C.N.R.S.
 
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     MENÉE     
FEW VI-2 minare
MENEE, subst. fém.
[T-L : menee ; GD : menee1 ; GDC : menee ; AND : menee1 ; FEW VI-2, 102a : minare ; TLF : XI, 637a : menée]

A. -

"Action de mener, de conduire, de faire..."

 

1.

"Façon de conduire une affaire" : Sy se retrahirent lesdits seigneurs et s'en allèrent en leur logis eux festier et aisier, et attendirent le jour de leur response pour eux en retourner devers leur maistre, dont la question et la longue doloureuse menée leur commençoit à annoier (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 164).

 

-

Savoir la menee de une arme. "Savoir se servir de" : Il n'avoit Sarrasin (...) Qui osast contre lui prendre par cière irée L'escut et le baston dont il sot la menée (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 300).

 

-

Menee de paroles. "Discours, flot de paroles" : ...ce duc Charles-icy (...) non craignant nul vent de France, là où on luy machinoit grief, ce savoit bien, fit tant moins d'estime et de réputation de l'ambassade du roy et de son rapport ; car ne maintenoit nulle teneur de vérité en iceluy, ains abus et menées de paroles vuides et sans fruit (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 449).

 

2.

Au plur. péj. "Pratique secrète, insidieuse pour arriver à tel ou tel but" : Il [Jésus] ne suit que oyseuses et festes, Publicans, pecheurs magnifestes, Folles femmes habandonnees : La va il faire ses menees Et c'est ce qui plus nous desplaist. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 298). Jehan Coustain doncques, ayant devant luy le coeur de cest homme par longues subtiles menées, enfin s'eslargit envers luy par demande, assavoir : que qui voudroit un homme faire mourir celéement, s'il ne sauroit trouver voye et manière comment à ce on parviendroit (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 240). Et combien que feussions pieça advertiz de toutes lesdictes entreprinses et menées qui se faisoient sur nosdictes places (Lettres Ch. VIII, P., t.3, 1491, 144).

B. -

CHASSE "Poursuite de la bête chassée ; voie suivie par une bête chassée" : Donc doit il traire arriere par la ou il est venu chassant et mettre ses chienz devant luy et prendre tourz et essainz ["Tour qu'on fait pour détourner une bête ou retrouver sa trace" (d'après Éd.)] le plus pres qu'il pourra de la menee, ou d'une part ou d'autre, quar, s'il prenoit grant tour, le change l'i pouroit bien bouler. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 198).

 

-

[Du chasseur] Suivre la menee, se mettre à la menee, chasser menee, chevaucher menee. "Suivre de près les chiens qui poursuivent la bête chassée" : Et puis, quant touz ses chiens seront devant, il se metra a chevauchier menee aprés ses chiens et huera et cornera de la plus grant et forte aleine qu'il pourra. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 55). Et, s'il venoit a son forhuer deux ou trois ou quatre chienz ou plus et nul des veneurs n'i venoit, il doit mettre son limier devant et chascier menee et crier et corner chasce tout le jour aveques eulz jusques a tant que un des veneurs ou aydes y soit venuz. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 176). Et, quant il aura descouplez ses chienz, encore loe ge qu'il chasce menee a tout son limier einsi comme le tret d'unne arbaleste, quar aucunne foiz autres cerfs et biches peuent bien estre ou meïsme pays, et les chienz les pourroyent bien acuillir. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 176). Et, quant ilz seront touz passez, il se doit mettre a la menee et corner et huer et resbaudir ses chienz, comme j'ay dit. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 198). De quant que il [le chasseur] se puet avencier, Sa menée doit bien suir Et tous les jours le cerf poursuir Le mieux et le plus tost qu'il poura, Et souvent aux chiens parlera (FONTAINE-GUÉRIN, Trés. vén. M., 1394, 61).

 

-

[Du chien de chasse] Doubler, grossoyer sa menee. "Ranimer sa poursuite" : Qui veult adroit lessier courre a cerf, si prengne garde que le cerf de quoi il sieut s'en voist de son limier, et ce saras tu, comme autre fois t'ay dit, se le limier double sa menee, c'est a dire se il s'efforce de crier et que il tire plus fort que il ne fesoit (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 39). Et se tu les os [les chiens] abaier ou grossoier leur menee, c'est signe que i l'aront trouvé [le cerf] (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 80).

 

Rem. Cf. M. Bambeck, Z. rom. Philol. 81, 1965, 377-378.

C. -

DR. FÉOD. "Ensemble de vassaux qu'un noble doit amener aux plaids du seigneur suzerain" : Comme plusieurs nobles tiennent d'autres à congé de personne et de menée, les seigneurs de qui ils tiennent les font adjourner à presenter leurs menées une fois ou plusieurs par chascun an, et si celui qui doit presenter sa menée ou l'un de ses hommes deffaillent, tout le parsus de ses hommes sont tauxez. Et posé qu'ils se presentent, les officiers du seigneur exigent de ceulx qui se presentent aucunesfois dix deniers, aucunesfois vingt deniers (...) qui est contre toute raison et justice, nous, desirans y pourvoir et oster celles abusions de justice, ordonnons que dores en avant nul ne soit contraint à presenter sa menée, sauf à bailler par escript sa tenue une fois au seigneur (Très anc. cout. Bret. P., Textes divers, 1420, 378).

 

Rem. Cf. F. Lot, R. Fawtier, Hist. des instit. fr. au Moy. Âge, t.1, 1957, 275.

 

-

"Ensemble de vassaux" (?) : ...La noble royne du pays couronnée Leur avoit pardevant la cose remonstrée Comment les hoirs d'Orlyens et chieux de leur menée Avoient à grant tort celle guerre eslevée (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 403).

 

-

"Compagnie, troupe" : Tant y avoit de gens de tant mainte contree Que ce fut grant beaulté de veoir la menee. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 25). LUCIFER. Qu'avez vous [les diables] a crier ? Que maudite soit la menee ! Avez vous fait tel demouree Et si n'avez rien conquesté ? (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 503). Rois Richars fu devant, qui conduisit le merlee [var. menee] Et Jourdain est deriere o diestre poing l'espee. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 247).

D. -

"Son prolongé d'un instrument à vent" : Pour Dieu, or m'en donnés congiet [d'entrer], Car j'avoie ore cevauciet Parmi ceste foriest ramée, S'oÿ ceens mout grant menée Des cors, des trompes, des buisinnes (JEAN DE LE MOTE, Regr. Guill. S., 1339, 8). E ! Dieux, con tante arainne y ot ce jour sonnee Et tant timbre et tant cor sonnent a le menee ! (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 438).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

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