C.N.R.S.
 
Article complet 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     IRÉ     
FEW IV ira
IRÉ, adj.
[T-L : irier (irié) ; GD : irié ; DEAF, I430 ir‚ ; AND : iré ; DÉCT : irié ; FEW IV, 811a : ira]

A. -

"Affligé" : Moult en ot, chou est voirs, le cuer tristre et yré. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 235). [aussi v.10081, 11455...]

B. -

"En proie à une violente agitation, en colère, courroucé" : Dont respondi Berinus ainsi que Gieffroy lui avoit introduit, et respondi en semblance d'omme irié : ... (Bérinus, I, c.1350-1370, 78). Et l'ostessë estoit en son cuer moult iree, Qu'a pou qu'elle n'estoit tout ainsi que desvee (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 11). Dolans fu Garscions, s'ot moult le cuer irée (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 136). Il n'avoit Sarrasin (...) Qui osast contre lui prendre par cière irée L'escut et le baston dont il sot la menée (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 300). ...le commune en fu courouciés et irée Qui volentiers euissent ceste voie akievée (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 382). J'ay en amours mauvais maistre Qui m'ocist de mort amere, Pour ce que mon cuer desmestre Ne puis de ma dame chiere. S'en vif com homs sans maniere, Pleins de forcené desir, Dolereus, à cuer iré, Quant je voy autrui joïr De ce que j'ai tant amé. (MACH., L. dames, 1377, 68). Sire, com dolens et irez Vous dy que j'ay gages es mains Des Juifs... (Mir. march. juif, c.1377, 188). Mais j'ay failli, dont suis irez. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 238). Et elle moult yrée, pour injurier son dit mary, le prist par la chevesse, pour ce qu'il estoit desboutonné devant (Doc. Poitou G., t.5, 1385, 273). ...je doy bien estre irée, Quant on a sur moy souspeçon Sanz cause ! (DESCH., M.M., c.1385-1403, 59). Et quant Remond entent ceste parole, si en fu moult yriez et lui dist: Puis qu'il ne puet estre autrement, va a la garde de Dieu. (ARRAS, c.1392-1393, 240). Et pour ce dit Tullez que celly qui est irés cuide que celly qui le conseille le veuille decevoir. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 751). Quant Galien se voit en ce point actourné, Et qu'il ne peut Pinart point avoir entemé, (...) Se ne fut pas merveilles s'il eut le ceur iré (Galien D.B., c.1400-1500, 74). Le quel Sazillé, semblant estre iré et courroucié, les poursuy un trait d'arc ou environ (Doc. Poitou G., t.7, 1408, 152). Jamet qui estoit plain de vin et moult esmeu, fu moult iré et indigné (Doc. Poitou G., t.7, 1417, 322). ...certes, oncques vray amoureux ne fut ireux. J'ai bien oy dire que aucunes déplaisances amours leur ont donné pour les essayer ; mais sy n'estoient-ils pas irés, s'ils n'estoient férus d'autre mal que d'amour. (Faits Lalaing K., c.1470, 16).

 

Rem. Renart contref. R.L., 1328-1342, gloss. ; FROISS., Méliad. L., 1373-1388, gloss. ; Percef. I, R., c.1450 [c.1340], gloss. ; Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss. ; Hist. prem. destruct. Troie R., c.1470-1480, 84/153...

 

-

Estre iré à / contre / vers / envers qqn : Ce n'est pas ton honneur, ce croy, Quant je te ser en tele foy Qu'humblement a morir m'ottroy, Se c'est tes grez, Pour ma dame que plus ne voy. Car doubte ay, dont je me marvoy, Que ses gentis cuers envers moy Ne soit irez. Dont je sui trop mal atournez, Tristes, pensis, desconfortez, Quant tous mes biens as destournez, Ne say pourquoy. (MACH., R. Fort., c.1341, 45). Et qui avec ce ne se muent ou departent de leur yre senz ce que ceuls contre lesquelz il sont yréz soient tourmentéz ou pugniz. (ORESME, E.A., c.1370, 262). Mais, conme dame a moy irée, M'a appellée esmoingnonnée... (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 28). Le roy estoit si iré contre le duc de Bourgogne et le duc de Bretaigne que merveilles. (COMM., I, 1489-1491, 99). Je te pry que ne sois ire Vers moy mais me donne ta grace (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 66).

 

-

Venir à qqn iré : Ly sierpens retourna quant il oy le ton, Et l'iermites ly vint iriés comme lyon (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 52).

 

-

[D'un animal] : Et vrayment telles maquerelles et villes mercieres, quant on les reprent de leur office, elles deviennent puantes comme la belecte iree. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 314).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

Fermer la fenêtre