A. - | [D'une chose] "Évident (au propre ou au fig.), avéré, manifeste" : ...les choses dessus dictes estoient vraies, notoires et manifestes, et en estoit vois et commune renommee ([Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1335, 108]). Les labours qui vienent de cause non magnifeste pronostiquent les maladies. ([SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 58]). Toutes fames qui sont grosses et sont prises de fievres, et ont grande chaleur sans cause magnifeste, telles fames engendrent a grant paine et a grant difficulté, ou elles avortent et perissent. ([SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 86]). ...contumelie est quant manifeste suite de male euvre s'acompaigne a l'enfleure du cuer en dommage d'autrui ([FOUL., Policrat., IV, 1372, 82]). Item, contre ceste response et au propos principal est ou ciel instance manifeste, car pour salver les apparences et les experiences des mouvemens du ciel, il convient de neccessité confesser que ou ciel sont aucuns corps celestielz speriques appelléz epicicles, et que chascun tel epicicle a mouvement circulaire propre a soy environ son centre autre que le mouvement du ciel en quoy est cest epicicle. Et appert clerement que c'est impossible selon philosophie que quelcunque corps repose ou milieu de cest epicicle. ([ORESME, C.M., c.1377, 368]). Manifestus (...) : manifest, apparent, certain ([Aalma R., c.1380, 247]). Item s'il plaira a Dieu consentir que le povre pelerin pour ses grans pechiés viés soit fort temptés de blasfeme ou de vaine gloire ou de desesperacion ou de la foy [l. desperacion de la foy], que ja n'aviegne, ou que l'anemi infernal li monstre ses pechiés ocultes ou manifés dont par aventure il n'a pas esté bien confés, le pere prieur et peres Celestins, selonc le cas et temptacion qu'il porront apercevoir oudit agonisant, li veullent recorder qu'il doie prier a Dieu mercy ([MÉZIÈRES, Test. G., 1392, 318]). SECONT BARON. Sire, c'est chose manifeste. Ne pas de ce ne me merveil, Qu'il y convient [à votre mariage] grant appareil. ([Gris., 1395, 19]). ...de grans injures (...) Et manifestes et appertes ([CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 88]). Par lesquelz [signes] un chascun savant Pourra sentir de paravant Les mortalitez à venir Et leurs malices prévenir, Desquelz signes le plus notable, Plus manifeste et cognoissable, Est estrange mutation Par soubdaine altération Des temps et jours, heures et moiz ([LA HAYE, P. peste, 1426, 51]). Et tantost après ledit département vindrent les Angloiz de Paris audit lieu de Saint-Denis, et trouvèrent lesdites armures de Jehanne la Pucelle, lesquelles furent prinses et emportées par l'ordonnance de l'évesque de Thérouenne, chancellier ès parties au roy d'Angleterre obaissant, sans pour ce faire aucune récompense à ladite église, qui est pur sacreleige et magnifeste. ([CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 112]). Les signes de ceste passion sont manifestes, car on pice souvent et en grant quantité ([GORDON, Prat., c.1450-1500, VI, 13]). Toutesfois, fut pour vengence et par divine volenté que a cause du si tres evident et manifeste pechié eust permis le faire ainsin pugnir, il gecta au loing sa haiche et print sa dague en sa main ([LA SALE, J.S., 1456, 297]). Je voy, c'est chosse magnifesste, Qu'i n'est clerc, preste ne marchant, Tant soit pettit, tant soit meschant, Qui ne veullë avoir amye Et mieulx monstrer sa folye. S'il voit aucune belle fenme, Sus piés dira : "Vela ma dame !" Et jurera que c'est s'amye Aussy bien que c'il l'eust gangnie A deux dés a la principal. ([Lord. Tart Ab. L., a.1465, 163]). Les vrays signes et les indices De humaine persecution Par mortelle execution De guerre, faminë et peste Sont tous parans et manifestes. ([Cene dieux, c.1492, 136]). Des habitans, acoustré le possible Tant en habitz qu'en gorre manifeste, Ung poille d'or fait d'art come impossible Par excellence luy fut mis sur la teste. ([LA VIGNE, V.N., p.1495, 184]). Et aussi, d'autre part, ung religieux hostelier, nommé frere Raymon Gautier, pour usures manifestes deffendues de droict, exactions indeues et illicites, voyes de faict et crimes par luy commis, fut par ledit grant maistre condempné en mil livres tournois d'amende envers le roy, et toutes ses debtes despendans d'usure declairés confisquées au roy ([LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 250]). |