C.N.R.S.
 
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     LIS1          LIS2     
FEW V lilium
LIS, subst. masc.
[T-L : lis ; GD : lis2 ; GDC : lis ; AND : lis ; DÉCT : lis ; FEW V, 336a : lilium ; TLF : X, 1263b : lis]

A. -

Au propre

 

1.

"Plante herbacée à grandes fleurs blanches, lis" : Et dessus une flour de lis Li dous rossignolès estoit Qui renvoisiement chantoit Et s'efforçoit si de chanter Que par dessus tout le chanter Des autres oisillons l'oï, Dont mes cuers moult se resjoï. (MACH., D. verg., a.1340, 14). ...ce veez vous de la fleur du lis et de la rose, que pour ce sont elles dites entre les autres fleurs nobles pour ce qu'ilz sont de grant odeur et de grant vertu. (Mir. prev., 1352, 230). Et sa fresche coulour, Qui passe en douce odour Rose et lis en blanchour, Fruit, grainne et toute flour, Quant elle est en verdour, Fait que toudis m'atour D'estre liez sans irour, Pour ce que siens demour. (MACH., Vez ci, 1364, 273). Et si congnois moult bien cresson Olenois, voire, et seneçon, Tenasie, coq, lis et mente (Mir. st Panth., 1364, 324). Rose, lis, mente, cerfueil Tant douce oudeur à mon vueil N'ont com celle que je cueil, Quant parfondement Pense bien à son acueil. (MACH., Les lays, 1377, 368). Rose, lis, printemps, verdure, Fleur, baume et tres douce odour, Bele, passés en douçour, Et tous les biens de Nature, Avez dont je vous aour. (MACH., Rond., 1377, 572). Le blanc. Entre toutes couleurs suis la premiere, Humilité signiffie et simplesse, Dont le lys blanc est des fleurs la maistresse (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 138). Et, aux chasteaulx de devant et derriere d'icelle nef, estoient Justice et Equité, qui avoient personnages pour ce à eulx ordonnez ; et, à la hune du mast de ladicte nef, qui estoit en façon d'un liz, yssoit ung roy en habit royal que deux anges conduisoient. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 27).

 

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[Dans une comparaison] : ...mais mon cuer vit Par li [ma dame] en tresdouce plaisance, C'est ma joie et ma soustenance, C'est mes deduis, c'est mes delis, C'est droitement la fleur de lys Dont roy, duc et conte se perent ; Car vraiement tuit la comperent A la fleur de lys en blancheur, A la rose en fine douceur, En honneur a la tresmontaine Et en chanter a la seraine. (MACH., Voir, 1364, 136). Pas de tor en thiès païs, Qui portez douceur et biauté, Blanc et vermeil, com rose ou lis, En un escu de loyauté, La clarté de vostre bonté Resplent plus que la tresmonteinne Seur toute creature humeinne. (MACH., Bal., 1377, 559). Blanche com lis, plus que rose vermeille, Resplendissant com rubis d'Oriant, En remirant vo biauté nonpareille, Blanche com lis, plus que rose vermeille, Sui si ravis que mes cuers toudis veille A fin que serve à loy de fin amant, Blanche com lis, plus que rose vermeille, Resplendissant com rubis d'Oriant. (MACH., L. dames, 1377, 90). Si n'estoit elle pas crespie, Laide, envieillie, n'acropie, Aincois estoit fresche et nouvelle, Blanche com lis, plaisant et belle. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 100).

 

Rem. Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss.

 

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[Symbole de beauté, de pureté, de virginité, d'humilité] : ...veez que la virginité de Marie est comparée au lis pour sa biauté et pour sa valour et aussi pour sa bonne odour (Mir. femme roy Port., c.1342, 150). ...la benoite vierge Marie fu une fleur de souveraine purté et de souveraine valeur. Car si conme dit le livre de Cantiques, c'est la fleur du champ et le lis des valées : la fleur du champ par charité, le lis des valées par humilité. (Mir. prev., 1352, 230). Après tu aras pour ta pacience couronne de roses, pour ta continence couronne de lis. (Mir. st Val., c.1367, 123). Notez de Thaÿs. Notez de celuy qui tousdiz disoit : "Ave !", et une fleur de liz luy creut en la bouche. (GERS., Annonc., a.1400, 237). Item Dieu est en l'ame bonne et leale (...) comme la harpe ou disner et l'ymage ou mireoir, le miel en chire, ou comme le fruit en l'arbre, comme l'uyle en la lampe, comme la fleur du liz en la valee. (Somme abr., c.1477-1481, 140).

 

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[Symbole de la gloire céleste] Lis de gloire : L'EVESQUE. Il doit bien paradis avoir Qui ne vit se n'est d'aigres pommes (...). SECOND CLERC. S'il acquiert de gloire le lis, Il fait que sage. (Mir. ev. N.D., c.1348, 68).

 

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[Comme enseigne (équivoque avec lit)] : Item, au Chevalier du guet, Le Hëaulme luy establis, Et aux pietons qui vont d'aguet Tastonnans par ces establis, Je leur laissë ung beau riblis, La Lanterne a la Pierre au Let, Voire, mes j'aray les Troys Lis, S'ilz me mainent en Chastellet. (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 20).

 

2.

Fleur de lis

 

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[Pour désigner le Christ] : Je puis nommer ce corps fleur de haultesce, En qui le lis du souverain degré Se voult fourmer en humaine simplesce, Pour lequel lis je pren Dieu de richesce Qui nous osta du dolereux salaire Qu'Adam nous quist par desobeissance (Mir. st Ign., 1366, 115).

 

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[Pour désigner la Vierge] : Pour l'onneur de vostre hautesce Je vous ay voué, fleur de lis, Que jamais de ma char delis Ne sera en vostre honneur fais. (Mir. enf. diable, c.1339, 3). Voirement, a dit Sapience, bien seroit chose mesapartenant que ainsy se feist et que l'estoille journale a sa naissance fut eclipsee, la rose nouvelle flestrie, la fontaine tarie, la fleur du lis epalie, la mer[e] de vie mortifie[e] (GERS., Concept., 1401, 401). M'amour, Marie, mon doulx lis, Ma beauté, ma coloumbe amoreuse, Remplés de moy voz esperis ! Eslevés vous, ma gracïeuse. (Pass. Auv., 1477, 279).

 

3.

[Comme emblème héraldique] : Le seigneur de Baubonnois, de gueulles semé de fleurs de lis, et crioit "Vaubonnois !" (LA SALE, J.S., 1456, 200).

 

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[Emblème héraldique des rois de France] : ...l'ostel où pend l'enseigne de la Fleur de Lis (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 42). ...et leur sera baillié le poinçon de Paris à la fleur de lis couronnée et au contreseing d'iceulz orfevres. (FAUQ., II, 1421-1430, 306). La fleur deliz [l. de liz] represente le liz lequel a haultesce plus que aultre herbe fleurant et ondourant representant au plus hault de lui ianneur blancheur et verdeur qui senefient pour ianneur noblesce pour blancheur virginité pour verdeur liesce pour ondeur amour pour haultesce le ciel pour la quelle cause fut enuoyee du ciel par l'angre au premier roy chrestien de France (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 502). O louee concepcïon, Envoiee sa jus des cieulx, Du noble lis digne sÿon, Don de Jhesus tres precïeulx, Marie [Marie d'Orléans], nom tres gracïeulx, Fons de pitié, source de grace, La joye, confort de mes yeulx, Qui nostre paix batist et brasse ! (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 40). DUC DE SOMBRESET. Se n'est riens que vent et fumee De toute leur force et leur dis ; Et, se par nous est consommee, Maistres sommes des fleurs de lis (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 653). La fleur de lis partout ne failloit point D'estre exhibee clerement et a point Pour esclarcir leurs pensees nocturnes. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 161). ...dedens lesquelz escussons estoient les armes my parties du roy, c'est assavoir du hault costé les croix de Hjerusalem d'or sur camp d'argent, comme roy de Jherusalem, et d'aultre costé trois fleurs de lys d'or sur camp d'asur comme roy de France (LA VIGNE, V.N., p.1495, 324). Cedit mesmes jour, ung nommé Voiaul d'Imonville, qui, pareillement, estoit serviteur dudit conte, s'en estoit allé en la salle du chasteau dudit Mehun, où gisoit mort ledit feu roy Charles sur ung grant lit de parement couvert d'une couverture de veloux bleu, semée de fleur de liz, qui estoit merveilleusement belle, et y avoit plusieurs torches alumées et grant quantité de cierges, et plusieurs grans seigneurs et dames qui pleuroient et gemissoient ledit feu roy Charles. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 143).

 

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Estre des fleurs de lis. "Être roi de France" : SUFFORT. Nostre roy sera des fleurs de lis, De cela il est tout notoire, Ainsi comme chacun peut croire, Mes que Orleans ayons soubmis (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 348).

 

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Prince du lis. "Prince d'ascendance royale" : Prince du lis, qui a tout bien complest, Que pansés vous comment il me deplaist, Quant je ne puis venir a mon entente [rembourser le prince] ! Bien m'entendez, aydés moy, s'il vous plaist, Vous n'y perdrés seullement que l'attente. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 51).

B. -

P. méton. Fleur de lis. "Fer marqué d'une fleur de lis, appliqué par le bourreau sur les comdamnés" : ...que illec l'en lui perce la langue et soit flastri de une fleur de liz chaude parmy les leffres de la bouche (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 556).

C. -

P. anal. ART MILIT. HIST. ROMAINE "Sorte de piège (de la forme d'une fleu de lis) destiné à défendre une position contre un assaut" : Et puis eulz descendus ou plain ordonnerent contre le pallis assaillant Rommains a couvert, et aulcuns les terrauz mis a l'onny firent chemain aux assaillans, couvrant de terre les atrapes rommaines comme ceps, lis [trad. lat. lilium] et aguillons, tant que de ceste part pouoient plainement combatre main a main (DUCHESNE, César, 1473, VIII.50, f° 182b). ...et pource que cest oeuvre estoit ressamblent a la fleur de lis on l'appelloit lis [trad. lat. lilium] (GAGUIN, Comment. César, 1485, VII.73, f° 110v).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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