens donques de ces 4 devant dis, de Saturne, Jupiter, Mars, Venus, sont ensi : li mouvemens du centre de l'epicicle vers orient u cercle ecentrique different sur le centre de le Terre ; de l'equant li mouvemens du cors dou planette en l'epicicle ; li mouvemens de le latitude hors de le voie dou Soleil ; le mouvement de la 8e espere ; le mouvement et le ravissement de tous les jours d'orient en occident, et le converse si enten ; et sont 5. (Compil. sc. étoiles C., a.1324, 83). Toute cose qui avient en che monde est faite par le forche du mouvement des planettes sur nous (Compil. sc. étoiles C., a.1324, 90). De la seconde maniere sont pour exemple les mouvemens des plannettes, si comme du solleil le mouvement est mixte du mouvement journal de tout le ciel et du mouvement propre de son espere, et ainsi des autres planettes. Et ne sont pas ces mouvemens mixtes seullement de .II. mais de plusseurs selonc plus et selonc moins (ORESME, C.M., c.1377, 62-64). Et les natures de chascune M'aprist et de souleil et lune Les mouvemens et les eclipses (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 80). Se Dieu qui est a toute heure propice Les mouvemens celestes ne destourne, Prenant en gré leur devot sacrifice Dedens brief temps a la mort les adjourne. (Cene dieux, c.1492, 140). Ce fut lui qui dist avoir esté fait pour contempler le Soleil, la Lune et le ciel et cestui escripvit des mouvemens celestes (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 47 v°). Cestui composa sur les mouvemens tables bien precises et fist plusieurs beaulx jugemens (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 126 r°). LE PERE. Semblablement j'ay plusieurs grans deesses (...) ; Des regions divines sont hostesses Et ont en main la lune et les comectes, Le regyme de toutes les planetes Et des estoilles les estincelles nectes, Les douze signes et les quatre elemens Qui causer font neges, gresles, tempestes, Pluyes et vens aux jours ouvriers et festes, Selon leurs cours et divers mouvemens. (LA VIGNE, S.M., 1496, 146).

.

[Les trois mouvements des planètes ; v. directif, retrograde, stationnaire] : Mars, appellé Dieu de bataille, Tint longuement sa mansion, Dedens le signe du Lyon, Lequel si a conformité Avecques lui en qualité, Et, rétrograde en mouvement, Si regarda directement Jupiter d'un mauvaiz regart, Communelment nommé le quart (LA HAYE, P. peste, 1426, 28). Savoir devez que les Planètes fors le Soleil ont troiz mouvemens, c'est assavoir rétrograde qui vault à dire retournant ; montant en hault que l'en appelle stationaire, et directif quant la Planète se meut dessuz son épicicle. (LA HAYE, P. peste, 1426, 224). Quel fruit ou utillité peut venir à l'omme de sçavoir seullement le cours du ciel et des corps celestes, quant ne à quelle heure et minute et par quelz signes ilz passent, s'ilz sont en leurs domicilles ou en etranges, s'ilz sont en leur exaltacion ou decheement, retrogrades ou stacionnaires, quel aspect ou application il y a entre elles et tous les autres mouvemens, sans autre chose en fere. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 4 v°). ...et estoit à presupposer la destruction de France, pour ce que Jupiter ne regardoit icelle conjunction, ainsi il ne povoit expelir la malice des conjoins, mais, par mouvement retrograde, laissoit sa maison de Pisces et s'en aloit fuyant en leur maison et premier en celle d'Aquaire qui est Saturne, qui signiffioit la fuite du roy de France pour le signe de Cancer. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 136 r°).

-

Mouvement journal. "Mouvement quotidien" : ...le propre mouvement du Soleil en son excentrique est regulier et le mouvement journal regulier, mais pour ce que le propre mouvement du Soleil est environ autre centre et maismement pour ce que il est sus autres poles que n'est le mouvement journal, il convient que le corps du Soleil soit meu irregulierement et une fois plus tost que autre (ORESME, C.M., c.1377, 412).

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[Trad. du lat. medius motus] Moyen mouvement. "Moyen mouvement : coordonnée angulaire d'une planète intervenant dans le calcul de la longitude ; Saturne, Jupiter, Mars : position sur l'écliptique de la parallèle menée depuis le centre du monde au rayon de l'équant qui porte le centre de l'épicycle ; angle traduisant cette position" : [Saturne, Jupiter, Mars] Et si ont 2 mouvemens, le moiien et le vray. Li moiens mouvemens est qui demoustre li termes de le lingne qui est hors issant du centre de l'equant par mi le centre de l'epicicle ens en l'equant ; et pour che li archons dou cercle equant qui est du commenchement du signe d'Aries au terme de le dite lingne est li moiens et li ingaus mouvemens du planette. (Compil. sc. étoiles C., a.1324, 81).

-

[Trad. du lat. verus motus] Vrai mouvement. "Mouvement vrai : coordonnée angulaire d'une planète intervenant dans le calcul de la longitude et traduisant la position sur l'écliptique du centre de l'épicycle" : [Soleil] Ichis vrais mouvemens est senefiiés par une linge qui est issans dou centre de le Terre et passe par my le centre du corps du Soleil et touque au firmament... (Compil. sc. étoiles C., a.1324, 74). [Lune] Li vrais mouvemens de le Lune est 1 archons du devant cercle qui vient au terme de le lingne du vray mouvement. Li lingne du vrai mouvement est qui ist du centre de le Terre et passe par le centre du corps de le Lune et atouque a che meisme orbe. (Compil. sc. étoiles C., a.1324, 76). [Saturne, Mars, Jupiter] ...le vray mouvement qu'il a li quel est senefiiés par 1 lingne qui est issans du centre de le Terre et va au firmament par mi le centre de l'epicicle. (Compil. sc. étoiles C., a.1324, 81).

Rem. V. aussi cours, équation.

-

[Trad. du lat.raptum quotidianum] Roit mouvement. "Mouvement quotidien : rotation diurne de la sphère céleste d'est en ouest" : [Saturne, Mars, Jupiter, Mercure] Et tout li cercle ecentrique de ces 4 planettes sont fixe et non mouvable, si ce n'est tant comme a le 8e espere et au raid mouvement qui est tous les jours d'orient en occident et au contraire entour le centre dou monde. (Compil. sc. étoiles C., a.1324, 81).

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Mouvement superieur. "Révolution des planètes situées au delà du Soleil" : Jehan Pappien fut en ce temps, lequel fist une autre verifficacion des mouvemens superiores et estoilles fixes en langage vulgal d'Espaigne et de Castille. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 124 v°).

-

P. méton. [Selon Aristote, une des facultés de l'âme, placée sous l'effet des adtres (localis motus)] : Saturne donne remembrance Et la lune par sa puissance Esmuet le local mouvement, Mercurïus secretement Gouverne comme semilleux, Et Mars le hardi batailleux A ire embrasee est tenus, Le desirier acroist Venus (LE FÈVRE, Vieille, trad. De vetula H., a.1376, 325).

3.

"Marche régulière et dirigée d'un mécanisme" : ...entre lesquelles estoit une orloge moult merveilleuse, allant sans contre poix, où estoient les mouvemens des signes et planetes et plusieurs notables estoilles fixes (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 105 r°). ...entre les autres, en fist une spere pour le roy René de Sicille et une autre pour le duc de Millan et finablement en fist une autre pour vous, Sire, qui vous costa XIIc escuz, laquelle contient plusieurs utilités et est fabriquée en telle maniere que tous les mouvemens des planetes en toutes heures et en tous temps, jour et nuyt, très certenement se y peust trouver (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 166 r°).

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Mouvement perpetuel : ...et fut lui, comme aucuns dient, qui premier trouva la maniere de fere une roe de perpetuel mouvement, sans toucher par la force de la perre d'ayement. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 36 r°).

-

En partic. HORLOG. "Mécanisme qui fait aller une horloge" : Et si la roe a 6 chevilles et tu veulx faire tourner la roe du mouvement a chacune heure ung tour et ung quart ou tour et demy pour cause que tu ne puez admoderer ton mouvement a chacune heure ung tour pour ce qu'il va tropt tost, tu doiz faire ung paignon en l'arbre de la roe du mouvement ou il ait 6 dens ou plus ou moins selon que tu verras estre a faire (Traité d'horlogerie Z., c.1380, 279).

.

Roue du mouvement. "Roue centrale qui, entraînée par un contrepoids, transmet le mouvement à l'ensemble du mécanisme" : Premerement il est a dire de la roe du mouvement qui fait tourner la roue du foliot et en laquelle est le contrepois ; et est dicte du mouvement pour ce qu'elle fait tourner toutes les aultres (Traité d'horlogerie Z., c.1380, 275-276). Et si la roe a 6 chevilles et tu veulx faire tourner la roe du mouvement a chacune heure ung tour et ung quart ou tour et demy pour cause que tu ne puez admoderer ton mouvement a chacune heure ung tour pour ce qu'il va tropt tost, tu doiz faire ung paignon en l'arbre de la roe du mouvement ou il ait 6 dens ou plus ou moins selon que tu verras estre a faire (Traité d'horlogerie Z., c.1380, 279).

Rem. Trad. du lat. rota momenti.

4.

Mouvement de terre. "Tremblement de terre" (synon. terremote) : ...quant il fut ung grant mouvement de terre tel que les rivieres couroient arriere de leurs cours acoustumez, citez trambloient (LA SALE, Sale D., 1451, 68). ...par ung mouvement et tremblement de la terre, qui fut tel, que on porroit bien dire et certiffier icelle cité estre toute destruitte (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 344). Cestui predist le grant mouvement de terre, qui fut en Cicille et les grans feux evomissans de Monthe Ethna. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 49 r°). Cestui predist, comme aucuns dient, la signifficacion des portens qui signiffierent les terribles domages à Hanibal et aussi l'orribleté des eaues et combustion du feu qui saillit de terre et le terrible mouvement de terre, par lequel corrua le grant Colosus de Romme. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 63 r°). Nicomedis, homme pacifique, bon geometrian et excellant astrologien, residant à Metz, predist la corruction des murs insuperables de ladite cité, jaçoit ce que aucuns dient qu'ilz corruerent par ung mouvement de terre. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 94 r°).

Rem. DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 280 ; MAMEROT, Romuleon D., 1466, gloss.

B. -

P. ext. [Idée de changement]

1.

[À propos de Dieu, en tournure nég.] "Modification, changement" : Dieu est aussi imparmutable. Car en lui ne chiet aucun mouvement substanciel, c'est a dire de non estre a estre comme generation, car pas n'a commencement ne onques n'eut, et n'est en lui mutation de estre a non estre comme corruption, car jamais n'aura fin. (Somme abr., c.1477-1481, 143).

2.

"Changement dans le temps, moment" : Et en ce propre mouvement [au même moment] se trouva le bon Constancien es champs si estourdy que... (WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, 269).

Rem. HENRI FERR., Modus et Ratio T., c.1354-1377, gloss. ; Erec C.T., c.1450-1500, gloss. (déz le premier mouvement de nostre enfance, p.205).

C. -

Au fig.

1.

"Agitation (de gens)"

a)

"Agitation de gens qui se battent, échauffourée" : ...et en ycelui conflit et mouvement, ycelui Nicolas Mosnier, ainsi yvre comme dit est et veant en son yvrais qu'ilz estoient deux contre lui, sur ce trait ou sacha son cousteau à trancher pain et en frappa le dit Pierre Micheau un seul cop par le costé, au dessus des flans (Doc. Poitou G., t.7, 1410, 190).

-

Mouvement de fait. "Acte de violence, recours aux armes" : Et que, ou cas que par celle manière ne pourroient estre appaisiez, ils ne facent pour ce aucuns mouvemens de fait l'un contre l'autre, que premièrement cellui qui les vouldra faire ne le signifie à l'autre. (Ch. VI, D., t.1, 1402, 224).

b)

"Émeute, soulèvement" : ...et cessent et soient sopies du tout tous mouvemens, desplésances, divisions, descors et dissencions qu'ilz ont et ont peu et povoient avoir l'un contre l'autre (Ch. VI, D., t.1, 1402, 222). Cestui, comme aucuns dient, prenostica la fureur des Juifz et leur incredible mouvement qui fut tant souldain qu'ilz gasterent maintes provinces, sans pardonner à viel ne à jeune, prebtres ou clercs, femmes ne enfans. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 76 r°).

2.

[Domaine psychologique] "Désir, passion" : Lors s'en parti ; je demouray Et moult doucement savouray En mon cuer ce que dit m'avoit ; Et si trés bon goust me savoit, Que je fui tous asseürez Des mouvemens qui figurez Estoient en mon cuer si fort Qu'en moy ne savoie confort. (MACH., R. Fort., c.1341, 117). ...et qui plus est, [par l'excellence] de ceste vertus et heritaige, Justice originele, l'omme eust toudis vray jugement sans errer, bonne voulenté sans pechier, la sensualité bien gouverne[e] sans mouvement ou passion detestable, en veoir, en oÿr, en gouster ou en toucher (GERS., Concept., 1401, 397). Pour ceste cause les passions et desordonnez mouvemens sont lais et coulpables es hommes, qui point ne le sont es bestes (GERS., Concept., 1401, 399). Et ie croy que ces meditacions ycy te seront moult fructueuses, et par ce tu te leueras en pensee a mediter les benefices de Dieu en toy, les bons desirs, les bons mouuemens, les secres conseilz quil te donne en tes affaires quant tu es en doubte et tu as recours a luy (CIB., p.1451, 187). Il y a difference entre ceulz qui sont impuissans par frigidité et les maleficiéz, car le froit ne puet congnoistre femme, ne aussi a mouvement en femme, ne voulenté de habiter, mais le maleficié puet aultre femme congnoistre que celle avec qui il est. (Sacr. mar., c.1477-1481, 78).

-

Mouvement de (d'un sentiment). "Réaction de" : LE TIERS CHEVALIER. Assez perçoy que consirer Il [le marquis] ne s'en puet [faire du mal à Griseldis], ce m'est a vis. Maintes foiz voy que viz a viz La regarde moult longuement, Maiz ja maiz un seul mouvement Ne un seul semblant de tristece Il n'y trouvast, maiz que lÿece Et vraye amour continüelle (Gris., 1395, 70).

.

Mouvement de l'ire : Et la cause pourquoy leur yre est tost passee est pour ce que ilz ne la celent pas ou retiennent en leur cuer, mais tantost ilz rendent et retribuent et quierent punicion selon ce et pour ce que ilz sont manifestes et ouvers pour la velocité et hastiveté du mouvement de leur yre, et aprés ilz se reposent et est leur yre passee. (ORESME, E.A., c.1370, 262).

3.

"Impulsion qui pousse à agir d'une certaine façon, motif, mobile" : La bele me purifia De tous vices ; et plus y ha, Que joie et vie me rendi. Mais son labeur pas ne vendi, Ains le fist par droite franchise, Com dame large et bien aprise, Qui m'aida si tresfranchement Que ce fu de son mouvement, Qu'onques a li pensé n'avoie Quant elle me mist en la voie. (MACH., Voir, 1364, 106). Pére, qui cause et mouvement Es que nous sommes crestiens Et tenons la loy que tu tiens, Moustre cy ta perfeccion. Sachiez c'est nostre entencion Qu'en quelque lieu que tu iras Nous deux a compagnons aras (Mir. st Val., c.1367, 165). Et le juge si confermera le mouvement de son cuer par les argumens et tesmoinages que il trouvera plus prochains et plus couvenables a la chose (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 399). ...un escuier de Biausse, gentil homme et de bonne vollenté (...) s'avança de son fait sans mouvement d'autrui et vint à la barrière (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 272). ...après ce qu'ilz orent ouyes les causes pour lesqueles icellui prisonnier avoit appellé et que par sa bouche il ot declairié son appellacion, icellui messire Almaurry dist que de ce il parleroit à messeigneurs aïans de present la garde du petit seel du roy, leur rapporteroit de bouche les causes et mouvemens pour lesquelx icellui prisonnier avoit appellé (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 416).

-

Mouvement de + inf. "Tendance à" : Des ce que l'enfant est né, il se delicte a gouster le lait de sa nourrisse et tous les jours communelment avons nous pluseurs temptacions et mouvemenz de nous delicter oultre raison. (ORESME, E.A.C., c.1370, 154).

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De propre/de son mouvement. "De sa propre initiative, spontanément" : C'est a entendre que il font de propre mouvement et de leur gré, non pas de volenté proprement dite, si comme il fu dit ou chapitre precedent. (ORESME, E.A.C., c.1370, 184). ...je y ay establyce treuaige de mon propre mouvement et auctorité (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 129). Non par priere ne requeste, Mais de mon propre mouvement... (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 407). Et à ces fins furent escriptes lettres expresses de par le roy et de son propre mouvement, adressans à la court de Parlement, contenant ce qui s'ensuyt : "Noz amés et feaulx, nous avons octroyé à nostre cher et amé cousin le conte de Dampmartin, grant maistre d'ostel de France, noz lettres patentes à vous adressans, touchant l'arrest donné contre luy..." (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 206).

Rem. Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 46/1356.

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De son principal mouvement. "Sans impulsion étrangère, spontanément" : Mais quant l'homme desobey A Dieu et qu'en pechié chey, Il ne vint mie proprement De son principal mouvement Mais par la conspiration Et la faulse temptation Du diable mis en pourtraiture D'un serpent (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 3).

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Mouvement de guerre/de paix. "Fait de susciter la guerre/la paix, motif de guerre/de paix" : ...bien savoit que, se li princes estoit appellés, ce seroit uns mouvemens de guerre. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 86). Et disoient les Luscebonnois qui furent principaument es mouvement de ceste guerre, que la couronne de Portingal ne povoit venir à femme. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 234). Nulle soupechon de li on n'avoit ; et ossi à nullui, dou commenchement, de paix ne de guerre il ne parloit, ne n'euist ossé parler, se li mouvement ne fuissent premièrement issu des dessus dis sire Rogier Evrewin et sire Jaque d'Ardembourc. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 286).