A. -

"Rencontre hostile et bruyante"

1.

"Mêlée, combat violent" : ...maiz de si prez ilz suivoient les Anglès que prez que tous les jours il y avoit hustin (LE BEL, Chron. V.D., t.1, 1352-1356, 110). AMIS. Finer feray tost ce hutin : N'eschapperas pas, faux cuvers, De moy. (Mir. Amis, c.1365, 39). Là recommansa le hutin, Plus grant que celui dou matin. Mais nos gens si bien s'i prouverent Que les Sarrazins rebouterent Jusques au pié de la montaingne (MACH., P. Alex., p.1369, 154). La ot fort hustin et dur, et traioient arbalestrier a pooir, mais Englés n'en faisoient compte, car archier sont trop plus isniel au traire ne sont arbalestrier. (FROISS., Chron. D., p.1400, 277). Qant Englois et Normans s'encontrerent, il i ot grant hustin (FROISS., Chron. D., p.1400, 405). Ninus, qui desire en sa main Avoir Babiloine, au plus main Qu'il pot, se leva, le matin, Pour recommencier le hutin (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 180). La mort bieu ! vous serez batu, Tout au travers, de ceste espee ! Quant la robbe seroit couppee, Ce ceroit ung tresgrant dommaige. Je vous emporteray pour gaige Toutesfoys, apres tout hutin. Au fort, ce sera mon butin, Que je rapporte de la guerre. (Fr. arch. B., c.1468-1480, 45).

2.

"Querelle, noise, dispute, discussion ou bagarre bruyante" : ...commença ung grand hustin entre les garchons des Haynuiers et les archiers d'Angleterre (LE BEL, Chron. V.D., t.1, 1352-1356, 43). ...le dit de Poictiers, qui ne vouloit que hutin et mal, courut aus pierres, pour courir sus aus diz suppliant (Doc. Poitou G., t.6, 1395, 200). ...la bonne femme (...) attend de veoir ung grand hutin. [Un mari attend l'arrivée de son rival pour le châtier durement] (C.N.N., c.1456-1467, 50). ...homme rioteux qui ne serchoit, ainsi que l'on dit, que noise et hutin (Lettres rémission René II P.D.H., 1484, 138).

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Sans hutin. "Sans discussion, sans dispute, sans protestation" : Or avant, seigneurs ; sanz hutin Pensons de nous mettre a chemin (Mir. Amis, c.1365, 17). La fut receu sans noyse et sans hutin Des habitans en plaisance assouvie (LA VIGNE, V.N., p.1495, 187).

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Meneur de hutins. "Bagarreur, fauteur de bagarres" : A ribleurs, menneurs de hutins, A batelleurs trayans mermoctes, A folz, folles, a sotz, a soctes, Qui s'en vont cyfflant six a six A vecyes et marïoctes, Je crye a toutes gens mercys. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 148).

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Avoir hutin. "Recevoir des coups (dans une querelle)" : ...je vous conseille que me baillez ma part justement de la moitié, ou vous arez incontinent hutin. (C.N.N., c.1456-1467, 523).

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Avoir vu hutin. "Avoir une expérience de bagarreur" : Or est il bien en point, Dieu le set, et semble bien que aultresfoiz il ait veu hutin. (C.N.N., c.1456-1467, 50).

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Estre mis en hutin de. "Être attaqué, agressé par" : Et de Dieu tout li affin, De cuer fin, Soir et matin. Pour ce à vous me range Que ne soie, se je fin, Par l'engin Mis en hutin De Sathan l'estrange. (MACH., Les lays, 1377, 402).

3.

P. anal. "Bataille amoureuse" : Elle se pourchassoit a tous lez et ne demandoit que hutin. Il y avoit peu d'hommes en toute la contrée ou elle repairoit pour estaindre une petite estincelle de son grand feu (C.N.N., c.1456-1467, 518). Laquelle chose faicte, le povre fiancé s'en retourna devant que la mere venist, laquelle arriva tantost et comme fine femme aperceut bien au visaige de la fille qu'il y avoit eu hutin. (TARDIF, Facéties Pogge D.H.-P., c.1490, 204).

B. -

P. méton. "Tapage, manifestation bruyante"

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Mener (grant) hutin : Et jetterent lors escelles a cros de fier et les atachierent as murs, et puis monterent amont, sans estre oi, sceu ne veu, car li aultre menoient si tres grant hustin, qui asalloient et qui se desfendoient, que on n' ooit de nulle part goute pour euls. (FROISS., Chron. D., p.1400, 572).

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Ouïr le hutin : Adont s'estourmirent et leverent pluseurs hommes hors de leurs lis, qui oyrent le hustin, et de premier s'esmerveillerent durement que ce povoit estre, car jamais ilz n'eussent pensé, ne ymaginé que ce fussent Anglois que à ceste heure les fuissent venus resveillier (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 216).

C. -

"Querelleur"

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[Surnom donné au roi de France Louis X] : Et est vray que Philippe le bel eust troys enffens masles, lesquielx tous troys furent roys l'ung aprés l'autre ; le premier fut le roy Louys dit Hutin, qui mourut sans enffent masle (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 158). Or ala de vie a trespassement Phelippe le bel delaissez lesditz trois filz, et vint les royaulme et couronne a Loys dit hutin filz ainsné (JUV. URS., T. crest., c.1446, 17). Et que fille ne succedoit point se disoit notoirement et publicquement et maintenoit par tout ce royaulme des avant la mort des troys roys enfans du dit Phelippe le bel, tellement que aprés la mort du dit Loys hutin il fut ainsi trouvé, decidé et determiné, et vint le royaulme au dit Phelippe le long. (JUV. URS., T. crest., c.1446, 21). ...ce fut determiné et decidé en la personne de la fille du roy dit hutin, Jehanne (JUV. URS., T. crest., c.1446, 50).