A. -

"Lèvre" : ...la bouche mesmes estoit si bien compassee et les levres si faitissement ouvrees et coulourees de si bonne maniere et de si bon point entrouvertes, qu'il sembloit que elle parlast (Bérinus, I, c.1350-1370, 110). ...font avec che mille grimaces, mille moqueries, mille fronces de narines, mille moes et contorsions de levres, qui deffont le beaulté de la fache et de discipline (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 249). Es agues continues, se la levre, l'euil, le sourcil, ou le nez (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 76). Et voit la dent qui lui passe la levre plus d'un grant poux esquachie. Si en fu si esbahiz qu'a peine pot il parler. (ARRAS, c.1392-1393, 222). Les levres palles et sechees... (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 103). ...Ces petites joinctes orreilles, Menton fourchu, cler viz traictiz, Et ces belles levres vermailles (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 55). ...leur donna à tous à boire en ladicte coupe et incontinent que le premier ot beu et, en beuvant, ot touché de ses levres à ladicte pierre, sa bouche lui fut souldée, dont fut esmerveillé. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 34 r°). ...Levre ne gencive ne dent (Myst. st Laur. S.W., 1499, 229).

Rem. HENRI FERR., Modus et Ratio T., c.1354-1377, gloss. (lievre).

-

Levre fendue. "Bec-de-lièvre" : On ne doit point donner aux jennes filles a marier a mengier de la teste du lievre par especial, affin que elles mariees et enchaintes n'y pensent, et que leurs enfans ne apportent sur terre la levre fendue. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 119).

-

[Dans la parole, p. opp. à la sincérité du coeur] : Et disent bien li plus notable de le ville de le Rocelle : "Nous aourrons les Englès des lèvres, mais li coers ne s'en mouvera ja." (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 58). ...et que de ses levres ne yssent quelconques parolles de faulseté ne tricherie (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 168). ...Orant Dieu de faulse oroison, Qui fors des levres ne procede (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 114).

-

[Chez l'animal] : Les signes de cognoistre le commencement dou chien enragié, c'est qu'il ne menjue mie si bien comme il souloit et qu'il mort les chiens en festiant de la cueue et les flairant premier, et puis se leche les levres et fet un grant souflet dou nés (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 114).

B. -

MÉD. Les levres de la plaie. "Les bords de la plaie" : ...en maniere que les levres de la playe demeurent fermes (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, II, 3).

Rem. MONDEV. ds T-L V, 382.