I. -

Adj.

A. -

MÉD. "Caractérisé par un excès de bile noire, par une abondance de bile noire" : Es maladies melencoliques, quant elles apperent au commencement perilleuzes, elles senefient appoplexie, ou spasme, ou thetane, ou manique passion. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 95). Ja soit ce, donques, que la conjunction de Jubyter et de Saturne puist enclyner lez gens a dyvision et a bataille, pour ce que Saturne a influence mauvese et melencolique, et Jubiter a influence tres bone, neantmoins honme si a franche volanté d'y res[is]tir, aveques la grace de Dieu. (Songe verg. S., t.1, 1378, 379). Maiz celles [chars] sont mains à user Qui sont dures à digérer Et pesantes à ingérer, Et engendrent, selon Phisique, Grosse humeur et mélancolique, Comme char de beuf, porc et chièvre, Et char de cerf, senglier et lièvre, Et des oyseaulx toutes manières Qui fréquentent dedens rivières (LA HAYE, P. peste, 1426, 92). ...quartaine ["fièvre quarte"] de matiere melancolique est avec duresse de esplain ou de foye ou empostumes d'aultres membres (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 6). Chancre, c'est apostume melancolique de melancolie aduste (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 19). La ratelle est receptoire de la superfluité melencollique engendree ou foye (PANIS, Guidon, 1478, tr.I, doct.2, chap.6). Et cellui [sang] qui se decline a grosseur et noyrdeur, a odeur acetose, il est melancollicque. (PANIS, Guidon, 1478, tr.VII, doct.1, chap.1). Le quatresme [signe] est que les melancoliques sont enclin a l'estude, car il appetent tousjour estre solitaires. Le Ve est qui ne sont point endormis a cause qu'il ont le cerveau fort secz et a cause des fumees melancoliques faisantes sommes terribles, lesquelz les esveillent incontinent. (Rég. santé corps C., 1480, 146). ...nous voyons qu'ilz [les corps célestes] causent toute generation et corrupcion et qu'ilz inclinent et disposent les corps des creatures à plusieurs passions, les ungs à chault ou à froit, à estre ligiers ou pesans, melencoliques ou joyeulx, sains ou malades et à plusieurs autres choses très utilles et à savoir bien requises (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 5 r°).

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Passion/sollicitude melancolique. "Tourment, angoisse provoqués par l'excès de bile noire" : Idroforbie, c'est une passion melancolique par laquelles les gens redoutent eaue nette et le son d'eaue (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 16). Amours qui s'appelle yreos, c'est sollicitude melancolique pour amour de femme (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 19).

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Empl. subst. "Excès de bile noire" : ...aucune foys lez songes sont causés dez choses dezquellez ilz sont conposés et sont signes de maladies ou de sanités, selon leurs differances, conme nous povons mettre exemple : se aucun songe occupacions de feu, c'est signe que matiere colerique si seignourist en luy ; se de occupacions d'aër, come de voler ou de samblable, c'est signe que sanc seignourist en luy ; se d'occupacions d'yaue ou d'aultre liqueur, c'est signe de fleumatique ; si d'occupacions de terre, c'est signe de melencolique. (Songe verg. S., t.1, 1378, 382).

B. -

[D'une pers.] "Dont la complexion est dominée par un excès de bile noire (et qui est souvent d'humeur chagrine, triste, soucieuse, de mauvaise humeur)" : Et mesmement ceulz sont incontinenz selon incontinence effrenee ou prevolante ou hastive qui sont aguz, c'est a dire, coleriques ; et ceulz qui sont melancoliques (ORESME, E.A., c.1370, 391). Et communelment, telz qui sont ainsi affichiéz a leur opinion et partinans et pertinans [sic], il sont melancoliques, et sont telz pour la forte impression de leur opinion. (ORESME, E.A.C., c.1370, 395).

C. -

[D'une pers., dans une situation donnée, de son comportement ; synon. plus fréquent : melancolieux] "D'humeur chagrine, triste, soucieux" : C'est ung penser par trop melencolicque (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 268). ...et luy sembloit bien que je m'en alloys bien melancolic (COMM., III, 1495-1498, 251).

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[Dune chose] "Qui suscite la tristesse" : Et laissasmes celle contree Melencolique et doloreuse (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 396).

II. -

Subst. MÉD. "Celui dont la complexion est dominée par un excès de bile noire (et dont l'humeur a les propriétés de la terre)" : Les melancoliques doivent estre purgiez par dessoubz, en mettant les medecines contraires. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 72). Et les melancoliques, selon la disposicion de leur nature, ont tousjours mestier de medicine. (ORESME, E.A., c.1370, 409). Infinis mouvemens habondent es cuers des jeunes sanz frain de raison, qui est le regart de la fin de toutes choses, es uns plus, es aultres moins, selon leur diverses complexions, lesquelles causent es aucuns joye, es autres riotes et melancolie, si comme aux sanguins soulas et esbatemens, et aux melancoliques ou coleriques riotes et despiz, et partout y a infinis perilz . (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 26). Le melancolique a les condicions et qualitez de la terre qui sont froideur et secheur. Et est auaricieux et conuoiteux, triste, morne et sommilleux. (CIB., p.1451, 219). Le VIIe est que les melancoliques jamais ne cuydent estre seigneurs, mais tousjour en crainte a cause de leurs esperis tenebreux. (...) il sont de couleur terrestre et fusqué. Et la couleur fusqué, et par especial celle [qui] est prochaine a la couleur verde, signifie la melancolie dominer. (Rég. santé corps C., 1480, 146).