C.N.R.S.
 
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     MENU     
FEW VI-2 minutus
MENU, adj. et subst. masc.
[T-L : menu ; GD : menu ; GDC : menu ; AND : menu ; DÉCT : menu ; FEW VI-2, 134b,135b : minutus ; TLF : XI, 658b : menu1]

A. -

Au propre [Idée de petite dimension]

 

1.

[D'une chose]

 

-

"De petite taille, de petites dimensions" : Les dens avoit blans, sarrez et menus, Et ses mentons estoit un po fendus, Votis dessous et rondez par dessus. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 70). Et aucuns anciens atribuoient ces figures aus .V. corps simples qui sont les principalz parties et elemens du monde, en disant que eulz sont composés de tres petis et tres menus athomes qui sont corps reguliers (ORESME, C.M., c.1377, 642). ...ainsy comme elle fu au dehors d'icelle ville de Nogent, et aus champs, despeça ladite pierre tant en pouldre comme en menues pieces. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 476). Item avoir prins en l'ostel d'un chauderonnier demourant en la rue Saint-Martin, en achetant ou feignant acheter une paile d'arain, une petite paile menue vendue en ycelle rue XIIJ blans, ne scet à qui. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 441). ...depuis tousjours ont continuelment esté ensamble, usé de fait et marchandise de regraterie et acheté menus mesnages ["pièce de vaisselle"], robes, chapperons et autres linges (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 159). Lors s'arresta ly rois tous esbahiz tant de la beauté et du noble atour de la dicte dame comme de son doulz chant. Lors se quaity au mieulx qu'il pot de menus arbrissiaux, de paour que la dame ne l'apperceust (ARRAS, c.1392-1393, 6). Et lors [le comte et Remondin] commencierent tous deux fort a penser, et lors ouyrent, au long du boys, un grant escroiz et fort desrompre les menus rams et le ronceys. (ARRAS, c.1392-1393, 21). ...et qu'ilz delivrent desormais le mole de busche pour six solz parisis et au dessoubz, et le cent de menuz coterès ["fagots"] pour seze solz parisis et au dessoubz (FAUQ., I, 1417-1420, 205).

 

.

[Sentence] Peu de gent et de menue taille abat souvent grosse puissance : Peu de gent et de menu taille Abat souvent grosse puissance ; Fortune en fait et en detaille Tout bien souvent a sa plaisance. (Myst. Siège Orléans H., c.1480-1500, 482).

 

-

[De particules de terre, de gouttes de pluie...] "Fin" : Et aussi en autre maniere puet on traire aux bestes, en les querant d'aventure : un ou deux hommes a pié ou plus et sanz chien par mi les forez, et que chascun ait son arc. Et les doivent querir en temps qu'il fet vent ou menue pluye ou broines [l. broïnes] (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 277). ...la terre est comme menu sablon tout blanc, laquelle, pour ce qu'elle est sy très menue, le vent, par ses estrubillons, très souvent la porte ça et l..., et en fait de grans montaignes, haultes ... merveilles (Voy. et pard. M., c.1419-1425, 87). Item signe est de pestillence Trouver foison, ou abondance, De cendre, ou de pouldre menue, Sur les abres chaeste et venue (LA HAYE, P. peste, 1426, 56). D'autre part la mer estoit coye et seraine et ne bruyoit en façon nulle ne que fist ung estang. Les mouetes aussi commencerent a voler par dessus la marine, et d'autres si troctoient sur le sablon menu que beau les faisoit veoir. (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 108). Or entendez quelle fut sa venue : Point n'arriva, comme meschante, nue, Mais richement de vestemens aornee Et descendit en une belle nue, Par ung doulx temps, d'une pluye menue : Dempuis ne vy la pareille journee. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 17).

 

-

[P. oppos. à grosse] Menue artillerie : : Et pour ce prioient ausdiz de Paris que on leur envoiast de la menue artillerie, des arbalestres, du traict et des vivres ; laquelle chose fut faicte et envoyée à eulx par le bastard de Rochechouart, seigneur de Meru, qui y mena et conduisy les soixante arbalestriers de Paris, avecques traict, arbalestres, artillerie et vivres. moys de (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 275). Et, après ces choses ainsi faictes, le roy se parti d'Orleans et s'en ala en Normendie à toute son armée, frans archers et son artillerie grosse et menue, et s'en tira vers Argenten, Exmes, Falaise, Caen et autres places dudit pays pour les prendre, saisir et mettre en ses mains. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 144). ...car ilz n'y sont fortiffiez ne barrez, ne riens n'y ont que menue artillerie. (BUEIL, I, 1461-1466, 182). Et, quant voz bombardes commenceront, faictes que les veugloires et la menue artillerie tirent quant et quant aprez le coup de la bombarde, affin que ceux de dedans n'ayent puissance de riens boulvarder ne de amender le dommaige que la bombarde leur aura fait. (BUEIL, II, 1461-1466, 41).

 

-

Menu bois. "Bois de faible diamètre" : Et avoient au devant d'eux un fosset largue assés et nouvellement relevet, et par derrière eux grant fuisson de ronsis, de genestres et de menut bois. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 43). Item, pevent prendre et coupper, es aulnois et mares du Trait et environ lesdictez forestz, le menu bois de plain poing ou de mains, du hault d'endroit la petrine et en aval, pour eulx clorre. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 141).

 

-

La haste menue. "La rate" : ...la haste menue c'est la rate, et a icelle tient bien la moictié du foye et les rongnons (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 193). Prenez la menue haste d'un porc, laquelle soit bien lavee et eschaudee, puis rostie comme a demy sur le greil, puis mincié par morceaulx (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 217).

 

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Menue place. "Place de petite dimension" : Et lesdiz Bourguignons, ainsi venus en ladicte Isle de France, s'espandirent en divers lieux en icelle et y prindrent Dampmartin, Nantoullet, Villemonble et autres menues places (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 51). Et, pour ce, ne doit-on point assiéger une bonne place, tant que les menues places d'environ soient conquises, encores moings la bastiller (BUEIL, II, 1461-1466, 44). Puis le roy de France assiégea Harefleur, Honnefleur, Bayeux et toutes les menues places d'environ (BUEIL, II, 1461-1466, 148).

 

-

Menu fretin. "Petit ornement féminin" : [Parmi d'autres objets trouvés dans un coffre]...une çainture à perles, un plat d'argent, un chandelier d'argent rompu, avec plusieurs autres joyaulx, çaintures, fermeillez, et autre menu fretin d'argent dont il n'est recort. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 32).

 

-

Menu-vair. "Fourrure provenant du ventre de l'écureuil ; petit-gris" : ...et poverement estoit cele lit garny de covertour forsqe d'un grande rude piere, et n'estoit mye menyver einz estoit de grys ; et par dedeinz le lit n'avoyent pas de lyntheux forsqe ceo qe vostre benoit corps estoit einz envolupee quant pris feust juse de la croice. [cf. FEW XIV, 186b, note 5] (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 204). Et se vestoit de sanguines et d'escarlattes, et se fourroit de menu vairs, ensi que faisoit li dus de Braibant ou li contes de Hainnau. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 243). S'ilz n'ont prebende ou advantage, Trop sont leurs despens sumptueux : Ilz leur fault robes d'escureux, Housses, menteaulx fourrez de gris Et de menu vair, je te dis, Et de fin cendal pour esté, Livres qui n'ont pas pou cousté, Vivres, maison, gens et estude (DESCH., M.M., c.1385-1403, 71). Les perres et pelles, le menu veoir et le griz, les escarlates et les draps fins, l'argent et l'or en masse estoient semez parmy la nef comme denrees communes. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 546). La femme de tel a maintenant une robe fourree de gris ou de menu ver (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 40). Il n'y a si meschant homme mescanique qui ne veullent porter martres, et leurs femmes gris ou menu ver, voire les fillettes vendans amourettes en gros et en detail (JUV. URS., Nescio, 1445, 547).

 

-

Empl. subst. "Fine fleur (de farine)" : Ffait le bolengier qui bulete la bulee et desoivre la gros de la minut à un de ses varletons ainsi : "Pierre, prennez la siel..." (Man. lang. G., 1396, 72).

 

-

Empl. adv.

 

.

Trancher menu. "Couper en fines lamelles" : Massahelides fut en ce temps moult aprecié du peuple de Libe, par l'industrie duquel Dido achapta de la terre oudict lieu de Libe, autant que pourroit enclore le cuir d'un beuf, ce qu'elle obtint, si le fist trencher menu et lier l'un à l'autre, si contint assez de pays devers la mer, où elle fonda sa cité denommée Cartage. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 40 r°).

 

.

À gros et à menu. "En gros et en détail" : En cestui papier tu trouveras tout ton estat a groz et a menu, depuis le jour que je vins a ton service jusques aujourduy. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 234).

 

.

Hacher/deshacher/trancher menu qqc. "Couper qqc. en petits morceaux" : Et les convient paistre de bonne chair chaude nouvel tué d'oiselectz eschorchiez -- dont la chair sans aucune gresse soit bien menue haschee jusques a ce qu'ilz aient le becq fort pour tirer cuer de volaille -- des cuers de mouton dont vous recouvrerez aux bouchiers et, qui mieulx ne peut, de pingons (ja soit ce que ce soit trop grosse char et trop orgueilleuse qui peut recouvrer d'autre char). (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 147). Pastez de veel menu deshaché a gresse et mouelle de beuf, pastelz de pinparneaulx, boudins, saulsisses, pipefarce et pastez noirroix de quibus . (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 175). Aliter, se vous avez du beuf froit, si le trenchiez bien menu, et [ puis si broyez ] ung pou de pain alayé de vertjus, et coulez par l'estamine mise en ung plat, et pouldre dessus. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 204).

 

-

Empl. subst.

 

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Du gros jusqu'au menu. "Intégralement" : ...tout est advenu Du gros jucquez au menu, Et descouvert tout a nu Ce que Dieux avoit tenu Clos, couvert et contenu Ou vieil Testament chenu. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 111).

 

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Par le menu. "En détail" : ...nous avons fait chercher les papiers de noz gens de finances, et les avons trouvez par le menu (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1488, 76).

 

2.

[D'une personne]

 

a)

Adj.

 

-

"Fin, mince, svelte" : ...a tout se vouloit joieusement emploier, combien que sa personne estoit et fust tousjours linge et menu, mais son cuer estoit entre les autres tout fer et achier. (LA SALE, J.S., 1456, 2).

 

-

"Fluet, maigrelet" : Et je me voy si tres changee, Povre, seiche, maigre, menue, Je suis presque toute enraigee. (VILLON, Test. M., 1461-1462, 54). Ainsi marcharent les deux champions, les haches empoignées, l'ung contre l'aultre, et l'escuyer, qui fut homme menu et petit personnaige, assembla couraigeusement, et du premier cop ferit du maillet de la hache après la main senestre de son compaignon. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 186).

 

-

"Qui ne fait pas le poids, faible" : "Signeur, se il vous samble que li escuiers vostres soit trop menus contre moi, si m'en bailliés un autre à vostre plaisir (...) par quoi je parface ce que j'ai empris, car on me feroit tort et villonnie, se me partoie de chi sans faire fait d'armes." (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 38).

 

-

[Dans l'expr. de la totalité par les contraires]

 

.

Empl. adj. [P. oppos. à gros] "Petit par la taille ou par l'importance" : Je ne sçay qu'il est devenuz. Tous sez amis groz et menuz A deguerpis par sa foleur. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 24).

 

.

Empl. subst. [P. oppos. à grand/gros] : Quant en Chypre furent venu, Tantost li gros et li menu Furent mandé par le royaume. Il n'i ot Gautier ne Guillaume En toute la mer d'environ, S'il sot nagier d'un aviron, Qu'il ne mandassent pour eaus dire Qu'il apareillent leur navire ; Car le roy einsi le commande. (MACH., P. Alex., p.1369, 54). N'il n'avoit cardenal à Romme, Chevalier, bourgois ne prudomme Qui ne venist à l'assamblée, Que le pape avoit assamblée. Et quant il furent tuit venu, Grant, petit, moien et menu, Li sires de Lesparre estoit Avec les autres, qui estoit Piessa venus au mandement Dou pape, et tout premierement. (MACH., P. Alex., p.1369, 241). Or entendez, granz [l. gros] et menuz, Ce que vueil dire en amistié (Mir. Oton, c.1370, 385). [R. Glutz, Mir. de Nostre Dame par personnages, 1954, 155 signale que le ms. porte gros] Puet on penser chose plus digne Ne faire plus gracieus signe Com d'essaucier Dieu et sa gloire, Loer, servir, amer et croire, Et sa douce mere, en chantant, Qui de grace et de bien a tant Que le ciel et toute la terre Et quanque li mondes enserre, Grant, petit, moien et menu En sont gardé et soustenu ? (MACH., Prol., c.1377, 9). Allons a Dieu louenge faire A l'eglise, grans et menus, A la fin de ceste exemplaire Chantans : Te, Deum, laudamus. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 284).

 

3.

[D'un animal ; avec une nuance affective] "Petit" : Desormais dirai de mon estre, Comment en juenesse jouay Et quele enfance desnouay. J'amay les menus oiselès, Gens, gais, jolis et nouvelès, Hui .I., puis un autre demain. Quant j'en tenoie un en ma main, Bien cuidoie valoir un roy. Je ne faisoie autre desroy. (MACH., D. Aler., a.1349, 243). Lors la boutay [une verdière] moult doucement Dedens mon sein un bien petit, Pour reprendre son appetit De joie, car pour la froidure Peüst morir en la verdure. Quant un petit fu revenus Ses povres cuers las et menus, En mon sein prist a fretillier. Je qui la senti resvillier, La repris amiablement Et li loiay moult belement L'un des piez d'un filet de soie. (MACH., D. Aler., a.1349, 394). Et puis les menus oiselès Qui sont dessus les raincelès, Ce sont aucunes circonstances Des grietez et les resistances De joie qui la se debatent Aus grietez et fort se combatent (MACH., D. Aler., a.1349, 399).

 

-

Avoirs menus. "Troupeaux d'animaux de petite taille (brebis, chèvres, etc.)" : Et sur ce mont maynnent leurs avoirs menus a paistre, pour la grant bonté des herbes qui y sont. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 78).

 

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Menu bestail/menues bestes : Et aucunne foiz, quant tout leur faut par grant yver ou par grant famine, ilz oseront bien prendre et tuer une vache ou un buef, mais pou sont qui le facent, mais pourciaus, berbiz, chievres et tel menu bestiaill menjuent il et prennent voulentiers quant ilz les truevent a point, espiciaument ceuls qui sont de la grant fourme. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 85). ...sy firent tant qu'ilz orent a leur accord ung pastre de grosses bestes et menues, qui chascun jour issoient d'icelle cité et rentroient, pour paistre. (Voy. Jérus., c.1395, 92).

B. -

P. anal. [Idée de petite durée et de répétition rapide]

 

1.

Empl. adj.

 

-

Loc. adv.

 

.

Les saus menus. "À pas pressés, rapidement" : Si m'en alay les saus menus, Pour ce que, s'aucun encontrasse, Que tant ne quant n'i arrestasse, Et par quoy on n'aperceüst Qu'en moy plour ou tristece eüst. (MACH., R. Fort., c.1341, 29). Et li lions, sans plus atendre, S'en est par devers moy venus Legierement, les saus menus. (MACH., D. Lyon, 1342, 169). Li vieillart reponnu s'estoient Ou vergier, et la la gaitoient Que seule la peüssent prendre. Quant seule fu, sans plus attendre, Ynellement, les saus menus, En sont a Susanne venus Et dirent : "Li vergiers est clos, N'il n'a creature en cest clos Qui nous puist vëoir n'encuser, Si ne dois mie refuser A faire tout nostre plaisir..." (MACH., C. ami, 1357, 6). Or est Pluto enamourez, Mais la n'est gueres demourez, Eins va et vient et court et serche ; Partout fait son cerne et sa serche. Tant est alez les saus menus Qu'il est en Parguse venus. Parguse, c'estoit un vergier Si bel, si gent, qu'a droit jugier Il n'estoit lieus plus delitables ; Printemps y estoit pardurables. (MACH., C. ami, 1357, 86). Avecques lui ses gens enmaine, Gieffroy de chevaucher se paine ; Il chevauche les saulz menuz Tant qu'il est a la mer venuz. (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 282).

 

.

[À propos d'un animal] "En faisant des petits bonds" : Mais tant plus l'approuchoit, tant plus sailloit le chevrot les saulz menus (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 928).

 

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À pas menu/les pas menus. "À petits pas rapides" : Lors li escuiers chevaucha Devers moy, tant qu'il m'aprocha. Et quant il me vint aprochant, Il m'appella en chevauchant, En galopant d'uns pas menus, Tant qu'il fu près de moy venus. Et si tost com j'oy sa vois, Erraument devers lui m'en vois, Car de lonc temps le congnoissoie. (MACH., J. R. Nav., 1349, 159). Si alerent les pas menuz De leurs beaulx, blans, petis piez nuz, Et les yeulx vers terre ont tenuz. (CHART., L. Dames, 1416, 209). L'EVESQUE. Or sus, il nous fault despescher Puisque le monde est ja venu ; Pençons tous du lieu approcher Legierement, a pas menu. (LA VIGNE, S.M., 1496, 330).

 

2.

Empl. adv.

 

-

Dru et menu. "À coups répétés" : MARELLIER. Tresdru et menu, Sans plus longuement sermonner, A sonner me veulx ordonner. Chascun de vous preigne une corde Et veillez tous dedens donner. (LA VIGNE, S.M., 1496, 544).

 

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Menu et souvent. "Très fréquemment" : Si qu'il estoient si vassaus Es batailles et es assaus, Si hardi, si entreprenant, Si vigoureus, si avenant Et si fier en trés tous fais d'armes Que les nouveles a leurs dames De leurs entreprises venoient, Dont assés plus chier les tenoient. Et quant estoient revenu, Les dames souvent et menu Les appelloient doucement Et prioient courtoisement Qu'il leur deïssent des nouveles (MACH., D. Lyon, 1342, 207). Grinus ne le mist mie en oubly, ains y ala menu et souvent, mais oncques ne la pot trouver en point que son annel lui peüst oster (Bérinus, II, c.1350-1370, 30). Se tu vues bien faire et bien vivre, Soies ordenez en ton vivre, Car mengier souvent et menu Ha fait que pluseur sont venu A leur mort, ne ce n'est pas vie De vivre en tel gourmanderie, Eins est vie de beste mue Qui toudis runge et toudis mue. (MACH., C. ami, 1357, 127). ...les Turcqs, qui jadis n'osoient entrer en mer, aujourduy souvent et menu entrent ou royaume et emmenent a grant plante les crestiens esclaves en Turquie, dont mains en perdent la foy et la vie. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 299). Par ce lieu souvent et menu S'en saillent hors trestuit tout nu (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 106). Ne vez vous comme en habit d'omme S'en vont ces femmes, ainsi comme Elles fasoient par avant, Visiter menu et souvant Ces faulx traïtes crestiens ? (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 139). ...ceste vaillant femme, jeune, fresche et en bon point, venoit menu et souvent couldre et filer auprès de ce clerc (C.N.N., c.1456-1467, 150). ...la seur de nostre gentilhomme, qui oyoit ce propos, jectoit l'oeil souvent et menu sur ce bergier (C.N.N., c.1456-1467, 358).

 

-

Trotter (tost et) menu. "Aller à petits pas rapides" : ...Et say bien saillir et troter Tost et menu. (Mir. parr., 1356, 47). Se je n'eusse troté menu, De moy on eust fait de la bourre. (Tr. Men., c.1480-1500, 287). Pere sainct sans nul contredit Sagement feray la besongne Mais que iaye [l. j'aye] argent sans eslongne Ie seray tantost reuenu Moult et souuent trotte menu De mes deux piedz comme vne caille (Myst. st Martin K., a.1500, 288).

C. -

Au fig. [Idée de petite valeur (marchande, sociale...)]

 

1.

Empl. adj.

 

a)

[D'une chose]

 

-

"De peu d'importance, de faible valeur" : Ma dame, je feroie envis Riens encontre vostre voloir. Et que me porroient valoir A faire tels menuz despis ? Bien say que j'en vaurroie pis. Si m'en devez bien escuser. (MACH., J. R. Nav., 1349, 164). ...et suppose l'en que ce fu ladite escuelle d'argent qui avoit esté perdue à Molins, et qu'il l'avoit fondue ou fait fondre la nuit qu'il avoit jeu hors de la ville de Montliçon, et qu'il a faiz plusieurs autres menuz larcins à ses compaignons et à autres. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 443). Et avec ce y furent pluseurs de messieurs des Enquestes, et fu parlé de pluseurs choses, tant de l'assignation des gages de messieurs dessusdiz et autres menues besoignes. (BAYE, I, 1400-1410, 19). ...et pour paier et faire faire le service ecclesiastique dudit defunct selon l'estat de sa personne, et aussi pour paier les menues debtes dudit defunct (FAUQ., III, 1431-1435, 151). ...monseigneur le curé servit Amours le mieulx qu'il peut, c'est assavoir de oeillades et autres menues entretenances (C.N.N., c.1456-1467, 353). ...[le promoteur] demanda, par ses conclusions, que ses habillemens et aultres menues manieres de faire luy fussent defendues [Procès d'un prêtre excentrique] (C.N.N., c.1456-1467, 530). ...mais ladicte venue sejourna pour aucuns menus differens qui survindrent du costé desdiz Flamens, et jusques ad ce que lesdiz differens eussent esté vuydez. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 124). Maistre Gerard du Bois fist le livre de moult grande apreciacion de la science de astrologie, l'an mil IIIcLXI, qui se commence : "Cujuslibet arcus propositi, etc.", et autres menuz traictiez. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 141 v°).

 

-

"Minime" : Ains mourray quant mourir devray, De joie nue, Sans estre a Fortune tenue N'a Amours, qui d'une venue Pas une esperance menue Ne me delaissent, Car en toute douleur me laissent, Dont leur pris grandement abaissent, Car du premier desir me paissent Tousjours autel. (CHART., L. Dames, 1416, 229).

 

-

"De mauvaise qualité" : Avarice amont a geté Un faucon tout halebrené, Mautaillié, de menu plumage, Petit (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 171).

 

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Menu pain. "Pain de mauvaise qualité" : ...Mais, par maladie et veillesse, Je suis aveugle devenu Et si suis [mis] au pain menu Car je ne saroye gaigner maille. (Myst. Résurr. Angers S., 1456, 255).

 

-

Menues choses : ...toutes fois qu'il n'avoit point d'argent, il prenoit les choses dessus dites, et aussi haches, coignées, serpes et autres menues choses, là où il les povoit prendre et avoir, pour son vivre avoir et soustenir (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 108). ...et fait prendre plusieurs poules, poussins, oisons, canars, poisson de mer et teles menues choses à la porte de Paris et ès hales, sans en païer denier ne maille. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 440). Se ne fissent li plus de ces Englois que porter, mener et chariier toutes bonnes coses, draps, toilles, pennes, lis, cambres ordonnees, et tous bons meubles. De menues coses et petites, il ne faisoient compte (FROISS., Chron. D., p.1400, 695). De maintes menues choses de son royaulme il se mesloit, et d'assez dont il se fust bien passé (COMM., II, 1489-1491, 327).

 

-

[D'une imposition ; p. oppos. à gros] "De peu de valeur" : Des menuz XIIIe et Ve de sel cuilliz et levez en la vicomté de Valloignes (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 25).

 

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Menue disme. "Dîme ecclésiastique prélevée sur certains produits (le chanvre, le lin, les pois, la laine, les veaux, les porcs...)" (d'apr. F. Lot, R. Fawtier, Hist. des instit. fr. au Moy. Âge, t.3, 1962, 403) : ...ledit Jehan Morise, qui demouroit oudit hostel de Sabuvrois, et duquel ledit Mahiet avoit prins la deffence et garantie de ceste cause de ceste cause, avoit esté et estoit reffusant et contredisant de paier ycelle menue disme, a tort et contre raison, et en euls troublant et empeschant en leur dite saisine indeuement etc.. (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1382, 522). ...et que aus diz religieus pour cause de leur ditte eglise estoient et appartenoient pour le tout toutes les dismes, grosses et menues, de la parroche de la ditte eglise de la ville de Mareul, tant pour ce que il estoient et avoient esté de la fondacion d'ycelle eglise patrons et fondeurs d'ycelle comme par don fait a eulz souffisamment de personne qui faire l'avoit peu, et de ce estoient il souffisaument privilegiez, sicomme il disoit. (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1330, 23).

 

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Menus frais : ...comptez doulcement à tous (...) pour paier leurs menus frais (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 100).

 

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Mennue monnaie : Item, à Chastres soubz Montlehery, trois barrettes et un franc en menue monnoye à marchans qui dormoient. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 28). Item, environ Noël derrenierement passé, ainsi qu'il ouvroit de son mestier de couturier en la ville de Corbueil, en l'ostel d'un boulengier, il vit et [aperceut] un petit coffre estant auprès de la chambre dudit boulengier, ouquel coffre, qui estoit ouvert, il print en menue monnoye XX s.. ou environ (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 139). Et vit, il qui parle, que sur le chemin, icelli Breton, toutes fois qu'il ot besoing de monnoye, changa deux frans d'or en menue monnoye. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 534).

 

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Prov. À menue gent menue monnaie : Item, ne sçay qu'a l'Ostel Dieu Donner n'a povres hospitaulx. Bourdes n'ont icy temps ne lieu, Car povres gens ont assez maulx. Chacun leur envoye leurs oz : Les Mendïans ont eu mon oye ; Au fort, ilz en auront les oz ; A menues gens menue monnoye. (VILLON, Test. M., 1461-1462, 127). [Thiry, 222 : "les Franciscains, ou Frères Mineurs, étaient aussi appelés Menus" ; R.H., Comment. Test., 231.]

 

b)

[De personnes]

 

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Gent menue. "Le menu peuple, les couches les plus modestes" : Cils qui plus en a, plus li faut. Dont ont li roy plus grant deffaut Que n'ont la povre gent menue, D'or, d'argent et de joiaus nue, Et par deffaut de souffissance, Car en leur cuer se boute et lance Un ardant rain de convoitise Qui si les ambrase et atise (MACH., R. Fort., c.1341, 101). Et des prises et des outrages Et des occisions sauvages De barons et de chevaliers, De clers, de bourgois, d'escuiers, Et de la povre gent menue Qui morte y fu et confondue, De rois, de duz, de bers, de contes Seroit lons a dire li contes. (MACH., J. R. Nav., 1349, 144). "...Que povre gent menue ont peu de leur souhais !..." (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 460). Il ne pooient recouvrer, Pour penser ne pour labourer, Le grant damage et la grant perte Qui à tous estoit toute aperte, Comment Alixandre fu prise, Et la menue gent occise (MACH., P. Alex., p.1369, 183).

 

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Le menu peuple/le menu commun/les menus gens. "Les petites gens, le bas peuple" : Item, une autre cautele est faire que les subjéz se entreaccusent de crimes, et que l'en mecte et procure entre eulz turbations et discordes de amis contre amis et du menu peuple contre les gros et notables ; et des riches, les uns contre les autres. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 245). Se leur office loyaument Font, sanz mener trop rudement Le menu peuple besongneux, Et sont diligens et songneux De faire en tous cas leur devoir, Preu et loz en doivent avoir, Mais, s'aultrement font, ilz se perdent Et les dampnent les biens qu'ilz gardent. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 142). ...me semble bon de touchier, par exemple, comment le prince doit avoir pour recommendé le menu commun, non obstant que de droite condicion et des oncques soit peuple enclin à de legier errer par folle creance et mauvais exort. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 125). Si n'est plus grant folie à prince, si je l'ose dire, qui veult obtenir sa seigneurie franchement et en paix, que donner licence au menu commun de soy armer. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 133). Ce jour, environ dix heures de nuyt, s'esleva grant nombre des gens du menu peuple de Paris armez (FAUQ., I, 1417-1420, 149). Les deux offins qui saillent troys poins en belinch, sont tes serviteurs, conseilliers et officiers. Les deux chevaliers peuent estre prins pour la vaillant chevalerie du royaume de Gaule. Et les pyons peuent estre prins pour tout le peuple groz et menu de la nef francoyse. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 480). ...ilz n'avoient que trois battailles (...) ou avoit du menu peupple assez. (LA SALE, J.S. E., 1456, 325). En ce temps prenostica sur la revolucion de l'an l'elevacion du commun, contre ceulx qui s'efforçoient lever une maletote sur ce que vendoit le menu peuple dedans Paris, ce qui advint, dont depuis ceulx de Paris eurent moult assouffrir pour l'offense (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 145 v°). ...car iceulx menuz gens et vers de terre susserent tout le noble sang (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 150 r°).

 

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Menues gens de mestier : A painnes eurent si varlet ce fait, quant toute li rue où il demoroit fu toute couverte, devant et derrière, de gens, et especiaument de menues gens de mestier. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 101).

 

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Menu officier. "Officier de rang inférieur" : ...pour les menuz officiers, chevaucheurs, charretiers, mulletiers et varletz d'estable LXXV robes et chapperons (Comptes roi René A., t.2, 1453, 403). ...n'avoit [le roi Charles] que son chancelier, son confesseur, et aucuns autres menus officiers emprès luy à son dernier (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 346).

 

2.

Empl. subst.

 

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Les menus. "Les petites gens, le bas peuple" : ...toutes manieres de gens habitans en la ville et suburbez de Poitiers seront contrains à euls armer, chascun selon son estat, c'est assavoir les riches et les puissans de toutes armeures, les moiens de lance, pavois ou godandart et de cote gambezie, et les menuz de godandar ou d'espée (Doc. Poitou G., t.3, 1355, 206). Après avint, le samedi Ve jour de mars l'an MCCCLV dessus dit, que une dissencion s'esmut en la ville d'Arras, des menus contre les gros, tant que le dit jour les menuz tuerent XVII des plus notables de la dicte ville. (Chron. Jean II Ch. V, D., t.1, c.1375, 62). En che tamps s'esmut uns contens et uns mautallens entre les gros et les menus de Bruges (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 51). Pourquoy furent les nobles ordonnez Et establiz seigneurs sur les menuz, Et leur furent les haulx honneurs donnez Et hommages qui d'eulx sont attenuz ? (CHART., B. Nobles, c.1424, 396).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

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