A. -

Au propre

1.

Adj. "Qui appartient à l'enfer (paien ou chrétien)" : La leurs crins serpentins pingnoient Et d'autre chose ne servoient Que d'elles pingnier et trecier, Et toutes ames adrecier Faisoient en l'infernal flame Qui toudis art et toudis flame. (MACH., C. ami, 1357, 82). Trop s'en merveille Proserpine, Qui d'enfer est dame et roïne, Que li rois infernaus ravit En un vergier ou il la vit, Ou elle cueilloit des flourettes Avecques pluseurs pucelettes. (MACH., C. ami, 1357, 83). ...et entretant je manderay ma gent qui sont en la guerre avecques un mien chevalier en la Leffre ou on lui avoit fait tort. Et le roy lui respond : Sire duc, Cellui le vous merisse qui souffry la mort en la croix pour nous rachater de l'infernal servage. (ARRAS, c.1392-1393, 173). Par Dieu, se je [Remondin] creoie mon cuer, je vous feroye mourir de male mort, mais raison naturelle le me deffent, pour ce que vous estes mon frere. Alez vous ent, ostez vous hors de devant mes yeulx. Que tous les menistres d'enfer vous puissent convoier et martirer de VIJ. tourmens infernaulx. (ARRAS, c.1392-1393, 242). De l'infernal mortalité Tu getteras hors tes amys, Sire Dieu, quil en croix est mys. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 219). Excusez nous, puisque sommes transis, Envers le filz de la Vierge Marie, Que sa grace ne soit pour nous tarie, Nous preservant de l'infernale fouldre. Nous sommes mors, ame ne nous harie, Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 66). Attropos la fiere et rebource D'infernal venin fournira, Et Cerberus le vomira Par la gueulle et par les narines... (Cene dieux, c.1492, 126). O miserable, infernal Anthecrist, Dÿabolique, gouffrineuse caroigne, Mauldit paillart, tout nostre enffer est frit Se tu n'entens a ceste orde besongne. (LA VIGNE, S.M., 1496, 224).

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[Pour désigner la géographie, les lieux de séjour de l'enfer] : Car de l'infernal mansion Sommes par elle [la Vierge] deffendu. (Mir. ev. N.D., c.1348, 63). Ains vers ton fil vueilles tant faire Que puisse par ces presens maux Eschapper les lieux infernaux Et en gloire estre. (Mir. femme roy Port., c.1342, 194). Dont li rois d'enfer de ce crosle Ot tel paour que tout en l'eure Sus trois chevaus plus noirs que meure Yssi hors de sa mansion Pour faire visitation S'il avoit crevace ou fendure En murs de l'infernal closture, Pour ce qu'il y vuet pourvëoir, S'il y puet nul deffaut vëoir. (MACH., C. ami, 1357, 85). Trop fu dolent Orpheus de celle male aventure. Si prent sa lire et s'en vait aux portes de fer en la valee tenebreuse devant le palais infernal, et adont prist a harper un piteux lay, et tant doulcement chantoit que tous les tourmens d'enfer en accoisierent et tous les infernaulx offices furent cessez pour escouter le son de la lire (CHR. PIZ., Ep. Othea L., c.1400-1401, 248). SATHAN. Dyables de l'infernal manoir, Noirs, hideux et abhominables, (...) Saillés a (tous) grans griffes de fer De ce puis infernal d'Enfer. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 103). SATHAN. (...) Car tous deux les emporteray [le juif et le chrétien] En Enfer sans point de respit, Et pourchasseray, en despit De Nicolas, mon ennemy, D'en faire quelque bon amy Dedans la grant salle infernalle. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 123). N'espargne sublimé ne souffre Qui soit en cest infernal gouffre. (Cene dieux, c.1492, 128). Et croy que c'est ung lieu sathanique ou gouffre infernal. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 265).

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En partic. Infernal palud/infernaux paluds : ...Descendu A val en l'infernal palu Pour hors geter tous ses amis Et mener les en paradis. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie humaine S., c.1330-1331, 106). Son pere de l'infernal pallut luy couppa les mains desquelles elle labouroit pour acquerir son vivre et desquelles elle donnoit, et depuis ce dy n'eust le cuer de riens faire, ne de donner par ausmone a ceulx qui en ont mestier. (Déclar. Hyst. S., a.1449, 161). Ou mis de fait soit avec Tantalus Et Proserpine es infernaulx palus, Ou plus que Job soit en griefve souffrance, Tenant prison en la tour Dedalus, Qui mal voudroit au royaume de France ! (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 58). Dame du ciel, regente terïenne, Emperiere des infernaulx paluz, Recevez moy [la mère de Villon], vostre humble crestïenne (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 79). Vuide hors de la region Des haulx divins cieulx triumphans ; Et vad toy et ta legion Es palus infernaulx puans. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 19). Par ma pate point n'es lasche : Il n'y a dyable qui te vaille Et ma grant couronne te baille, Qui est d'un treppié tout ardant, Comme le diable mieulx gardant Les droiz de l'infernal palu. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 971). Cerberus faulx chien aheurté, Portier des infernaulx palus, Ouvre cy hau ! (Cene dieux, c.1492, 127). Mais ceulx qui cheent à l'infernal palu, pour eulx je metz la perte.. (Myst. ste Barbe P., 1493, 51). LUCIFFER. Deables, deables des infernaulx palus, Que faictes vous es lymbes Tantalus ? Miserable filz de putains paillars, Trop vous endort l'ort Sardinapalus Et le loudier pugnais Agriffallus Vous amyelle par ses engins gaillars. (LA VIGNE, S.M., 1496, 349).

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Beste infernale : A ceste foys a ceste vision, je tramblay tout et herissay et tressuay de paour que ceste beste infernale ne se embatist en France. (GERS., Noël, p.1404, 309). ...il n'est si riche maison, si noble ou ferme cité, et puissant royaume, si estable empire que ceste beste infernale qui est composee de deux vices qui semblent contraires, c'est assavoir de prodigalité et de rapacité, ne perde et abate (GERS., Noël, p.1404, 309).

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Prov. Qui est en la gueule au serpent Infernal, trop tard se repent : Qui est en la gueule au serpent Infernal, trop tard se repent (ALECIS, Passe temps P.P., 1480, 265).

2.

Subst.

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Infernal/infernaux "Les enfers, l'enfer" : ...Quant le corps ort et corrumpable Avec li [l'âme] de ses maulx coupable Est charoingne morte et pourrie, Ouquel ele a esté nourrie, Et cheminer aux infernaulx, Pour pugnicion de ses maulx, Fault aler celle ame dolente : Mieulx vault le chemin et la sente De ce vergier esperitable. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 239). Et vostre lanterne alumer Signifie que la lumiere Leur devez moustrer sanz priere, Afin que par leur obscurté Ne voisent ou lieu d'impurté Et ne chéent aux infernaulx Par leurs pechiez et par leurs maulx. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 253). Je vous conjur de Dieu (...) Que vous me dïés vray se c'est chy infernaulx (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 432). GUILLOT. Et moy la mienne. Où est-il alé ? Je croy qu'il soit redevalé Là bas, au grant infernal. (Retraict T., c.1490, 237).

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"Habitant des enfers, démon, diable"

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Au plur. "Les diables de la religion chrétienne, les dieux et autres maîtres des enfers paiens" : Et [Orphée] joua son dolereus lay Et chanta de vois douce et seinne, De si grant melodie pleinne, Qu'a sa vois, qu'a ses instrumens, Fist cesser d'enfer les tourmens ; Car les infernaus s'esjoïrent De la douceur, quant il l'oïrent. J'ay son lay maintes fois veü Et l'ay de chief en chief leü, Mais plus ne contient, fors qu'il prie Qu'il rait Erudice s'amie. (MACH., C. ami, 1357, 82). La ot mainte larme plouree En la tenebreuse valee Des ames qui entroublierent Leurs peinnes dou chant qu'escouterent. Aussi li roys des infernaus Getta jus craus et gouvernaus Et se cessa, pour la merveille, Que plus les ames ne traveille. (MACH., C. ami, 1357, 83). Veoir ne quier la dorée toison Ne les Yndes ne de Rouge Mer onde, N'aus infernaus penre guerre ou tençon Pour eslongier le regart de la blonde Dont me vient joye et baudour Et doulz penser ; si tieng pour le millour Qu'à tout conter et bien peser à drame, Je voy assez, puis que je voy ma dame. (MACH., Bal., 1377, 562). ...jusqu'enfer ala combatre [Hercule] Pour les infernaulx tous abatre (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 20). Les Infernaulx, remplyz de malle rage, Envers luy ont leur bataille actraicte Encontre ceulx qui ont mis leur courage Pour decorer la joyeuse fleurette. (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 98). Lors descendirent en enfer et se combatirent aux infernaulx (LA SALE, Sale D., 1451, 164). ASTAROTH. Il est hors de nostre pouoir : Riens ne vous vault le conspirer. Qu'est il de faire ? SATHAN. De virer Aux infernaulx de belle pousse, Et leur raconter la secousse Comment nous sommes acrouppis. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1035).

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Au sing. L'infernal. "Le tentateur" : Et, à la verité, et l'ung et l'aultre le queroient et desiroient, et furent lors les choses fort approuchées, mais toujours l'infernal qui ne dort, soubz couverture de defidence, malicieusement renouvellée par les malheurtez advenues et passées, rompit et eslongea ceste bienheurée et salutaire oeuvre, et se perbouta ès corps maulditz d'aucungs rappourteurs desloyaulx et maulvais, qui d'ung costé et d'aultre rompirent ladicte emprinse. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 251).

B. -

P. anal. "Qui eupposé avoir une relation ou une ressemblance avec l'Enfer" : Et encores es parties de Ytalie, es mers du royaume de Sicile et en la duchié de Calabre, sont Estrongol et Boulcan, ysles en mer, dont saillent flambes de feux infernaulx des abismes qui y sont, au plus hault visibles a chascum. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 140).

C. -

Au fig.

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"Insupportable (digne de l'enfer)" : ...fut ce bon homme trois ou quatre ans avecques sa femme, laquelle pour tout passetemps n'avoit aultre loisir d'estre hors de sa presence infernale, sinon allant et retournant de la messe (C.N.N., c.1456-1467, 256).

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"Qui semble inspiré par le diable" : ...et a brief dire, encline a toutes fellonnies [le vice d'envie] : ne autre bien ne rent cestui infernal vice. Et que les envieux facent a haïr, dit contre eulx un aultre sage : Pleust a Dieu que l'envieux eust si grans yeulx qu'il peust veoir toute la prosperité et la joye qui est esparce par tout le monde a plusieurs gens, a celle fin qu'il eust cause d'estre plus tourmenté. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 140). Car c'est sa nature [de l'envie] de tousjours voulloir desjoindre ce qui est le plus joinct et uny. Et, quant le deable veoit qu'il ne puet autrement ouvrir la voye de discention, il mect en termes ceste furie infernalle par le moyen de flaterie ou d'ambicion. (BUEIL, I, 1461-1466, 124).

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"Digne de l'enfer, mortel" : Une autre infernale flameche te met orgueil en courage, c'est que tu dis a toy meismes : tu n'as mestier de labourer ne de riens faire (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 17).