C.N.R.S.
 
Article complet 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     LARDER     
FEW V laridum
LARDER, verbe
[T-L : larder ; GD : larder ; GDC : larder ; AND : larder2 ; DÉCT : lardé ; FEW V, 190b : laridum ; TLF : X, 997a : larder]

A. -

"Introduire un morceau de lard (dans une viande)" : Et si fault avoir entre deux Buche, charbon, sel et vinaigre, Lart pour larder, qui ne soit maigre, Gingembre, cannelle, safran, Graine et cloux (DESCH., M.M., c.1385-1403, 47). Item, nota qu'il y a differance entre les queux entre boutonner et larder, car boutonner est de giroffle et larder est de lart. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 173). ...demy mouton pour faire la souppe aux compaignons et ung quartier de lart pour larder (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 185). Lappereaulx soient eschorchiez, decoupez, pourbouluz, reffaiz en eaue froide, et lardez (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 210). Il couvient a venoison pourboulir et escumer, puis larder (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 230). ...un gran capon lardé (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 509). Et, quant ilz seront parboulliz, les lardez tres bien. (Recueil Riom L., c.1466, 81).

B. -

P. ext. "Introduire des épices (dans une viande)" : Puis soit lardee de percil, et non plus tost - car qui plus tost la larderoit le percil s'arderoit avant que l'espaulle feust rotye (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 225). Et pour icelle saulce sont mises .V. medecines desquelles on peult faire saulse. La premiere est sauge, de laquelle on larde ou on farsist les chairs roties ou boullies, come les oues soyent boullies ou roties (Rég. santé corps C., 1480, 58).

 

-

Lardé de. "Truffé de" : Savés vous pourquoy je le dis, Car les celiers de paradis Seront voultés d'une montaigne Qui est en la mer de Bretaigne Lardee de clou de giroffle. Et y doit venir saint Christofle, Monté dessus ung lymaçon... (S. fol, c.1480-1490, 6).

C. -

P. anal.

 

1.

Larder qqc. à qqn. "Transpercer qqn de qqc." : Ton Dieu ne t'a si bien gardé Que des cloux ne t'aie bien lardé. (Myst. Pass. Amb. R., c.1474-1500, 59).

 

2.

Larder qqn ou son corps (de qqc.). "Percer, transpercer qqn" : Merveilles yere a regarder Les grans coups et veoir larder De fleches hommes et chevaulx (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 73). Nous lairons nous en ceste maniere ycy larder et occire lachement et sanz plus faire (Bouciquaut L., 1406-1409, 106). ...les autres se combatoient et recueilloient le trait que les assaillans tiroient ; et y avoit de petitz enffans, comme dit est, lardés tout autour d'eulx de flèches et de viretons (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 180). Chacun tyreit droit de som art Fort et rede encontre ly [Saint Sébastien], Et festes qu'il soit bien garni Par tout le corps et bien lardé. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 267). Ses musequins atout leurs papillotes, Leurs fanfrelluques et leurs grox culz bardez, Grans chapperons, cabinetz et callotes, Qui contrefont des sucrees mignotes, Auront leurs corps de grans dragons lardez (LA VIGNE, S.M., 1496, 221). Son ennemy, en fin, le alla larder D'ung petit glaive ou milieu de l'esglise, Cuydant Milan remectre en franchise (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 21).

 

Rem. MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 364.

 

-

"Piquer, fourrer" (ici les flèches sont vraisemblablement fourrées dans la ceinture) : ...les ungtz chauffoient broches de fer, huilles, eaues ; les autres se combatoient et recueilloient le trait que les assaillans tiroient ; et y avoit de petitz enffans, comme dit est, lardés tout autour d'eulx de flèches et de viretons, et les apportoient sur les murs à grans bracées, sans ce que oncques enffans fust féru à sangc, qui doit bien estre réputé à grâce divine. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 180-181).

 

-

"Faire l'amour avec"

 

Rem. DESCH., Oeuvres Q., t.4, c.1370-1407, 280.

 

3.

"Couper (comme si c'était du lard) ou transpercer (?)" : BEAUCOP. Et le paillart se raille Et tire son espee (...) JOYEULX. Où frappa il ? BEAUCOP. Icy emprès, De ce coup là ce fust merveille, De ma teste il alla si près Qu'i m'alla larder une oreille. (B. veoir, p.1480, 20).

D. -

Au fig.

 

1.

Lardé de. "Entremêlé de" : Peine de grant soussy lardee... (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 81).

 

2.

"Percer, atteindre profondément" : Cil boire mon desir atise, Et mon cuer fait frire et larder, Doulce dame, en vous regarder (Mir. emp. Julien, 1351, 222). Ta grace regarde Noz cueurs et les garde De tristesse dure ; Tant nostre ame larde Qu'il semble qu'elle arde Par ceste souldure. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1060). Mais maint couplet fut dit qui point et larde Les plus gorriers et les plus haulx huppéz. (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 229).

 

-

"Piquer par moquerie, railler" : Ad ce deussies arregarder Que dignement sommes [les deux larrons] punis, Et non pas le saulveur [l. salveur] larder, Qui sans peché est en croix mis. (Pass. Auv., 1477, 218). Ce n'eust esté pour nous larder, Mocquer, despriser, raffarder (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 391). Pour larder lard en larderie Tant qu'en lardant le lardé rie, Je larde lardons bien lardez. (Copp. lard., a.1488, 155). Les lardans lardars, Lardez de leurs dars, Larderont leurs ars En l'art de larder. (Copp. lard., a.1488, 156).

 

Rem. DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 327 ; GRÉBAN, Pass. J., c.1450, gloss.

 

3.

"Leurrer" : Quant a toy, ce n'est que ton ombre, Qui te fait [donc] ce malencombre ? Neantmoins ne te sçay retraire, Et ne cesses tousjours de traire Ton regard qui te trompe et larde. (Narcissus, p.1426, 315).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

Fermer la fenêtre