C.N.R.S.
 
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     MINISTRER     
FEW VI-2 ministrare
MINISTRER, verbe
[T-L : menistrer ; GD : menistrer ; AND : ministrer1 ; FEW VI-2, 121b : ministrare]

A. -

"Servir"

 

1.

"Servir, assurer un service, assurer le service de qqn ou de qqc." : Et pour ce, il convient et est honeste chose a aucuns des joennes hommes frans qu'il ministrent et facent mont de choses qui semblent estre serviles ou services. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 324). Ceuls ont esté nourris du lait De consolacion et fait, Dont pluseurs font pour le labour Mondain souffrir et a leur tour Menistrer et avoir la cure De leur famille, et couverture Sont com le voile au tabernacle, Qui lui font deffense et ostacle Contre les vens, contre la pluie (DESCH., M.M., c.1385-1403, 224). Si doit chascun prier a ces sains anges qu'ilz prient pour lui a Nostre Seigneur, en disant : "O vous sains anges qui descendez de la gloire au Sauveur pour lui ministrer et servir en terre, priez lui qu'il nous pardonne noz pechiez et nous envoie sa grace..." (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 12).

 

-

Ministrer qqc. "Être au service de qqc., gérer qqc." : ...et convient que l'un aide a l'autre et que l'un ministre servitute et l'autre provision et ainsi dez autres necessités, comme dit est (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 59). Et au commencement des Digestes est dit comment les legislateurs seculiers estoient appellés sacerdotes. Mes ce est par similitude, si comme dit la glose ; car il ministroient les lays qui sunt dictes tres sainctes. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 311). D'autres histoires pourroit on assez amener, mais il me suffist d'avoir monstré que chevance et avoir ne sont que accessoires et serves a vertu et comme chamberieres qui ministrent ce qu'est necessaire a fragilité humaine (CHART., Q. inv., 1422, 54).

 

-

En partic. "Assurer le service divin"

 

Rem. GOULAIN 1374 ds GD V, 241a.

 

2.

[D'une chose] Ministrer à qqc. "Servir à qqc., être utile à qqc." : Mais telz sens sont donnéz a homme pour celle cause meïsme et avecques ce pour ministrer et servir a la cognoissance de l'ame intellective, a laquelle cognoissance tous les .V. sens dessus diz sont neccessaires. (ORESME, E.A.C., c.1370, 221).

B. -

Ministrer qqc. à qqn. "Donner, attribuer, accorder, procurer qqc. à qqn"

 

-

[Une chose concr.] : Pour ce, en indigence qui n'est pas souveraine, le filz devroit plus tost ministrer a son pere viandes delicatives et a souffisance que il ne devroit retenir les pour soy (ORESME, E.A.C., c.1370, 458). Et la cause est car donner et ministrer viande a homme des ce qu'il est engendré, ce est oeuvre de nature et tout homme a tel nourrissement (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 66). ...mes mains que vez ici ont ministré tout ce que nous estoit mestier (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 84). "...Et te souveigne, Beau Filz," dist la royne, "que tu es non tant seulement seigneur et roy, mais minstre du royaume de Gaule, comme il fu dit autresfoys ; c'est assavoir pour minstrer a chacun et par espicial a tes subgiez, ce que lui appartiendra, en poix, en nombre et en mesure, en les gardent de toutes oppressions..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 346).

 

-

[Une chose plus abstr.] : Item, semblablement est question se l'en doit ministrer benefice plus a son amy que a un autre qui est bon et vertueus. (ORESME, E.A., c.1370, 455). Sy est au jour d'uy la premiere et principale feste de toute la Trinité quer Dieu marie son Filz, et le Saint Esprit celebre les nopces, et Nostre Dame donne et ministre la matiere et le lieu ; elle est hostesse ; c'est la maitresse d'ostel ; les dons, les metz de toutes vertus y sont pleinement et sans mesure espanduz (GERS., Annonc., a.1400, 230). ...preservé et gardé l'eust de morir, et sa vie corporelle luy eust ministré, sans sueur, peine ou labeur, et point n'eust la femme enfanté par angoisses. Cy avoit beau don et bel heritage ! Mais helas ! Adam [et Eve], ingra[s] de ce, forfi[ren]t mou tost contre [t]a majesté royale (GERS., Concept., 1401, 397). Et pour cela que sa matière Triacale, plaisant et chière, Ministre au cuer joie et léesce, Notoirement quant il s'adresce. (LA HAYE, P. peste, 1426, 133). Oez tous ! Plus ne soit celer ! De par monseigneur l'emperere, Qui m'envoye en place planiere Dire et crier par ceste ville Qui n'y ait ne femme ne fille Qui soit si baulde ne hardie, Sur peinne de perdre la vie, De conforter ne visiter Les prisonniers, ne ministrer Quelxconques bien n'alegement (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 136).

 

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Ministrer que. "Accorder que" : Car il appartient as bons et est leur condicion que ilz meïsmes ne pechent, et avecques ce que ilz ne octroient, ministrent, conseillent ou consentent que leurs amis pechent. (ORESME, E.A., c.1370, 430).

V. aussi administrer
 

DMF 2020 - Synthèse des lexiques Robert Martin

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