C.N.R.S.
 
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     MÈRE     
FEW VI-1 467a, 468b, 475b mater
MERE, subst. fém.
[T-L : mere ; GDC : mere1 ; AND : mere1 ; DÉCT : mere ; FEW VI-1, 467a, 468b, 475b : mater ; TLF : XI, 677a : mère1]

A. -

Au propre

 

1.

"Femme qui a mis un enfant au monde" : Si que li fils failloit au pere, La fille failloit a la mere, La mere au fil et a la fille Pour doubtance de la morille ; N'il n'estoit nuls si vrais amis, Qui ne fust adont arrier mis Et qui n'eüst petit d'aïe, S'il fust cheüs en maladie. (MACH., J. R. Nav., 1349, 148). Et ne vous desencusez mie que je ne soie assez gentils hom pour vous combatre, car je me tien aussi gentis hom de pere et de mere comme vous estes (MACH., P. Alex., p.1369, 231). Et ledit Loys respondi que sondit parrain estoit d'aussy bon pere et d'aussy bonne mere comme estoit le roy. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 22). Et s'en vint despourveuement et entra en la chambre ou Presine baignoit ses trois filles. Et, quant il les vit, il ot grant joye et dist : Dieux beneye la mere et les filles. (ARRAS, c.1392-1393, 9). Et fu en son temps moult devoz, et fu puis, par l'accort de son pere et de sa mere, moine de Maleres (ARRAS, c.1392-1393, 80). Qui est la mere, je vous demande, qui vouldroit soustenir les perilz et les travaux pour nourrir ses enfans, lesquelz soustint saint Pol pour les hommes sauver (...) On trouveroit peu mere qui pour son enfant telle peine soustenist ! (GERS., P. Paul, a.1394, 510). Helas, mon doulx enfant, pourras tu refuser a ceste povre mere une goutte d'eaue, une seule larme qui tant luy puet proffiter et sa doleur alegier ? J'ay soustenu tant de doleur et de meschief pour toy porter, enfanter, nourrir et avencier ! (GERS., Déf., 1400, 227). Ce jour, a esté enjoint à maistre Deniz de Paillart (...) qu'il alast veoir madame Jehanne de Dormans, sa mere, aggravée de maladie et près de sa fin, comme elle disoit (BAYE, I, 1400-1410, 198). Je supply et enhorte a tous peres et meres et maistres que ilz soient diligens a faire confesser leurs enfans, et les enhortent a ne [ne] riens celer. (GERS., Concept., 1401, 428). La vie contemplative est une maniere et un estat de servir Dieu, ouquel la personne qui y est aime tant et si ardemment Nostre Seigneur que elle oublie entierement pere, mere, enfans, tout le monde et soy meismes (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 23). ...la sainte escripture tesmoingne : " Pour ce relenquira l'homme son pere et sa mere et asozira a sa femme, et seront deux en une char." (Sacr. mar., c.1477-1481, 66). Pour ce, à veoir seullement la figure d'une nativité, est bien convenable d'enquerir des parens et du lieu de la naissance, car si le pere et la mere sont Mores, l'enffant suivra la coulleur, qui est moult differante à celle de France. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 92 v°).

 

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Dame de mere : ...ce duc d'Irlande avoit une dame de mere, vaillante dame, et prude femme, qui s'appelloit contesse dou doaire (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 47). Qant li jones contes de Hainnau ot ordonné toutes ses besongnes, et pris congiet a sa dame de mere (...) il parti dou Kesnoi (FROISS., Chron. D., p.1400, 362).

 

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[À propos d'Ève] "Aïeule" : ADAM. Eve, mere de tous vivans, Vous parlez par ung bon moyen (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 90). [Réf. à Gen. 3, 20] Et puis il [Dieu] fist secundemant De terre nostre premier pere Et de ly eve nostre mere (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 64).

 

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La premiere mere. "Ève" : ...et que la premiere mere Eve eust en ce eu plus grant privilege en [s]a naissance que celle qui sera ta mere, car elle fut faicte sans telle rebellion. (GERS., Concept., 1401, 399). ... nous estions condempnés Et pardurablement dampnés Par le pechié du premir pere Et de Eve, premere mere (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 135).

 

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Mere au/de lait. "Nourrice" : "...j'ai perdu la plus lealle amie Qui fust onques veüe en nul jour de sa vie, La meilleure, la plus belle et la miex enseignie : C'est ma mére de lait qui ne me heoit mie..." (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 101). ...Perrete de Serez, mere de lait de Monseigneur Messire Loys de Navarre (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 103). Quant les deux barons eurent entendu les choses esmerveillables que les dames et nourrices recordoient de l'enffant, ilz enchargerent le bers aux meres au lait (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 255).

 

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Mere de famille : Affin dont que ces maulx ne aviennent en l'Eglise, "je veul que les plus josnes vesves se marient et non pas vouer, de enfans engendrer, et soient mere de famile sans donner a l'adversaire occasion de mesdire". (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 427).

 

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Aimer qqn d'amour de mere. "Aimer qqn comme une mère" : Et la dame [Mélusine] les redreca, et baisa chascun en la bouche, tout plourant, car elle avoit grant douleur au cuer de leur departie, car elle les amoit d'amour de mere, non pas d'amour de faulse nourrisse. (ARRAS, c.1392-1393, 83).

 

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[Dans une compar.] Faire qqc. comme une mere : Mais nullement je ne puis ce comprendre ; Car longuement, com douce mere et tendre, M'a repeü De ses dous biens au mieus qu'elle a peü (MACH., J. R. Beh., c.1340, 86). Las ! Amours me soloit estre Douce, courtoise et po fiere, Et de ses dous biens repaistre, Com vraie amoureuse mere. (MACH., L. dames, 1377, 68).

 

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Engendré de pere et de mere : [Le] noble prince d'Entioche, Qui est fors com chastiaus sus roche, En batailles fermes, seürs, Sages, avisiez et meürs, Dous aus gens d'armes et humains, Et s'estoit ses freres germains, Engendrez de pere et de mere. (MACH., P. Alex., p.1369, 138). Je vous afferme loyaument, Que quant il vint premierement Devers le roy, li roys li fit Honneur, courtoisie et profit Autant comme s'il fust son frere, Engendrés de pere et de mere. (MACH., P. Alex., p.1369, 224). Li roys pas très bien ne cela Ceste chose, ains la revela Au prince, qui estoit son frere, Drois germains de pere et de mere. (MACH., P. Alex., p.1369, 250).

 

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(Issu) d'un pere et d'une mere. "Né d'un même père et d'une même mère" : Il [Lamech] engendra de Ada Jabel, Qui fu tantost aprés Abel, Et Jubal ; cilz .II. furent frere Issus d'un pere et d'une mere. (MACH., Voir, 1364, 496). Et touteffoys ils estoient d'ung pere et de une mere. (BUEIL, II, 1461-1466, 69).

 

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Estre mere à qqn. "Être comme une mère pour qqn" : LE VENEUR. (...) Au matin [Griseldis] va soigneusement Garder les brebis de son pere, Auquel elle est et fille et mere Pour la bonté qu'elle lui fait (Gris., 1395, 29). LA CONTESSE. (...) Damoiselle, c'or soiez mere Des ore mais a cest enfant En le chierement nourrissant Comme le mien, je vous en prie. (Gris., 1395, 68). Qui donc suis tel, et me fais un Virgile, Un Cicero, un semblable à Homere, Un Demostene, un Terence à hault stile, Comme tu fains estre vraie euvangile Que les haulz dieux me soient pere et mere, Ne m'est - helas ! (CHASTELL., ROBERTET, MONTFERRANT, Douze dames rhétor. C., 1462-1463, 169).

 

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[Élément de renforcement d'un comparatif]

 

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Naistre de mere/estre de mere né/venu : LE TIERS CHEVALIER. (...) onques maiz ne nasqui de mere Deux enfans mieux d'une semblance. (Gris., 1395, 92). Ne fut uncque de mere venue Fame si deconforter que je suis. (Pass. Autun Roman F., c.1400-1500, 211). Je say en terre un si riche homme Qu'oncques de tresor n'ot tel somme Homme qui fust de mere nez, Car il enchargeroit les nez Plaines d'avoir et de deniers, Il en a combles les greniers (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 141). Onque ne fut de mere nee Femme sy dolente ne tant essaree Que je suis, laisse doloreusse Qu'on soloit dire la plus eureuse. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 113). Je croy, moy, que d'icy a Romme Son pareil n'est poinct né de mere (LA VIGNE, S.M., 1496, 402).

 

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Prov. De sage mere sage enfant : Port asseuré, maintien rassiz Plus que ne peut nature humaine, Et eussiez [vous, Marie d'Orléans] des ans trente six ; Enfance en rien ne vous demaine. Que jour ne le die et sepmaine, Je ne sçay qui le me deffant. Ad ce propoz ung dit ramaine : De saige mere saige enfant. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 44).

 

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Mere piteuse fait fille orgueilleuse/enfants teigneux. "Une éducation trop complaisante rend les enfants déplaisants" : Et il est veü apertement (...) que cil qui veult estre pacient et lent, en faisant droit et en corrigant males gens en son commencement, que le mal le seurmonte si et multeplie que quant le seigneur ou gouverneur convoite aucune chose et veult, il ne la peut acomplir ne corrigier, mais en avient ausi comme l'en dit communement, que "mere piteuse fait fille orgueilleuse" (VIGNAY, Théod. Paléol. K., c.1333-1350, 43). Le pere a ses enfans En oeuvres vertueuses Doit faire user leur temps A verges vigoureuses. S'elles ne sont doubteuses, Il les fait maleureux, Et les meres piteuses Font les enfans tigneux. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 52).

 

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Si on blesse le corps du fils, le coeur de la mere le sent : DESESPERANCE (à Judas). Oncques tel rage ne confis, Se ton vueil ad ce condescent, Car mere et filz as desconfis. C'est a la mere Ne jamais tu ne l'asuffis Pour prier mille foiz ou cent. Car qui blesse le corps du filz, Le corps de la mere le sent. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 292).

 

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Qui perd sa mere, il perd d'amour l'escueil. "Qui perd sa mère perd le réconfort de l'amour" : O tres petite et gente Marguerite Fleur de merite, ou sera ton recoeul ? Qui perd sa mere, il perd d'amours l'escoeul. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 173).

 

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Telle mere, telle fille : Tele la mere com la fille, Soit bonne, mauvaise ou subtille, Car voulentiers tient, par saint Pere Le chemin fille de sa mere, Si comme le poete dit Qui ceste chose nous escript. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 107).

 

2.

RELIG. "La mère du Christ ; la Vierge Marie" : Et il, en signe de grant joie, Me salua de Dieu le pere Et de sa douce chiere mere ; Et je li respondi briefment En saluant courtoisement. (MACH., J. R. Nav., 1349, 159). Et si n'en fais nulle doubtance, Car c'est ma foy, c'est ma creance, C'est ma vie et ma soustenance, Par celle qui par excellance Est fille au pere et dou fil mere. (MACH., Les lays, 1377, 407). ...je fais doubte pour Justice que elle ne feust conceue en la tache de pechié originel et qu'elle n'eust pas [c]este purté, innocence et beauté qui appartient a celle qui doit estre ta mere, ton espouse et amie singuliere. (GERS., Concept., 1401, 399).

 

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Fille et mere (de Dieu) : Dame, qui es et mére et fille Au toutpuissant... (Mir. emp. Julien, 1351, 192). A quil me reconforteray ? Car je pers mon filz et mon pere [Jésus] ; J'estoie sa fille et sa mere. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 216).

 

Rem. En raison de la nature trinitaire de Dieu, la Vierge Marie est considérée à la fois comme fille et comme mère de Jésus-Christ.

 

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Mere (de) Dieu : LE PREMIER DYABLE. Belzebus, trop est esmarie La pensée de celle femme, Mére Dieu, qui si nous diffame Qu'ame ne nous peut demourer. (Mir. enf. diable, c.1339, 5). Moy et ta mére avions voé A la mére Dieu chaasté (Mir. enf. diable, c.1339, 26). Guillaume, voisin, il m'en poise. Par la mére Dieu de Pontoise, Se je le peusse amender ! (Mir. femme, 1368, 193). Et tout cecy nous pouons recevoir, en especial nous, crestiens, moyennant vostre joyeux enfantement du jour d'uy, Mere de Dieu glorieuse, par la naissance, par le Nouuel, par la nativité de vostre benoist filz nostre Sauveur Jhesu Crist. (GERS., Noël, p.1404, 293).

 

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[Dans une exclamation] : Pourquoy ne sont-ilz bien partis ? Ilz en avoient tant, mere dieux ! (Gens nouv. P., c.1461-1500, 322). Par la mere Dieu precïeuse, vous luy resemblez de corsaige comme qui vous eust fait de naige (Path. D., c.1456-1469, 62).

 

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Souveraine mere : ...si les donne a la pucelle Que Dieu fist souveraine mére, Par qui pluz au souverain pére (Mir. pape, 1346, 393).

 

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Vierge (et) mere : ...que tu aies force en pacience (...) a l'exemplaire de la glorieuse vierge mére Marie (Mir. st Val., c.1367, 123). Dame, Vierge et Mere appellée, En ciel, en terre, en mer loée, En gloire de Dieu couronnée, De joie adresse et sente, Fleur de tous biens enluminée Estes, dont nostre vie est née. (MACH., Les lays, 1377, 398). ...et de ceste grace vous en estes comme garde et tresoriere, Vierge mere et pucelle (GERS., Noël, p.1404, 292). Ja verront le filz du Pere Proceder de sa vierge mere, C'est mon espoux et mon Dieu vray. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 68). Et nous layrons cy no maison En la garde de Dieu le pere Duquel fil serez vierge mere, Car il est enclos en vos flans. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 21).

 

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Mere d'amour : Mére d'amour, en qui habite Toute pitié... (Mir. emp. Julien, 1351, 192).

 

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Mere de consolation : Ha ! tresdoulce vierge pucelle, Puis que devotement t'appelle Mére de consolacion, Celle grant persecucion Ne souffrez, dame, excecuter (Mir. emp. Julien, 1351, 192).

 

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Mere de gloire/glorieuse mere : Sire, or pensez quel vertu a L'umble vierge, mére de gloire, Qui a fait que cette vittoire Avons eu. (Mir. emp. Julien, 1351, 212). Premierement, ou nom du Pere, Du Filz et du Saint Esperit, Et de sa glorïeuse Mere Par qui grace riens ne perit, Je laisse, de par Dieu, mon bruyt A maistre Guillaume Villon [le père adoptif de Villon], Qui en l'onneur de son nom bruyt, Mes tentes et mon pavillon. (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 15).

 

-

Mere de misericorde : ...La mére de misericorde Par qui cuidoie avoir acorde A Dieu... (Mir. pape, 1346, 378).

 

3.

[À propos d'un animal] "Femelle qui a mis bas" : Car j'y vi de maintes manieres De bestes crueuses et fieres, Dragons, serpens, escorpions, De toutes generations, Buglos, chameus, tygres, pantheres, De tous genres, peres et meres, Olifans, liepars et liepardes, Ourses, lins, renars et renardes, Loiemiers, grans alans d'Espaingne (MACH., D. Lyon, 1342, 172). Et, quant ilz ne truevent le let de leur mere a leur guise ou que l'ourse se bouge ou se muet, ilz mordent et esgratinent les poupes de leur mere, et elle se courrouce et les blesce ou tue aucunne fois. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 85). Aucunnes genz dient que la louve ne porte point de cheaus tant comme sa mere est vive, mais je ne l'aferme pas. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 96). ...doncques, comme il pere que les bestes ayent aucunement prudence, c'est selon aucune similitude, et non pas proprement prudence, car en eulz n'est autre fors une naturele extimacion de porsuivre les choses conveniens et fuir leurs nuisibles, si comme l'aignel suit sa mere et fuit le loup, et ainsi des autres (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 168).

 

-

Porc hors de dessous la mere. "Jeune porc sevré" : ...et se il en y a aucun qui ait VII pors hors de dessoubz la mere, il en doit avoir un, et partant s'en vont quittes sans riens paier au pasnage de la forest de Bris. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R.B., 1398-1402, 127).

B. -

P. anal. [Langages spécialisés]

 

1.

ASTR. "Évidement circulaire de la face de l'astrolabe dans lequel se logent plusieurs disques plats nommés tables" : Apres est appelee "mere" toute la reondesse et le font qui comprent les tables devers le visage de l'instrument. (PÈLER. PRUSSE, Astrolabe L.F., 1362, 34). Après y a une petite reglete qui vient du meilleu de la face jusques dessus lesdites heures. Et dessoubz ceste reglete sont l'iraigne et les tables pour les divers climas qui sont enclos en ventre et en la contenance de l'astralabe comme les enffans en ventre de leur mere, et pour ce celle contenance est appellée mere des tables, mater rotula vel tabula (FUSORIS, Astrolabe P., c.1407-1412, 110).

 

Rem. FEW VI-1, 475a : «"face antérieure interne d'un astrolabe" Cotgr 1611».

 

2.

MÉD.

 

a)

Dure mere. "La dure mère, la méninge externe" : ...telle dure mere est liee et jointe en moult de lieux au cervel (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 265). ...et puis vient la tunique qui s'appelle sclirotique qui nait de la dure maire et fait l'oeul senestre et son aide c'est qu'elle deffent l'oeul de la duresse de chair (GORDON, Prat., c.1450-1500, III, 1). ...le pericraneum naist de la dure mere par les commissures (PANIS, Guidon, 1478, tr.I, doct.2, chap.1). Les opperacions environ les commissures sont suspectes et doubteuses de la choiste de la dure mere sus la pie mere et de la compression du cervel. (PANIS, Guidon, 1478, tr.I, doct.2, chap.2). Et ce pannicule est apellé des medicins la dure mere ou la miringue superiore du cerveau (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, IV, 1).

 

-

Debonnaire/pie mere. "Pie mère, méninge interne" : ...pia mater et dura mater, la debonnaire mere, c'est celle qui avironne le cervel sans nul moyen (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 303). ...de la pie mere est mis le nourrissement au cervel (PANIS, Guidon, 1478, tr.I, doct.2, chap.1). ...et l'autre pannicule qui est sans moyen sur le cerveau est apellé la pie mere ou la miringue inferiore du cerveau (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, IV, 1).

 

b)

"Matrice" : ...ledit suppliant (...) porta de l'orine d'icelle chamberière à ladicte femme ; laquelle lui dist que icelle chamberière estoit fort chargie de gravelle blanche et avoit la mere du ventre close (Doc. Poitou G., t.11, 1467, 87). La mere est champ de generacion humaine et par consequent organne susceptif de laquelle le seige est entre la vescie et longaon. (PANIS, Guidon, 1478, tr.I, doct.2, chap.7).

 

3.

TECHNOL. Mere roue. "La roue principale du mouvement (un autre nom, sans doute métaphorique, pour la premiere roe)" ( (d'apr. Éd.)) : Car Plaisance trop bien a lui s'acorde, Qui remonstree est par la propre corde Que le plonk tire, et dont il fait mouvoir La mere roe. (FROISS., Orl., 1368, 87).

 

4.

"Bateau accompagné d'une ou plusieurs allèges"

 

Rem. GD V, 254b, mere 2, doc. 1486.

 

5.

"Lie du vin"

 

Rem. Ex. d'afr. et doc. 1406, Metz, meire, ds GD V, 255a, mere 3, FEW VI-1, 474b.

 

6.

Mere de perles. "Nacre" : Et estoient couvertes lesdittes tours de platines du large de la paulme, faittes toutes de mere de perles (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris R., 1457, 223).

C. -

Au fig. [Idée de source, d'origine]

 

1.

"Personne ou chose qui est à l'origine des êtres ou des choses"

 

a)

[D'une institution]

 

-

(Nostre) mere sainte Eglise. "L'Église catholique vis-à-vis des fidèles" : Et en tous voz affaires reclamez l'aide de vostre Createur, et le servez diligemment, et amez et creniez comme vostre Dieu et vostre Createur. Et Nostre Mere Saincte Eglise soustenez, et soiez si vrais champions encontre tous ses malveullans. (ARRAS, c.1392-1393, 85). Suscepimus, Deus, misericordiam tuam in medio templi tui : Psalmo XLVIImo. Ces paroles du prophete David sont recitees en nostre mere saincte Eglise, a l'intröicte de la grant messe (GERS., Purif., 1396-1397, 59). ...chante nostre mere saincte Esglise que [le] ciel et la terre sont plains de la gloire de Dieu ? Je vous respons que c'est verité (GERS., Noël, p.1404, 299). Car dit la loy de Dieu que foy catholique doit estre entierement, fermement et unement creue, ainsi comme Nostre Sainte Mere Eglise le nous commande, se estre voulons participans ou merite que dist Jhesu-Crist à Saint Thomas : Beneurez seront ceulx qui ne me verront et me croiront. (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 42). O sainte mere Eglise, tu fus fondee sur humilité, qui est la premiere pierre de l'edifice de Jhesu Crist, et par humilité gardee soubz la cremeur de Dieu es eslevee en exaltation sur le monde. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 56).

 

-

[L'Université de Paris] : ...la mere des estudez, le beau cler soleil de France voir de toute crestiente [l. crestienté], l'universite [l. l'Université]de Paris... (GERS., Réf. roy. G., 1405, 1137). Ne scay que j'eusse fait se discrecion la saige, ainsi le veult Dieu, n'eust este [l. esté] envoyee par la fille du roy, la mere de science, l'Université de Paris (GERS., Réf. roy. G., 1405, 1154). Par l'ordonnance de la très sacrée faculté de théologie, ma mère, au jugement de laquelle, je, Jehan Very, pbrestre de l'Ordre des Jacobins, docteur en théologie, me suis submis... (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 442).

 

.

Nostre mere (l'Université) : ...nostre mere, sans delay, Si je lisoie une lesson, Me feroit mettre en prison, Car tous Jacobins sont privé Des fais de l'université (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 40). Devant Nostre-Dame de Paris, trouva le roy nostre mère l'Université, le recteur d'icelle, docteurs et licenciéz en grant nombre (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 428).

 

-

Mere maison. "Famille, maison de laquelle on descend" : ...sur tous vivans amoit [le dauphin] l'honneur et le salut du royaume comme de sa mère maison, et ploroit en coeur sa division et maleurté (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 193). ...tant a esté humble et constant en vertu, tant léal et entier envers sa mère maison de France [le duc de Bourgogne] (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 6).

 

b)

[D'un lieu]

 

-

Mere des arts : Paris entre les autres citez du royaulme de France estoit la principale, car comme la cité de Athenes estoit mere de tous lers ars liberaux et de toutes lectres, nourrice de philosophes, fontaine de toutes sciences, par laquelle toute Grece fut honnoree, ainsi Paris honnoroit France, et non mie seulement France mais toutes les parties de Europe (JUV. URS., Loquar, 1440, 357). ...après ce qu'il eut brullée ceste noble mere des ars et des cités, Athenes, et fait le degast de VII à VIIIc mil volumes de livres, illecques trouvés, tant de astrologie que des autres ars liberaulx (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 46 v°).

 

2.

"Origine, source, cause" : Auchunefois aussi ce fait la varieté des paroles, comme dist Tulle en sa premiere Rethorique : "Il convient par grand labeur changier ou muer la parole, car en toutes choses samblance est mere de rasasiement". (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 25). Qu'a sa bonté, qui toutes enlumine, N'est mondeinne bonté qui se compere, Et sa biauté, qui son gent atour pere, Plus que biauté est belle et enterine. Car tout aussi com la rose à l'espine En douce oudour et coulour se differe, Seur toutes est fleur, feuille, fruit et mere De tous les biens d'onneur, de douceur fine. (MACH., Les lays, 1377, 324). ...nous ne trouverrons pas que ce procés soit fait selon rayson ne selon justice, laquelle est mere de toutes vertus, mez est fait par la volanté soudaine et precipitee du juge, laquelle est marratre de toute justice. (Songe verg. S., t.1, 1378, 271). Veez cy celle qui se dit hostelliere et mere des vertuz, mais avant elle[s] elle me herberja par pechié originel ! (GERS., Concept., 1401, 404). Vecy qu'Aristote en escript, Se a memoire j'ay son escript : Pour ce que sapience est mere De toutes vertus non amere, Par les meilleurs raisons monstree Elle doit estre et demonstree. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 230). ...oysiveté est la mere de toutes truffes (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 17). Dez lors regnoit ambition, mere de male traison [l. traïson] crueuse (GERS., Réf. roy. G., 1405, 1148). Congnoiz tu or endroit que negligence marratre de vertus et mere de follie tire l'omme a basse renommee et en indigence de seigneurie. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 75). Car Vieillesse, la mere de courrous, Qui tout abat et amaine au dessoubz, Vous donnera dedens brief une atainte. (CH. D'ORLÉANS, Songe compl. C., 1437, 100). De vertus suis source, mere et nayscence, Car sans Rayson tu n'as nulle aultre essence Qui ne te mette en controversité. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 21). ...par quoy puist estre eschevee et reboutee prolixité, c'est a dire trop longue narration, mere de annuy (Somme abr., c.1477-1481, 98). Helas, mauldite soit envie Que chescun crie Estre la mere de faulx tours. (Pass. Auv., 1477, 181).

 

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Prov. Oisiveté est mere de tous les vices : Pour eschiver la mauvaité Et l'escole d'oisiveté, Qui est droite mère et nourrice De maint péchié et mortel vice (LA HAYE, P. peste, 1426, 163). Et au regard des dames et damoiselles, ce ne leur est que toute oysiveté, mere de tous vices, et mettent a leur mettre a point et a toutes vanités le jour et la nuyt. (JUV. URS., Verba, 1452, 279). Pour eviter les dommageables et importables ennuytz de oysiveté qui est (ainsi que dit sainct Bernard) mere de tous vices (...), moy indigne ay prins l'audace de translater ce livre de latin en francoys (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 2).

 

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[D'une pers.] : En aprés de la pitié et debonnaireté du vray amoureux saint Pol envers tous, qui en pourroit assés parler ? N'avons nous pas qu'i[l] se nommoit mere et nourrice qui enfantoit et allaictoit tous ceulz qui se convertissoyent ? (GERS., P. Paul, a.1394, 510).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

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