C.N.R.S.
 
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     MIEN     
FEW VI-2 65a meus
MIEN, poss.
[T-L : mien ; GD : mien ; FEW VI-2, 65a : meus ; TLF : XI, 799b : mien]

[Poss. tonique, "prédicatif" ; le "possesseur" est de premère personne et du singulier]

A. -

Adj. poss. "Mien"

 

1.

Dét. + mien + subst.

 

-

Un mien + subst. : Un mien cousin me vint veoir Qui m'apportoit un poy de toile Pour faire surplis et un voile (Mir. abbeesse, 1340, 64). ...nous cinq en mer dedens une nef, si y estoit mon pere, ma mere, une mienne suer et moy et un marinier tant seulement (Bérinus, I, c.1350-1370, 363). ... vous resemblez assez un mien frere, qui moult fu vistes et appers, qui se party de ce païs il a bien LX. ans (ARRAS, c.1392-1393, 53). ... il me fault aler en un mien affaire qui forment me touche. (ARRAS, c.1392-1393, 250). Il est bien vray qu'ung mien amy, Comme vous ay dit, m'adverty Que Joseph et Nicodemus Despendirent le corps Jhesus (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 225). ...je feray bien voluntiers [un don], quand a moy sera, si vous me voulez servir en une mienne queste que j'ay emprise (C.N.N., c.1456-1467, 172). ...depuis sa mort je hantay tant ung mien voisin qu'il se bouta en jalousie pour sa femme (C.N.N., c.1456-1467, 335).

 

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[Fém. ancien moie] : ...et si vous pri qu' il vous plaise Que par congié je puisse aler A une moie antain parler (Mir. abbeesse, 1340, 77).

 

-

Le mien + subst. : Trés douce dame, avez vous en despit Le mien salut ? (MACH., J. R. Beh., c.1340, 60). Le mien seigneur et prince redoubté, Floron de lis, roialle geniture, Françoys Villon, que Travail a dompté A coups orbes, a force de batture, Vous supplie par ceste humble escripture Que luy faciez quelque gracïeux prest. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 50). Escoutez ung peu le mien train. (Sots gard., a.1488, 102).

 

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[Fém. ancien moie] : ...la moie dolour (MACH., L. dames, 1377, 118). Riens ne dy qu'ainsi que je doy, Et telle est la voulenté moye (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 339).

 

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[Sans dét.] : Sire, vous parlez bien et bel, Ce m'est advis, et de grant sens : De moye part je m'y assens. (Mir. ev. arced., c.1341, 123).

 

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Ce mien + subst. : ... faictes ce que je vous manderay par ce mien chevalier. (ARRAS, c.1392-1393, 134). ...ceste mienne epistre (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 17). Car en plus grant necessité ne me peult ta vertu secourir que a ceste mienne douleur, ou j'ay esté puis ton eslongnement pis que en sepulture (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 89).

 

-

[Fém. ancien moie] : ...je me suis au jourd'ui transporté en l'ostel dudit prieur, ou lieu appellé le petit reffretouoir, et la ay oÿe la complainte que a faite pardevant moy ledit procureur, ou nom que dessus, en cas de saisine et de nouvelleté, a l'encontre de honnorable homme et sage maistre Saliot Castric, pour ce present et appellé pardevant moy, sur ledit petit reffretouoir, a quatre heures aprés midi, sicomme par la relacion de Guillaume Ferrecoq, sergent, appert, parmi laquelle ceste moie relacion est annexee. (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1384, 539).

 

2.

[Empl. comme attribut] : Amis, je te conforteroie Moult volentiers, se je pooie, Car tu es miens et je suis toie, Sans retollir. (MACH., F. am., c.1361, 222). Mais la force n'estoit pas sienne, Ne que Iherusalem est mienne. (MACH., P. Alex., p.1369, 259). ...il m'apelloit et me dissoit : "Froissart, veés vous celle grande ville a ce haut clochier ?" - Je respondoie : "Monsigneur, oil. Pourquoi le dittes vous ?" - "Je le di pour ce : elle deuist estre mienne, mais il i ot une male roine en ce pais, qui tout nous tolli..." (FROISS., Chron. D., p.1400, 108). Ne m'en chault, dit l'autre, dye ce qu'il vouldra, mais il n'ara pas ce qui est mien. (C.N.N., c.1456-1467, 148). ...tel qu'il est il est mien (C.N.N., c.1456-1467, 148).

 

-

[Comme attribut de l'objet] : Ha ! teste Dieu ! conment peut c'estre Que mon pére, par son oultrage, Me banist de mon heritage ? Pour mien le tien j' (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 23).

 

-

[Fém. ancien moie] : Mais je vueil bien que certeins soies Que tes besongnes seront moies, Car je t'aim et faire le doi. (MACH., R. Fort., c.1341, 75). Et certes, amis, bien pensoie Que la vostre amour estoit moie, Comment que riens n'en deïssiez Et que samblant n'en feïssiez (MACH., R. Fort., c.1341, 141). Le bon conseil est tout mien, mienne est justice et equité, moie est prudence et force est moie. (FOUL., Policrat., IV, 1372, 67). Puis que vous devez estre moie Et que vostre mari seray, De France vous ordonneray Royne et dame. (Mir. Clov., c.1381, 227).

 

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[Sans estre] : Et se m'aist Dieu a mes besoings, Que tant l'amoie Et aime que je le nommoie "Tout mien", et lui moy "toute moie". (CHART., L. Dames, 1416, 239).

B. -

Pron. poss. Le mien/la mienne/les miens/les miennes : Vostre voloir, dame, et le mien Sont a servir la mére Dieu (Mir. enf. diable, c.1339, 6). ...en ce vostre entendement et le mien Ne se joingnent, ne acordent en rien, Eins sont contraire (MACH., J. R. Beh., c.1340, 93). Vostre vouloir si est le mien, Vous le savez. (Mir. enf. ress., 1353, 60). ... et ne puis cy gaires demourer sans vostre tres grant dommage et le mien. (ARRAS, c.1392-1393, 189). Voz mariz vous ont ilz reveillées comme a fait le mien ? (C.N.N., c.1456-1467, 203). ...affin que vous sachez que je sçay son cas, et luy le mien, veez cy voz cheveulx (C.N.N., c.1456-1467, 239). ...je vous en envoiray en ce lieu de la mienne de ceans. Et se vous faictes difficulté baillier des culevrines du roy, sy en bailliés deux des miennes qui sont devant mon logis. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 322). J'escriptz au roy touchant la garde de ceste place. Je luy vouldroye bien supplier que s'il n'y mect auctres gens, qu'il luy pleust m'en descharger, car je faitz doubte d'y faire mal ses besoignes et les miennes. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 381). Je vous ay tousjours dict qu'il ne fault point que me demandez congié pour aler faire voz besongnes, car je suis seur que n'abandonnerez point les miennes que n'ayez bien pourveu à tout ; et pour ce je m'en remectz du tout à vous et vous en povez aler sans congié. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 381).

 

-

[Fém. ancien moie] : Consideré vo dolour et la moie... (MACH., J. R. Beh., c.1340, 90). Et vueil que vous sachiez que desormais je oseray autant pourchacier vostre deshonnour, comme vous ferez la moie. (MACH., P. Alex., p.1369, 229). Doulx filz, est ce par vos dessertes Ne par les moies ? (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 57). Anthoine appercoit le dommage que le roy lui faisoit ; si lui en despleut moult. Par foy, dist-il, sire roy, vostre duree sera courte ou la moye. Ja sera la guerre finee ou de vostre part ou de la moye. J'ayme trop mieulx a mourir que de souffrir ainsi martirier ma gent. (ARRAS, c.1392-1393, 162). Vostre douleur me fait au cueur tel rage, Quant g'y pense pis me fait que la moye (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 87). Pucelles, vous avez ouy le chevallier, qui a plus grant affection en l'ottroy de vostre bouche que de la moie (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 472).

C. -

[Empl. de nominal]

 

1.

Le mien. "Ce qui m'appartient, mon bien" : Sire Dieux tout puissant, qui estes refuge aux besongneux et misericors aux pecheurs, je me commans en vostre glorieuse garde et vous prie que vous aiez pitié de moy, par quoy je me puisse delivrer de ces ennemis qui me veulent le mien toulir et oster par leur grant tricherie. (Bérinus, I, c.1350-1370, 51). Dy, va, qui es tu, qui as levé le mien larrecineusement ja l'espace de XIIIJ. ou de XV. ans ? (ARRAS, c.1392-1393, 298). Je seroye bien eureuse d'avoir ung tel jeune galant qui n'aroit cure de moy, et me despendroit tout le mien (C.N.N., c.1456-1467, 341). Voere, tout le mien luy habandonne, Car tres fort luy suis obligee. (Pass. Auv., 1477, 237). Ainsi qu'il vous plaira choisir, Choisissés, et je m'y consens. Du mien aurés milliers et cens, Quant vous plaira vers moy venir. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 169).

 

2.

Les miens. "Mes proches (ma famille, mes hommes...)" : Vueillés prendre de mon avoir Ce qui vous en plaira avoir, Mais que ce plus faire ne doye, Ainçois franc et delivre en soye Moy et les miens. (Mir. pape, 1346, 357). Par foy, dist Anthoine, se j'eusse eu voulenté de leur porter contraire, je leur eusse fait savoir. Et aussi je n'ay pas cause de le faire, car je ne scay pas que ilz m'aient riens meffait, ne aux miens, combien que ilz m'y font penser quant ilz se deffient de moy qui oncques riens ne leur meffiz. (ARRAS, c.1392-1393, 175). Oncques ne feiz telle folie (...) jamais ne la feroye es marches dont je suis, et tous les miens. (C.N.N., c.1456-1467, 550). Alé s'en est [le temps de ma jeunesse], et je demeure, Povre de sens et de savoir, Triste, failly, plus noir que meure, Qui n'ay ne cens, rente n'avoir. Des miens le mendre, je dy voir, De me desavouer s'avance, Oubliant naturel devoir Par faulte d'un peu de chevance. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 34). Neantmoins, en attendant response d'eulx, j'ay escript à ceulx de Beauvais, Saint-Quentin, Compiengne et Noyon, le bruyt qui court du deslogement des Bourguignons, afin qu'ilz se tiennent sur leurs gardes, et y ay envoyé homme propre des miens. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 304).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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