A. -

[D'une pers.]

1.

Intolerable (envers qqn). "Qui est intolérant envers qqn, qui rejette qqn" : Si a esté einci ordené que uns son filz, qui avoit non Seycus, li mendrez de troys, s'en est fuyz a Gabie, de certain propous, en se compleignant de la cruauté son pere intolerable envers lui (BERS., I, 1, c.1354-1359, 53.5, 88).

2.

"Irrésistible" : Mes en fait publique de bataille, il [David] se monstroit robuste et fort et dur et intollerable a tous les ennemis, ce est a dire qu'il ne la povoient endurer ne soustenir. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 300).

B. -

[D'une chose] "Qu'on ne peut tolérer, qu'on ne peut supporter"

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[D'un fait, d'une réalité, d'une action, d'une attitude (extérieure à la pers.)...] : Onques ne vout gesir en lit Ne en chambre où je gëusse (...) Pour ma püeur intolerable (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 10566). [T-L IV, 1419] Enfer est ung torment intolerable, mais toutefois s'il estoit mille Enfers, se n'est che rien au regart d'estre rebouté de l'onneur d'icelle gloire beneuree et estre en la hayne de Dieu. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 352). De telles mutacions [des lois] naissent esclandres et murmures ou peuple et péril de inobédience ; et encores plus, se telles mutacions estoient faictes en pires, car lors elles seroient intollérables et injustes. (ORESME, Monnoies W., c.1365, XXVI). ...l'entente de l'Université estoit de monstrer en especial la faute et injure de ladicte espitre et declarer certains poins des griefs intollerables faiz par le Pape et ses officiers à l'Eglise (BAYE, I, 1400-1410, 158). Supplie humblement et se complaint Chasteté, vostre feale subjette, que remede soit mis et provision briefve sur les forfaitures intollerables, lesquelles m'a fait et ne cesse fere ung qui se fait nommer le Fol Amoureux. (CHR. PIZ., Déb. R. Rose H., 1401-1402, 119). ...il a fait mectre sus tailles et emprunts intollérables sur le peuple (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1, c.1425-1440, 241). Mais ton orgoeul intollerable et ton avarice insaciable ne te poeult emplir ne saouller (LA SALE, Sale D., 1451, 86).

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[D'une douleur, d'une sensation physique, d'une peine que la personne éprouve...] : Et pour ce encor dit il que on doit les bons enduire a vertu et a bien par remuneracions, et les malvais par intollerables paines du tout exterminer. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 266). ...la doulour excessive De mon intollerable dueil (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 113). Quantes mortelles afflictions et playes intollerables soustint le royaume d'Escosse par plusieurs annees... (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 142). ...si n'est pas dommaige Se des palaix celestiaux Cheirent [les diables] es puys infernaux, Et s'ilz ont paine intollerable Et dampnacion perdurable. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 8). Se c'est de cole la douleur est intollerable qui maine aulcuneffois pres de frenesie avec pointure et mordicacion par veilles et sans repos et male souffrance du patient (GORDON, Prat., c.1450-1500, III, 10). Où pourray je tant de larmes finer Com il affiert pour mon dueil affiner, Qui est si grief et si intollerable, Qu'à tousjoursmais me semble ingarissable ? (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 153). Comme dist Saint Bernard : "Dieu est ez creatures merveilleux, ez hommes amiables, ez angeles desirable, en soy mesmes incomprehensible, ez reprouvéz intollerable, non portable." (Somme abr., c.1477-1481, 139). Cestui predist les signes horribles qui apparurent en ce temps, par especial la signifficacion d'une estoille qui se vint mectre dedans la Lune, aussi les grandes et intollerables froidures et l'incredible famine (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 96 v°). LUCIFFER. (...) Je seuffre trop, de maulx intollerables, De voir aller nostre enffer en decours. (LA VIGNE, S.M., 1496, 139).