A. -

"Aspirer (un liquide) pour le boire, boire" : Or mettez vostre affeccion, Sire, a humer ceste escuelle De coulis, qui est bonne et belle (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 252). PIERRE. (...) Or ça, qu'est ce que me donrrez A humer, dame ? LA BEGUINE. D'un bon coulis, sire, par m'ame. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 252). Contre le dolour des dens, reseis bien le corne de chierf et cuiseis bin celle rasure bin en vin et en ewe, si le humeis si caute que vos le poreis sofrier, sel teneis en vostre bouche tant qu'ele soit refrodie, adont le jetereis hors et se humereis aultre fois jusque vous sereis garis. (Méd. nam. H., c.1400-1500, 194). Les pillules on les met dessoubz la langue et l'autre partie clere on la sirupe avec sucre et en temps de grant chaleur on en hume avec eaue froide (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 30). SATHAN. Par les convoiteux soient humees Chauderonnees d'or fondu. (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 245). ...si cuisist tout a une bonne eaue pour humer, ainsi qu'elle le saroit bien faire ; car elle estoit maistresse et ouvriere de faire bon brouet. (C.N.N., c.1456-1467, 368). ...la nuyt aprés on les doit cuyre deux ou trois bouillons [les chiches et les pois], et puis aprés soit passé et gardé et quant aproche l'eure du disner ou du souper on le doit preparer avecque ung petit de cinamome et de saffren et ung petit de vin, et puis le boullir ung bien petit ; ce fait[,] on le doit humer au commencement de table. (Rég. santé corps C., 1480, 80). Tout partout ou estoit trouvé, De sa personne fort honneste Qui faisoit tousjours place nette Pour humer pinte d'une alaine, Il buvoit quarte toute pleine. (Vig. Trib., c.1480, 229). LA LAITIERE. (...) Va ailieurs humer du caillé, Car moy et mes biens te deffens. (Sav. serg. D.L., c.1480-1490, 33).

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Empl. abs. : LA BEGUINE. Le chief a vuit et estormi : Il ne li fault fors qu'il menjusse Ou qu'il hume (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 252). Bibe, bibe ! Veux [l. veulx] tu humer ? Or bevez [l. beves] de par le grant diable ! (Pass. Auv., 1477, 222). Desia icy ie voys humer Bien pres suis de Marmoustier (Myst. st Martin K., a.1500, 289).

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[Avec méton. de l'obj.] Humer la pièce d'argent qui permet d'acheter à boire : LE DEUSIESME. Tu [le] verras tantost humer Ce grant blanc, a la bonne pie. LE PREMIER. Tu y vas de bonne estampie, Je croy de vray que tu l'auras, Ha, grant blanc, tu y demouras... [le "blanc" est la pièce de monnaie que "le premier" a attaché sur son front et que "le second", les yeux bandés, doit essayer de prendre avec les dents] (Tr. Men., c.1480-1500, 291).

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[Dans un cont. métaph.] : Mais comment que cils feus sensibles Soit au cuer, il est invisibles, Et aussi est cils qui l'alume. C'est Desirs qui lape et qui hume Le sanc dou cuer et la substance Qui en tel feu fait sa penance. Nompourquant c'est chose certeinne Qu'en ce feu n'a doleur ne peinne Uns cuers qu'est de bonne nature (MACH., R. Fort., c.1341, 69).

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Loc. fig. Humer la puree. "Prendre un bouillon, payer les pots cassés" (d'apr. le gloss. de GREBAN, Pass.J., c.1450, pour le passage corresp., p. 246) : Car, comme autreffois vous ay dit, Je doubte qu'il ne soit rescoux Et ce seroit a mes chers coux : J'en humeroye seul la puree. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 675).

B. -

"Flairer, sentir" (synon. osmer) : J'alesse boyre choppinete ; Il me fault humer une foix S'il a rien en ma boutillette [cf. humer le pot]. (Jeu quatre pers. L., a.1465, 189). SOTIN. En lardant, hume on son brouet. (Copp. lard., a.1488, 171).

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[Dans un cont. métaph.] : Fist aussi une semblance de truye d'arain qui humoit toutes les noises qui se faisoient à Romme, et deux grans ymages de cuyvre, qui jouoyent d'une pomme ou pelote par dessus Romme. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 71 r°).