C.N.R.S.
 
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     MORSURE     
FEW VI-3 144a morsus
MORSURE, subst. fém.
[T-L : morsure ; GD : morsure ; AND : morsure ; FEW VI-3, 144a : morsus ; TLF : XI, 1093a : morsure]

A. -

"Action de mordre, lésion faite en mordant, morsure" : ...aussi conme le fruit de l'alemandier est medicinable a homme malade et contre morsure de beste venimeuse... (Mir. prev., 1352, 231). Ilz [les loups] ont grant force, espicialment devant, et male morsure et forte, quar aucunne foiz un lou tuera bien une vache ou une jument, et a si grant force en la bouche qu'il portera en sa gueule une chievre ou un mouton ou une berbiz ou un pourcel sanz touchier a terre (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 96). Et, quant ilz [les loups] mordent un homme, a poines en peut garir, comme j'ay dit, quar leur morsure est trop venimeuse pour les crapax qu'ilz menjuent, comme j'ay dit, et d'autre part pour la maladie de la rage (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 97). Medecine pour garir de morsure de chien ou autre beste arragee. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 275). Car oncques morsure de serpent, cop d'espee ou autre pointure ne fut tant venimeuse comme langue de personne envieuse (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 148). Fist le grand serpent d'arain ès desers, où il avoit de Dieu la charge du peuple d'Israël, soubz certaines constellacions, de telle efficace que ceulx qui le veoient estoient souldainement gariz de morsures serpentines, dont par avant estoient vexés en allant par lesdicts desers. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 25 r°). Ce fut lui qui ataignit plus profundement la vertu de zedoar contre les morsures venimeuses. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 66 v°).

 

-

[Réf. biblique au fruit défendu] : Dame que j'aim, par vous sont recreé Li descreé par la male morsure Que fist Adam ou mortel fruit veé (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 301).

 

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[Dans un cont. métaph.] : Lors estoit mors d'amoureuse morsure Mes cuers et poins de joieuse pointure Et repeüs de douce nourreture Par Dous Penser Qui ma doleur faisoit toute cesser Et garison me faisoit esperer. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 75). ...la tres poindante morsure Du ver qui par dedens remort La conscience sy tres fort. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., App., p.1358, 366). Car pour bien arrester caille ou perdris j'estoye Plus renommé que chien qui fust d'icy en Troye. Suivy l'ay sans faillir estant Daulphin et roy ; Mais maint homme ay navré et mis en grant desroy De cruelle morseure (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 136).

 

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[À propos du diable] : ...nostre seigneur Ihesuscrist, qui fut pendu et leué bien hault en l'arbre de la croix pour garder et deffendre tous ceulx qui en luy croient contre la morssure du Diable (BÉTHENCOURT, Canarien G., c.1490, 80).

 

-

P. métaph. [À propos de la mort] : Des biens mondains ne me souvient Ne de royauté terrienne : Car c'est joie trop alienne, Que mors mort de morsure amére. (Mir. parr., 1356, 7).

 

-

De felon dent trouve on grieve morsure

 

Rem. MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 170, 240.

B. -

P. anal. MÉD. (Synon. de morphee) : La troiziesme operation est que le jus de nasturcium a proprieté de guarir la morsure(,) adherente au cuir quant il se prend cum melle, et le lieu en est oinct a cause que telle morsure est engendree de fleume salsé. (Rég. santé corps C., 1480, 135).

C. -

Au fig.

 

1.

"Souffrance, peine, tourment" : Ma dame einsi m'asseüra Et de ce moult fort me jura. Comment que puis mainte paour, Maint dur assaut et maint estour, Meinte dolour, meinte morsure Et meinte soudeinne pointure, Maint grief souspir, mainte hachie Et mainte grant merencolie M'en ait couvenu soustenir (MACH., R. Fort., c.1341, 155). Las ! et on vëoit a la fin Tout le contraire d'amour fine Qui mainte dame eins ses jours fine ; Car pluseurs dames la mort sure Ont receü par la morsure Dou grant deffaut qu'elles trouvoient En ceaus que fins loiaus cuidoient. (MACH., D. Lyon, 1342, 199). ...porter et enfanter Pot no sauveur (...) Pour qui depuis elle ot peine angoisseuse, Quant en la croiz le vit souffrit morsure Et de son sanc paier la forfaiture Du fruit veé (Mir. Berthe, c.1373, 255). Et comment qu'Amours m'ait fait Souffrir la morsure De ses griés maus sans meffait Et sans mespresure, Ne lairay ja que secours Ne quiere de mes dolours A ma dame pure (MACH., Motés, 1377, 485). Et cil leur apprist la morsure D'armes porter et de batailles (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 184).

 

2.

"Atteinte" : On ne se relieve pas sans morsure des choses lesquelles ont tenu le corage en volupté (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 181). Pour ce, ne peut le prince qui veult dominer sur peuple franc et libre plus grande folye entreprendre que soy faire doubter, car trop plus aigres sont les morsures de liberté perdue, come dit Tule, que de liberté entretenue et bien gardee (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 222).

 

3.

"Péché"

 

Rem. MARTIN LE FRANC, Estrif D., 1447-1448, gloss.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Hiltrud Gerner

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