C.N.R.S.
 
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     MAGNIFICENCE     
FEW VI-3 magnificentia
MAGNIFICENCE, subst. fém.
[T-L : magnificence ; GDC : magnificence ; AND : magnificence ; FEW VI-3, 327a : magnificentia ; TLF : XI, 152a : magnificence]

A. -

"Action de magnifier" : ...ceste ampole (...) est oeuvre angelique et divine que Diex volt envoier a la magnificence et especial aournement du royaume de France. (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 683).

B. -

"Caractère de celui ou de ce qui est magnificent, grandeur, élévation" : Dieus qui est rois et qui est sires Des rois, des regnes, des empires, Regne, magnificence et gloire, Richesse, puissance et victoire Donna a ton pere jadis. (MACH., C. ami, 1357, 29). Dieus qui est rois et qui est sires Des rois, des regnes, des empires, Regne, magnificence et gloire, Richesse, puissance et victoire Donna a ton pere [Nabuchodonosor] jadis. Mais ne volt autre paradis Qu'estre en ceste magnificence. Tant avoit richesse et puissance, Terres, fiez, honneur et avoir Que trop estoit de tant avoir. Pour ce li pueple l'aouroient Et toutes langues le doubtoient (MACH., C. ami, 1357, 29). Se tu m'entens bien, il sommet Ton corps, ton honneur, ta puissance, Ta gloire, ta magnificence, Ton roiaume, ta dignité Et toute ta felicité A mort et a destruction, Pour ce qu'as fait oblation Aus ydoles et sacrefice Et as laissié si digne office Com d'aourer le roy celestre Qui ton pere fist le feine pestre. (MACH., C. ami, 1357, 32). Il estoient honnestement De tres fin drap et richement Vestis, fourrez et abilliez. Ne sambloient pas essilliez, Car de si grant magnificence N'estoit il nuls rois, sans doubtance, Ne que on deüst tant amer, Car deça mer ne dela mer Couroit leur bonne renommee Et l'onnesté de leur contree. (MACH., C. ami, 1357, 130). Li dus d'Ango qui tendoit tousjours à signouries et à hautes honneurs, retint ces dons en grant magnificensse et les accepta pour li et pour ses hoirs. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 155). Et ainsi les cielz, par les condicions desus dites, nous monstrent la magnificence de Dieu et de ses oeuvres : Celi enarrant gloriam Dei, et opera manuum eius annunciat firmamentum. (ORESME, C.M., c.1377, 282). Nierons nous ces choses ou les accorderons nous ? Nous les accorderons a l'excellant louange de saint Pol, car par ces choses nous sont monstrees pluseurs vertus en luy, nommeement : manificence en ses louanges, et humilité en son blame. N'avons nous pas de nostre Dame qui se reputoit petite ancelle et ung neant a son jugement, laquelle neantmoins fut de telle manificence que elle s'accorda a estre mere de Dieu ? (GERS., P. Paul, a.1394, 502). LA MARQUISE [au marquis]. Mon treschier seigneur, voirement Toujours ay sceü et savoye, Et assez souvent me pensoye, Que entre ta magnificence, Ta valeur, et ta grant puissance, Et ma povreté ne povoit Ja point avoir, ne ne devoit, Aucune comparacïon, Ne quelconques proporcïon (Gris., 1395, 81). Mon Dieu, dit elle [Dame Nature], mon maistre et mon empereur, poin[t] ne suys du tout non saichant de la belle entreprise que tu veulz faire, et de l'excellente dame que proposez former. Et combien que ta puissance, bien le scay, ta saigesse et magnificence n'ait en riens besoing de mon service, non pourquant je me offre humblement (GERS., Concept., 1401, 391). Doncques est il ainsi que la princepce qui bien l'aimera le demonstrera, en tant que pour quelconques charge ou occupacion que elle ait a cause de la magnificence de son estat, ne se departira devant ses yeulx sa lumiere de droit chemin (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 11). Zenophanes Conophonus, philozophe, jassoit ce que l'on ignore où il et soubz qui il peut en avoir esté acquis sa science, comme il feust bany LXV ans de sa patrie, touttefois l'experience l'a rendu souverain clerc et puis homme de grande magnifficence et fut en son temps moult erudicq en la science des estoilles (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 44 v°).

 

-

[Titre donné à un souverain] Vostre magnificence : MAXIMIANUS [à l'Empereur]. Au gre de vous magnificence. Machecothom, avance toy. Boutes le moy en tel derroy Qu'il pregnent toust advisemant. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 83). ...nul n'osera lever le doy Contre vostre magnificence (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 130).

C. -

En partic.

 

1.

"Splendeur, somptuosité, richesse de qqc." : Cedit jour, monseigneur Loiz de France (...) moru de l'aage de vint ans ou environ, bel de visaige (...) voluntaire et moult curieux à magnificence d'abiz et joiaux (BAYE, II, 1411-1417, 231). JOSEPH. Hé ! vierge plaine de clemence, Le lieu que je t'ay preparé N'est pas de grant magnificence Selon la grande dignité Que ton corps plain d'humilité Soustient, o vierge sainte et digne. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 22).

 

2.

"Faste (sans connotation péj.)" : Et ainsi le denonce le nom de magnificence, qui signifie grandeur de despense avenant, convenable et honneste. (ORESME, E.A., c.1370, 241). ...et aussi l'ordre de sa maison, où chacun jour estoit livré cru aux gens qui ne mengeoient point en salle IIII beufs, LXIIII moutons, III pourceaux et sept veaulx, qui sont mil XVIII pieces royaulx, qui valent IImXXXVI pieces, IIcIIIIxx poulailles, XXXII oysons et XXXVI chevreaux, sans le menu gibier et venoison et sans ce que à chacune assiete disner et soupper y avoit trois grans salles, plaines de autres gens, sans les derriers. Pour ce est bien à noter que c'est de la maison de France, comme elle doit reluire par ung filz, quant à une fille est tenue si grande magnifficence. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 146 r°). Le roy alla par tous les lieux et places acoustumees en ceste procession ; en laquelle avoit tant de seigneurs, nobles barons, gens d'armes et autres, avec plusieurs seigneurs d'Italie, que tous le pays qui la s'estoit assemblé pour voir la magnificence du roy, estoit tous esmerveillé de voir si belle et si triumphante compaignie (LA VIGNE, V.N., p.1495, 274).

 

3.

"Largesse, générosité" : ...et l'or que les parens de la vierge avoient pour sa raençon aporté, il voult que la fille l'eust pour son douaire ou le mari pour le don des noces. Et lors pour sa grant magnificence toute la gent vaincue, qui par aventure une autre foiz se fust rebellee, si se sousmist franchement (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 325). Le pere si fu plus sage en conseil, le filz de plus grant magnificence en cuer. (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 385). [À propos des reliques d'un saint homme et des miracles suscités]...de jour en jour ses oeuvres et magnificences se augmentoient, et me fut dit qu'il seroit augmentez et canonisiez. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 184).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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