C.N.R.S.
 
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     MERC     
FEW XVI merki
MERC, subst. masc.
[T-L : merc ; GD : merc1 ; AND : merche1 ; FEW XVI, 550b : merki]

A. -

"Marque (naturelle), tache sur le plumage d'un oiseau de proie" : ...et que les panez soient bien roides, et que le bout de la queue soit blanc de plain pose de lé et les mers de la queue bien vermeus. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 175). Et deslors en avant couviendra soy prendre garde quant il avra deux mercz frans (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 149). Saichiez aussi que quant il a esté longuement sur le poing et qu'il a tous ses .VII. mercqs (...), il est adont tenu pour fourmé. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 150).

B. -

[Marque artificielle]

 

1.

"Borne, marque délimitant une propriété" : ...une porcion de terre en prey contenante douze perques ou viron, joint et bute ausdiz priour et frères, et d'autre costé au chemin tendant de l'ostel es Turquetiz à l'ostel Guillemin Binet, et d'autre but ausdiz mariez, par les mers et devises mises entre eulx. (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1449, 263). ...la moictié dudit tènement, en tant qu'il y en a, entre l'hostel qui fut à feu Nicollas de la Croix et l'hostel de Guillaume Le Grant, par les mers et devises qui mis y sont (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1482, 333).

 

2.

"Borne, marque pour le repérage de qqc." : Et ne les sauroit autrement enseignier [les coffres], parce qu'il n'y a mis aucun merc à l'endroit, et aussi que le cours d'icelle riviere va et court par-dessus iceulx coffres. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 210).

 

3.

"Marque distinctive ou paraphe"

 

a)

"Signe distinctif, marque" : Pour la forfaicture de deubx chevaux vielx de petite value prins es bois du roy, portans boys sans merc, par Colin Chaon et Jehan Poivrel, forestiers, tauxée par nous congnoissans ad ce a la somme de XL s. t. (Doc. 1395. In : E. Decq, Bibl. Éc. Chartes 83, 1922, 96).

 

b)

"Paraphe qui garantit l'authenticité d'une signature" : ...l'on doit bailler adjournement (...) pour reprandre ou reppudier (...) ; et pour dire si et pour quelle partie l'on tient en aucun tènement ; et pour venir cognoistre ou nyer le merc[,] seel ou escripture ; ou aultrement en cas susdits partie ne seroit tenue à aller avant. (Vieux cout. Poitou F., c.1451-1454, 39). Le salaire des greffiers soit de leur marq ou signateure de chacun procès ou registre est de quatre deniers (Vieux cout. Poitou F., c.1451-1454, 119). Et es juridicions subalternes ne sera payé pour ledit simple merc et signature de greffier que cinq deniers tournois, et dix deniers pour double merc (...). En aucuns actes et autres expedicions cy après declairées y eschet esdictes assises cinq solz tournois au greffier, c'est assavoir en commissions extraordinaires de examiner tesmoins soit par examen à futur ou autrement. Touteffoiz pour les commissions ordinaires adressans à l'enquesteur ordinaire, n'y a que simple merc. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1490, 496).

 

c)

P. méton. "Cachet, poinçon, sceau servant à imprimer une marque" : Le prevost doyt avoir la garde du merc des boisseaulx à mesurer es dites mectes, et l'estalon pour les gauger (Commerce marit. Rouen F., Pièces justif., 1387, 172). ...la maniere de savoir où il avoit prins les plas et escuelles d'estain trouvées en sa chambre, et un cousteau ployé aus plas et escueles, les noms de ceulx à qui saing ou merq ilz avoyent esté et estoient signez, qui avoyent esté ratissiez et effaciez, afin que l'en ne les cogneust (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 298). ...pour ce copper et user donnés merc et martel et temps que vous verrez estre expedient (Rouen temps Jeanne d'Arc L., 1419, 9). ...pour ung merc à mercher bestes au lieu de la Menistré, XXVII s. VI d. (Comptes roi René A., t.1, 1453, 11).

C. -

Au fig.

 

1.

DR. [Idée de délimitation, de définition]

 

a)

Merc de la justice. "Emplacement de la justice d'un seigneur" : Le seigneur chastellain qui a tous droiz de chastellenie en sa terre, ou merc de la justice de sa chastellenie puet mectre quatre pilliers. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1411, 392).

 

Rem. Cf. Fr. Ragueau, E. de Laurière, Gloss. du dr. fr., 1969, 318, s.v. maire : Merc de Chastel.

 

b)

"Cas défini par la loi" : Le paraigeau et ses subgitz le paraige durant ne respondront plus à la court de leur paraigeur, mais en la court et juridicion de leur chief seigneur ; sauf en deux cas : l'un, en cas de mesures, qui est le merc que ledit parageau doibt unes foiz retournez à l'obéissance de son paraigeur ; le second, pour raconter paraige. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1411, 469).

 

c)

"Limite qui sépare les coups dangereux de ceux qui le sont moins" : Et qui fiert aucun au dessus des mercs, c'est assavoir sur la teste ou au visaige, est tenu ès intérestz de partie à l'arbitracion du juge, et en fait amende de la court de LX s. en Anjou, et ou Maine de VI l., soit noble ou coustumier. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1411, 439).

 

Rem. Cf. Fr. Ragueau, E. de Laurière, Gloss. du dr. fr., 1969, 330a, s.v. Mercs de justice : «Anciennement en France on fixait des Mercs ou des bornes, à l'égard des coups que les hommes se pouvaient donner les uns aux autres dans leurs querelles, pour distinguer les coups qui sont dangereux d'avec ceux qui ne le sont pas, et pour fixer par ce moyen les amendes».

 

2.

"But que l'on se fixe" : JUDAS. ...Si je debvoye estre haché, Estre pendu ou escorché Ou mourir de mort tres villaine, Je me suis ad ce merc merché Qu'il [Jésus] sera prins, c'est mot trenché, Ou je demourray en la peine. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 271).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

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