C.N.R.S.
 
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     HORRIBLE     
FEW IV horribilis
HORRIBLE, adj.
[T-L : orrible ; GDC : horrible ; AND : horible ; DÉCT : orrible ; FEW IV, 485b : horribilis ; TLF : IX, 929b : horrible]

A. -

"Qui provoque l'horreur, l'effroi, la terreur, qui est effrayant, terrifiant"

 

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[D'un phénomène naturel, physiologique, d'une maladie...] : Tu vois la mer quoie et paisible Aucune fois, et puis horrible La vois et pleinne de tourment, Pour ce que le vent si forment Y fiert, que ce sont mons et vaus, Plus tost courans que nuls chevaus (MACH., R. Fort., c.1341, 98). ...il ne voit goute en son affaire. Car il voit la mer si orrible Que de passer est impossible ; Et de sa tempeste et son bruit Toute la region en bruit. (MACH., J. R. Nav., 1349, 249). Car se aucun estoit qui ne crainsist chose du monde ne mouvement ou tremblement de la terre ne inundacions ne autres choses terribles et horribles, il seroit forsené ou il seroit comme celui qui ne sentiroit nulle douleur. (ORESME, E.A., c.1370, 208). Ne vindrent point les seigneurs de ceans au Palaiz (...) pour le grant peril que chascun veoit, pour cause des grans et horribles glaces qui dès hier au soir commencerent à descendre et couler par les pons de Paris (BAYE, I, 1400-1410, 215). Periclès d'Athenes, chevauchant sur les Poliponnesiens, fut par ses anemis bouté en ung lieu cloz de haultes et horribles montaignes, ou il ne avoit que deux yssues. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 50). Vens horribles, impetueux, Fouldre merveilleuse et terrible... (Myst. Viel test. R., t.5, c.1450, 12). Tempeste vint, orrible et dure (Myst. Viel test. R., t.6, c.1450, 183). ...estoit ou Daulphiné la pestilence si grande et si horrible que la pluspart des gens de bien habandonnerent le païs. (C.N.N., c.1456-1467, 347). ...une toux le va prendre, si grand et horrible que merveille (C.N.N., c.1456-1467, 436).

 

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[D'un phénomène qui paraît surnaturel ou étrange, d'un être effrayant ou monstrueux...] : Il me sourvint une pensée Plus diverse, plus effreée, Plus enuieuse la moitie, Et de plus grant merencolie. Ce fu des orribles merveilles, Seur toutes autres despareilles, Dont homme puet avoir memoire (MACH., J. R. Nav., 1349, 142). Son regne ja ne finera Et sa puissance adès sera. C'est des prisons li delivrerres, C'est des pecheurs li vrais sauverres ; C'est cils qui les signes horribles Fait, et merveilles impossibles En ciel, en eaue, en mer, en terre (MACH., C. ami, 1357, 46). Pour ce, biaus amis, il te monstre De Fortune l'orrible monstre Qui trop par est espouentables, Fiers, crueus, divers et doutables. (MACH., C. ami, 1357, 66). Li sisiemes [soleil] estoit a double Assez plus tenebreus et trouble, S'avoit en mi un aguillon Comme queue d'escorpion. Li setiemes fu moult horribles, Espouentables et terribles : Coulour ot de sanc et de feu, S'avoit un noir glaive en mi lieu. Coulour sanguine ot le huitiesme. (MACH., F. am., c.1361, 238). Serpens horribles (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 57). ...il vit devant luy ung grand monstre, horrible et terrible, ayant grandes et longues cornes (C.N.N., c.1456-1467, 428). ...puis tira en l'isle de Pathmos, où il tua l'orrible monstre, qui mengeoit les hommes et les bestes (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 26 v°). Cestui predist la venue des Belges à cent ou VIxx mil de nombre, qui firent plusieurs maulx et fut sur l'orrible commecte, qui se monstra vers septentrion, ou mois de decembre. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 139 r°).

 

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[D'un lieu] : Mais amours qui les cuers affole Et desirs, ou pensee fole, Li fist derrier li resgarder, Et Erudice, sans tarder, S'en fuï en la chartre horrible Qui trop est hideuse et penible, Et de ses yeus s'esvanuï. (MACH., C. ami, 1357, 91). Periclès d'Athenes, chevauchant sur les Poliponnesiens, fut par ses anemis bouté en ung lieu cloz de haultes et horribles montaignes, ou il ne avoit que deux yssues. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 50).

 

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[De ce que l'on doit supporter (d'une souffrance, d'une bataille, d'un comportement hostile...)] : Et dou mal qui fu si horribles, Qui si soudeinnement li vint, Qu'en lisant lettres li avint, Et si grandement li dura, Que vint ans entiers l'endura, Encor di je qu'il pot bien estre. (MACH., J. R. Nav., 1349, 217). ...ilz commencerent ung estour tant horrible qu'il sambloit que tous se duissent entretuer. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 318). ...la chevalerie ne pouoit plus endurer les horribles et impetueux tourmens qu'ilz avoient desja souffert par trois nuits routieres (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 368). ...ilz s'entredonnoient les cops tant puissans et tant horribles... (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 374). ...aiez courage de mieulx soustenir la trescrueuse et horrible bataille que Raison vous livre et amaine a vostre doloreux departement (C.N.N., c.1456-1467, 167). La pouvre gouge, plus esbahie que jamais, n'osa plus demourer après ces horribles parolles, après cest horrible ban, ains se partit... (C.N.N., c.1456-1467, 420). LUCIFFER. Allez le tous espouenter Par crys et hurlemens orribles Et, se le pouez actempter, Faictes luy des maulx trop terribles. (LA VIGNE, S.M., 1496, 515).

B. -

"Qui fait horreur, qui provoque l'aversion, qui est détestable, insupportable, exécrable"

 

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"Qui provoque une aversion physique" : Quiconques est empique, et se fait cauterizer, se la sanie yst pure et blanche, c'est signe d'evasion ; mais s'elle est boeuze et d'orrible odeur, c'est signe mortel. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 101). ...vaspeurs horribles et indigestes (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 290). Se c'est pour l'enfant mort, on a grant douleur entour le nombril et fievre lente et descoloracion de la face l'anhelit fetide et montent vapeurs horribles amont et ne se meut le ventre (GORDON, Prat., c.1450-1500, VII, 16).

 

Rem. Cf. aussi Rustican H., 109 (qui a horrible saveur ; éd. 1485) ; empl. subst., Rustican H., 1373-1374, 109 [377], var. : pour l'orrible de sa saveur (autres mss : orribilité, horribleté).

 

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"Qui provoque une aversion de nature esthétique, très laid, repoussant" : Nabugodonosor figure Qu'il vit en songe une estature Grande et haute, qui la figure Horrible avoit, Et la teste d'or riche et pure, Les bras, le pis d'argenteüre, Ventre, cuisses de la faiture D'arein portoit (MACH., R. Fort., c.1341, 37). Il n'est jouer qu'en maladie, Letre vraye que tragedye, Lasches homs que chevalereux, Orrible son que melodye Ne bien conseillé qu'amoureux. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 57).

 

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[D'un comportement, d'une action...] "Qui provoque une aversion morale" : Chiere dame, et vous savez bien Que qui rent le mal pour le bien, Que c'est uns horribles pechiez Pour ceaus qui en sont entechiez. (MACH., D. Lyon, 1342, 193). Las ! je voy bien Que trop horribles sont mes faiz (Mir. st Guill., c.1347, 33). ...Willaumez de Overdriesch, adont sousbailliu d'Ipre, par le comandement et en le presence de Riquart de Steenlande, haut bailliu d'Ipre, dist et proposa coment fais horibles et énormez estoit advenu (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1381, 791). ...avec les reiteracions d'iceulx crimes et larrecins, et aussi dudit pechié horrible de compaignie charnelle, par lui reiteré par IIJ fois, en beste appellée jument, que comme bougres il feust executez (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 189). Tous lesquelx, veue l'accusacion contre elle faite, et les confessions cy-dessus escriptes, par elle faites, le cas et matiere, qui est de très-mauvais exemple et orrible, le murdre advenu et l'estat d'icelle prisonniere, delibererent et furent d'oppinion que elle estoit digne d'estre pugnie comme murdriere (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 60). ...leurs pechez lais et horribles (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 152). ...la cause principal de tout ce que dit est, est defaut de justice quoad Deum par les blasphemes horribles qui ont cours en ce royaume (BAYE, I, 1400-1410, 333). ...pechez orribles (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 104). ...ainçois qu'il le feist venir devant les hommes desja tout prest pour le juger, s'il confessoit par geheyne ou aultrement l'orrible cas dont il estoit chargé, parla a luy a part (C.N.N., c.1456-1467, 160). ...entendez la deception mauvaise et horrible traïson que ces faulx ypocrites pourchasserent a ceulx et celles qui tant de biens de jour en jour leur faisoient. (C.N.N., c.1456-1467, 216).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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