C.N.R.S.
 
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     MORAL1          MORAL2     
FEW VI-3 moralis
MORAL, adj.
[T-L : moral ; GD : moral2 ; GDC : moral ; AND : moral ; FEW VI-3, 122 : moralis ; TLF : XI, 1060a : moral1]

A. -

"Relatif aux moeurs, au comportement social, aux règles de conduite, à la morale ; conforme à la morale"

 

1.

"Relatif aux moeurs, au comportement social, aux règles de conduite, à la morale" : ...et pour ce, tout le fait, tout le negoce de vertu moral et de politiques est en delectacions et tristeces et les regarde. (ORESME, E.A., c.1370, 155). Et pour ce, eleccion n'est pas senz entendement et pensee et si n'est pas senz habit moral. (ORESME, E.A., c.1370, 333). Ci commence a parler des enseignemens moraulx que prudence mondaine donra a la princesse. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 41).

 

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[P. oppos. à ce qui relève de la nature] : Item, usage de fistules ne est pas chose morale, mes est plus chose excercitative. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 353). ...toutesfoiz par raison divine, naturelle et moralle il doit souffire aux jeunes gens, au travail et en l'ost, que la robe et le tunicle d'armes ou jacques veigne jusques au genoil, et aux anciens et chevetains doit passer un pou la rouelle du genoil (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 210). ...par ce qui a este dit, tu congnoistras estre en toy tant selon le corps que selon lame, tant selon le sens naturel quant a la première partie, que selon le sens moral quant a la seconde partie, que selon les remedes a toy donnez par la prudence diuine quant a la tierce. (CIB., p.1451, 184). Et par les sainctes meditacions que tu aras fondees en la congnoissance de ce qui est en ton corps et en ton ame selon les trois consideracions deuant dictes, selon lestre naturel, selon lestre moral et selon les remedes qui sont par graces et par gloire, tu pourras monter iusques a feruente contemplacion qui commence en saincte meditacion. (CIB., p.1451, 184). Tu tesleueras a contempler plus hault par la congnoissance que tu aras de toy selon estat moral, et subleueras ta pensee quant tu congnoistras ce qui a este dit en la seconde partie (CIB., p.1451, 187).

 

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THÉOL. [En exégèse ; p. oppos. à litteral] "Qui, dans un texte, est relatif à l'enseignement des moeurs, de la morale" : La premiere : de la venue misericorde en l'eglise materiele, selon l'istoire de la solemnité presente et l'exposicion litterale. La seconde partie : de la venue misericorde en l'eglise espirituelle, selon l'exposicion morale. (GERS., Purif., 1396-1397, 60).

 

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Doctrine morale : Pour ce que le present negoce de doctrine moral n'est pas ordené pour la grace ne a fin de contemplacion ou speculacion comme pluseurs autres sciences... (ORESME, E.A., c.1370, 148).

 

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Empl. subst. : Quant aux moralz devant diz, la loy ne reçoit ne ne prent nulle mutacion [éd. Escriptures non exprimé] (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 670).

 

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Philosophie morale. "Philosophie qui se rapporte aux moeurs, au comportement humain (p. oppos. aux sciences de la nature)" : Donques aussi comme telz malades ne seront ja guaris ne bien disposés selon le corps, semblablement ceulz qui sceivent philosophie moral et comme l'en doit ouvrer pour acquerir vertu et rien n'en font, leur ame ne sera ja guerie ne curee. (ORESME, E.A., c.1370, 157). Si ay proposé en oultre de deviser mon livre en trois principalles parties selon les trois manières de vivre recitées par le phyllosophe moral, qui sont : monostique, yconomique et pollitique (BUEIL, I, 1461-1466, 16). ...car nous voyons evidemment que, aux estudians es ars liberaulx et en phillosophie moralle ou naturelle, on baille peu de viandes et de plaisances corporelles (BUEIL, I, 1461-1466, 26).

 

Rem. DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 20, 287.

 

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Philosophe moral : C'est a savoir, au philosophe moral (ORESME, E.A.C., c.1370, 399). Pour ce dit le moral philosophe que le bon prince est lent et paresceus a donner paines et expert et legier a donner bon loier (FOUL., Policrat., IV, 1372, 73). Samblablement, un philosofe moral scet bien lez principes, en general et en confus, de toutes loys et de toutes constitucions, mez, pour tant, il ne scaroit descendre, ne jugier de cas particuliers, car ce appartient a un Juriste ou bon coustumier qui a la practique et l'experience dez cas particuliers. (Songe verg. S., t.1, 1378, 410).

 

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Sciences morales. "Sciences qui se rapportent aux moeurs, au comportement humain, sciences humaines (p. oppos. aux sciences de la nature)" : Donques appartient il a science moral considerer de amistié, puisque ce est bien moral. (ORESME, E.A.C., c.1370, 414). APRÉS QUE CHARLES fut instruits en grammaire et aultres sciences morales et speculatives... (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 18).

 

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Actions morales : Et l'en ne puet dire que les accions morales et pratiques leur soient deües ou actribuees [aux dieux]. (ORESME, E.A., c.1370, 526).

 

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Principe moral : Et est un principe moral que chascun octroieroit et est general senz instance (ORESME, E.A.C., c.1370, 317). Et donques, aussi come celui qui erre es principes de mathematiques seroit fort a corrigier, aussi sont fors a corrigier ceuls qui errent es principes morals (ORESME, E.A.C., c.1370, 394).

 

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Vertus morales. "Vertus relatives au comportement, en partic. les vertus cardinales" : Or avon nous devisé devant les vertus de l'ame et avon dit que les unes sont vertuz de meurs ou morales et les autres sont vertus intellectueles (ORESME, E.A., c.1370, 331). Or convient il que ceulz qui sunt citoiens en policie tres bonne aient povoir de participer en felicité et de acquerir et excercer vertus morales, comme fortitude en faiz d'armes, et liberalité et magnificence et les autres (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 305). Mez la ou il n'y a aucune repugnance naturele entre deux especes, elle puet assez estre en une meisme persone, conme nous povons mettre exemple ez vertus morales et entellectueles, en justice, en force, en prudence et en samblables vertus (Songe verg. S., t.2, 1378, 97). Encores veul je et vous commande que les sept vertus principales soient en vous, dont les trois sont divines, les quatre sont morelles, dont les trois qui sont divines sont foy, esperance, charité, et les quatre morelles sont prudence, actrempence, force et justice. (LA SALE, J.S., 1456, 39).

 

2.

"Conforme aux bonnes règles de conduite, à la morale"

 

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"Qui incite à un comportement conforme aux exigences de la morale" : De la morale instruction des enfans. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 157). En ce puet sens moral avoir, Dont vez cy la moralité : ... (DESCH., M.M., c.1385-1403, 226). L'Evangile s'acorde aux justes loys morales, aux doctrines des peres et des saiges, a honneste conversation et atrempance de vie (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 127). Ce .VIme. et darnier [exemple] des Ystoires traicte de la fable de Midas (...) ; qui est très belle ystoire et moralle a oÿr. (LA SALE, Sale D., 1451, 15).

 

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Les trois heures morales. V. heure

 

3.

[D'une pers.] "Qui agit conformément aux bonnes règles de conduite, conformément à la morale, qui incite à un comportement conforme aux exigences de la morale" : Et soit faicte ceste enqueste, qui n'est pas de petit poix, par certains preudommes qui ja ont refuse les offices et sont saiges et moraulx et de bonne conscience et contemps de leurs estaz. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 328).

 

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"Moraliste" : Et donques appartient il au philosophe moral considerer de delectacion. (ORESME, E.A.C., c.1370, 400). Si comme dit le sage moral : ... (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 312). Si comme dit le moral philosophe... (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 361).

 

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Empl. subst. "Moraliste" : Car nul ne peut estre bon moral senz savoir politiques. (ORESME, E.A.C., c.1370, 540).

B. -

"Figuré, métaphorique, allégorique" : "...A laquelle contradiction je respons", dist la royne, "en mectant un exemple assez moral ; c'est assavoir d'un chevalier qui a este en bataille et a tant de playes que, pour la multitude des playes, il ne scet a laquelle commaincier pour la cure d'icelles (...). Ainsi est il a nostre propoz par aucune similitude, Beau Filz, de tes debtes royalles, qui sont tant veritablement que maintes gens cheoiroient en desesperacion pour la multitude d'icelles..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 358). Au sens moral de ceste fiction, Par Zephirus prens l'espoux pardurable, Qui desirant nostre salvation Voult esposer la fleurette notable, Par qui j'entens nostre ame raisonnable (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 101).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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