A. -

Empl. trans. Impugner qqn / qqc. "Attaquer, combattre"

1.

Impugner qqn

a)

"Attaquer qqn (par les armes)" : Le Clerc preuve, par plusieurs raysons, que le Pape et lez aultres Crestians puent justement faire guerre contre lez Sarrazins et contre ceulx qui inpugnent Sainte Eglise et qui detienent ou occupent son patrimoyne (Songe verg. S., t.1, 1378, 315). ...et par l'aide d'iceulx, de tout en tout, avoit entencion de impugner et humilier ledit duc de Bourgongne, ses favorables et compaignons (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 460). ...ains est leur force et fiance en multitude de peuple bestial sans grant avis et sans armure, souverainement es marces de Barbarie, pour ce que guierez ne sont impugnéz de nulluy long temps a (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 76).

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"Attaquer, porter atteinte à" : ANNE. Il [Jésus] nous porte moult forte guerre D'ympugner nostre magesté. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 799).

Rem. Consol. Boèce C., c.1350, gloss.

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[D'une chose] "Attaquer" : ...ceulx qui se sont mis en l'estat de penitence, qui souvent sont assailliz et impugnez de l'ardeur des temptacions (Mir. st Ign., 1366, 72).

b)

"Combattre qqn (ou une collectivité) en réfutant ses convictions, sa pensée" : Et celluy qui tient qu'elle ait esté conceüe en pechié originel, si impugne et reprent toute l'Eglyse de France et plusieurs aultres Eglyses de Crestianté qui font solempnité de sa benoite Concepcion. (Songe verg. S., t.2, 1378, 256). Elle est fille de l'ennemi de l'umain lignage, Sathan, par lequel il impugne, tempte et traveille toute ame devote qui veult servir a Dieu (GERS., Annonc., a.1400, 234). ...qui s'eufforcent comme toy a impugner ce tres noble escripvain Meung (COL, Resp. deux traités H., 1402, 89). Aristote (...) impugna Thales et les autres poetes, non mie impugna en tant comme pouetes mais en tant que ilz semblent philosophes et sont hors de verité (CHR. PIZ., Avision T., 1405, 121).

2.

Impugner qqc. "Attaquer, combattre qqc., contester qqc., aller à l'encontre de qqc." : Veritablement c'est une espece de patricide de impugner et guerroier les drois de nature (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 99). Et certes il abuse du çaint de chevalerie, tant celi qui n'acomplist ce qui li apartient de son sacrement comme celi qui impugne le sacrement de chevalerie. (FOUL., Policrat. B., VI, 1372, 191). Et tout ce je di et met sans affermer a grant humilité et cremeur de cuer, salve tousjours la majesté de la foy catholique, et pour reprimer la curiosité ou presompcion d'aucuns qui, par aventure, la voudroient calumpnier ou impugner ou trop avant enquerir a leur confusion (ORESME, C.M., c.1377, 730). Aprés ces dilacions, le rée pourra respondre en impunant la demande de l'acteur. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 114). Aucuns clercs et docteurs en decret, en faveur de la jurisdiction de l'evesque, pourroient impugner le decret du seigneur, pource que es troys estaz, tant de foiz repetez, les clercs y sont comprins et ont puissance par le decret d'estre arbitres des causes et jugier seculiers et civiles (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 497). Le faulx besant doncques dessusdit, qui touche a la foy et singulierement au contraire de la forge de ma maistresse, a prese[n]t me don[n]e matiere de non faire fin a ma relacion, mais de lui impugner et tous ses arquemistes qui forgent a leur dampnacion. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 594). ...voulant yceulx dons estre et demourer valables, avoir et sortir leur plain effect par la forme et maniere que faiz et accordez leur avoit et a par lettres sur ce faictes soubz le seel de la dicte prevosté de Paris, sans les nover en aucune maniere, et sans ce que ses heritiers ne autres quelzconques les puissent ou doivent debatre, contredire, impuner, ne y faire ou mettre aucun empeschement ou destourbier. (Test. Parlem. Paris T., 1406, 429). Sur laquelle requeste la Court ordonna que lesdictes lettres royaulx seroient monstrées et baillées au procureur du Roy pour impugner et debatre en jugement lesdictes lettres (FAUQ., I, 1417-1420, 155). Pour consideracion desquelles choses nostredit procureur lors la lecture et effet desdictes lettres impetrées de nostredit conseillier l'archevesque de Rouen s'opposa pour les impugner et debatre (Rouen temps Jeanne d'Arc L., 1425, 77-78). Et s'aucun, ou soit fol ou sage, Esméu de quelque courage Quant à ce faire et excité, Vouloit impugner ce dité, En affermant et en disant Qu'il n'est pas assez suffisant (LA HAYE, P. peste, 1426, 159). ...soy efforçant nostre dit procureur de debatre et impuner ledit don et transport, que ainsi fait avons à ycelui nostre dit cousin (Doc. Poitou G., t.8, 1435, 95). ...on disoit que les Franchois impugnoient le procuration des Englez et pareillement les Englez le procuration des Franchoiz. (LA TAVERNE, Journ. Paix Arr. B., 1439, 51). ...on ne peut chargier ne constituer aucunes charges de Xe ou autres charges sur les mines, ce qui a esté impugné et débatue par lesdiz opposans. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 378). "Encore veul et vous commande que bien vous gardez de ancheoir ne tumber, pour chose qui vous puist advenir, en nul des sept pechiés contre le saint Esperit, c'est assavoir de desesperacion, de presumpcion, de impugnier verité, de endurcir en pechié, de envie fraternelle, de lesion de charité, de desesperacion finale de penitence..." (LA SALE, J.S., 1456, 40).

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Empl. abs. : Impugner, c'est opposer ; impugné, opposé. (LA HAYE, P. peste, 1426, 206).

B. -

Impugner contre qqc. "S'attaquer à qqc., contester qqc." : Il n'y a nulle voye taciturne Qui impugne Contre telle exaltacion. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 16).

C. -

Impugner qqc. à qqn. "Attribuer qqc. (de blâmable) à qqn, accuser qqn de qqc., imputer qqc. à qqn" : ...il doubte (...) que ou temps avenir aucun par justice ou autrement lui voulsist impugner ou reproucher le cas dessusdit (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1424, 143).

Rem. Faut-il mettre ici le doc. de 1332 que cite GD III, 76c, s.v. empugné ?