C.N.R.S.
 
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FEW V jam
JÀ, adv.
[T-L : ja ; GD : ja ; DEAF, J2 ja ; AND : ja ; FEW V, 25a : jam]

I. -

[Contexte positif]

A. -

[Emplois temporels ; marque que le procès a lieu, non pas plus tard comme on pouvait le penser, mais au moment où effectivement il a lieu ; cela signifie qu'en liaison avec un temps imperfectif (présent, imparfait) ou un auxiliaire imperfectif (celui du passé composé ou du plus-que-parfait) ou avec un temps perfectif mais pris imperfectivement (notamment le passé simple au sens d'un imparfait avec des lexèmes imperfectifs), a le sens de "déjà" ; qu'avec les temps de l'avenir (futur, subjonctif présent, impératif...), il marque la proximité temporelle ("bientôt, tantôt") ; qu'avec les temps perfectifs du passé, comme le passé simple ou le plus-que-parfait (pris perfectivement), il signifie l'éloignement dans le passé ("dans un passé plus ou moins lointain, jadis")]

 

1.

[Avec un temps imperfectif ou pris imperfectivement] "Déjà"

 

a)

[Avec le présent] : "Vé les ci ! Vé les chi, les Gantois ! Or tos as deffenses ! il sont ja devant nos portes." (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 188). Sus, hallez le trait ! Je suis ja de nager tout las. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 959). LE MESSAGIER [du roi de Barbarie, à l'empereur]. (...) Lequel vous mande qu'il est ja survenu En voz pays, ou voz gens il harie Et en mains lieux estant sa seigneurye (LA VIGNE, S.M., 1496, 236).

 

-

(Il) (y) a jà + indication de temps que : Car il a ja un an, ou près, Que touzjours as esté et es En ce point ci. (Mir. st J. Cris., c.1344, 279). Mais je tieng que fouiz s' en est, Car entre gentilz ne villaines Ne fu, bien a ja trois sepmaines (Mir. Amis, c.1365, 35).

 

-

(Il) (y) a jà piece (de temps) (que). V. piece : LIPAGE. Sabine, longs est li sejours Que faisons de nous en aler. Estes vous preste ? A brief parler, Dites le moy. SABINE. Oil, chier sire, en bonne foy, Il a ja piéce. (Mir. st Alexis, 1382, 302).

 

-

Jà pieça. V. piece "Il y a déjà un certain temps" : Et neantmoins aprés plusieurs productions et autres delaiz, fut appoincté par ledict de (de) Maingnenville, pour lors gruyer, que le procureur desdiz habitans des Brevieres bailleroit ses faiz et raisons de par luy proposees ancontre du procureur de mondict seigneur, par maniere d'intendit, a certain jour ja pieça passé (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1389, 595). ...soubz umbre de certaine ordonnance, piècha faite par feu nostre très chier seigneur et père, le conte de Flandres, cui Dieux pardoint, sur le fait de l'aliènacion des fiefs mouvens de la dicte Salle... (Hist. Lille T., t.2, 1391, 470). ...c'estassavoir a Philippe de Mayseires, indigne ministre et zelateur de tous les chevaliers, et ja piessa chancelier du tresvictorieux prince, Pierre de Lizignain, XVe roi Latin de Jherusalem (MÉZIÈRES, Sustance H., 1396, 93). ...l'un des filz de monseigneur d'Orléans mourut pièca, du cours de ventre dont plusieurs mouroient à ce temps. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1, c.1425-1440, 331).

 

b)

[Avec le passé composé] : Entour moy ne voy qu'enemis Hideux qui (...) M'ont ja saisi pour emporter En grief tourment. (Mir. st Val., c.1367, 168). ...consideré que ledit prisonnier confessoit estre agiez d'une sienne suer qu'il a ou pays de sa nativité, et laquele a eu enfans en mariage, et qui est de l'aage de XVIJ ans (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 237). Helas, ceste plaie a longuement duré sanz remede, et si n'y a ancor aucun qui l'ait confortée (BAYE, I, 1400-1410, 103). Amis de Dieu, n'aye doubtance : Dire te vien de par Jhesus, Que tu crois et as ja bien creuz, Que le vintesme de ce moys Tu seras mis en grief destrois Par Maximien le herite (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 115). Et plus de gens servent pour l'esperance des biens advenir que pour les biens qu'ilz ont receüz. (COMM., I, 1489-1491, 246).

 

c)

[Avec l'imparfait] : Et ou darrein point [les lettres] contenoient Que s'amie estoit mariée Au plus vaillant de la contrée, Et estoit ja grosse d'enfant. (MACH., J. R. Nav., 1349, 215). Ja estoit promulgee a Romme la nouvelle de la infame desconfiture (BERS., I, 9, c.1354-1359, 7.6, 12). Nouvelles leur vinrent, un petit devant le jour, que li Navarois s'en aloient et estoient parti très devant le mienuit, et pooient estre plus de cinq grosses liewes loing. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 149). A ces parolles que Jehans Lions avoit remonstrées, Ghisebrest Mahieu n'avoit point esté, car ja doubtoit il les blans capperons. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 173). ...et allerent vers le roy Charles, qui estoit fort impotent du cervel. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 152 v°). Et fist faire pour ledit conte des chausses fourrées, une jaquette fourrée et des houzeaulx fourrez, pour ce qu'il avoit ja longtemps ["il y avait déjà longtemps"] qu'il n'avoit monté à cheval. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 170).

 

d)

[Avec le plus-que-parfait] : Il s'en estoit ja foÿs par grant espace de celi liu ou il s'estoit combatus, quant il regarda derriere soy et vit que les autres par grans intervalles le suivoient et que l'un d'eus estoit mout loing des autres (BERS., I, 1, c.1354-1359, 25.8, 42). Et puis se parti d'Amiens, et donna toutes manières de gens d'armes congiet, et retourna devers Paris. Et avoit li rois d'Engleterre assegiet le forte ville de Calais. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 193). "Mi enfant et bonnes gens de Flandres, par la grace de Dieu, j'ai ja esté vos sires un mout lonc tamps et vous ai menés et gouvernés en paix à mon pooir." (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 133). ...au traicté faict à Picquigny entre les deux roys il avoit esté juré et promis que dedans l'an on devoit envoyer querir la fille du roy d'Angleterre, que avoyent fait intituler madame la daulphine, et que le terme estoit passé de beaucoup. (COMM., II, 1489-1491, 245). paravant on avoit emprunté du banc de Solly, de Gennes, cent mil francs, qui coustèrent en quatre moys quatorze mil francs d'interestz (COMM., III, 1495-1498, 36).

 

e)

[Avec le passé simple ou le passé antérieur]

 

-

[Avec le passé simple (d'un verbe imperfectif) à valeur d'imparfait] : ...car ja sceurent les nouvelles que leur seigneur venoit (ARRAS, c.1392-1393, 143). Et ja fu en maint lieux sceüs Que roy orent li pastourel (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 195). ...mais les gens en furent ja advisez, qui tenoient le pont du chastel cloz et levé (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 196).

 

.

[Avec le passé antérieur] : Qant li rois d' Engleterre ot osté a Haspre deus jours et que ja moult de ses gens furent passet et venu a Nave, a Cacongle et la environ, il se departi et vint viers Cambrai (FROISS., Chron. D., p.1400, 314). Si fusmes ja si loings alees Par contrees grandes et lees Et par destrois espouentables, Merveilleux et inopinables Que... (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 66). Comme doncques le marchant eut ja pluseurs jours esté absent des doulx yeulx d' elle... (C.N.N., c.1456-1467, 567).

 

-

[Synon. de desjà avec un temps du passé] "Dès ce moment-là, pour commencer, dans un premier temps" : Là demourerent-ilz au nud ciel, en grant doubtance de leurs vies, ne nulz n'en osoit parler, et voult-on bien supposer que par constrainte il fust venus à son entente, car ja en fist-il jusques à troix morir et decoler qui estoient, tant comme à son oppinion, le plus rebelles, pour donner cremeur et exemple aux aultres (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 487). Ainssy acrut ja son vaillant Alixandres (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 32). Le roy se trouva comme au dessus, et encores cuydoit que les choses vinsent myeulx à son plaisir (COMM., II, 1489-1491, 192).

 

f)

[Dans un système hypothétique (complet ou incomplet)] : Et si scet bien le pecheur que icellui Seigneur est si piteux et si misericors que pour trespetite priere, mais qu'elle fust de cuer contrict et repentant, il aroit tout pardonné, voire mesmes se la sentence estoit ja donnee contre le pecheur (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 16). Si s'arma, tout fust il ja vieulx... (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 111). Il nous a trop cy empesché : Nous deussions ja estre a la ville. (LA VIGNE, S.M., 1496, 322).

 

g)

[Dans des tournures ell.]

 

-

[Avec un part. passé] : Il n'est pas incredible que pour les pechiez du temps passé et ja pardonnez quant a la coulpe, Dieu substrait aulcunes fois la grace de devotion. (Traité S. Sacr. B., c.1450-1500, 157). Le duc de Bourgongne (...) devenu ancien et tant mis au bas que plus grâce de Dieu (...) le tenoit en estre que pouvoir de nature (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 203).

 

-

[Avec un part. prés.] : ...a la voidance ja instante de ceste esglise il vorroit presenter vostre dit clerc (Lettres agn. L., c.1399, 461). Car, cessans les fictions, Très mauvaises conjonctions Des devantdictes sept Planètes... (LA HAYE, P. peste, 1426, 40).

 

-

[Avec un adj. ou un adv.] : Premiérement vous nommeray Une dame ja bien viellete Qui veuve est (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 232). Voicy ung batteau ja tout prest Et trestous les habillemens. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 958).

 

-

[Avec un syntagme nom.] : Et là cuidoient passer le Tibre pour aller enclorre don Ferrand, qui estoit dedans Rome, avecques faveur et ayde des Coulonnois (COMM., III, 1495-1498, 73).

 

-

Voici jà : Vecy la quaresme annee Que m'avés prinse et espousee (C. Riffl., c.1480-1520, 58). Pour leur faire souffrir maulx inhumains, Me voicy armé de pied en cappe. (Cene dieux, c.1492, 117).

 

-

Des jà. V. desjà "À partir de ce moment"

 

-

Tres jà. "À partir de maintenant, d'ores et déjà" : Tres ja je vous retien De nostre court (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 38).

 

2.

[Avec un temps de l'avenir (XIVe s., plus rare au XVe)]

 

a)

[Avec le futur] : Ceens ara ja si grant presce, Que maint y seront a destresce (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 229). Et elle d'umble cuer et tendre M'a prié que je li pardoingne, Car il li sourdi une essoine Par quoy a moy ne pot venir, Mais que ja venra sanz faillir (Mir. nonne, 1345, 333). ...de ma dame chiére Tien que j'aray ja bonne chiére, Pour les nouvelles que li porte (Mir. ste Bauth., c.1376, 121). Bien soyez vous venu, beau sire ! Ja savrez ce que nous voulon. Saichiez que... (Gris., 1395, 21). Et pourquoi ne me amainne chils qui a pris le roi d'Escoce mon adversaire, son prisonnier et le mien ? (...) Madame, respondirent li chevalier, ou que il soit, il est vostres et est bien. N'en aiés nulle soupeçon ; espoir le vous amenra il ja au souper, pour vous plus honnourer et conjoir (FROISS., Chron. D., p.1400, 782).

 

b)

[Avec l'impér.] : ...va bonne erre Et reviens ja. (Mir. nonne, 1345, 313). Alez et revenez ja cy (Mir. ste Bauth., c.1376, 122).

 

c)

Loc.

 

-

Jà tost. "Bientôt" : Messeigneurs, nous sejournons trop Et sommes tres mal diligens Que ne faisons armer noz gens Et mectre a point a l'aventure, Car, ja tost, a la nuyt obscure, Nostre marchant fera l'esprouve (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 634).

 

-

Jà assez tost. "Bientôt"

 

Rem. Mir. femme roy Port., c.1342, 184 ; 188 ; Mir. marq. Gaudine, 1350, 134 ; Bérinus, I, c.1350-1370, 364...

 

-

Jà tantost. "Bientôt, vite"

 

Rem. Mir. enf. diable, c.1339, 44 ; Mir. st Lor., 1380, 141...

 

-

Jà par temps. "Bientôt" : ...ja par temps Arez .XV. ans ou .XVI. ans d'aage (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 52).

 

-

D'ores à jà. "Maintenant ou très bientôt, d'un moment à l'autre"

 

Rem. Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 40 ; 45...

 

-

Ores ou jà. "Maintenant ou un peu plus tard"

 

Rem. Mir. Pierre Changeur, c.1378, 272.

 

-

Jusques à jà (que / quant). "Jusqu'à un moment très proche"

 

Rem. Mir. Berthe, c.1373, 211 ; Path. D., c.1456-1469, 74...

 

-

Jà (tost) quant. "Aussitôt que, dès que"

 

Rem. Mir. enf. diable, c.1339, 16 ; Mir. st J. Cris., c.1344, 163 ; Path. D., c.1456-1469, 150...

 

3.

[Avec le passé simple ou le plus-que-parfait] "Dans un passé plus ou moins lointain, jadis"

 

a)

[Avec le passé simple] : Mais celui qui le plus m'encombre C'est d'un mien curé qui ja fu, Qui en sentence m'a tenu Pour plusieurs griefs que li ay fait (Mir. parr., 1356, 60). Amours, je te fis ja hommage Pour la plus belle et la plus sage, La mieuls adrechie en corage, A mon samblant, Qu' onques veïsse en mon eage (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 41). Tu dis qu'il t a en son liien Et qu'oumage ja li fesis Et que ses homs devenis Et qu'ossi je le te fis faire. (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 48). Puis l'eure que ja le bleçastes... (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 65). Bien puis ma vie a la Medee Parellement appropriier, Qui fist ja la toison doree A Jason en Colcos gagnier. (FROISS., Ball. B., c.1362-1377, 40). C'est ung isle, la plus puissant du monde, qui fut habitée par Albine, fille du Roy Diodinas. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 118).

 

Rem. ARRAS, c.1392-1393, 239 ; CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 100 ; CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 27 ; LA SALE, Salade, c.1442-1444, 109...

 

b)

[Avec le plus-que-parfait] : Pour ceste question dont je parle avoit esté tué le duc d'Orleans à Paris, unze ans avoit. (COMM., II, 1489-1491, 61).

 

c)

Jà anciennement : Or vindrent ces gens en sa presence, en la sale bas, hors du neuf ouvraige où le hostelz fut ja anciennement. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 29).

 

-

Jà autre fois : Certes la glorieuse vierge monta au jour de son absumpcion es cieulx pour veoir et oir la sapience Dieu le pére, son benoit chier fil, qui ja autre foiz avoit descendu en lui (Mir. st J. Cris., c.1344, 253).

B. -

[Emplois non temporels ; signifie que le procès a lieu effectivement, réellement] "Effectivement, vraiment, assurément"

 

1.

[Valeur assertive (surtout avec le prés. ; avec les temps de l'avenir ou le subj., sens difficile à distinguer de la valeur temporelle de "bientôt, tantôt")] "Effectivement, vraiment, assurément"

 

a)

[Avec le présent] : Et opinion n'est pas question ou inquisicion, mais est ja enunciacion (ORESME, E.A., c.1370, 349). Se faire sçay chançon desesperée, Faire la doy ja par bonne occoison (MACH., L. dames, 1377, 70). Aussi est il ja a croirre que Dieu a donné sa sentence contre eulx, et qu i les fera mourir mauvaisement (JUV. URS., Loquar, 1440, 418). Chacun se veult ja gouverner Selon le Temps, soit bien ou mal. (Sots triumph., c.1475, 45).

 

b)

[Avec le passé composé] : Egar ! qu'est ce, dame espousée ? Estes vous ja si tost levée ? (Mir. chan., c.1361, 177).

 

c)

[Avec un temps de l'avenir] : Et quant ja failli sera jour Ou que soit les enterrerons (Mir. st Panth., 1364, 369). Il savoient bien que li pons ne les poroit porter ; et dissoient entre eux li Flamens : "Faissons leur voie ; vous verés ja biau jeu." (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 289).

 

d)

[Avec le passé simple] : Et en devisant avec damp Abbés il vist en son doy le tresbel et gros rubi balay qu'il avoit a Madame autrefoiz veu porter, si n'en dist mot, mais ja pour tant n'en pensa mains. (LA SALE, J.S., 1456, 260).

 

e)

[Dans un système hypothétique (complet ou incomplet)]

 

-

[En subordonnée ; dans le monde possible qu'on envisage, ce qui est dit est assuré, effectif] : "Et comment, Seigneurs, nous tenront meshuy ceste merdaille ; se ce feussent ja bonnes gens d'armes, je ne m'en esmerveillasse mie." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 198).

 

-

[Dans la principale ; garantit la réalité de la relation (si p, il est assuré, effectif, que q)] : De celle force qui irascible Et l'autre comcupiscible Et la racionnel me tais Et d'autres maintes, car li plais En durroit ja si longuement Que tart seroit le finement. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 235). Et s'il m'oste le mal qui tant me nuit Qu'i m'eüst ja, s'il ne fussent, destruit... (MACH., F. am., c.1361, 176). Bien a cil sa foy acquictié, Dont mainte cronique et dictié Ja composé Deust estre (CHART., L. Dames, 1416, 223). Ha dya, Jehanne, gardés que vous dictes ; ja penser pourroit on quelque chose entre elle et moy. (C.N.N., c.1456-1467, 370).

 

-

Mais que jà. "Pourvu que" : De noz freres ne nous en chault, Nous ne pouons trop peu avoir ; Mais que ja vueille recevoir Nostre maistresse l'ordinaire, Il nous souffist. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1000).

 

2.

[Valeur concessive]

 

a)

+ subj. + suj. inversé : "Le conte de Foeis, qui veoit la malice du roy de Navarre, commença sa femme grandement à enhair, ja n'y eust-elle coulpe." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 80). "Maistre de Vis, nous vous voulons faire roy de ce pays, ja soyez-vous bastard, mais nous disons que madame Bietrix vostre cousine, la royne de Castille, est plus bastarde que vous n'estes." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 252). ...et ja fust il esté moult amy des Rommains, toutesfois se trouva il contre eulx par instigacion de sa femme Sophonie (LA SALE, Sale D., 1451, 109).

 

b)

Jà soit / fust (ce) que. "Bien que" : Et ja soit ce que soie mis en mue, N'est pas toute m'esperence perdue (MACH., F. am., c.1361, 159). Nya, et par serement, que le contenu en ycelles feust verité, jassoit ce que ycelles il ait autreffois congneus et confessées (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 438). Et autre chose ne print en ycelle aumaille, soit ce qu'il y eust plusieurs biens, comme aournemens appartenans à une eglise, chasubles et autres choses appartenans à dire et chanter messe. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 443). ...et dit qu'ilz ne lui dirent pas les noms d'icelles poudres, jaçoit ce qu'il les en requist. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 454). Et jasoit que encores n'eussent ilz [les historiens païens] senty ne gouté par vraye congnoissance la tresdoulce, tressainte et tresamoureuse grace de nostre vray Dieu le Saint Esperit, sy nous ont ilz tous adreschiez par leurs exemples et escriptures aux vrayes gloires de noz ames (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 3). Le bon compaignon, jasoit ce qu'il fust fort courroucé et malmeu par avant, toutesfoiz, pour ce qu'il voit son tort (...) refraint son ire (C.N.N., c.1456-1467, 29). ...nostre chareton, jasoit qu'il fust las et traveillé, n'en avoit garde [de dormir]. (C.N.N., c.1456-1467, 66). ...jasoit ce qu'il eust en sa teste des sermons largement, si le contraignit nature qu'elle eust ses droiz (C.N.N., c.1456-1467, 86).

 

-

[Avec l'ind.] : La vi je les deux emisperes Du ciel, ja soit ce que deux paires On n'en voit pas ca jus de terre. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 82). Et quant Saintré entend Madame si haultement parler, ja soit que son cuer estoit ja conclud, lors a un genoul se met et treshumblement l'en mercia (LA SALE, J.S., 1456, 146). ...jasoit que pluseurs gens et vous aussi pourriez penser que je fusse homme naturel comme ung aultre (...), je vous ose bien dire et monstrer que point je ne suis tel (C.N.N., c.1456-1467, 94).

 

-

Jà soit ce / il chose que. "Bien que cela soit, à savoir que" : "Et quant il venront, nous crierons tout de une vois cascun son cri ou le cri dou signeur à qui cascuns est, ja soit ce cose que li signeur ne soient pas tout chi." (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 18). ...aux nopces vont du fil du Roy Souverain, et ja soit il chose, Si comme je treuve en la glose, Que sotes et mendiens soient Et que innobles povres se voient, Toutevoies... (DESCH., M.M., c.1385-1403, 341).

 

.

[Sans verbe exprimé] : Elle, jasoit qu'encores marrye et enragée de ceste suspicion, voyant la parfecte contrition du bon homme, cessa son dire. (C.N.N., c.1456-1467, 30). ...il eut octroy de faire tout ce qu'il luy plairoit, jasoit que a grand peine (C.N.N., c.1456-1467, 365). Ilz luy accorderent, jasoit ce que tresenvys. (C.N.N., c.1456-1467, 552).

 

c)

Combien que jà + subj. "Quoique" : Pierrë, et je t'ay respondu Que ta force est insouffisante Et, qu'avant qu'en ceste nuyt chante Le coq, si grant douleur auras Que plaignement me regnieras, Combien que ja vaillant te faces. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 671).

II. -

[Contexte négatif ; les valeurs de sont inversées]

A. -

[Avec un temps de l'avenir (p. oppos. à ne onques qui accompagne en principe les temps du passé) ; la négation inverse l'idée de proximité dans l'avenir et l'idée d'éloignement ainsi obtenue ("pas de sitôt") est interprétée en termes d'inexistence ("jamais")]

 

1.

Ne... jà / jà... ne. "Jamais"

 

a)

[Avec le futur] : ...ja n'aréz par my ne change [l. chance ?] ne hazart (Flor. Rome W., c.1330-1400, 211). Car ja pour ce ne le harray N'eschueray Ne ne vorray Qu'il ait esmay Ne riens dont il soit en irour (MACH., Lays, 1377, 383). Et ne sera sceu ou prouvé contre eulx avoir dites les paroles que ont deposé iceulx Brun et Raoulet, c'est assavoir que il i aportassent hardiement tout ce qu'il gaigneroient, et que tout seroit ars. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 160). Ja ne sera au premier hurt faillant Jusqu'a la mort, Ne il n'a jamais a celle heure recort Fors de penser qu'a droit, non pas a tort, Sa dame puist en ouÿr bon rapport (CHART., D. Fort., 1412-1413, 174).

 

-

[Avec le présent (à valeur de futur plus ou moins nette)] : Or nous dist uns proverbe qui est vray que chu qui doit avenir ne puet trespasseir. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.2, a.1400, 118). Il est assez latent et appert a peu de gens en chascune chose, toutevoies il ne erre ja ne ne peut errer, supposé qu'il ne samble mie droiturier aux yeux des insipiens. (Internele consol. P., 1447, 204). T[ART] [ABILLE] Par mon ser(me)ment, Je ne fis huy que tourner l'aste. L[OURDEAU] Tel la vyre qui ja n'en taste [ensuite]. (Lord. Tart Ab. L., a.1465, 162).

 

.

[Avec un verbe au prés. régissant un inf.] : Pour tel chose ne quier ja lire, Dame, nom pas pour vous desdire. Mais ce n'est pas chose sensible Que vostre pensée invisible Puist venir a ma congnoissance... (MACH., J. R. Nav., 1349, 168).

 

b)

[Avec le cond. temps] : "Et fui enfourmés que il avoit respondu as mesages qui i estoient allé, que ja ne seroit au couronnement dou fil d'un bastart qui avoit mourdrit son frère." (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 127). Et là juroient solempnellement, le roi present (...) que ja il ne se combateroient contre homme ne païs qui tenissent Urbain à pappe (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 90). La ducoise de Baivière disoit que ja li mariages ne se feroit de l'un de ses enfans, se il ne se faissoit des deus. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 190). ...et disoit que ne laveroit, son honneur sauve. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 312).

 

c)

[Avec le subj. prés.] : N'aiez ja nul de voz ennemis en despit, tant soient petiz, mais soiez tousjours sur vostre garde. Ne soiez pas entre voz compaignons comme sires, mais communs, et les honnourez chascun selon son degré (ARRAS, c.1392-1393, 153). ...car ja ne plaise a Dieu que monseigneur ne nul de ses gens ait fait chose qui puisse desplaire a Gieffroy ne a monseigneur son pere (ARRAS, c.1392-1393, 208). Doncques s'il advenoit - que ja ne face ! - que par aucun temps en sa concepcion ou aprés je fusse eslongnee et hors de ceste dame, pour cause du mauvais tirant Pechié originel, qui la maintenroit ? (GERS., Concept., 1401, 400). "Hee Dieu tout bon et tout puissant ! ja n'avienge que ainsy se puisse moquer le tien et le nostre ennemy !" (GERS., Concept., 1401, 404).

 

d)

[Avec un impér.] : ...mesmement ne juge ja hastivement des paroles des autres ne de leurs fais (Internele consol. P., 1447, 145). O mes yeulx, ne vous cessés De plourer mes maulx et mes dueilz, S'en vous plus de larmes y a Arousez m'en, ainsi le veulx. (Cene dieux, c.1492, 125).

 

e)

[Dans la principale d'un système hypothétique (complet ou incomplet), l'apodose étant logiquement postérieure à la protase] : Mais ja ne fust en si mais point, Qu'en l'eure ne fust mis a point, Sains et haitiez et pleins de joie Par ce regart. (MACH., D. Lyon, 1342, 183). Se Cornumarans fust ensement surmontés, Il l'euist mis ad fin, n'en fust déportés. (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 39). Douz roy, nul ja n'ëust ousé Penser si grant dignation De toi et inclination (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 45). "Se li rois est bien consilliés, il ne se mettera ja entre tel peuple qui vient contre lui à main armée." (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 76).

 

f)

Jà mais. V. jamais : ...onques nuls si mal eüreus Ne fu ne ne sera ja mais Com je sui, ne si doleureus (MACH., Bal., 1377, 549). Si ne te quier ja mais faire depri N'Amours servir, obeir ne loer (MACH., L. dames, 1377, 224).

 

2.

[Sans ne, dans un contexte "forclusif"] "Jamais (au sens positif), à un moment quelconque, à un moment donné"

 

a)

[En interr. dir.] : ...me verray je ja delivre De l'angoisse dont sui attainte ? (Mir. st J. Cris., c.1344, 279). E ! Diex, verray je ja le temps ? (Mir. Oton, c.1370, 374). O come benoite sera l'eure quant le crueux, le fel, le despiteux tirant, et ses detestables pillars seront hors boutez de nostre d[ro]it heritage et propre mansion ! He Dieux ! les verrons nous ja ? (GERS., Concept., 1401, 394).

 

b)

[En interr. indir.] : Dont, pour ouvrir une grant quantité De mes secrés, et savoir s'en pité Je serai ja receüs de vous, dame, Segurement vous jure corps et ame Qu[e]... (FROISS., Orl., 1368, 100).

 

c)

[Dans une sub. hypothétique (ou une prop. qui en dépend)] : LE DRAPPIER. Ne vous chaille ! Il vault mieulx, pour le plus honeste, Que je le porte. PATHELIN. Male feste M'envoise la saincte Magdalene Se vous en prenez ja la paine ! (Path. D., c.1456-1469, 76).

 

Rem. MACH., D. verg., a.1340, 51 ; Mir. chan., c.1361, 152 ; MACH., L. dames, 1377, 28...

 

d)

[En tournure compar.] : ...mieulx ameroye estre morte que Logre m'eüst ja en sa baillie (Bérinus, I, c.1350-1370, 175). Voir encor et deliberer Doibs que seurement esperer Parfait du crestien le memoire Et foy fait l'engien ingerer Jusques cha sus et digerer L'estre du royalme de gloire [.] Par foy lui est fait plus notoire Que ja se par premisse voire Double le vaulsist inferer [.] Pour ce delaist le transitoire. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., App., p.1358, 377). Je m'aim trop miex tout à paressillier En ma dame servir et honnourer Que j'aie ja voloir ne desirier Ne pensée de li entroublier (MACH., L. dames, 1377, 145).

 

e)

[Dans le champ d'une princ. nég. ou d'un mot nég.] : "Par ma foi ! dist li contes, il en aviegne ce que avenir puet, mais je n'ai fait cose dont je me dois ja repentir." (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 201). Par la foy que je doy a Dieu, je croy que ce ne soit que fantosme de ceste femme, ne ne croy pas que ja fruit qu'elle ait porté viengne a perfection de bien (ARRAS, c.1392-1393, 253). Bien m'est Fortune estrange archiere Et ennuyeuse, Si semble qu'el soit envïeuse Que j'aie ja vie joieuse (CHART., L. Dames, 1416, 244).

 

f)

[Après sans ou sans (ce) que ou en corrélation avec à peine]

 

-

[Après sans] : ...c'est la grant mare, Que saint Augustin accompare Au feu d'Enfer, qui, sanz sejour, Ne cesse de prendre et tousjour Reçoit, sanz ja estre assouvi (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 51).

 

-

[Après sans (ce) que] : Et s'ay si noble signourie Qu'au monde n'a prince ne roy, Tant soit ses cuers de grant desroy, Durs ou hauteins ou pleins d'orgueil, Que ne le face, se je vueil, De fin cuer loial sans amer Cent fois mendre de lui amer, Sans ce qu'il en ait ja solas (MACH., D. verg., a.1340, 22).

 

-

[En corrélation avec à peine] : Ilz la luy quirent belle et jenne et advenant de corps, car a paine verrez vous ja si viel homme qui ne prengne voulentiers jenne femme. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 91).

B. -

[Emploi non temporel ; inverse l'idée que le prédicat est réel, effectif, et signifie donc l'irréalité]

 

1.

Ne... jà / jà... ne. "Nullement, d'aucune manière ; pas, point"

 

a)

[Avec le présent] : Je ne cuide ja a nul fuer L' eure veoir, a brief parler, Que meuz soie a y aler. (Mir. st Panth., 1364, 333). Il ne convient ja qu'il nous combatent, car ce royaulme d'Espaingne n'est pas doulce terre ne amiable à chevaulchier ne à traveiller si comme le royaulme de France est (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 86). ...et s'aucuns folx en ce avoient mesprins, ne failloit blasmer tous les autres procureurs (BAYE, II, 1411-1417, 199). ...mais quant je pense a mes ignorance, insuffisance, troubles, chagrins et desplaisirs continuelz que j'ay, et non sans cause, et lesquelz il ne fault ja declairer... (JUV. URS., Nescio, 1445, 441). ...et en ce ne fault ja plus insister (JUV. URS., T. crest., c.1446, 117). Joseph, ne soyés point sy rogue, Il ne fault ja sy hault parler. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 789).

 

-

Jà n'est besoin / mestier / necessité de / que : Mais il semble que en ses argumens n'est ja mestier insister (JUV. URS., T. crest., c.1446, 46). ...et en ce n'est ja necessité de insister car la chose est clere (JUV. URS., T. crest., c.1446, 96). Ha dya ! dit le [prieur] tout esbahy, il n'est ja mestier d'ainsi faire. (C.N.N., c.1456-1467, 62). Noz gens ont fait beaucoup de petites diligences qu'il n'est besoing de vous racompter (BUEIL, II, 1461-1466, 87).

 

b)

[Avec le futur, avec l'impér. (ou une forme à fonction d'impér.)] : Ne soiez ja pour lui en soing (Mir. enf. diable, c.1339, 37). Biaux seigneurs, sachiez de certain, Combien que soiez li greigneur Maistre de la loy et docteur, Ne le tenez ja a merveilles, Qu'aujourd hui est en voz oreilles Ceste prophecie acomplie (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 232).

 

-

Ne jà (pour) maintenant + fut. "Pas maintenant, pas dans l'immédiat" : ...vous n'y entrerez ja maintenant (C.N.N., c.1456-1467, 217). Il est de la langue gouteux ; Ja ne boera pour maintenant. (Pass. Auv., 1477, 222).

 

-

Vous n'en aurez jà moins. "Ce ne sera pas moins (mais ce n'est pas rien !)" : Par le Dieu que j' aour hautime, C'est Baal, n'en aras ja mains. (Mir. st Panth., 1364, 350). AFFRICQUEE. Sans faulte je n' en auray plus. Dea, d'ou vous vient ceste largesse ? C'est trop. GLORIEULX. Sacrement de la messe ! Vous n'en aurez meshuy ja mains. (P. Jouh. D.R., a.1488, 31).

 

c)

[Avec le subj., l'impér., le cond.] : ...ja plus povre n'en seroit (MACH., R. Fort., c.1341, 60). Se il se fussent tout trouvé ensamble à l'heure que ordonnée il avoient, il l'eussent heu par eschiellement ne ja n'i heussent failli. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 112). Ne faictez ja long traictié a voz ennemis, car en longs traictiez gist aucunes foiz grant decepcion et grant perte pour la plus puissant partie (ARRAS, c.1392-1393, 87).

 

d)

[Avec le passé simple] : Et en cest estat la ramena, dont elle ne fist ja feste. (C.N.N., c.1456-1467, 374).

 

e)

[Dans une réponse nég. ell.] : BASILLE. (...) Voulez vous que je vous convoie Jusques au lieu ? LIBANIUS. Nanil ja, sire ; mais pour Dieu En voz priéres me mettez Et beneiçon me donnez (Mir. emp. Julien, 1351, 213).

 

2.

[Sans ne, dans un contexte "forclusif"] "Donc" : Mes gens demeurent il derriere ? Malcus, Estonné et Bruyant, Dragon, Goulu et Malcuidant, Ou sont ja ses ribaulz meschans ? (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 677).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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