A. -

[D'une maladie, d'une plaie...] "Qui ne peut être guéri" : Car ja soit ce qu'amie appere, Douce com miel, vraie com mere, La pointure d'une vipere Qu'est incurable En riens a li ne se compere, Car elle traïroit son pere Et mettroit d'onneur en misere Desraisonnable. (MACH., R. Fort., c.1341, 34). ...il engendrent maladies incurables (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 273). Si le jugoient li medecin et surgiien de France plain de ydropisse et de maladie incurable. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 103). Advint que le dit Cromacius, qui estoit grant prefest de Romme, fu malade d'une incurable maladie (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 608). Et qui plus m'est grief, c'est la paour de pis et que mes plaies par faulte de remede soient converties comme infistulees et incurables. (CHR. PIZ., Avision T., 1405, 87). Car pluseurs gent si [y] sont pris D'une maladie incurable, Et par le conseil du deable Vont requerir ycelle ydolle (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 49). Surdesse de apostume dur est incurable (GORDON, Prat., c.1450-1500, III, 8). Et dois entendre que sanie qui est en la concavité du pis deçoit souvent le medecin, car il semble le plus qu'ilz soyent ptisiques et incurable et quant la sanie est mundifié ilz eschappent (GORDON, Prat., c.1450-1500, IV, 6). ...en troys cas esquieulx suffist cure large, preservative ou paliative. Le premier cas est quant la maladie est simplement incurable comme lepre. (PANIS, Guidon, 1478, chap. sing.). ...par l'instruction et conseilh duquel, le roy Alchymenes, IXe roy des Lacedemoniens, se gouverna toute sa vie, selon que portoient ses revolucions qu'il lui fist sur sa nativité, au moïen de quoy il fut preservé d'une maladie incurable, dont plusieurs grans hommes medicins et autres furent esmerveillez. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 38 v°). SAINCT MARTIN. Sans Dieu, la chose est incurable, Mais, pour pitié qui me meult ad ce, Priere a luy medecinable Je feray dedens ceste place. (LA VIGNE, S.M., 1496, 491).

-

[Contexte métaph.] : Et ausi bien est la plaie de mon coer incurable par toute reson, siqe celle douce laveure, il m'est avys, me serroit trop estable et bien aproprieez a mon male nettement laver (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 144). ...se ceste amour se prent a enforcier et parcroistre, nul ne doit esperer de la cure ; car c'est meselerie plus incurable et plus fort a guerir que quelconques meselerie. (FOUL., Policrat. B., III, 1372, 210). ...et te garde moult bien de vaine complacence et d'orgueil, car par ce ont esté pluseurs menez en erreur et sont cheüx en cecité presque incurable (Internele consol. P., 1447, 85).

B. -

Au fig. "À quoi on ne peut remédier" : Illiberalité est vice incurable (ORESME, E.A., c.1370, 239). ...et delivrast la cité [Naples envahi par les mouches] de ce meschief, qui estoit incurable de ces mousches (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 104). LUCIFER. Ha, dyable[s] ! Dieu vous puist mauldire, Car ma noblesse et grant biaulté Est tornee en difformité, Ma joye en incurable deul, Qui tousjours accroist mon orgueul Sans soy diminuer en rien. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 167).

-

[D'une pers.] "Qui ne peut être amendé (de)" : ...il sont mauvais et incurables de leur malice (ORESME, E.A., c.1370, 322). ...quant a ceulz qui sont incurables et incorrigibles de leur malice pour leur mauvaistié (ORESME, E.A., c.1370, 463).