I. -

Adj. "Qui travaille à la tâche, en échange d'un salaire, sans être attaché à un office" : Ceulz sunt mercennaires qui louent leur corps pour porter fais ou pour tel labeur ; ou qui louent leur chevaulx, leur charretes ou autres instrumens. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 171). La tierce est mercennaire ; ce sunt gens qui labeurent corporelment pour louier, si comme sunt teliers, cousturiers, recouvreurs, maçons, etc. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 264). Car leur vie est malvese et ne traicte nulle oeuvre avec vertu, si comme est la multitude des bannauses et celle des hommes qui suient les marchiés et la multitude des mercennaires ou mercennaire [la multitude mercennaire]. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 264). Mercenarius (...) : mercenaire, c'est honme louys (Aalma R., c.1380, 254). ...ledit Jehan le Monnier, qui en son temps de jeune aage avoit tousjours servi les gens de justice et autres en escriptures et autrement come povre clerc mercennaire (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1424, 154).

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[Dans un cont. métaph.] : ...fortune, a qui tant de poissance attribues, n'est fors ma chamberiere mercenaire comme conduisserresse des oeuvres ja par moy disposees a mettre a effett. (CHR. PIZ., Avision T., 1405, 132).

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[De la vie ainsi menée] : Car il ne est pas possible que celui face, exerce et frequente oeuvres de vertu qui vit de vie bannausique ou mercennaire (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 125).

II. -

Subst. "Ouvrier, ouvrière qui travaille à la tâche" : Car leur vie est malvese et ne traicte nulle oeuvre avec vertu, si comme est la multitude des bannauses et celle des hommes qui suient les marchiés et la multitude des mercennaires ou mercennaire. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 264). ...la somme de cent florins, pour paier ses messonniers et aussi pour faire vendanges, et pour certains mercenayres (Comptes roi René A., t.1, 1477, 101).

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[Domaine militaire] : Les Alemans, les messenaires d'estragnes pays, ne poroie sçavoir tous nommer : si m'en tairai atant. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 194). Tantost cil signeur estragne, Alemant, messenaire, Braibençon et Hesbegnon, et tout ensamble, remoustrèrent au roy moult bellement leur povreté et necessité. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 195).

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"Laïc rémunéré pour les services rendus dans une église" : Aucuns en y ha qui crient ou cuer de l'eglise a haute voix ; et ceulz ci sont comme les recteurs et mercennaires de l'eglise qui le gaingnent a haut crier. (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 366).

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[Dans un cont. métaph.] : JÉSUS. Je sui bon pasteur qui donne Mon ame et qui l'abandonne Pour mes ouailles et brebis. Mez tost fuit et les laisse cis Qui y vient com mercennaire Et n'a talent de bien faire. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 240). [L'âme :] ...et s'il te plaist, fay de moy chetive ausi come une de tes petites mercenaires, car ton ancelle je ne suy pas digne d'estre apelee. (MÉZIÈRES, Test. G., 1392, 301-302). O comme peut moult l'amour de Jhesucrist qui n'est permixte de quelque prouffit propre ou amour ! En ce ne font mie a appeller mercennaires ceulx qui tousjours quierent leurs consolacions ? (Internele consol. P., 1447, 40).