C.N.R.S.
 
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     MOU     
FEW VI-3 mollis
MOU, adj. et subst. masc.
[T-L : mol ; GDC : mol1 ; AND : mol1 ; DÉCT : mol ; FEW VI-3, 49b : mollis ; TLF : XI, 1125a : mou]

I. -

Adj.

A. -

Au propre

 

1.

"D'une consistance qui n'est pas dure, qui s'enfonce au contact" : Mais c'est couverture et feintise, Car les piez a de terre glise Gliant et mole. (MACH., R. Fort., c.1341, 40). S'en diray un petit argu D'un po d'aucun bos bien agu Dedens mole terre fichiez : Il seroit plus tost arrachiez C'uns qui seroit a grant effort Fichiez en un lieu dur et fort. (MACH., D. Aler., a.1349, 300). ...la chaleur si endurcist aucunesfois les choses molles si comme il appert de un euf qui est cler et mol de sa nature (CORBECHON, Propriétés, 1372, IV, 1, 48 r°). ...toute chose pesante est molle ou dure, et ce que est mole cede en ses parties quant il est touchié (ORESME, C.M., c.1377, 594). Et, par consequent, point ne peut [toute chose] estre mol et donques il ne peust estre dur, car il est dont les parties ne cedent pas au touchement. Et, par consequent, point n'est pesant ne legier. (ORESME, C.M., c.1377, 594). ...ouvrer en membres mols et en membres durs (PANIS, Guidon, 1478, chap. sing.). Le cerveau doncques est mol en sa substance et moueleux (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, IV, 1).

 

-

Beurre mou. "Beurre frais" : J'ay plus chier lait cler et humage Que burre mol. (Mir. parr., 1356, 28).

 

-

Chair molle./Fesses molles : Car, se bonne disposicion de corps est avoir la char bien ferme et bien composee, par ce l'en scet que mauvaise disposicion est avoir la char molle et mal composee. (ORESME, E.A., c.1370, 276). Le flegmatique qui est au colerique contraire pour ce quil a les qualitez de leaue qui sont froideur et moiteur est communement graue et tardif et na pas bon sens ne agu, et est moult obliuieux, paresseux et sommilleux, de char mole et fluxible, de couleur fade et blanchastre (CIB., p.1451, 219). Femmes qui ont les fesses molles Recepte pour les faire dures. (Dorib., p.1480, 250). ...Affin qu'on ne voye que leurs fesses Soient trop fletryes ou trop molles (Sots Magn., a.1488, 196).

 

-

Teste molle. "Tête du cerf au printemps, pleine de sang et molle" : Encore puet il quester es fustoyes et clariaux et hauz boys, espiciaument quant il aura pleü la nuit et au matin et ou temps que les cerfs ont leurs testes molles qu'ilz demuerent voulentiers aux fustoyes et haut boys, quar le fort païs leur feroit par aventure mal a leurs testes qu'ilz ont tendres. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 165).

 

-

[D'un bois] "Tendre" : ...trois aisselles molles emploiez au portal tenant à la porte du gardin empres le servoir dudit hostel (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 596).

 

-

[D'un sol, d'une terre...] "Détrempé, humide" : Et, si son chien en encontre, il doit regarder s'il en pourra veoir par le pié, ou en sablon, ou en autre mol terrain pres de l'eaue (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 247). ...et cerchier par les forestz et par les buyssons sus les ruissialx, graves, marez, marcheis et autres lieux moulx s[i]... (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 280). ...car pour ce jour et pour ce que il faisoit grant relin, les terres estoient si molles que ceval ne s'en pooient ravoir. (FROISS., Chron. D., p.1400, 871). Et en ses hostelz, qui seront en mol païs ["bien arrosé" (ou "peu accidenté" ?)] ou aura grans prayeries et herbages, tendra foison bestes a corne (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 155). Et, pour eviter l'abbay du petit chien de l'hostel, il prinst la petite route ou sentier qui va parmy le bois à main dextre, et oncques ne voullut traverser le gueret ne païs mol, de paour que on ne trouvast nostre trace. (BUEIL, I, 1461-1466, 34). Et si estoit en fin cueur d'yver, et les pluyes les plus grandes qu'il est possible de dire, et le pays de soy tant fangeux et mol que à merveilles (COMM., I, 1489-1491, 114). ...et que les ymbres seroient cy très grandes et, par ce, les terres si très molles et embeues d'eaue, qu'il fauldroit XXX chevaulx à mener un muy de vin ou ung toneau (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 132 r°).

 

-

Prov. Le moisir font les poires molles. V. poire

 

2.

"Doux, moelleux" : Et s'arons blans draps et mol lit Sur toute rien. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 154). Cheulx qui sont vestus de habis molz et souefz quierent choses moles, les eslevéz ou orgueilleus choses presieuses, les delicieux choses belles (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 246). Et pour ç'au dieu qui moult scet et moult vaut, Pour mieus dormir, un chapiau de pavaut Et un mol lit de plume de gerfaut Promés et dong. (MACH., F. am., c.1361, 172). ...cil chevalier de France (...) avoient apris ces biaux hostels à trouver, ces salles parées et ces castiaux et ces bons mos lis pour reposer (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 215). Que vault homme qui muse et se pourmaine, Et veult avoir mol lit et pance plaine Et demourer en repos a couvert (CHART., B. Nobles, c.1424, 404). Mieulx amassent a gogo Gesir sur molz coissinés (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 387). Sur mol duvet assiz... (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 117). Quoy que le soir de hault jour on se couche Sur mol duvet, sur estrain ou sur couche Pour reposer la sensualité, Ne s'a l'envers soit la comme une souche, Le dormir est a l'engin trop farouche S'aulcunement est du soir alité, Et oultre plus se la charnalité De son sommeil ne se peult atourner, On ne se fait que virer ou tourner (LA VIGNE, Ress. chrest. B., 1494, 107).

 

-

Estre couché mou. "Être couché dans un lit moelleux" : ...car ainsi le m'avoit-il commandé et que fussent bien festiés, et si ont beu des vins blancs et rouges leurs plaines testes, et si ont estés couchés blanc et mol, et l'ostal estoit bel, net et paré (Comptes roi René A., t.3, 1473, 41).

B. -

P. anal. "Sans rudesse"

 

-

[Du vent] "Doux" : Ce vent a moult de proprietez qui sont a louer car il est mol et amoulist et sy est chault et moiste (CORBECHON, Propriétés, 1372, XI, 3, 185 r°).

 

-

[D'une maladie] "D'une intensité, d'une gravité moindres" : Sueur froide en maladie ague signifie la mort et en plus molle maladie prolongacion de maladie. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 75).

C. -

Au fig. [D'une pers. ou d'une chose]

 

1.

"Doux, favorable" : Car Fortune (...) Lui fu grant temps souëve et molle (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 185). Doulceur et humilité assouagist le prince et la langue mole (c'est a dire la doulce parole) flechist et brise sa durté, tout ainsi comme l'eaue par sa moisteur et froidure estaint la chaleur du feu. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 35). Et comme I est la plus petite vocale des aultres, pareillement Jhesus est le plus humble de cuer, le plus mol, doulz et piteux (GERS., Canticordum G., c.1425-1430, 125). ...homme a grant paine tire au chief de ses jours sans avoir sa vie traverssee de choses contraires ; si heureux n'est qui sa voulenté face ; il fault prendre le temps comme il vient, soit mol ou dur ; cuer d'homme ne se doit esbahir de rien (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 161).

 

-

"Complaisant" : Et leur sembla que ce que celui dieu n'avoit voulu estre mou d'ilec [estoit] senefiance de la fermeté et estableté de l'empire futur (BERS., I, 1, c.1354-1359, 55.4, 91). ...che ne faisoit mies à souffir, et (...) par estre trop mols, les francisses de Gaind se poroient perdre (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 170). Par son parler, par sa blandice, Le treuve si mol et si nice Qu'elle le rouille comme un oeuf (DESCH., M.M., c.1385-1403, 189). A aucuns il estoit trop mol, aux autres aigre et cruel comme a celuy lequel il livra a Sathanas, et comme au cousin de Barnabé, lequel il ne voult point recevoir avec soy. (GERS., P. Paul, a.1394, 506).

 

-

"Qui se laisse imprégner, influençable" : En l'enfant est eage molle et convenable pour estre conduite de l'estude au regart des meurs (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 159).

 

2.

"Qui manque de fermeté, de rigueur" : Car la doulche ou souefve ou molle nourriture que nous aministrons aux enfans leur rompt tous les nerfs de pensee et de corps (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 164).

 

3.

"Qui manque d'énergie" : Si ne fut il ne mol ne tendre Ainz ot bon cuer pour soi deffendre Et plus preuz fut d'aultre partie, Quar il estoit de meilleur vie (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 74). Le mol signifie mignotise, le dissolu negligence, le tardif paresse, le hastif inconstance, le importun orgueil, le tourble signifie ire. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 248). Si comme il estoit des roys de Scite, qui estoient mols pour la nature de leur lignage (ORESME, E.A., c.1370, 390). "...c'est ung mol chevalier qui ne veult autre chose que ses aises." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 69). ...Anglois sont plus mol et plus moiste que ne soient Portingalois (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 93). Amour est circunspect, humble et droiturier, ne mol ne legier, ne entendant a vaines choses, sobre, chaste, estable, paisible (Internele consol. P., 1447, 80).

 

-

[Associé à douillet] : Nous ne dison pas que ceuls sont mouls ou douyllés qui ne peuent endurer deshoneur ou povreté. (ORESME, E.A.C., c.1370, 377).

 

-

Empl. subst. masc. : Et le perseverant est opposite au mol. (ORESME, E.A., c.1370, 389).

II. -

Subst. masc.

A. -

Subst. à valeur de neutre : L'AINSNÉ. (...) et dont viens tu, Lievin, En cest habit ? LIEVIN. De souffrir et paine et labit, Chaut, froid, mol, du doulx et amer. Du saint sepulcre d'oultre mer Vien tout en l'eure. (Mir. ste Bauth., c.1376, 123). Pour ce dit on par motz communs Qu'ainsi sont les trippes vendues Et toutes choses despendues: L'un veult du dur, l'autre du mol (Narcissus, p.1426, 293).

B. -

"Poumon (d'un animal de boucherie)" : Prenez deux morceaulx de foye, deux morceaulx de mol, ung morcel de gresse et mectez en ung bouel avec du sang, et au seurplus comme dessus (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 192). ...la froissure c'est le foye, le mol, le cuer et la langue (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 193). ...et l'autre moictié du foye tient a la froissure entre le mol et le cuer. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 193). Nota cy grant diversité de langage : car ce que l'en dit du porc la fressure, c'est le foye, le mol et le cuer (...) et ce que l'en dit la fressure d'un beuf, c'est la pance, le saultier, la franche mule, la rate, le mol et le foye et les quatre piez. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 194). [Autres ex. p.195, 215, 250, 257]

C. -

Mou de la jambe. V. moul

III. -

MUS. B mol. "Bémol" : Et encor ont mi anemi, Que j'ay moult doubté et cremi Et a qui j'ay tant escremi Que le cuer en ay entumi, Mon b mol de be fa be mi Mis en b dur. (MACH., C. ami, 1357, 142).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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