I. -

[Idée de mouvement vers le haut (idée de lever qqc. ou de se lever ; ce qui est levé)]

A. -

"Mouvement vers le haut" : Puis sailli jus la beste en faisant grant crïee, Et barbete menu, puis reprent sa levee. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 26).

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"Lever (d'un astre)" : Il avint une matinée, Un po plus près de la levée Dou soleil que dou point dou jour, Que je fu la a grant sejour, Aussi comme jusques vers tierce Que li jours enterins se tierce, Qui en vuet faire .III. parties. (MACH., D. Aler., a.1349, 256).

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"Fait de lever qqc." : ...amendrir les parolles à l'issue de ta bouche en telle maniere que elles ne soient enflées ne decassées au parler trop resoinans ne de fiers voix, ne aspre à la levée des leuvres, mais entendans et formans bien perfectes, souefves et clers (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 167).

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À la levee. "Au moment du lever"

Rem. Renart contref. R.L., 1328-1342, gloss.

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Faire une levee. "Aller, se rendre"

Rem. GRÉBAN, Pass. J., c.1450, gloss.

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Au fig. "Fait de se relever" : Mais il furent poissant, s'ont tost fait relevee [var. leur levee] (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 739).

B. -

"Ce qui est levé, élévation de terre pour retenir les eaux d'un marais, remblai de terre" : ...ledit Jehan Paynnot, suppliant, pour avoir en l'année avenir de quoy nourrir son mesnaige, fist mettre et semer de l'orge sur les bossilz et levées qui sont à l'entour dudit pré. (Doc. Poitou G., t.10, 1458, 49). Et au bout d'une levee, le long des prez et marectz, avoit une forte tour joignant ung pont, qui estoit le commencement du passage ou il y avoit quelque gens ytalliens qui gardoient le dict passaige. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 293).

II. -

[Idée de recueillir qqc.]

A. -

"Récolte" : Si vous mandons et à chascun de vous, si comme à lui appartendra, et commandons que nostre presente grace vous tenez et faites tenir et garder enterinement, senz aucune chose faire au contraire, toutefoiz les levées et issues de la dite terre demouranz en la main des executeurs du dit cardinal (Doc. Poitou G., t.2, 1339, 161). ...pour cause des fruiz et levées des terres de Windrout et de Mérendie en Flandres, desquelles la recréance fu japiecà adjugée au dit de Laval, par arrest de Parlement (Cartul. Laval B., t.2, 1370, 272). Car, conme dit une loy, se un metaïer, ou celluy qui conserve un fons et qui prent lez fruis et lez levees, est despoulliez dez fruis, ja soit ce que il ne soit mie seigneur du fons, toutevoies il doit estre restituez (Songe verg. S., t.1, 1378, 270). Si les héritaiges venduz sont terres labourables qui aient esté cultivées, labourées et ensemencées par l'achateur, il est au choix au lignaigier de païer les labours et de prendre la levée (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1411, 546).

B. -

"Prélèvement, revenu" : ...par menues levees est souvent l'eritage paié et despendu (FOUL., Policrat. B., III, 1372, 233).

Rem. DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 16.

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"Collecte de l'impôt" : "Et ont li officiier dou prince si sourmonté toutes gens, en Poito, en Saintonge et en le Rocelle, qu'il prendent tout en abandon, et y font si grans levées que nulz n'a riens au sien." (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 92). Or, s'aviserent les compaignons (...) quant ilz sceurent que les forageurs chevauchoient ainsi follement sur le pays, que ung jour ilz seroient au devant et leur feroient paier une fois pour toutes les prises et les levées que ilz avoient fait ou pays. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 312). ...nous voulons avoir compte (...) et volons savoir que le vostre est devenu, et les grans levées qui ont esté faictes depuis IX. ans parmi le royaulme d'Angleterre, où elles sont contournées. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 30). "...Et chacun an desdictes debtes du roy, lesdiz chevetaines du roy feront une grosse levee, de laquelle les vaillans hommes d'armes qui l'ont servi en l'ost et leur doit on assez, n'en aront pas ung denier." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 521). ...combien que maistre Jehan du Chastel ait esté pourveu à l'archevesqué de Vienne par nostre saint Père, apprez la resignacion d'icellui archevesqué faicte par le derrenier archevesque de ladicte eglise, et par ce y ait bon droit et n'y ait point de compeditteur, neantmains, icellui du Chastel n'a peu joyr d'icellui archevesquié par l'empeschement que lui a esté fait et donné par l'ordonnance de mondit seigneur le Daulphin ; mais qui plus est, il en a prins et fait prendre les leveez, ufruis et revenues, et d'iceulx dispozé à son plaisir (Doc. 1452. In : ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-1460, 431-432).

III. -

[Idée d'assaut, d'attaque]

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ART MILIT. Faire une levee. "Livrer un assaut" : Et aprez ce qu'il a fait une grande levee, il remire et ymagine son fait : il voit ses gens les ungs mors, les autres navrez, espouentez ou fuians au plus fort, il s'en fuit aussy (Jehan d'Avennes F., c.1465-1468, 130). Messeigneurs, on m'a rapporté Et est commune renommee Que les François si ont esté Es Anglois faire une levee, Et que de fait qu'il ont chassee Leur armee jusques a leur parc. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 338). Quant a moy, je suis content De fournir la premiere armee Et aller frapper sur Orleans, Faire la premiere levee. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 400).

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Levee de bouclier. V. bouclier "Démonstration d'hostilité" : LE BERGIER. (...) Il m'a parlé de vous, mon maistre, Je ne sçay quelle adjournerie... Quant a moy, par saincte Marie, Je n'y entens ne gros ne gresle. Il m'a broullé de pelle mesle De brebis a... de relevee, Et m'a fait une grant levee De vous, mon maistre, de boucler ["et il a fait contre moi, de votre part, mon maître, une grande levée de boucliers" (Ed.)]. (Path. D., c.1456-1469, 140).

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Au fig. [À propos d'une chose abstr.] Faire une grande levee. "Appeler bruyamment, faire aller qq. part, faire venir" : LUCIFFER. (Il se monstre et tous les deables sortent d'enffer comme il appartient.) Quelle deablesse, Fortune, as tu trouvee, Toy qui m'as fait une si grant levee ? Qu'as tu mengé ? Dont grant deable viens tu ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 476).