C.N.R.S.
 
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     IDOLE     
FEW IV idolum
IDOLE, subst. masc. ou fém.
[T-L : idle ; GD : idle ; GDC : idole ; DEAF, I17 idle ; AND : idle1 ; FEW IV, 539b : idolum ; TLF : IX, 1094b : idole]

A. -

"Représentation matérielle (principalement sous forme de statue, d'une divinité païenne ou d'une personne vénérée comme un dieu)"

 

1.

"Représentation d'une divinité païenne" : ...il [Dieu] sommet Ton corps, ton honneur, ta puissance, Ta gloire, ta magnificence, Ton roiaume, ta dignité Et toute ta felicité A mort et a destruction, Pour ce qu'as fait oblation Aus ydoles et sacrefice Et as laissié si digne office Com d'aourer le roy celestre Qui ton pere fist le feinc pestre. (MACH., C. ami, 1357, 33). Quant il regna premierement, Il fist faire pluseurs ydoles, Temples, autez et marioles, Et tout son pueple ad ce mena Que tous ensamble se pena D'elles servir et aourer, Sacrefier et honnourer (MACH., C. ami, 1357, 49). Item quant les grans festes de celle ydole viennent, si comme dedicacions de leglise, intronizacions de lydole [l. l'ydole], tous les pays la entour si assemblent et mectent celle ydole a grant reuerence sur vn char aourne [l. aourné] de draps dor [l. d'or] et de tartaires (MANDEVILLE, Voy. L., p.1360, 328). A ce devroient penser voire Les folz qui aux ydoles servent (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 268). Et dist Haly que chascune ydole tenoit unes clefs en segnefiant que en outre vers occident et vers celle grant mer l'en ne treuve habitacion. (ORESME, C.M., c.1377, 566). Et ou temps de la chevalerie de France, avant qu'ilz fussent Crestiens, comment les droydes, c'estoient les prestres des ydoles de France, estoient gardez et honnourez. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 527). Ou temps que Phelippe, le roy de Macedoine, et pere du grant Alixandre, regnoit en grant prosperité, ot desir de savoir l'eure et la maniere de sa mort, si fist de ce sa requeste au dieu Appollo, dont l'idole li respondi «que il se gardast des charetes». (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 69). Si en y ot, qui, pour cuidier acquerir la grace de l'empereur, s'offrirent à faire le sacrefice et aourer les ydoles, et ne firent force d'aler contre leur loy (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 103). N'avons nous pas en escript que lez philosophes reprindrent lez paiens pour l'adoration dez ydoles. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 128). Premierement, tu ne aoreras nulles ydoles, ne nulz faulz dieux. (LA SALE, J.S., 1456, 37). ...dorer le visaige du dieu Appolo, et de deux ydolles (Comptes roi René A., t.3, 1478, 47). Icy s'en vont loger et, auprés, doit estre un temple ou il y a plusieurs ydoles qui trebuchent a leur venue. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 345). SAINCT MARTIN. Il vous est chose neccessaire De laisser ces pencees volles Et du tout vostre cueur retraire De ces grans deablesses d'ydolles : Se sont statures fryvolles Faictes de plomb, cuyvre ou estain, Qui pouoir en leurs prothocolles Ont aultant c'un festu d'estrain. (LA VIGNE, S.M., 1496, 294).

 

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[À propos de Fortune] : ...car elle [Fortune] est non seüre Sans foy, sans loy, sans droit et sans mesure, C'est fiens couvers de riche couverture, Qui dehors luist et dedens est ordure. Une ydole est de fausse pourtraiture, Où nuls ne doit croire ne mettre cure ; Sa contenance en vertu pas ne dure, Car c'est tous vens, ne riens qu'elle figure Ne puet estre fors de fausse figure (MACH., Motés, 1377, 497).

 

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"Statue qui rend des oracles" : Ceste ydole donne responce toutefois quant il est espars et oings du sang de XL vierges. (JEAN LE LONG, Voy. Odoric C., 1351, 101). Les Rommains, qui plus ne vouldrent avoir roy, envoyerent sçavoir au dieu Appollo, lequel des princes aroit le gouvernement de Romme. L'ydole respondi que «cellui, qui premier baiseroit sa mere» (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 55). ...la response de l'ydole fu que le peuple aroit victoire se le roy mouroit en la bataille, et comme celle response fust tantost espandue en toutes les .II. ostz, en la contraire partie fut crié que on gardast bien que à la personne du roy Codrus ne fust touché. (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 186).

 

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"Représentation d'une personne vénérée comme un dieu" : Soubz celle deception commença entre les hommes le peché de ydolatrie, quant Ninus fist une statue d'or pour memoire de son pere Belus, et commenda adourer du peuple comme Dieu, dont les hommes foibles de sens et faciles a pernicieulx exemples ont depuis prins la coustume de adourer et prier les ydoles, et faire ymage a leurs proismez et bienfacteurs, ou a ceulx qui en leur vie avoient esté puissans et redoubtez. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 114). Colosus estoit une ydolle ou ymage, faicte en semblance d'un géant qui fut à Romme, qui estoit faicte de arain fondu et avoit cent XXVI piez de hault. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 63 r°). ...et ung jour, en alant par la cité de Naples, vit une grande ydolle ou statue de marbre eslevée, laquelle avoit ung cercle de cuyvre ou chef (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 111 r°).

 

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[Dans une compar.]

 

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[À propos de femmes trop fardées] : Icelles anchois doivent scandelir les yeulx des christiens, qui leurs yeulx et leur viaire paindent de pourpre et d'aucunes couleurs, desquelles les faces ainssi plastrees, laides par trop grand resplendiseur, sont samblables aux ydoles. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 434).

 

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[À propos d'un homme accablé] : ...quelque chose que les autres dissent, il ne sonnoit pas ung mot, mais se tenoit comme une droicte statue ou ung idole entaillé [D'un homme accablé] (C.N.N., c.1456-1467, 199).

 

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[À propos de personnes qui vivent sans émotion] : Comparer puis assez a .II. ydoles Homme et femme qui ont entendement, S'ilz n'ont amour ; ilz ont pensées foles, Car ilz ne sont fors pierres seulement, Quant il n'yst d'eulx joie n'esbatement, Fruit ne doulceur, deduit, soulas ne festes (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 339).

 

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Faux/fausse idole. "Faux dieu" : La par sa predicacion A voie de salvacion Plusieurs du pais attraira, Et de servir les retraira Aux faulx ydoles. (Mir. st Val., c.1367, 134). Voz fauz ydoles delaissiez Qui ne sont pas diex, mais sont dyables (Mir. st Val., c.1367, 162). J'ay destruit celle faulce ydole Et lié de la sancte estole. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 140).

 

2.

P. méton.

 

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"Chose élevée au rang d'une divinité" : "Avarice est servitude des ydoles", car l'avaricieux fait de son tresor son Dieu. (Somme abr., c.1477-1481, 105).

 

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"Personne vénérée comme un dieu" : Et en celle saison Guillaume Rin, qui estoit l'idolle et le dieu des Gantois, se tira à Allost pour faire une execution (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 273).

 

3.

P. ext. "Objet sculpté (probablement d'origine africaine)" : A Alvare de Verre (...), chevalier portugalois, la somme de 21 dudit pris que mondit seigneur luy a de sa grace donnee pour une fois quant nagaires il luy a presenté une espee et aucuns personnages de bois comme ydoilles. (Comptes argentier Ch. le Téméraire B.F.L., t.3/1, 1470, 427).

B. -

P. anal. "Image qui se forme en double dans les bandelettes optiques" : La cause prochaine de scothomie et de vertigine, c'est malice de cancellacion des ydoles (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 11). ...il fault que l'ydole de la chose visible soit chancelee en la signacion de la croix du nerf obtique : ou se ce non il sembleroit d'une chose que on en veist deux (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 11). ...adonc toute chose appert double pour ce que la semblance qu'il appelle ydole ou simulacre qui est en chascun sel, mais se les deux semblances s'assemblent ensemble en la croix du nerf obtique, ainsi voit on droittement (GORDON, Prat., c.1450-1500, III, 6).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

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