C.N.R.S.
 
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     MOUTIER1          MOUTIER2     
FEW VI-3 monasterium
MOUSTIER, subst. masc.
[T-L : mostier ; GD : moustier ; AND : muster1 ; DÉCT : mostier ; FEW VI-3, 72b : monasterium ; TLF : XI, 1173a : moutier]

A. -

"Couvent, monastère" : ...chastelés, petit moustiers et clochers (JEAN LE LONG, Voy. Odoric A.M., 1351, 59). Et l'endemain, les gens d'armes de Valenciènes et la communautés vinrent à Saint Amand, et parardirent le ville et toute l'abbeye et le grant moustier. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 69). ...à cause de la fondation de leur église et moustier, elles sont en saisine et ont droit d'avoir, prendre et recevoir chascun an au terme de Toussaint un muy de grain, moitié blé moitié seigle, sur notre Granche Bataillère lez Paris (Cartul. Laval B., t.2, 1385, 328). Et envoia li contes de Qent .I. varlet a cheval au village, pour savoir conment li moustiers, que il veoient, se nonmoit. Li varlés englois cevauça jusques a la, et raporta as signeurs que chils hauls moustiers estoit une abbeie que on nonme Saint Ainmon et [de] noirs monnes. (FROISS., Chron. D., p.1400, 77). Puis fust ensevely au moustier des dames de Sainte Croix, au costé de Madame sa mere, en l'an de Nostre Seigneur mil IIIcLXII, ou moiz de juing. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 186). ...ilz yront bouter le feu ou convent, et brulleront et moynes et moustier. (C.N.N., c.1456-1467, 225). [L'empereur :] (...) Et puis après feray confondre Tous leurs moustiers et leurs eglises (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 5). Aussi à ung quart de lieue est l'abbaye fondée dudit saint Maurice, par ung roy de Bourgongne, nommé Sigismond, motier de IX cens moynnes, comme j'ay oy de l'abbé du lieu (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 100 v°).

B. -

"Église d'un monastère, église paroissiale située auprès d'un couvent, église" : Poul vont a messe ne a moustier (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 59). Et maint en y ot vraiement Qui mouroient soudeinnement ; Car ceuls meismes qui les portoient Au moustier, pas ne revenoient - Souvent le vit on avenir -, Eins les couvenoit la morir. (MACH., J. R. Nav., 1349, 150). Ne lairay qu'au puy de la sale Ne voise mon corps traveillier, Et en vostre moustier veillier Com pelerin. (Mir. enf. ress., 1353, 23). ...adonqes le gette cele peresce par sort en une pesantie de dormir, si qe n'ad talent d'aler en nule bone part ; et, a la foize, tout soit le corps et le coer en volenté de movoir, si est le piee si estroudi et endormy, qe n'ad poair d'aler nule part. Et ces dormers ne [venont] my al piee quant jeo siu a moustrer ou nule part entour vostre service, tresdouz Sires, car bien envys me tendroit Peresce si longement en vostre service, einz me lesse bien aler. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 80). Mais trop richement me cheÿ, Que, quant on dist "Agnus Dei", Foi que je doi a saint Crapais, Doucement me donna la pais Entre deulz pilers du moustier (MACH., Voir, 1364, 266). Lors [Polyphème] maudissoit dieus et deesses, Auters, moustiers, prestres, prestresses, Et menassoit tous ceulz de Grece. (MACH., Voir, 1364, 626). Or sachiez, fille, qu'en maison Qu'aie jamais je n'enterray, Tant qu'au moustier esté aray Nostre dame de Fineterre, Pour li deprier et requerre Qu'elle soit a ta mére amie (Mir. femme, 1368, 206). Et commenchièrent à variier le pays et à costiier bos et bruières pour savoir se il veroient nullui, et vinrent en un village où les gens avoient fortefiiet le moustier. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 204). Et avoient fait retraire les femmes et les enffans de la ville ens es moustiers, et là se tenoient ; et cil seigneur et leurs gens se tenoient en leurs maisons. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 196). On bouta le feu en le ville en plus de deus cens lieus, par quoi toute li ville fu arse, moustiers et tout, ne riens n'i demora entir. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 142). De Saint Venant estoit cappitains (...) messires Guillaumes de Nielle, liquels avoit fortefiiet le moustier de la ville, pour retraire lui et ses compaignons, se il besongnoit. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 109). ...esdiz priorez n'a demore moisne ne convers ne nulle couvertures. Il y pluet par tout et sur le grant aultier. Le montier est descouvert et des rentes on fait un grant tresor (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 333). Chasse hors, au moins pour I peu de temps, toute autre cure et souci, autre pensee de tes besoingnez mondaines ; ne soit pas le corps au moustier et le cuer en la cuisine. (GERS., Pent., p.1389, 72). Laquelle qui parle salua iceulx espousez bien et doucement, ala après eulx à moustier, et les raconvoya jusques à l'hostel d'Alençon (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 340). ...icelle Bietrix, par la cognoissance que elle avoit à lui, li pria qu'il lui donnast garde de sondit hostel jusques ad ce que elle feust retournée du moustier, où elle vouloit aler pour ouyr messe (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 396). ...icelli juif, ledit Salmon, juif, requist instanment et humblement que l'en le volsist recevoir à soy chrestienner et baptisier (...) et, pour ce, furent mandez et faiz venir aucuns prestres et chappelains de l'eglise et monstier Saint-Jaques de la Boucherie (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 52). ...rompirent oudit monstier la lanterne à quoy l'en porte par nuyt Nostre-Seigneur, rompirent et ardirent aussi les cierges et tout le luminaire dudit monstier, rompirent les cordes des sains de ladite eglise (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 224). Disant à elle qui parle, par la maniere que dit est, que nul temps que elle yroit le dimenche au moustier, elle ne prenist ou jettast sur elle aucune eaue benoite (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 292). Lors entrerent ou moustier et commenca le service moult devotement, et fu l'offrande moult grande et moult riche. (ARRAS, c.1392-1393, 292). Que veult autre chose Plaisir mondain fors boire et mengier, flaver et jouer, suyr taverne et fuyr moustier, ouyr plus tost detraction ou vilains et ors parlemens que predicacion ? (GERS., Déf., 1400, 225). Abbayes belles et bonnes Y a, qui font le Dieu service, Chacune selon son office, Chappelles, temples et moustiers (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 124). Mais ilz sont de prestres qui ne font ores conscience de dire leurs messes Dieux scet comment et en quel estat, etc. ! (...) ilz s'en vont fuyant de moustier en moustier pour gaignier ung pau d'argent, qui est a leur dampnacion (LA SALE, Sale D., 1451, 63). Luy qui est si tresmescrëant ! Il est en luy [la leçon qu'il vient de recevoir] trop mieulx sëant Que ung crucifix en ung monstier. (Path. D., c.1456-1469, 118). Femme je suis povrecte et ancïenne, Qui riens ne sçay, oncques lettres ne leuz. Au moustier voy, dont suis parroissïenne, Paradiz paint, ou sont harpes et leuz, Et ung enffer, ou dampnez sont bouluz ; L'un me fait paour, l'autre joye et lïesse. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 80). Regarde m'en [des femmes de Paris] deux, troys assises Sur le bas du ply de leurs robes En ces moustiers, en ces eglises (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 121). Mehault, point n'y prens si près garde, Cuidés vous qu'entre nous conars Qui ne sommes point papelartz Ayons de confesser mestier Ne d'aler souvent au monstier ? (C. Riffl., c.1480-1520, 58). ...Le lendemain fist chanter son office Si solempnel de devot sacrifice Au grant moustier sur table et sur autel, Qu'omme n'en vit depuis cent ans ung tel. Ung tabernacle au grant cueur [de l'] eglise Fut exposé comme l'on scet la guise (LA VIGNE, V.N., p.1495, 192).

 

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[À propos d'une cathédrale] : Mais il fault que vous me portez Come evesque nouviau sacrez Jusqu'au moustier. (Mir. ev. arced., c.1341, 127).

 

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"Chapelle" : ...le basme (...) Qui chascun jour au moustier art De saint Perre [On trouve à l'incipit : Cy commence un miracle de Nostre Dame d'un pape qui, par sa convoitise, vendi le basme dont on servoit deux lampes en la chappelle de saint Pierre]. (Mir. pape, 1346, 355).

 

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"Temple" : En ceste maniere resplendissoit une divinité en la face de nostre Sauveur quant il enchaçoit les vendanz et les achetanz ou moustier (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 285).

 

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Moustier fort. "Église fortifiée" : Les habitans de ladicte ville de Pons (...) occupoient et détenoient l'église ou moustier fort de celle ville (Ch. VI, D., t.2, 1418, 82).

 

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Prov. Laisser le moustier où il est. "Maintenir le statu quo, passer à autre chose" : Laissons le moustier ou il est, Parlons de chose plus plaisante ; Ceste matiere a tous ne plest, Ennuieuse est et desplaisante. Povreté, chagrine, doulente, Tousjours, despiteuse et rebelle, Dit quelque parolle cuisante ; S'elle n'ose, si le pense elle. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 40). On dit bien qu'on y vieult aller, Et mectre le siege devant [Orléans] ; mais je n'en vouldroy[s] point parler A personne, ne tant ne quant. Car, pour quoy inconvenient Venir a aucuns en pourroit, Dont il ne seroit pas content. Lessons le moustier la ou il est. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 136).

REM. La limite entre A et B est évidemment très floue, étant donné que les monastères ont des églises.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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